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A Saint-Gratien, C. Bories et P. Chagnard nous interpellent avec leur documentaire "Les règles du jeu" !

Publié le : 03-01-2015

LES REGLES DU JEU de Claudine Bories et Patrice ChagnardRendez-vous aux Toiles de Saint-Gratien pour rencontrer Claudine Bories et Patrice Chagnard qui viennent présenter leur documentaire : "Les règles du jeu". Ils ont suivi pendant huit mois quatre demandeurs d'emploi, coachés par un cabinet de placement. A n'en pas douter, ce film nous fera réagir !

Le sujet du fim :
Lolita n’aime pas sourire. Kevin ne sait pas se vendre. Hamid n’aime pas les chefs. Ils ont vingt ans. Ils sont sans diplôme. Ils cherchent du travail.
Pendant six mois, les coachs d’un cabinet de placement vont leur enseigner le comportement et le langage qu’il faut avoir aujourd’hui pour décrocher un emploi.
A travers cet apprentissage, le film révèle l’absurdité de ces nouvelles règles du jeu.
Vendredi 9 janvier 2015 à 20h30 – Cinéma Les Toiles place François Truffaut Saint-Gratien - Prévente à la caisse du cinéma dès le mercredi 7 janvier.

 

Bonus  Propos de Claudine Bories et Patrice Chagnard, réalisateurs du documentaire

On retrouve dans "Les règles du jeu" la même démarche que dans votre film précédent, "Les arrivants", où vous filmiez des demandeurs d’asile. Cette fois, il s’agit de jeunes chômeurs.
Claudine Bories : On peut considérer que "Les règles du jeu" est la suite des "Arrivants". Le principe est le même : filmer au plus près, sans a priori, ce qui arrive à des personnes qui sont confrontées au jour le jour à l’un des grands problèmes de société qui nous concernent tous. Chapitre un : les demandeurs d’asile. Chapitre deux : les demandeurs d’emploi.
Patrice Chagnard : Notre désir, c’est d’aborder une réalité dont tout le monde parle, qu’on croit connaître, mais sur laquelle on a très peu d’approches réelles, concrètes : « Qu’est-ce que c’est que de vivre ça ? » qu’il s’agisse d’accueillir des immigrés ou de coacher de jeunes chômeurs. Nous pratiquons une forme de cinéma direct et il nous faut à chaque fois trouver un lieu qui nous permette de filmer à notre façon, sans parti pris ni jugement. Concernant les grandes questions de société, le terrain est forcément miné par les stéréotypes et les discours partisans. Le travail du cinéma, c’est de déminer en donnant à voir les choses comme elles sont.

"Les arrivants" se déroulait à la CAFDA, une plate-forme d’accueil financée par l’État français. Ici vous filmez Ingeus, une structure privée. Comment avez-vous trouvé ce lieu ?
Claudine Bories : Au départ on pensait filmer dans une Mission locale. Les Missions locales sont des Services publics, des sortes de Pôle Emploi réservés à l’accueil des jeunes de 18 à 26 ans. Notre choix s’était porté sur le Nord Pas de Calais, parce que c’est la région où le chômage des jeunes est le plus préoccupant. Et puis, sur internet, nous sommes tombés par hasard sur Ingeus : cette société privée proposait un coaching intensif pour accompagner de jeunes chômeurs dans leurs recherches d’emploi. En particulier à Tourcoing et Roubaix. Pour nous c’était idéal. On craignait qu’une société privée n’accepte pas notre démarche, hésite à se laisser filmer de l’intérieur et sans intervenir sur nos choix. Mais la direction nous a tout de suite fait confiance et très vite on a pu commencer à repérer.
Patrice Chagnard : La raison qui nous a fait basculer vers Ingeus, c’est surtout une raison concrète, cinématographique. Nous avions trouvé des gens formidables dans les Missions locales, mais on se heurtait à une difficulté majeure : les jeunes n’y sont pas contraints à des rendez-vous réguliers. Ceux que nous aurions trouvé intéressants et choisi de filmer pouvaient disparaître du jour au lendemain. Pour nous qui pratiquons un cinéma de personnages, c’était problématique. A Ingeus nous n’avions pas ce problème. Ingeus allouait aux « candidats » qu’elle recrutait une bourse mensuelle de 300 euros durant six mois, à condition qu’ils ne ratent pas les rendez-vous fixés et suivent l’enseignement prévu. Du coup on était assuré d’une certaine continuité. En un sens, Ingeus, sans le vouloir, faisait pour nous de la direction de production.

Vous voulez dire que les bureaux d’Ingeus constituaient pour vous un dispositif idéal ?
Patrice Chagnard : Ingeus a plusieurs antennes en France. Tous leurs lieux sont identiques, répondant à un choix rigoureux : l’open space par exemple. C’est une façon d’habituer les candidats à ce qu’est une entreprise. Pour nous c’était un décor signifiant, l’équivalent d’un studio.
Claudine Bories : C’était comme une scène théâtrale avec son décor et ses accessoires, ses affiches, ses slogans, ses ordinateurs, sa machine à café… De plus, ce lieu se trouvait en haut d’une tour, elle-même plantée au milieu d’un décor surréaliste, sorte de terrain vague sur fond d’usines abandonnées qu’on apercevait par les grandes baies vitrées.

Comment avez-vous procédé ?
Claudine Bories : On a fait trois mois de repérages, on a écrit un scénario pour trouver les financements. On est revenu six mois plus tard, on a filmé plusieurs jours par semaines pendant huit mois. Au départ on a suivi une quinzaine de jeunes. A l’arrivée il en reste quatre. Parmi les autres, disparus en cours de route, certains ont trouvé du boulot, d’autres sont partis ailleurs…
Le scénario, d’une cinquantaine de pages, se présentait comme une pièce de théâtre. Les dialogues s’inspiraient de ce qu’on avait entendu au cours des repérages.
Patrice Chagnard : Dès le départ nous savions que ce film serait un film de dialogues. Pour nous, le véritable sujet du film c’est la question du langage. C’est l’abîme entre les mots codés de l’entreprise, martelés par les coachs, objet d’exercices d’entraînements, et la parole des jeunes, ou leur absence de parole, qui nous renvoie à un tout autre monde culturel. L’enjeu est là : ce langage codé de l’entreprise, du marché, est totalement déconnecté du monde de ces jeunes qui le reçoivent avec un mutisme interloqué, ne comprennent pas grand chose à ce qu’on exige d’eux et y résistent de mille façons.

Quels choix étaient les vôtres en matière de mise en scène ?
Claudine Bories : L’open space génère une confusion visuelle et sonore, un désordre duquel il fallait s’abstraire. J’aurais aimé parfois des plans plus larges, ne serait-ce que pour évoquer l’espace et le ballet permanent des allées et venues, mais on s’est rendu compte très vite que l’on ne pouvait saisir les réactions et l’émotion des candidats qu’en s’approchant au plus près d’eux, en « faisant loupe ».
Patrice Chagnard :  C’est moi qui suis à la caméra. Dès que je m’éloignais des visages, je constatais qu’il ne se passait plus rien dans le cadre, l’image devenait insignifiante. Le gros plan s’imposait. C’est un travail d’entomologiste. Mettre en scène la parole dans ce huis clos, c’était d’abord mettre en valeur des regards, des silences, une infime crispation du visage, une simple moue… Découvrir que c’est finalement ça qui fait sens et qui est spectaculaire.
Dans ce film - davantage que pour d’autres - ce qu’on peut appeler la mise en scène s’est faite au montage. A partir d’une matière énorme (130 heures de rushes) nous avons cherché un équilibre entre d’un côté le discours porté par les coachs et les coachs eux-mêmes avec leurs personnalités, et de l’autre nos personnages et leurs mille façons de résister à ce discours. Il fallait être juste, ne pas grossir le trait et en même temps parvenir à mettre en lumière dans le dispositif que nous avions filmé, une logique absurde qui n’est pas forcément visible au premier regard.
(extrait dossier de presse - propos recueillis par Jean-Luc Douin)

LES REGLES DU JEU de Claudine Bories et Patrice ChagnardRendez-vous aux Toiles de Saint-Gratien pour rencontrer Claudine Bories et Patrice Chagnard qui viennent présenter leur documentaire : "Les règles du jeu". Ils ont suivi pendant huit mois quatre demandeurs d'emploi, coachés par un cabinet de placement. A n'en pas douter, ce film nous fera réagir !

Le sujet du fim :
Lolita n’aime pas sourire. Kevin ne sait pas se vendre. Hamid n’aime pas les chefs. Ils ont vingt ans. Ils sont sans diplôme. Ils cherchent du travail.
Pendant six mois, les coachs d’un cabinet de placement vont leur enseigner le comportement et le langage qu’il faut avoir aujourd’hui pour décrocher un emploi.
A travers cet apprentissage, le film révèle l’absurdité de ces nouvelles règles du jeu.
Vendredi 9 janvier 2015 à 20h30 – Cinéma Les Toiles place François Truffaut Saint-Gratien - Prévente à la caisse du cinéma dès le mercredi 7 janvier.

 

Bonus  Propos de Claudine Bories et Patrice Chagnard, réalisateurs du documentaire

On retrouve dans "Les règles du jeu" la même démarche que dans votre film précédent, "Les arrivants", où vous filmiez des demandeurs d’asile. Cette fois, il s’agit de jeunes chômeurs.
Claudine Bories : On peut considérer que "Les règles du jeu" est la suite des "Arrivants". Le principe est le même : filmer au plus près, sans a priori, ce qui arrive à des personnes qui sont confrontées au jour le jour à l’un des grands problèmes de société qui nous concernent tous. Chapitre un : les demandeurs d’asile. Chapitre deux : les demandeurs d’emploi.
Patrice Chagnard : Notre désir, c’est d’aborder une réalité dont tout le monde parle, qu’on croit connaître, mais sur laquelle on a très peu d’approches réelles, concrètes : « Qu’est-ce que c’est que de vivre ça ? » qu’il s’agisse d’accueillir des immigrés ou de coacher de jeunes chômeurs. Nous pratiquons une forme de cinéma direct et il nous faut à chaque fois trouver un lieu qui nous permette de filmer à notre façon, sans parti pris ni jugement. Concernant les grandes questions de société, le terrain est forcément miné par les stéréotypes et les discours partisans. Le travail du cinéma, c’est de déminer en donnant à voir les choses comme elles sont.

"Les arrivants" se déroulait à la CAFDA, une plate-forme d’accueil financée par l’État français. Ici vous filmez Ingeus, une structure privée. Comment avez-vous trouvé ce lieu ?
Claudine Bories : Au départ on pensait filmer dans une Mission locale. Les Missions locales sont des Services publics, des sortes de Pôle Emploi réservés à l’accueil des jeunes de 18 à 26 ans. Notre choix s’était porté sur le Nord Pas de Calais, parce que c’est la région où le chômage des jeunes est le plus préoccupant. Et puis, sur internet, nous sommes tombés par hasard sur Ingeus : cette société privée proposait un coaching intensif pour accompagner de jeunes chômeurs dans leurs recherches d’emploi. En particulier à Tourcoing et Roubaix. Pour nous c’était idéal. On craignait qu’une société privée n’accepte pas notre démarche, hésite à se laisser filmer de l’intérieur et sans intervenir sur nos choix. Mais la direction nous a tout de suite fait confiance et très vite on a pu commencer à repérer.
Patrice Chagnard : La raison qui nous a fait basculer vers Ingeus, c’est surtout une raison concrète, cinématographique. Nous avions trouvé des gens formidables dans les Missions locales, mais on se heurtait à une difficulté majeure : les jeunes n’y sont pas contraints à des rendez-vous réguliers. Ceux que nous aurions trouvé intéressants et choisi de filmer pouvaient disparaître du jour au lendemain. Pour nous qui pratiquons un cinéma de personnages, c’était problématique. A Ingeus nous n’avions pas ce problème. Ingeus allouait aux « candidats » qu’elle recrutait une bourse mensuelle de 300 euros durant six mois, à condition qu’ils ne ratent pas les rendez-vous fixés et suivent l’enseignement prévu. Du coup on était assuré d’une certaine continuité. En un sens, Ingeus, sans le vouloir, faisait pour nous de la direction de production.

Vous voulez dire que les bureaux d’Ingeus constituaient pour vous un dispositif idéal ?
Patrice Chagnard : Ingeus a plusieurs antennes en France. Tous leurs lieux sont identiques, répondant à un choix rigoureux : l’open space par exemple. C’est une façon d’habituer les candidats à ce qu’est une entreprise. Pour nous c’était un décor signifiant, l’équivalent d’un studio.
Claudine Bories : C’était comme une scène théâtrale avec son décor et ses accessoires, ses affiches, ses slogans, ses ordinateurs, sa machine à café… De plus, ce lieu se trouvait en haut d’une tour, elle-même plantée au milieu d’un décor surréaliste, sorte de terrain vague sur fond d’usines abandonnées qu’on apercevait par les grandes baies vitrées.

Comment avez-vous procédé ?
Claudine Bories : On a fait trois mois de repérages, on a écrit un scénario pour trouver les financements. On est revenu six mois plus tard, on a filmé plusieurs jours par semaines pendant huit mois. Au départ on a suivi une quinzaine de jeunes. A l’arrivée il en reste quatre. Parmi les autres, disparus en cours de route, certains ont trouvé du boulot, d’autres sont partis ailleurs…
Le scénario, d’une cinquantaine de pages, se présentait comme une pièce de théâtre. Les dialogues s’inspiraient de ce qu’on avait entendu au cours des repérages.
Patrice Chagnard : Dès le départ nous savions que ce film serait un film de dialogues. Pour nous, le véritable sujet du film c’est la question du langage. C’est l’abîme entre les mots codés de l’entreprise, martelés par les coachs, objet d’exercices d’entraînements, et la parole des jeunes, ou leur absence de parole, qui nous renvoie à un tout autre monde culturel. L’enjeu est là : ce langage codé de l’entreprise, du marché, est totalement déconnecté du monde de ces jeunes qui le reçoivent avec un mutisme interloqué, ne comprennent pas grand chose à ce qu’on exige d’eux et y résistent de mille façons.

Quels choix étaient les vôtres en matière de mise en scène ?
Claudine Bories : L’open space génère une confusion visuelle et sonore, un désordre duquel il fallait s’abstraire. J’aurais aimé parfois des plans plus larges, ne serait-ce que pour évoquer l’espace et le ballet permanent des allées et venues, mais on s’est rendu compte très vite que l’on ne pouvait saisir les réactions et l’émotion des candidats qu’en s’approchant au plus près d’eux, en « faisant loupe ».
Patrice Chagnard :  C’est moi qui suis à la caméra. Dès que je m’éloignais des visages, je constatais qu’il ne se passait plus rien dans le cadre, l’image devenait insignifiante. Le gros plan s’imposait. C’est un travail d’entomologiste. Mettre en scène la parole dans ce huis clos, c’était d’abord mettre en valeur des regards, des silences, une infime crispation du visage, une simple moue… Découvrir que c’est finalement ça qui fait sens et qui est spectaculaire.
Dans ce film - davantage que pour d’autres - ce qu’on peut appeler la mise en scène s’est faite au montage. A partir d’une matière énorme (130 heures de rushes) nous avons cherché un équilibre entre d’un côté le discours porté par les coachs et les coachs eux-mêmes avec leurs personnalités, et de l’autre nos personnages et leurs mille façons de résister à ce discours. Il fallait être juste, ne pas grossir le trait et en même temps parvenir à mettre en lumière dans le dispositif que nous avions filmé, une logique absurde qui n’est pas forcément visible au premier regard.
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