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Rencontre avec les réalisatrices Chloé Mahieu et Lila Pinell autour de leur film "Kiss and Cry".

Publié le : 10-10-2017

KISS AND CRY de Chloé Mahieu et Lila Pinell Nouvelle rencontre-événement aux "Toiles" de Saint-Gratien : Séverine Rocaboy et son équipe accueillent deux jeunes réalisatrices Chloé Mahieu et Lila Pinell autour de leur film "Kiss and Cry", remarqué à Cannes. La soirée s'annonce passionnante.

L'histoire du film
Sarah, 15 ans, reprend le patin de haut niveau au club de Colmar, sans trop savoir si elle le fait pour elle ou pour sa mère. Elle retrouve la rivalité entre filles, la tyrannie de l’entraineur, la violence de la compétition. Tandis que son corps est mis à l’épreuve de la glace, ses désirs adolescents la détournent de ses ambitions sportives…
Un film de Lila Pinell et Chloé Mahieu avec Sarah Bramms, Xavier Dias, Dinara Droukarova.

>> Bande annonce.

Vendredi 13 octobre 2017 à 20h30 - Cinéma "Les Toiles" place François Truffaut Saint-Gratien - Prévente depuis le mercredi 11 octobre à la caisse du cinéma.

 

Bonus : propos des réalisatrices de Lila Pinell et Chloé Mahieu

Pourriez-vous raconter les expériences antérieures que vous avez menées et en quoi elles vous ont permis de trouver progressivement une forme, celle de "Kiss and Cry" ? Vous aviez réalisé un précédent film sur le patin, "Boucle Piqué", dans lequel vous rencontriez une partie des acteurs qui sera dans "Kiss and Cry".
Avant "Kiss and Cry", nous avons réalisé trois films documentaires ensemble. Du cinéma direct, sans entretiens ni voix off, et des longues sessions de montage pour donner une forme cohérente et une évolution dramatique à l’ensemble.
KISS AND CRY de Lila Pinell et Chloé MahieuLa mise en scène a toujours eu une fonction primordiale dans nos documentaires, et ce, grâce aux longues conversations hors du tournage avec nos personnages sur leur vie, leurs aspirations, leur intimité.
Une fois sur le plateau, nous recherchons quelque chose de précis, nous orientons les conversations, provoquons des situations. À l’intérieur d’un cadre strict que nous imposons, les personnages peuvent évoluer en toute liberté. Ils nous entraînent parfois sur un terrain imprévu et inconnu, et les plus belles scènes naissent souvent ainsi, de façon impromptue, même si au départ rien n’est laissé au hasard.
KISS AND CRY de Lila Pinell et Chloé MahieuLe premier film sur le patin, "Boucle Piqué", en 2012, est né du désir de faire un court métrage de fiction sur l’univers du patinage artistique, un univers très inspirant : paillettes, compétition, complicité, violence, etc… Le cadre du tournage était un stage de glace organisé par Xavier, l’entraineur de "Kiss and Cry", auquel participait une dizaine de jeunes filles âgées de 10 à 13 ans, toutes patineuses de haut niveau. Les entrainements ont été filmés de façon documentaire, et des situations ont été écrites à l’avance avec certaines filles. Nous avons également imaginé des chorégraphies sur glace qui résonneraient avec des moments documentaires que nous avions filmés et qui nous semblaient importants.
Finalement, lors du montage, les situations très fictionnelles que nous avions écrites ne s’inséraient pas et le film, de forme hybride, s’apparentait plus à un documentaire qu’à une fiction.
Nous avons gardé en tête l’idée de refaire un film avec l’équipe de patinage de Colmar, car on avait l’impression qu’avec leur participation, des possibilités de cinéma très excitantes s’offraient à nous. Nous sommes restées en contact avec Xavier et certaines filles, nous allions les voir de temps et temps, sans idée précise au départ…

L'écriture a commencé comme une fiction. Puis le tournage est venu "compliquer" les choses et vous êtes progressivement revenues vers les méthodes du documentaire…
Depuis quelque temps, nous nous sentions contraintes par la forme documentaire qui engage une responsabilité immense dans le traitement des gens qu’on filme. Nous sommes intéressées par les aspérités, les rapports de force, les contradictions, et ce n’est pas toujours facile d’embarquer avec soi des gens qui n’ont pas totalement conscience de l’image qu’ils renvoient. Nous avons eu besoin d’une plus grande liberté avec nos personnages. Nous voulions pouvoir raconter notre rapport particulier et ambigu au monde, sans impliquer moralement personne d’autre que nous.
En 2014, nous avons appris qu’une des jeunes filles de "Boucle piqué", Sarah, était venue vivre à Paris avec sa famille suite à un clash avec Xavier. C’était une des meilleures patineuses du club mais on sentait qu’elle ne supportait plus la discipline et qu’elle avait envie d’autre chose. On a commencé à la voir régulièrement et à la faire parler de sa vie, de ses désirs, de ses contradictions, de son rapport à sa mère etc…
En parallèle, on est retournées à Colmar et on a passé du temps avec des filles qui avaient arrêté le patin, avec celles qui étaient en pleine ascension sportive, avec les parents des patineuses, avec les entraineurs.
Tout le monde nous a reçues de façon très généreuse et on a récolté plein d’histoires qui nous ont semblé très parlantes sur ce que c’est qu’être adolescent. Au-delà du sport : le rapport à l’autorité, au désir des parents, la naissance d’une individualité.
Nous avons eu également envie de filmer comme dans "Boucle piqué" des chorégraphies sur glace imaginées comme des fantasmes. Des choses qui ne sont jamais dites et qui relèvent de l’inconscient, qui prennent corps à travers la danse et pas dans des mots. Ces moments enrichissent le regard que nous portons sur nos personnages et nous offrent une vision subjective de leur appartenance au monde, celle que nous avons souhaité percevoir chez eux et révéler.
Mais on voulait que l’histoire de Sarah s’insère dans le réel.
Même si les journées étaient découpées avec des séquences précises à tourner, toutes écrites à l'avance, on a essayé de faire en sorte qu’aux moments des tournages, Sarah vive comme si elle était vraiment revenue. On a tourné pendant les vrais entrainements de Xavier auxquels elle participait, on l’a laissée trainer avec ses copines hors caméra. On avait besoin que leur amitié soit réelle.
On voulait finir le film pendant les vrais championnats de France, fin mars. Le calendrier du film s’est donc échelonné en fonction du calendrier sportif, et on est venues cinq fois pendant l’année, pendant une semaine pour tourner. Mais pour plusieurs raisons, nous n’avons pas pu respecter la trame que nous avions écrite. D’une part, parce que certaines filles que nous avions pensé inclure dans l’histoire se sont blessées. Impossible alors pour elles de s’entrainer. Nous avons donc dû réécrire l’histoire en tenant compte de la réalité. Il est devenu fondamental pour nous de tourner le film dans l’ordre de ce qui était écrit, afin de faire face à d’éventuels changements de situation et de les intégrer au film. Le scénario était donc en perpétuel mouvement.
Le tournage en lui-même a également été déterminant pour trouver le style du film. Notre première session de tournage nous a mises face aux limites de notre dispositif. Nous étions partagées entre des moments purement documentaires : entrainement, discussions entre filles etc… et des moments clés du scénario plus écrits dans leur déroulement. La façon dont nous filmions ces deux matières était différente : les mouvements de caméra étaient plus assurés et parfois même répétés lors des moments fictionnels. Après une discussion avec notre chef opérateur Sylvain Verdet, nous sommes arrivées à une conclusion sur ce qui est ensuite devenu notre méthode de tournage : Sylvain a désiré ne plus rien connaître du scénario ou de la scène qui allait être tournée, afin d’aborder toutes les scènes de la même façon - dans la recherche de l’instant ou de l’énergie du présent. Même si les scènes avaient des directions précises, nous voulions tous être surpris par son déroulement, comme dans un documentaire.
De ce fait les scènes que nous avions pensées à l’avance sont venues s’insérer de façon nouvelle dans le film. Une scène qui avait été écrite comme une « transition » devenait tout à coup très importante parce qu’il s’y était passé quelque chose d’étonnant qui nous avait plu, alors qu’une scène écrite pour être longue devenait plus courte parce que l’énergie déployée y était moins intéressante.
(extrait dossier de presse)

KISS AND CRY de Lila Pinell et Chloé Mahieu

KISS AND CRY de Chloé Mahieu et Lila Pinell Nouvelle rencontre-événement aux "Toiles" de Saint-Gratien : Séverine Rocaboy et son équipe accueillent deux jeunes réalisatrices Chloé Mahieu et Lila Pinell autour de leur film "Kiss and Cry", remarqué à Cannes. La soirée s'annonce passionnante.

L'histoire du film
Sarah, 15 ans, reprend le patin de haut niveau au club de Colmar, sans trop savoir si elle le fait pour elle ou pour sa mère. Elle retrouve la rivalité entre filles, la tyrannie de l’entraineur, la violence de la compétition. Tandis que son corps est mis à l’épreuve de la glace, ses désirs adolescents la détournent de ses ambitions sportives…
Un film de Lila Pinell et Chloé Mahieu avec Sarah Bramms, Xavier Dias, Dinara Droukarova.

>> Bande annonce.

Vendredi 13 octobre 2017 à 20h30 - Cinéma "Les Toiles" place François Truffaut Saint-Gratien - Prévente depuis le mercredi 11 octobre à la caisse du cinéma.

 

Bonus : propos des réalisatrices de Lila Pinell et Chloé Mahieu

Pourriez-vous raconter les expériences antérieures que vous avez menées et en quoi elles vous ont permis de trouver progressivement une forme, celle de "Kiss and Cry" ? Vous aviez réalisé un précédent film sur le patin, "Boucle Piqué", dans lequel vous rencontriez une partie des acteurs qui sera dans "Kiss and Cry".
Avant "Kiss and Cry", nous avons réalisé trois films documentaires ensemble. Du cinéma direct, sans entretiens ni voix off, et des longues sessions de montage pour donner une forme cohérente et une évolution dramatique à l’ensemble.
KISS AND CRY de Lila Pinell et Chloé MahieuLa mise en scène a toujours eu une fonction primordiale dans nos documentaires, et ce, grâce aux longues conversations hors du tournage avec nos personnages sur leur vie, leurs aspirations, leur intimité.
Une fois sur le plateau, nous recherchons quelque chose de précis, nous orientons les conversations, provoquons des situations. À l’intérieur d’un cadre strict que nous imposons, les personnages peuvent évoluer en toute liberté. Ils nous entraînent parfois sur un terrain imprévu et inconnu, et les plus belles scènes naissent souvent ainsi, de façon impromptue, même si au départ rien n’est laissé au hasard.
KISS AND CRY de Lila Pinell et Chloé MahieuLe premier film sur le patin, "Boucle Piqué", en 2012, est né du désir de faire un court métrage de fiction sur l’univers du patinage artistique, un univers très inspirant : paillettes, compétition, complicité, violence, etc… Le cadre du tournage était un stage de glace organisé par Xavier, l’entraineur de "Kiss and Cry", auquel participait une dizaine de jeunes filles âgées de 10 à 13 ans, toutes patineuses de haut niveau. Les entrainements ont été filmés de façon documentaire, et des situations ont été écrites à l’avance avec certaines filles. Nous avons également imaginé des chorégraphies sur glace qui résonneraient avec des moments documentaires que nous avions filmés et qui nous semblaient importants.
Finalement, lors du montage, les situations très fictionnelles que nous avions écrites ne s’inséraient pas et le film, de forme hybride, s’apparentait plus à un documentaire qu’à une fiction.
Nous avons gardé en tête l’idée de refaire un film avec l’équipe de patinage de Colmar, car on avait l’impression qu’avec leur participation, des possibilités de cinéma très excitantes s’offraient à nous. Nous sommes restées en contact avec Xavier et certaines filles, nous allions les voir de temps et temps, sans idée précise au départ…

L'écriture a commencé comme une fiction. Puis le tournage est venu "compliquer" les choses et vous êtes progressivement revenues vers les méthodes du documentaire…
Depuis quelque temps, nous nous sentions contraintes par la forme documentaire qui engage une responsabilité immense dans le traitement des gens qu’on filme. Nous sommes intéressées par les aspérités, les rapports de force, les contradictions, et ce n’est pas toujours facile d’embarquer avec soi des gens qui n’ont pas totalement conscience de l’image qu’ils renvoient. Nous avons eu besoin d’une plus grande liberté avec nos personnages. Nous voulions pouvoir raconter notre rapport particulier et ambigu au monde, sans impliquer moralement personne d’autre que nous.
En 2014, nous avons appris qu’une des jeunes filles de "Boucle piqué", Sarah, était venue vivre à Paris avec sa famille suite à un clash avec Xavier. C’était une des meilleures patineuses du club mais on sentait qu’elle ne supportait plus la discipline et qu’elle avait envie d’autre chose. On a commencé à la voir régulièrement et à la faire parler de sa vie, de ses désirs, de ses contradictions, de son rapport à sa mère etc…
En parallèle, on est retournées à Colmar et on a passé du temps avec des filles qui avaient arrêté le patin, avec celles qui étaient en pleine ascension sportive, avec les parents des patineuses, avec les entraineurs.
Tout le monde nous a reçues de façon très généreuse et on a récolté plein d’histoires qui nous ont semblé très parlantes sur ce que c’est qu’être adolescent. Au-delà du sport : le rapport à l’autorité, au désir des parents, la naissance d’une individualité.
Nous avons eu également envie de filmer comme dans "Boucle piqué" des chorégraphies sur glace imaginées comme des fantasmes. Des choses qui ne sont jamais dites et qui relèvent de l’inconscient, qui prennent corps à travers la danse et pas dans des mots. Ces moments enrichissent le regard que nous portons sur nos personnages et nous offrent une vision subjective de leur appartenance au monde, celle que nous avons souhaité percevoir chez eux et révéler.
Mais on voulait que l’histoire de Sarah s’insère dans le réel.
Même si les journées étaient découpées avec des séquences précises à tourner, toutes écrites à l'avance, on a essayé de faire en sorte qu’aux moments des tournages, Sarah vive comme si elle était vraiment revenue. On a tourné pendant les vrais entrainements de Xavier auxquels elle participait, on l’a laissée trainer avec ses copines hors caméra. On avait besoin que leur amitié soit réelle.
On voulait finir le film pendant les vrais championnats de France, fin mars. Le calendrier du film s’est donc échelonné en fonction du calendrier sportif, et on est venues cinq fois pendant l’année, pendant une semaine pour tourner. Mais pour plusieurs raisons, nous n’avons pas pu respecter la trame que nous avions écrite. D’une part, parce que certaines filles que nous avions pensé inclure dans l’histoire se sont blessées. Impossible alors pour elles de s’entrainer. Nous avons donc dû réécrire l’histoire en tenant compte de la réalité. Il est devenu fondamental pour nous de tourner le film dans l’ordre de ce qui était écrit, afin de faire face à d’éventuels changements de situation et de les intégrer au film. Le scénario était donc en perpétuel mouvement.
Le tournage en lui-même a également été déterminant pour trouver le style du film. Notre première session de tournage nous a mises face aux limites de notre dispositif. Nous étions partagées entre des moments purement documentaires : entrainement, discussions entre filles etc… et des moments clés du scénario plus écrits dans leur déroulement. La façon dont nous filmions ces deux matières était différente : les mouvements de caméra étaient plus assurés et parfois même répétés lors des moments fictionnels. Après une discussion avec notre chef opérateur Sylvain Verdet, nous sommes arrivées à une conclusion sur ce qui est ensuite devenu notre méthode de tournage : Sylvain a désiré ne plus rien connaître du scénario ou de la scène qui allait être tournée, afin d’aborder toutes les scènes de la même façon - dans la recherche de l’instant ou de l’énergie du présent. Même si les scènes avaient des directions précises, nous voulions tous être surpris par son déroulement, comme dans un documentaire.
De ce fait les scènes que nous avions pensées à l’avance sont venues s’insérer de façon nouvelle dans le film. Une scène qui avait été écrite comme une « transition » devenait tout à coup très importante parce qu’il s’y était passé quelque chose d’étonnant qui nous avait plu, alors qu’une scène écrite pour être longue devenait plus courte parce que l’énergie déployée y était moins intéressante.
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