Renée Levy, Marianne Cohn, André et Bernard Kirschen, Rosalie Engros, Golda Bancic... tous ces noms ne vous disent rien et pourtant ils représentent beaucoup pour Alain Simmonet, un tout jeune retraité franconvillois. En effet, depuis 30 ans, il rassemble toutes les informations concernant des résistants juifs et des fusillés morts pour la France.
Dernièrement, il a transmis ses recherches sur Bernard et André Kirschen au Comité Yad Vashem qui collecte des feuilles de témoignages permettant d’inscrire les noms des Juifs disparus dans la « Salle des Noms » de l’Institut Yad Vashem de Jérusalem. C'était l'occasion de rencontrer Alain Simonnet et de connaître un peu mieux ce qui motive cet historien atypique.
Alain, je vais être direct avec vous : qu'est-ce qui vous guide à faire toutes ces recherches sur les fusillés et résistants de la Seconde Guerre mondiale ?
Je fais cela pour les mecs qui sont tombés ! Uniquement. Je ne recherche pas de retours particuliers. Vous savez ,je ne suis pas juif, je ne suis pas tzigane, je ne suis pas communiste, je ne suis pas gaulliste, seulement un peu anar sur les bords ! Depuis quelques années, je m'alimente des réflexions de Michel Onfray qui est post-anarchiste. Il explique qu'il faudrait prendre ce qui était bien chez Proudhon, antisémitse par ailleurs, ou bien chez Louise Michel, un exemple à suivre.
Comment vous est venue cette envie de vous documenter sur les résistants, les "Morts pour la France" de la Seconde guerre mondiale ?
Le hasard. Il y a 30 ans (vers 1983) j'ai acheté "Les mannequins nus" de Christian Bernadac qui évoquait Auschwitz.
Pour ma part, je suis né en 46, j'ai quitté l'école à 14 ans et je ne connaissais rien à la Seconde guerre mondiale. Je n'ai jamais été bon en français, c'est grâce à ma femme qui patiemment reformule mes recherches sans fautes que j'ai pu entreprendre toutes ses démarches. En effet, grâce aux livres de Bernadac (j'ai lu ensuite les "186 marches de Mathausen", "Le neuvième cercle"), je suis "entré" dans la Shoah, dans la déportation, puis je me suis intéressé à la guerre de 14-18, la guerre d'Algérie…
Et comment choisissez-vous les personnes sur lesquelles vous enquêtez ?
Au gré de mes recherches, des destins m'interpellent et c'est ainsi que je rassemble le plus d'informations possible sur la personne : actes officiels, témoignages, photos… Pour Renée Levy, par exemple, j'ai écrit 113 lettres : à différentes associations, à la mairie d'Auxerre, au la "Croix de guerre", au lycée Victor Hugo à Paris où d'ailleurs une plaque était apposée à sa mémoire.
Ensuite j'ai eu l'occasion d'écrire quelques articles dans la lettre de l'Amicale des anciens internés, déportés et familles du camp de Drancy dont un consacré à Renée Lévy.
Retrouvez l'évocation de la Famille Kirschen par Alain Simonnet : l'histoire tragique d'une famille et le destin incroyable d'André Kirschen.
>> Voir le texte d'Akain Simonnet
Vous réalisez aussi un travail colossal pour que les fusillés aient bien la mention "Mort pour la France" qu'il s méritent…
En effet, j'ai étudié par exemple tous les fusillés du Mont Valérien. En partant de la liste officielle disponible auprès de l'ONAC (Office National des Anciens Combattants), j'ai demandé les actes de décès des fusillés et je me suis rendu compte que nombreux étaient ceux qui ne portaient pas la mention "Mort pour la France". J'ai ainsi fait donc de très nombreuses demandes afin que ces oublis soient corrigés. J'ai reçu à ce jour plus de 140 accords. Je reçois certains refus inexpliqués. Dans ce cas, je joins mes recherches afin d'étayer ma demande. Parfois cela va jusqu'à une demande au procureur. Beaucoup de démarches administratives pour rendre à ces résistants ce qu'ils méritent.
Parfois, grâce à mes recherches, certains noms sont ajoutés aux monuments aux morts et… d'autres enlevés… Je dis : attention aux archives. J'ai consulté de nombreuses archives, celles de la police, du Mémorial de la Shoah, du ministère de la Défense à Fontenay-sous-Bois… Il faut bien sûr trouver plusieurs sources pour être le plus complet possible.
C'est un travail incroyable..
Non, je vous arrête tout de suite : ce sont eux qui étaient incroyables !
Savez-vous si vous êtes nombreux en France à faire ce travail d'historien ?
Je ne sais pas et cela ne m'intéresse pas. Vous l'aurez compris, je ne fais pas cela pour la gloire. Je transmets mes informations recueillies au Mémorial de la Shoah à Paris, à la Fondation de la déportation, à la Fondation de la Résistance, au musée de la Résistance de Champigny ainsi qu'au comité Yad Vashem.
Comment ces institutions ont-elles réagi ?
J'ai eu simplement des remerciements de la part du comité Yad Vashem. Les autres établissements n'ont pas réagi. Il a même fallu que je me batte pour que mes recherches soient enregistrées correctement pour que d'autres chercheurs puissent bénéficier du fruit de mon travail.
Ces recherches occupent l'essentiel de votre temps ?
C'est vrai que j'aime effectuer ces recherches mais j'ai aussi d'autres engagements. Tout d'abord auprès de la Croix Rouge en tenant des permanences au vestiaire de l'association. Je m'investis aussi pour l'Institut Marie Curie – une autre femme que j'admire beaucoup. A ce propos je serai à la Médiathèque de Franconville à l'occasion de l'Octobre Rose consacré au dépistage et à la recherche pour le cancer du sein : je proposerai mes cartes de soutien et je présenterai aussi à cette occasion des dépliants consacrés au don du sang et au don d'organe, deux causes qui me tiennent aussi à cœur;
Impossible de finir cette rencontre sans parler de votre autre passion : le rock'n roll !
En effet, j'aime le rock n' roll des années 55 et 56 particulièrement ! Lorsque je travaillais sur les chantiers, cela m'aidait à décompresser après la journée de travail.
Et mon idole à cette époque était James Dean pour lequel j'ai réalisé une exposition. Elle sera présentée le 14 et 15 septembre au festival Rock'n'Boogie au parc des expos de Cergy !
Grand merci Alain pour votre disponibilité et rendez-vous est pris pour une future rencontre afin d'évoquer la mort de Francis Hurteau soldat américain mort à Franconville.pendant la Seconde guerre mondiale.
Renée Levy, Marianne Cohn, André et Bernard Kirschen, Rosalie Engros, Golda Bancic... tous ces noms ne vous disent rien et pourtant ils représentent beaucoup pour Alain Simmonet, un tout jeune retraité franconvillois. En effet, depuis 30 ans, il rassemble toutes les informations concernant des résistants juifs et des fusillés morts pour la France.
Dernièrement, il a transmis ses recherches sur Bernard et André Kirschen au Comité Yad Vashem qui collecte des feuilles de témoignages permettant d’inscrire les noms des Juifs disparus dans la « Salle des Noms » de l’Institut Yad Vashem de Jérusalem. C'était l'occasion de rencontrer Alain Simonnet et de connaître un peu mieux ce qui motive cet historien atypique.
Alain, je vais être direct avec vous : qu'est-ce qui vous guide à faire toutes ces recherches sur les fusillés et résistants de la Seconde Guerre mondiale ?
Je fais cela pour les mecs qui sont tombés ! Uniquement. Je ne recherche pas de retours particuliers. Vous savez ,je ne suis pas juif, je ne suis pas tzigane, je ne suis pas communiste, je ne suis pas gaulliste, seulement un peu anar sur les bords ! Depuis quelques années, je m'alimente des réflexions de Michel Onfray qui est post-anarchiste. Il explique qu'il faudrait prendre ce qui était bien chez Proudhon, antisémitse par ailleurs, ou bien chez Louise Michel, un exemple à suivre.
Comment vous est venue cette envie de vous documenter sur les résistants, les "Morts pour la France" de la Seconde guerre mondiale ?
Le hasard. Il y a 30 ans (vers 1983) j'ai acheté "Les mannequins nus" de Christian Bernadac qui évoquait Auschwitz.
Pour ma part, je suis né en 46, j'ai quitté l'école à 14 ans et je ne connaissais rien à la Seconde guerre mondiale. Je n'ai jamais été bon en français, c'est grâce à ma femme qui patiemment reformule mes recherches sans fautes que j'ai pu entreprendre toutes ses démarches. En effet, grâce aux livres de Bernadac (j'ai lu ensuite les "186 marches de Mathausen", "Le neuvième cercle"), je suis "entré" dans la Shoah, dans la déportation, puis je me suis intéressé à la guerre de 14-18, la guerre d'Algérie…
Et comment choisissez-vous les personnes sur lesquelles vous enquêtez ?
Au gré de mes recherches, des destins m'interpellent et c'est ainsi que je rassemble le plus d'informations possible sur la personne : actes officiels, témoignages, photos… Pour Renée Levy, par exemple, j'ai écrit 113 lettres : à différentes associations, à la mairie d'Auxerre, au la "Croix de guerre", au lycée Victor Hugo à Paris où d'ailleurs une plaque était apposée à sa mémoire.
Ensuite j'ai eu l'occasion d'écrire quelques articles dans la lettre de l'Amicale des anciens internés, déportés et familles du camp de Drancy dont un consacré à Renée Lévy.
Retrouvez l'évocation de la Famille Kirschen par Alain Simonnet : l'histoire tragique d'une famille et le destin incroyable d'André Kirschen.
>> Voir le texte d'Akain Simonnet
Vous réalisez aussi un travail colossal pour que les fusillés aient bien la mention "Mort pour la France" qu'il s méritent…
En effet, j'ai étudié par exemple tous les fusillés du Mont Valérien. En partant de la liste officielle disponible auprès de l'ONAC (Office National des Anciens Combattants), j'ai demandé les actes de décès des fusillés et je me suis rendu compte que nombreux étaient ceux qui ne portaient pas la mention "Mort pour la France". J'ai ainsi fait donc de très nombreuses demandes afin que ces oublis soient corrigés. J'ai reçu à ce jour plus de 140 accords. Je reçois certains refus inexpliqués. Dans ce cas, je joins mes recherches afin d'étayer ma demande. Parfois cela va jusqu'à une demande au procureur. Beaucoup de démarches administratives pour rendre à ces résistants ce qu'ils méritent.
Parfois, grâce à mes recherches, certains noms sont ajoutés aux monuments aux morts et… d'autres enlevés… Je dis : attention aux archives. J'ai consulté de nombreuses archives, celles de la police, du Mémorial de la Shoah, du ministère de la Défense à Fontenay-sous-Bois… Il faut bien sûr trouver plusieurs sources pour être le plus complet possible.
C'est un travail incroyable..
Non, je vous arrête tout de suite : ce sont eux qui étaient incroyables !
Savez-vous si vous êtes nombreux en France à faire ce travail d'historien ?
Je ne sais pas et cela ne m'intéresse pas. Vous l'aurez compris, je ne fais pas cela pour la gloire. Je transmets mes informations recueillies au Mémorial de la Shoah à Paris, à la Fondation de la déportation, à la Fondation de la Résistance, au musée de la Résistance de Champigny ainsi qu'au comité Yad Vashem.
Comment ces institutions ont-elles réagi ?
J'ai eu simplement des remerciements de la part du comité Yad Vashem. Les autres établissements n'ont pas réagi. Il a même fallu que je me batte pour que mes recherches soient enregistrées correctement pour que d'autres chercheurs puissent bénéficier du fruit de mon travail.
Ces recherches occupent l'essentiel de votre temps ?
C'est vrai que j'aime effectuer ces recherches mais j'ai aussi d'autres engagements. Tout d'abord auprès de la Croix Rouge en tenant des permanences au vestiaire de l'association. Je m'investis aussi pour l'Institut Marie Curie – une autre femme que j'admire beaucoup. A ce propos je serai à la Médiathèque de Franconville à l'occasion de l'Octobre Rose consacré au dépistage et à la recherche pour le cancer du sein : je proposerai mes cartes de soutien et je présenterai aussi à cette occasion des dépliants consacrés au don du sang et au don d'organe, deux causes qui me tiennent aussi à cœur;
Impossible de finir cette rencontre sans parler de votre autre passion : le rock'n roll !
En effet, j'aime le rock n' roll des années 55 et 56 particulièrement ! Lorsque je travaillais sur les chantiers, cela m'aidait à décompresser après la journée de travail.
Et mon idole à cette époque était James Dean pour lequel j'ai réalisé une exposition. Elle sera présentée le 14 et 15 septembre au festival Rock'n'Boogie au parc des expos de Cergy !
Grand merci Alain pour votre disponibilité et rendez-vous est pris pour une future rencontre afin d'évoquer la mort de Francis Hurteau soldat américain mort à Franconville.pendant la Seconde guerre mondiale.
Vous appréciez le Journal de François ? Soutenez-le ! Merci.
Retourner à la page d'accueil - Retourner à la page "Rencontres de François"
Vous appréciez le Journal de François ? Soutenez-le ! Merci.
Retourner à la page d'accueil Retourner à la page "Rencontres de François"