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Rencontre avec le franconvillois Alain Simonnet qui réalise un travail de mémoire exceptionnel.

Publié le : 19-09-2013

alain SimonnetRenée Levy, Marianne Cohn, André et Bernard Kirschen, Rosalie Engros, Golda Bancic... tous ces noms ne vous disent rien et pourtant ils représentent  beaucoup pour Alain Simmonet, un tout jeune retraité franconvillois. En effet, depuis 30 ans, il rassemble toutes les informations concernant des résistants juifs et des fusillés morts pour la France.

Dernièrement, il a transmis ses recherches sur Bernard et André Kirschen au Comité Yad Vashem qui collecte des feuilles de témoignages permettant d’inscrire les noms des Juifs disparus dans la « Salle des Noms » de l’Institut Yad Vashem de Jérusalem. C'était l'occasion de rencontrer Alain Simonnet et de connaître un peu mieux ce qui motive cet historien atypique.

Alain, je vais être direct avec vous : qu'est-ce qui vous guide à faire toutes ces recherches sur les fusillés et résistants de la Seconde Guerre mondiale ?
Je fais cela pour les mecs qui sont tombés ! Uniquement. Je ne recherche pas de retours particuliers. Vous savez ,je ne suis pas juif, je ne suis pas tzigane, je ne suis pas communiste, je ne suis pas gaulliste, seulement un peu anar sur les bords !  Depuis quelques années, je m'alimente des réflexions de Michel Onfray qui est post-anarchiste. Il explique qu'il faudrait prendre ce qui était bien chez Proudhon, antisémitse par ailleurs, ou bien chez Louise Michel, un exemple à suivre.

Comment vous est venue cette envie de vous documenter sur les résistants, les "Morts pour la France" de la Seconde guerre mondiale ?
Le hasard. Il y a 30 ans (vers 1983) j'ai acheté "Les mannequins nus" de Christian Bernadac qui évoquait Auschwitz.
Pour ma part, je suis né en 46, j'ai quitté l'école à 14 ans et je ne connaissais rien à la Seconde guerre mondiale. Je n'ai jamais été bon en français, c'est grâce à ma femme qui patiemment reformule mes recherches sans fautes que j'ai pu entreprendre toutes ses démarches. En effet, grâce aux livres de Bernadac (j'ai lu ensuite les "186 marches de Mathausen", "Le neuvième cercle"), je suis "entré" dans la Shoah, dans la déportation, puis je me suis intéressé à la guerre de 14-18, la guerre d'Algérie…

Et comment choisissez-vous les personnes sur lesquelles vous enquêtez ?
Au gré de mes recherches, des destins m'interpellent et c'est ainsi que je rassemble le plus d'informations possible sur la personne : actes officiels, témoignages, photos… Pour Renée Levy, par exemple, j'ai écrit 113 lettres : à différentes associations, à la mairie d'Auxerre, au la "Croix de guerre", au lycée Victor Hugo à Paris où d'ailleurs une plaque était apposée à sa mémoire.
Ensuite j'ai eu l'occasion d'écrire quelques articles dans la lettre de l'Amicale des anciens internés, déportés et familles du camp de Drancy dont un consacré à Renée Lévy.

Retrouvez l'évocation de la Famille Kirschen par Alain Simonnet : l'histoire tragique d'une famille et le destin incroyable d'André Kirschen.
>> Voir le texte d'Akain Simonnet

Vous réalisez aussi un travail colossal pour que les fusillés aient bien la mention "Mort pour la France" qu'il s méritent…
En effet, j'ai étudié par exemple tous les fusillés du Mont Valérien. En partant de la liste officielle disponible auprès de l'ONAC (Office National des Anciens Combattants), j'ai demandé les actes de décès des fusillés et je me suis rendu compte que nombreux étaient ceux qui  ne portaient pas la mention "Mort pour la France". J'ai ainsi fait donc de très nombreuses demandes afin que ces oublis soient corrigés. J'ai reçu à ce jour plus de 140 accords. Je reçois certains refus inexpliqués. Dans ce cas, je joins mes recherches afin d'étayer ma demande. Parfois cela va jusqu'à une demande au procureur. Beaucoup de démarches administratives pour rendre à ces résistants ce qu'ils méritent.
Parfois, grâce à mes recherches, certains noms sont ajoutés aux monuments aux morts et… d'autres enlevés… Je dis : attention aux archives. J'ai consulté de nombreuses archives, celles de la police, du Mémorial de la Shoah, du ministère de la Défense à Fontenay-sous-Bois… Il faut bien sûr trouver plusieurs sources pour être le plus complet possible.

Alain SimonnetC'est un travail incroyable..

Non, je vous arrête tout de suite : ce sont eux qui étaient incroyables !

Savez-vous si vous êtes nombreux en France à faire ce travail d'historien ?
Je ne sais pas et cela ne m'intéresse pas. Vous l'aurez compris, je ne fais pas cela pour la gloire. Je transmets mes informations recueillies au Mémorial de la Shoah à Paris, à la Fondation de la déportation, à la Fondation de la Résistance, au musée de la Résistance de Champigny ainsi qu'au comité Yad Vashem.

Comment ces institutions ont-elles réagi ?

J'ai eu simplement des remerciements de la part du comité Yad Vashem. Les autres établissements n'ont pas réagi. Il a même fallu que je me batte pour que mes recherches soient enregistrées correctement pour que d'autres chercheurs puissent bénéficier du fruit de mon travail.

Ces recherches occupent l'essentiel de votre temps ?

C'est vrai que j'aime effectuer ces recherches mais j'ai aussi d'autres engagements. Tout d'abord auprès de la Croix Rouge en tenant des permanences au vestiaire de l'association. Je m'investis aussi pour l'Institut Marie Curie – une autre femme que j'admire beaucoup. A ce propos je serai à la Médiathèque de Franconville à l'occasion de l'Octobre Rose consacré au dépistage et à la recherche pour le cancer du sein : je proposerai mes cartes de soutien et je présenterai aussi à cette occasion des dépliants consacrés au don du sang et au don d'organe, deux causes qui me tiennent aussi à cœur;

Impossible de finir cette rencontre sans parler de votre autre passion : le rock'n roll !
En effet, j'aime le rock n' roll des années 55 et 56 particulièrement !  Lorsque je travaillais sur les chantiers, cela m'aidait à décompresser après la journée de travail.
Et mon idole à cette époque était James Dean pour lequel j'ai réalisé une exposition. Elle sera présentée le 14 et 15 septembre au festival Rock'n'Boogie au parc des expos de Cergy !

Grand merci Alain pour votre disponibilité et rendez-vous est pris pour une future rencontre afin d'évoquer la mort de Francis Hurteau soldat américain mort à Franconville.pendant la Seconde guerre mondiale.

alain SimonnetRenée Levy, Marianne Cohn, André et Bernard Kirschen, Rosalie Engros, Golda Bancic... tous ces noms ne vous disent rien et pourtant ils représentent  beaucoup pour Alain Simmonet, un tout jeune retraité franconvillois. En effet, depuis 30 ans, il rassemble toutes les informations concernant des résistants juifs et des fusillés morts pour la France.

Dernièrement, il a transmis ses recherches sur Bernard et André Kirschen au Comité Yad Vashem qui collecte des feuilles de témoignages permettant d’inscrire les noms des Juifs disparus dans la « Salle des Noms » de l’Institut Yad Vashem de Jérusalem. C'était l'occasion de rencontrer Alain Simonnet et de connaître un peu mieux ce qui motive cet historien atypique.

Alain, je vais être direct avec vous : qu'est-ce qui vous guide à faire toutes ces recherches sur les fusillés et résistants de la Seconde Guerre mondiale ?
Je fais cela pour les mecs qui sont tombés ! Uniquement. Je ne recherche pas de retours particuliers. Vous savez ,je ne suis pas juif, je ne suis pas tzigane, je ne suis pas communiste, je ne suis pas gaulliste, seulement un peu anar sur les bords !  Depuis quelques années, je m'alimente des réflexions de Michel Onfray qui est post-anarchiste. Il explique qu'il faudrait prendre ce qui était bien chez Proudhon, antisémitse par ailleurs, ou bien chez Louise Michel, un exemple à suivre.

Comment vous est venue cette envie de vous documenter sur les résistants, les "Morts pour la France" de la Seconde guerre mondiale ?
Le hasard. Il y a 30 ans (vers 1983) j'ai acheté "Les mannequins nus" de Christian Bernadac qui évoquait Auschwitz.
Pour ma part, je suis né en 46, j'ai quitté l'école à 14 ans et je ne connaissais rien à la Seconde guerre mondiale. Je n'ai jamais été bon en français, c'est grâce à ma femme qui patiemment reformule mes recherches sans fautes que j'ai pu entreprendre toutes ses démarches. En effet, grâce aux livres de Bernadac (j'ai lu ensuite les "186 marches de Mathausen", "Le neuvième cercle"), je suis "entré" dans la Shoah, dans la déportation, puis je me suis intéressé à la guerre de 14-18, la guerre d'Algérie…

Et comment choisissez-vous les personnes sur lesquelles vous enquêtez ?
Au gré de mes recherches, des destins m'interpellent et c'est ainsi que je rassemble le plus d'informations possible sur la personne : actes officiels, témoignages, photos… Pour Renée Levy, par exemple, j'ai écrit 113 lettres : à différentes associations, à la mairie d'Auxerre, au la "Croix de guerre", au lycée Victor Hugo à Paris où d'ailleurs une plaque était apposée à sa mémoire.
Ensuite j'ai eu l'occasion d'écrire quelques articles dans la lettre de l'Amicale des anciens internés, déportés et familles du camp de Drancy dont un consacré à Renée Lévy.

Retrouvez l'évocation de la Famille Kirschen par Alain Simonnet : l'histoire tragique d'une famille et le destin incroyable d'André Kirschen.
>> Voir le texte d'Akain Simonnet

Vous réalisez aussi un travail colossal pour que les fusillés aient bien la mention "Mort pour la France" qu'il s méritent…
En effet, j'ai étudié par exemple tous les fusillés du Mont Valérien. En partant de la liste officielle disponible auprès de l'ONAC (Office National des Anciens Combattants), j'ai demandé les actes de décès des fusillés et je me suis rendu compte que nombreux étaient ceux qui  ne portaient pas la mention "Mort pour la France". J'ai ainsi fait donc de très nombreuses demandes afin que ces oublis soient corrigés. J'ai reçu à ce jour plus de 140 accords. Je reçois certains refus inexpliqués. Dans ce cas, je joins mes recherches afin d'étayer ma demande. Parfois cela va jusqu'à une demande au procureur. Beaucoup de démarches administratives pour rendre à ces résistants ce qu'ils méritent.
Parfois, grâce à mes recherches, certains noms sont ajoutés aux monuments aux morts et… d'autres enlevés… Je dis : attention aux archives. J'ai consulté de nombreuses archives, celles de la police, du Mémorial de la Shoah, du ministère de la Défense à Fontenay-sous-Bois… Il faut bien sûr trouver plusieurs sources pour être le plus complet possible.

Alain SimonnetC'est un travail incroyable..

Non, je vous arrête tout de suite : ce sont eux qui étaient incroyables !

Savez-vous si vous êtes nombreux en France à faire ce travail d'historien ?
Je ne sais pas et cela ne m'intéresse pas. Vous l'aurez compris, je ne fais pas cela pour la gloire. Je transmets mes informations recueillies au Mémorial de la Shoah à Paris, à la Fondation de la déportation, à la Fondation de la Résistance, au musée de la Résistance de Champigny ainsi qu'au comité Yad Vashem.

Comment ces institutions ont-elles réagi ?

J'ai eu simplement des remerciements de la part du comité Yad Vashem. Les autres établissements n'ont pas réagi. Il a même fallu que je me batte pour que mes recherches soient enregistrées correctement pour que d'autres chercheurs puissent bénéficier du fruit de mon travail.

Ces recherches occupent l'essentiel de votre temps ?

C'est vrai que j'aime effectuer ces recherches mais j'ai aussi d'autres engagements. Tout d'abord auprès de la Croix Rouge en tenant des permanences au vestiaire de l'association. Je m'investis aussi pour l'Institut Marie Curie – une autre femme que j'admire beaucoup. A ce propos je serai à la Médiathèque de Franconville à l'occasion de l'Octobre Rose consacré au dépistage et à la recherche pour le cancer du sein : je proposerai mes cartes de soutien et je présenterai aussi à cette occasion des dépliants consacrés au don du sang et au don d'organe, deux causes qui me tiennent aussi à cœur;

Impossible de finir cette rencontre sans parler de votre autre passion : le rock'n roll !
En effet, j'aime le rock n' roll des années 55 et 56 particulièrement !  Lorsque je travaillais sur les chantiers, cela m'aidait à décompresser après la journée de travail.
Et mon idole à cette époque était James Dean pour lequel j'ai réalisé une exposition. Elle sera présentée le 14 et 15 septembre au festival Rock'n'Boogie au parc des expos de Cergy !

Grand merci Alain pour votre disponibilité et rendez-vous est pris pour une future rencontre afin d'évoquer la mort de Francis Hurteau soldat américain mort à Franconville.pendant la Seconde guerre mondiale.

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5 commentaire(s)

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Grizivatz - Il y a 2 mois
Bonjour ,
j'aimerai entrer en contact avec Alain Simonnet.
mon nom d'origine est Grzywacz,Il a été francisé quand mon grand père est arrivé de Pologne en France après la première guerre mondiale.
Je cherche depuis longtemps à avoir si le Slama Grzywacz de l'affiche rouge est de la même famille que moi.
Vu que ce n'était pas un nom très courant chez les juifs polonais.
Merci d'avance pour votre réponse
NAUDET Pierre - Il y a 12 mois
Félicitation à ce monsieur, pour son beau travail. Je sais ce qu'il en est, car j'effectue la même démarche dans la Sarthe. J'ai retrouvé des résistants, dont le nom est tombé dans l'oubli. J'ai réussi à le faire graver sur le monument aux morts, de leur commune. Avec l'aide du Souvenir Français, une belle cérémonie a été effectuée à chacun d'eux (et elle) En effet, j'ai trouvé une Sarthoise, née au Grand Lucé, qui a été guillotinée par les Allemand pour espionnage, dans leur pays. Je ne pense pas qu'elle soit de famille avec vous, monsieur Simonnet? Elle se nommait "Renée Simonnet". Je possède tous les document la concernant, ainsi que sa famille. Je suis en relation avec son neveu.
Je n'ai retrouvé, pour le moment, que 5 de ces héros, mais je continue dans la nouvelle commune, dans laquelle je viens de m'installer. Il y a eu de nombreux résistants qui ont été fusillés, dans celle-ci.
Je termine en espérant avoir un bon contact avec vous. Merci.
Masnada - Il y a 4 ans
Bonjour, un contacta aux USA m'a parlé de vous au sujet du soldat américain décédé à Franconville pendant la libération : Francis Hurteau. Je suis passé dans le village de ce jeune homme. Le corps est-il toujours à Franconville ? Je veux bien passer prendre une photo de la tombe. j'ai vu viotre travail sur le sujet, merci pour lui.
Gérald
Cordialement.
Je peux vous envoyer une photo de son village.
Reviriego - Il y a 5 ans
Bonjour, j'aimerais entrer en contact avec Alain simonnet à propos d'une notice qu'il a rédigée pour Yad Vashem et qui m'intéresse également. Merci d'avance. Cordialement. Bernard Reviriego
Lagarde Fouquet Annie - Il y a 10 ans
Bonjour,
Historienne amateur,je ne travaille pas directement sur ces sujets,(voir mon site https://sites.google.com/site/cartedevisiteal/) mais j'ai eu l'occasion de faire quelques travaux (recherches papiers de famille et traduction de documents de la Kommandantur) sur mon grand oncle René Le Pape et de transmettre mes informations pour la réalisation du site ci-dessous par un "cousin" généalogiste.
http://www.sourdaine.org/13_RP.htm
Bravo à Alain Simonnet et bon courage pour la suite
Annie LAGARDE FOUQUET
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