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Mercredi cinéma : "Les héritiers" de Marie-Castille Mention Schaar avec Ariane Ascaride.

Publié le : 03-12-2014

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mardi et mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

LES HERITIERS de Marie-Castille Mention SchaarZoom nouveauté : "Les héritiers" de Marie-Castille Mention Schaar

L'histoire
D'après une histoire vraie.
Lycée Léon Blum de Créteil, une prof décide de faire passer un concours national d'Histoire à sa classe de seconde la plus faible. Cette rencontre va les transformer
Un film de Marie-Castille Mention Schaar avec Ariane Ascaride, Ahmed Dramé, Noémie Merlant, Geneviève Mnich, Stéphane Bak…

 

Bonus : propos de la réalisatrice Marie-Castille Mention Schaar

Comment avez-vous choisi le titre "Les Héritiers" ?
Il s’est imposé une fois le film terminé. J’ai beaucoup de plaisir à ce que ce mot soit associé à la jeunesse d’aujourd’hui, multicommunautaire, multiconfessionnelle. Ce ne sont pas sur ces visages LES HERITIERS de Marie-Castille Mention Schaarqu’on a coutume de mettre ce terme, et pourtant, il me semble que le film est tendu par la question de l’héritage. De quoi hérite t-on ? Mais aussi que laisse-t-on à nos « Héritiers » ? Qu’est-ce que l’on fait de son histoire ? Est-il possible de l’ignorer, de comprendre l’héritage des autres ? Qu’est-ce qu’on garde ?

Le film s’ouvre sur une séquence où chacun est enfermé dans sa propre logique : une jeune fille qui n’est plus élève veut récupérer son attestation de réussite du bac. La CPE et proviseur du lycée Léon Blum de Créteil lui refusent l’entrée au lycée, au motif qu’elle porte un foulard. Ce qui est intéressant, c’est que la scène ne dévoile pas votre point de vue…
Cette altercation a réellement eu lieu à Léon Blum. Elle illustre la limite du dialogue autour de deux principes tout aussi forts : la liberté d’expression et le principe de laïcité. Durant toute sa scolarité, cette jeune fille a respecté la loi qui exige qu’elle enlève son foulard avant de pénétrer dans son lycée. Cette séquence pour moi pose le débat Ce ne sont pas forcément les lois qui protègent l’école laïque. Il faut penser à d’autres schémas. A chacun de juger… Et pourtant : je suis effarée de la place de la religion dans les programmes à tout moment de la scolarité d’un enfant. D’ailleurs, Madame Gueguen, le personnage d’Ariane Ascaride, est souvent mise en scène faisant cours avec un thème religieux : l’enfer, le paradis, le jugement dernier, Calvin.

Comment avez-vous rencontré Ahmed Dramé, qui a participé à l’écriture du scénario, qui joue dans le film, et qui en est même, à l’origine ?
J’aime beaucoup l’histoire de cette rencontre, car elle tient du hasard et de l’obstination. Ahmed était en classe de terminale au lycée Léon Blum il est allé au cinéma voir mon premier film, Ma première fois, sorti en 2012. Puis il m’a contacté par mail en  me demandant simplement si j’accepterais de lire une ébauche de scénario de 60 pages qu’il avait écrit. Il y avait dans ce script une histoire de Concours de Lettres, et le désir d’un prof, qui arrive dans LES HERITIERS de Marie-Castille Mention Schaarun lycée, de tirer ses élèves vers le haut en leur proposant ce concours.
Lors de notre première rencontre, j’ai voulu savoir d’où venait cette idée de concours, de compétition, et j’ai découvert que la vie d’Ahmed avait été bouleversée ainsi que celle de tous les élèves de sa classe de seconde, après avoir fait et gagné le concours national de la résistance et de la déportation. Je ne connaissais pas ce concours. Ahmed m’a raconté cette aventure et j’ai senti combien cette expérience collective l’avait transformé. Immédiatement l’envie m’est venue de faire un film, de cette histoire.

Vous le lui avez dit ?

Bien sûr. Je lui ai dit que tout ce qu’il racontait et qui n’était pas dans son scénario, ou seulement effleuré, était à la fois bouleversant et très impressionnant. J’étais très émue par le parcours de ce jeune garçon, qui semblait ne plus subir le défaitisme ambiant et l’aquabonisme si fréquent à l’adolescence. Je lui ai demandé ce qu’il attendait de moi. Il a eu l’air assez surpris. Et le rendez-vous d’après, on a appelé Madame Anglés, la professeure principale d’Ahmed, dont j’avais trouvé le numéro de téléphone dans les pages jaunes. Elle était très surprise qu’un de ses élèves soit à ce point porté par l’année qu’ils avaient passée ensemble. On a commencé à écrire le scénario.

Comment avez-vous procédé ?
J’interrogeais Ahmed sur à peu près tout, très attentive aux détails et à ce qui lui semblait secondaire. Je ravivais sa mémoire. Et j’ai aimé me plonger dans la vie d’un jeune français musulman, passionné par le cinéma, animé par l’envie de faire quelque chose de sa vie. J’ai passé beaucoup de temps avec Ahmed, chez lui, dans son quartier. Et je suis repartie sur les bancs du lycée !

Avez-vous eu besoin de rencontrer les personnages réels de l’histoire ?
Non. Ce qui était fondamental, c’est la parole d’Ahmed et son regard sur certains des camarades de cette classe. Leur parcours, leur évolution, leurs rapports à travers Ahmed et Anne Anglès, leur prof. Et puis je me suis très largement appuyée sur le document qu’ils ont rendu à l’issue de ce concours. Je savais avec Ahmed d’où ils étaient partis. Et je lisais où ils étaient arrivés avec ce document. Restait à construire leur questionnement, leur cheminement.

Avez-vous donné à Ahmed son propre rôle ?
Difficile d’y répondre clairement aujourd’hui. De mon point de vue, non, puisque je me revois expliquer à Ahmed l’importance d’une certaine distance et d’un décalage entre lui et Malik, son personnage.

LES HERITIERS de Marie-Castille Mention SchaarPendant le tournage, êtes-vous restée très proche du scénario de départ ?
Oui, tout en faisant beaucoup improviser les adolescents. On filmait avec trois caméras, si bien qu’on s’est retrouvé avec des kilomètres de rushes, et ça a vraiment été un défi de construire ce film au montage. Ce que j’ai découvert au tournage, et surtout au montage, c’est qu’il ne fallait jamais que je lâche la classe. Elle est l’atome du film. Dès qu’on s’en éloignait, je perdais mon fil, et c’est pourquoi on a coupé la plupart des scènes où l’on voit Madame Gueguen et les élèves (à part Malik et Mélanie) hors du lycée. Elles sont tombées d’elles-mêmes. Pour se centrer sur l’évolution de l’investissement des enfants. D’ailleurs, plus on avance dans le film, moins on entend la prof. Les enfants s’emparent de l’Histoire. Ils s’approprient leur histoire.

Comment Anne Gueguen, le personnage du film, comme Anne Anglès, la professeure, parviennent-elles à captiver les élèves et à se faire entendre, selon vous, alors que la remplaçante tombe dans un gouffre ?

Pour mieux comprendre, j’ai suivi des cours d’Anne Anglès au lycée Léon Blum et j’ai été frappée par son autorité bienveillante qui invite à un respect réciproque. Les élèves sont effrayés de l’avoir à la rentrée car elle a la réputation d’être « dure » mais paradoxalement, ils sont toujours tristes de la quitter à la fin de l’année. Elle parvient à chaque fois à les emmener où ils ne s’attendent pas. J’ai assisté à d’autres cours, dans des lycées très différents les uns des autres, afin de comprendre ce qu’était une classe de seconde aujourd’hui. La plupart du temps, le prof parle dans un léger brouhaha avec des élèves qui zappent en permanence selon les vibrations de leur téléphone portable qu’ils ont dans leur poche ou sur leurs genoux. Tout d’un coup, on les voit se pencher et textoter. La voix du prof n’est plus qu’un élément parmi d’autres, complètement déconnectée et son discours est sans  lien avec les élèves.

Peut-être, mais "Les héritiers" montre l’inverse : des adolescents qui découvrent qu’une histoire qu’ils prennent pour de l’archéologie ou une provocation idéologique, les concerne au plus au point !
Oui, c’est un film optimiste, et d’autant plus optimiste que cette histoire est vraie, et prouve qu’il est possible de passionner les plus rétifs. A condition qu’on les mette au cœur du processus pédagogique. Les élèves commencent à s’intéresser au concours, lorsqu’ils sont actifs. Avec un moment clé : la rencontre avec un témoin : Léon Zyguel, déporté à l’adolescence. Léon a l’habitude de témoigner devant des classes, c’est le combat de sa vie depuis 70 ans. Car cette rencontre les yeux dans les yeux avec l’Histoire incarnée est toujours, pour tous les élèves qui préparent ce concours, un moment de bascule. Elle l’a été pour les adolescents du film également. Je tenais beaucoup à la présence de Léon Zyguel, qui s’était rendu au collège Léon Blum l’année où Ahmed a préparé ce concours. Mais Léon est un monsieur très sollicité et j’ai du beaucoup lui courir après pour qu’il accepte. Il était méfiant par rapport à la fiction. On a bien évidemment tourné une seule prise et ce fut la seule scène de la journée. Je n’ai donné qu’une directive à mes acteurs : pour une fois, vous allez oublier qu’on tourne un film. Vous allez écouter Léon et partir faire ce voyage dans sa mémoire. Et Léon leur a parlé exactement comme il le fait d’habitude dans de vraies classes.

LES HERITIERS de Marie-Castille Mention SchaarMadame Gueguen, c’est d’abord la formidable Ariane Ascaride. Comment l’avez-vous choisie ?
C’est son agent qui me l’a suggérée car elle avait lu le scénario. A notre première rencontre j’ai pris la mesure de son engagement pour la défense de certaines valeurs. Sa façon de parler du scénario était si différente d’une simple lecture d’une comédienne. C’était la citoyenne engagée, fille de résistante qui me parlait et c’était très émouvant. Je voulais toutefois la « transformer » un peu. Je lui ai demandé de couper ses cheveux. Ariane a la même énergie, la même vitalité qu’Anne Anglès.

Le choix de Créteil ?
Une évidence. Pas seulement parce que l’histoire s’était passée là‐bas mais parce que Créteil est une ville très cosmopolite, multi confessionnelle qui a toujours cultivé ses différences. Il se trouve que le lycée Léon Blum est aussi visuellement extrêmement intéressant dans sa conception et son implantation. Alors pourquoi aller tourner ailleurs ?

Qu’est-ce que vous connaissiez des classes de seconde qui expliquent que vous ayez si bien reconstitué l’atmosphère de la classe ?
Ma propre seconde est assez ancienne ! J’ai donc assisté à de nombreux cours de français, de maths, d’histoire-géo. Toujours en seconde. Mais dans des villes différentes.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mardi et mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

LES HERITIERS de Marie-Castille Mention SchaarZoom nouveauté : "Les héritiers" de Marie-Castille Mention Schaar

L'histoire
D'après une histoire vraie.
Lycée Léon Blum de Créteil, une prof décide de faire passer un concours national d'Histoire à sa classe de seconde la plus faible. Cette rencontre va les transformer
Un film de Marie-Castille Mention Schaar avec Ariane Ascaride, Ahmed Dramé, Noémie Merlant, Geneviève Mnich, Stéphane Bak…

 

Bonus : propos de la réalisatrice Marie-Castille Mention Schaar

Comment avez-vous choisi le titre "Les Héritiers" ?
Il s’est imposé une fois le film terminé. J’ai beaucoup de plaisir à ce que ce mot soit associé à la jeunesse d’aujourd’hui, multicommunautaire, multiconfessionnelle. Ce ne sont pas sur ces visages LES HERITIERS de Marie-Castille Mention Schaarqu’on a coutume de mettre ce terme, et pourtant, il me semble que le film est tendu par la question de l’héritage. De quoi hérite t-on ? Mais aussi que laisse-t-on à nos « Héritiers » ? Qu’est-ce que l’on fait de son histoire ? Est-il possible de l’ignorer, de comprendre l’héritage des autres ? Qu’est-ce qu’on garde ?

Le film s’ouvre sur une séquence où chacun est enfermé dans sa propre logique : une jeune fille qui n’est plus élève veut récupérer son attestation de réussite du bac. La CPE et proviseur du lycée Léon Blum de Créteil lui refusent l’entrée au lycée, au motif qu’elle porte un foulard. Ce qui est intéressant, c’est que la scène ne dévoile pas votre point de vue…
Cette altercation a réellement eu lieu à Léon Blum. Elle illustre la limite du dialogue autour de deux principes tout aussi forts : la liberté d’expression et le principe de laïcité. Durant toute sa scolarité, cette jeune fille a respecté la loi qui exige qu’elle enlève son foulard avant de pénétrer dans son lycée. Cette séquence pour moi pose le débat Ce ne sont pas forcément les lois qui protègent l’école laïque. Il faut penser à d’autres schémas. A chacun de juger… Et pourtant : je suis effarée de la place de la religion dans les programmes à tout moment de la scolarité d’un enfant. D’ailleurs, Madame Gueguen, le personnage d’Ariane Ascaride, est souvent mise en scène faisant cours avec un thème religieux : l’enfer, le paradis, le jugement dernier, Calvin.

Comment avez-vous rencontré Ahmed Dramé, qui a participé à l’écriture du scénario, qui joue dans le film, et qui en est même, à l’origine ?
J’aime beaucoup l’histoire de cette rencontre, car elle tient du hasard et de l’obstination. Ahmed était en classe de terminale au lycée Léon Blum il est allé au cinéma voir mon premier film, Ma première fois, sorti en 2012. Puis il m’a contacté par mail en  me demandant simplement si j’accepterais de lire une ébauche de scénario de 60 pages qu’il avait écrit. Il y avait dans ce script une histoire de Concours de Lettres, et le désir d’un prof, qui arrive dans LES HERITIERS de Marie-Castille Mention Schaarun lycée, de tirer ses élèves vers le haut en leur proposant ce concours.
Lors de notre première rencontre, j’ai voulu savoir d’où venait cette idée de concours, de compétition, et j’ai découvert que la vie d’Ahmed avait été bouleversée ainsi que celle de tous les élèves de sa classe de seconde, après avoir fait et gagné le concours national de la résistance et de la déportation. Je ne connaissais pas ce concours. Ahmed m’a raconté cette aventure et j’ai senti combien cette expérience collective l’avait transformé. Immédiatement l’envie m’est venue de faire un film, de cette histoire.

Vous le lui avez dit ?

Bien sûr. Je lui ai dit que tout ce qu’il racontait et qui n’était pas dans son scénario, ou seulement effleuré, était à la fois bouleversant et très impressionnant. J’étais très émue par le parcours de ce jeune garçon, qui semblait ne plus subir le défaitisme ambiant et l’aquabonisme si fréquent à l’adolescence. Je lui ai demandé ce qu’il attendait de moi. Il a eu l’air assez surpris. Et le rendez-vous d’après, on a appelé Madame Anglés, la professeure principale d’Ahmed, dont j’avais trouvé le numéro de téléphone dans les pages jaunes. Elle était très surprise qu’un de ses élèves soit à ce point porté par l’année qu’ils avaient passée ensemble. On a commencé à écrire le scénario.

Comment avez-vous procédé ?
J’interrogeais Ahmed sur à peu près tout, très attentive aux détails et à ce qui lui semblait secondaire. Je ravivais sa mémoire. Et j’ai aimé me plonger dans la vie d’un jeune français musulman, passionné par le cinéma, animé par l’envie de faire quelque chose de sa vie. J’ai passé beaucoup de temps avec Ahmed, chez lui, dans son quartier. Et je suis repartie sur les bancs du lycée !

Avez-vous eu besoin de rencontrer les personnages réels de l’histoire ?
Non. Ce qui était fondamental, c’est la parole d’Ahmed et son regard sur certains des camarades de cette classe. Leur parcours, leur évolution, leurs rapports à travers Ahmed et Anne Anglès, leur prof. Et puis je me suis très largement appuyée sur le document qu’ils ont rendu à l’issue de ce concours. Je savais avec Ahmed d’où ils étaient partis. Et je lisais où ils étaient arrivés avec ce document. Restait à construire leur questionnement, leur cheminement.

Avez-vous donné à Ahmed son propre rôle ?
Difficile d’y répondre clairement aujourd’hui. De mon point de vue, non, puisque je me revois expliquer à Ahmed l’importance d’une certaine distance et d’un décalage entre lui et Malik, son personnage.

LES HERITIERS de Marie-Castille Mention SchaarPendant le tournage, êtes-vous restée très proche du scénario de départ ?
Oui, tout en faisant beaucoup improviser les adolescents. On filmait avec trois caméras, si bien qu’on s’est retrouvé avec des kilomètres de rushes, et ça a vraiment été un défi de construire ce film au montage. Ce que j’ai découvert au tournage, et surtout au montage, c’est qu’il ne fallait jamais que je lâche la classe. Elle est l’atome du film. Dès qu’on s’en éloignait, je perdais mon fil, et c’est pourquoi on a coupé la plupart des scènes où l’on voit Madame Gueguen et les élèves (à part Malik et Mélanie) hors du lycée. Elles sont tombées d’elles-mêmes. Pour se centrer sur l’évolution de l’investissement des enfants. D’ailleurs, plus on avance dans le film, moins on entend la prof. Les enfants s’emparent de l’Histoire. Ils s’approprient leur histoire.

Comment Anne Gueguen, le personnage du film, comme Anne Anglès, la professeure, parviennent-elles à captiver les élèves et à se faire entendre, selon vous, alors que la remplaçante tombe dans un gouffre ?

Pour mieux comprendre, j’ai suivi des cours d’Anne Anglès au lycée Léon Blum et j’ai été frappée par son autorité bienveillante qui invite à un respect réciproque. Les élèves sont effrayés de l’avoir à la rentrée car elle a la réputation d’être « dure » mais paradoxalement, ils sont toujours tristes de la quitter à la fin de l’année. Elle parvient à chaque fois à les emmener où ils ne s’attendent pas. J’ai assisté à d’autres cours, dans des lycées très différents les uns des autres, afin de comprendre ce qu’était une classe de seconde aujourd’hui. La plupart du temps, le prof parle dans un léger brouhaha avec des élèves qui zappent en permanence selon les vibrations de leur téléphone portable qu’ils ont dans leur poche ou sur leurs genoux. Tout d’un coup, on les voit se pencher et textoter. La voix du prof n’est plus qu’un élément parmi d’autres, complètement déconnectée et son discours est sans  lien avec les élèves.

Peut-être, mais "Les héritiers" montre l’inverse : des adolescents qui découvrent qu’une histoire qu’ils prennent pour de l’archéologie ou une provocation idéologique, les concerne au plus au point !
Oui, c’est un film optimiste, et d’autant plus optimiste que cette histoire est vraie, et prouve qu’il est possible de passionner les plus rétifs. A condition qu’on les mette au cœur du processus pédagogique. Les élèves commencent à s’intéresser au concours, lorsqu’ils sont actifs. Avec un moment clé : la rencontre avec un témoin : Léon Zyguel, déporté à l’adolescence. Léon a l’habitude de témoigner devant des classes, c’est le combat de sa vie depuis 70 ans. Car cette rencontre les yeux dans les yeux avec l’Histoire incarnée est toujours, pour tous les élèves qui préparent ce concours, un moment de bascule. Elle l’a été pour les adolescents du film également. Je tenais beaucoup à la présence de Léon Zyguel, qui s’était rendu au collège Léon Blum l’année où Ahmed a préparé ce concours. Mais Léon est un monsieur très sollicité et j’ai du beaucoup lui courir après pour qu’il accepte. Il était méfiant par rapport à la fiction. On a bien évidemment tourné une seule prise et ce fut la seule scène de la journée. Je n’ai donné qu’une directive à mes acteurs : pour une fois, vous allez oublier qu’on tourne un film. Vous allez écouter Léon et partir faire ce voyage dans sa mémoire. Et Léon leur a parlé exactement comme il le fait d’habitude dans de vraies classes.

LES HERITIERS de Marie-Castille Mention SchaarMadame Gueguen, c’est d’abord la formidable Ariane Ascaride. Comment l’avez-vous choisie ?
C’est son agent qui me l’a suggérée car elle avait lu le scénario. A notre première rencontre j’ai pris la mesure de son engagement pour la défense de certaines valeurs. Sa façon de parler du scénario était si différente d’une simple lecture d’une comédienne. C’était la citoyenne engagée, fille de résistante qui me parlait et c’était très émouvant. Je voulais toutefois la « transformer » un peu. Je lui ai demandé de couper ses cheveux. Ariane a la même énergie, la même vitalité qu’Anne Anglès.

Le choix de Créteil ?
Une évidence. Pas seulement parce que l’histoire s’était passée là‐bas mais parce que Créteil est une ville très cosmopolite, multi confessionnelle qui a toujours cultivé ses différences. Il se trouve que le lycée Léon Blum est aussi visuellement extrêmement intéressant dans sa conception et son implantation. Alors pourquoi aller tourner ailleurs ?

Qu’est-ce que vous connaissiez des classes de seconde qui expliquent que vous ayez si bien reconstitué l’atmosphère de la classe ?
Ma propre seconde est assez ancienne ! J’ai donc assisté à de nombreux cours de français, de maths, d’histoire-géo. Toujours en seconde. Mais dans des villes différentes.
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