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Mercredi cinéma : "Une vie ailleurs" d'Olivier Peyon avec Isabelle Carré et Ramzy Bedia.

Publié le : 22-03-2017

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et à Eaubonne (mercredi) 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône.

 

UNE VIE AILLEURS de Olivier PeyonSortie de la semaine (22 mars 2017) : "Une vie ailleurs" d'Olivier Peyon

L'histoire
C’est en Uruguay que Sylvie retrouve enfin la trace de son fils, enlevé il y a quatre ans par son ex mari. Avec l’aide précieuse de Mehdi, elle part le récupérer mais arrivés là-bas, rien ne se passe comme prévu : l’enfant, élevé par sa grand-mère et sa tante, semble heureux et épanoui. Sylvie réalise alors que Felipe a grandi sans elle et que sa vie est désormais ailleurs.
Un film d'Olivier Peyon avec Isabelle Carré, Ramzy Bedia, María Dupláa, Dylan Cortes, Virginia Mendes.

>> Bande annonce du film

 

Bonus : propos de d'Olivier Peyon, réalisateur du film

D’où est née l’idée du film ?
De plusieurs envies : celle de tourner en Argentine que je connais bien, et celle de raconter l’histoire vraie d’un ami enlevé par son père et qui avait été « contre-enlevé » quelques années plus tard par le meilleur ami (et fUNE VIE AILLEURS de Olivier Peyonutur mari) de sa mère. Son histoire faisait écho à des films phares pour moi comme "Paris, Texas" de Wim Wenders, "Un Monde parfait" de Clint Eastwood ou "Les Enfants volés" de Gianni Amelio. Je me suis donc attelé à ce projet, mais, comme souvent au cinéma, il a énormément changé. J‘ai finalement tourné en Uruguay, pays voisin de l’Argentine, et le sujet, plutôt axé sur le désir de paternité, a considérablement évolué avec l’invention des personnages de la tante et de la grand-mère uruguayennes pour finalement donner le beau rôle aux femmes.

Justement les personnages féminins ont une importance considérable… aussi considérable que celle de Mehdi, l’assistant social.
Dans la première version du scénario, Sylvie, le personnage d’Isabelle Carré n’existait quasiment pas. J’avais surtout envie d’écrire un beau personnage masculin. Mais peu à peu, comme souvent dans mes films, les femmes se sont imposées. (rires) On pourrait dire que je m’éloignais d’"Un Monde parfait" pour me rapprocher de la légende du roi Salomon dans la Bible, qui ordonne de couper en deux un enfant que deux mères se disputent. L’une des deux se jette à ses genoux en le suppliant de n’en rien faire : elle préfère laisser son enfant à l‘autre femme que de le voir mourir. Le roi parvient ainsi à identifier la vraie mère et lui rend son enfant. J’avais cette légende en tête tout au long de l’écriture. Dans mon film, la notion de maternité est justement plus flottante.
Le vrai sujet du film est peut-être cette question de la maternité : c’est quoi être mère ? La meilleure mère est-elle celle qui donne la vie ou celle qui sait s’occuper de l’enfant ? Ce fameux instinct maternel existe-t-il ? Dans cette histoire, Mehdi, qu’interprète Ramzy, est une sorte de Salomon moderne ! (rires) Tout le film est construit à partir du regard qu’il porte sur les autres protagonistes.

UNE VIE AILLEURS de Olivier PeyonUn regard en constante évolution : Mehdi commence par prendre fait et cause pour la mère, Française, qui vit sans contact avec son fils depuis quatre ans, avant de nuancer son jugement lorsqu’il constate que l’enfant est très heureux entre sa tante et sa grand-mère.
Au départ, il trouve légitime qu’un enfant vive avec sa mère. Il n’a eu que la version de Sylvie et pense que l’aider à récupérer son enfant est une cause noble et juste. Mais lorsqu’il découvre ces deux femmes formidables que sont Maria et Norma, la tante et la grand-mère, il devient moins catégorique et se pose la seule question qui vaille : qu’est-ce qui est bien pour l’enfant ?

Sylvie, la mère française qu’interprète Isabelle Carré, projette carrément d’exfiltrer son fils...

Pour les couples binationaux qui se disputent un enfant, c’est souvent le seul moyen que trouve un des parents pour récupérer son enfant rapidement. Il existe des accords entre certains pays, mais, à partir du moment où l’enfant a la double nationalité, les justices de chaque pays peuvent entrer en concurrence. L’avantage est à celle du pays où l’enfant vit désormais, enlevé ou non ; la stabilité de l’enfant étant privilégiée. Plus les mois passent, plus il devient compliqué de le récupérer légalement. J‘ai rencontré en Uruguay une Française qui n’a jamais pu revenir en France avec ses enfants car son mari uruguayen avait saisi la justice (alors qu’il s’était lui-même enfui avec eux quelques temps) ; elle a dû rester vivre là-bas pour continuer à être avec ses enfants. La question de la fuite s’est posée mais finalement elle n’a pas voulu leur faire vivre un nouveau traumatisme.

UNE VIE AILLEURS de Olivier PeyonPourquoi avoir souhaité cosigner le scénario avec Cécilia Rouaud, la réalisatrice de "Je me suis fait tout petit".
Je connais Cécilia depuis longtemps. J’ai monté plusieurs de mes films avec son frère Fabrice Rouaud, monteur entre autres de Bertrand Bonello, j’adore les documentaires de son père Christian Rouaud - dont les "Lip" et "Tous au Larzac". Je connaissais bien l’univers de Cécilia, sa façon tendre mais sans complaisance de décrire la fratrie et la famille. Je voyais aussi comment elle se débrouillait dans sa vie de mère. Tout ça m’a amené à lui proposer de travailler avec moi. J’avais déjà écrit plusieurs versions et j’avais besoin de son regard neuf. Je peux parfois être un peu sec, presque dur dans mon écriture. Or, je voulais un film chaleureux. Je savais que Cécilia m’apporterait ce mélange d’humour et de bienveillance dont elle sait entourer ses personnages.

UNE VIE AILLEURS de Olivier PeyonAvez-vous tout de suite pensé à Isabelle Carré pour le rôle de Sylvie ?
Oui. Je l’avais beaucoup aimée dans "Le Refuge", de François Ozon. Elle y montrait quelque chose de dur et de naturaliste qui me plaisait beaucoup. J’ai souhaité lui proposer ce rôle que j’estimais à contre-emploi : elle est, au début du film, un peu antipathique, sèche et insaisissable. Le personnage de Sylvie est dans l’urgence : quatre ans qu’elle n’a pas vu son fils, alors elle n’a plus le temps de composer ni d’être aimable. J’ai d’ailleurs demandé à Isabelle de baisser la tonalité de sa voix et d’être toujours en mouvement. C’était mon petit soldat, elle était prête à tout, elle me rassurait et me structurait. Je pense que je la rassurais aussi.

On a peu l’habitude de voir Ramzy dans l’emploi qu’il occupe ici…
Je n’ai pas pensé à lui tout de suite. Je ne pensais à personne d’autre d’ailleurs, je ne trouvais pas. Je cherchais un acteur qui ait une vraie virilité sans avoir peur de sa sensibilité, quelqu’un qui ait un rapport généreux aux gens et surtout aux enfants, quelqu’un que je n’ai pas l’impression d’avoir déjà vu dans ce rUNE VIE AILLEURS de Olivier Peyonôle. Bref je ne trouvais pas… C’est Isabelle qui m’a donné la clé. Elle venait de tourner avec Ramzy dans "Les Vents contraires" de Jalil Lespert, et m’a raconté à quel point il était formidable. Il n’y avait qu’une scène et pourtant il était impressionnant. Je lui ai envoyé le scénario et j’ai eu la chance qu’il accepte tout de suite.
On n’a quasiment vu Ramzy que dans des comédies, mais c’est un grand acteur, très délicat, d’une intelligence, d’une sensibilité rare et d’une extraordinaire générosité. Lors des essais caméras, j’ai été frappé par sa cinégénie. Il irradie l’écran.
Et voir Isabelle et Ramzy jouer ensemble était un vrai cadeau. Ils avaient envie de faire ce film ensemble, ils voulaient encore plus de scènes tous les deux d’ailleurs, ils me disaient « Réécris-nous une scène, réécris-nous une scène ». (rires)

Isabelle Carré et Ramzy sont justement deux natures d’acteurs très différentes. Comment avez-vous travaillé avec eux ?
Assez simplement, en faisant avec ce qu’ils sont : Isabelle est une bosseuse qui a besoin de connaître son texte sur le bout des doigts, qui a appris l’espagnol pour le rôle, qui veut jouer, jouer, jouer. Elle me disait souvent : « Allez, on y va, on joue ! ». Ramzy est plus dans l’instant. Son plus gros travail a été d’accepter de s’ennuyer. (rires) Il n‘y avait rien à faire dans cette petite ville de Florida, lui qui vit toujours à 100 à l’heure, entouré d’amis ou de sa famille. Je lui disais « C’est ça ton travail sur le rôle : apprends à t’ennuyer, baisse la cadence, profite. » Ça le faisait rire, mais il a joué le jeu. Il a été également formidable avec Dylan et les autres enfants, il sait vraiment y faire avec eux. La scène où il leur propose de monter dans sa voiture, par exemple, est en partie improvisée. Ramzy leur balance son texte d’une telle façon qu’à ce moment-là, les gosses ne jouent plus du tout. Ils hurlent vraiment pour grimper dedans !

Comment avez-vous trouvé Dylan Cortez, le petit garçon qui interprète Felipe ?
Au départ, je tenais à ce que l’enfant parle français. J’ai donc écumé les lycées français d’Uruguay et de Buenos Aires et j’ai fini par retenir un garçon un peu gauche qui me touchait. Je n’avais pas retenu Dylan que je trouvais presque trop parfait et qui, surtout ne parlait pas un mot de notre langue. C’est mon producteur, Bertrand Faivre, qui m’a conseillé de l’inclure dans le casting final avec quatre autres enfants – dont mon préféré. Alors que ce dernier s’est montré très décevant, Dylan s’est révélé impressionnant, mature, concentré, enjoué. C’était un tel plaisir, ces essais. Du coup je l’ai choisi et il a appris le français.
Dylan est déjà comédien, il joue au théâtre, et dans beaucoup de publicités. Mon travail avec lui a consisté à gommer son côté professionnel, à lui apprendre à prendre du plaisir sur toute la longueur d’une scène, vu qu’il avait l’habitude de plans courts dans la pub. Mais il s’est vraiment montré en demande et à l’écoute, c’était impressionnant. Il a douze ans aujourd’hui et vient de remporter le prix du meilleur espoir de théâtre dans son pays. Il était souvent à mes côtés quand on tournait car il veut devenir réalisateur. Il parlait technique avec les techniciens et, l’instant d’après, courait rejoindre ses copains. C’était vraiment un moment rare et joyeux que de le regarder évoluer.

Parlez-nous de María Dupláa …
J’avais écrit le rôle de Maria pour Erica Rivas que je connais depuis une dizaine d’années. Après le succès international des "Nouveaux Sauvages" de Damiàn Szifron, où elle joue la mariée dans le sketch final, Erica n’était plus disponible, et j’ai dû lui chercher une remplaçante. Comme Dylan, je n’ai pas tout de suite retenu Maria qui me paraissait trop jeune (elle a quinze ans de moins qu’Erica) et surtout elle ne parlait pas français, mais sa photo s’était retrouvée par erreur dans le tas des comédiennes parlant français… C’est à nouveau mon producteur qui m’a donné l’idée de la rencontrer en voyant une émission de télé avec elle. Je suis allé faire des essais à Buenos Aires car elle est Argentine. Contrairement à beaucoup de comédiens qui arrivent sur un casting avec leur peur, leurs doutes et qui, quelque part, vous imposent leur vécu – ce qui est bien compréhensible vu l’exercice difficile qu’est le casting – Maria était là, présente, absolument dans l’instant et dans le rôle. Elle n’essayait pas de me séduire ou d’être bonne, elle était… tout simplement. Je l’ai donc choisie aussitôt, j’ai réécrit le rôle, je l’ai rajeunie et lui ai inventé un père argentin pour légitimer son accent un peu différent de l’accent uruguayen. Et, comme Dylan, elle a appris le français. C’était assez marrant d’ailleurs, la prépa du film : un vrai institut de langue avec moi, Isabelle, Ramzy et moi qui apprenions l’espagnol, et Maria, Dylan et aussi Lucas Barreiro (qui joue Hector) qui apprenaient le français. Je les voyais quotidiennement pour répéter et évaluer leur progrès. (rires)
Quant à Virginia qui joue Norma, j’ai eu un véritable coup de foudre. On l’a vue dans "Les Toilettes du pape" d’Enrique Fernandez et Cesar Charlone. Je l’ai rencontrée le dernier jour des repérages et casting, quelque mois avant le tournage. C’était même la dernière heure avant de reprendre mon avion.
J’avais vu toutes les grands-mères possibles d’Uruguay et d’Argentine, j’avais fait beaucoup d’essais, répété avec toutes ses comédiennes, et quand elle est entrée, c’était elle. Contrairement à d’habitude je lui ai donné la réplique directement, on a joué plusieurs scènes ensemble, c’était de mieux en mieux.
L’heure tournait et j’allais rater mon avion mais, à travers Virginia, c’était la première fois que je sentais mon film s’incarner (je n’avais pas encore travaillé avec Isabelle et Ramzy) A la fin, je l’ai prise dans mes bras et lui ai juste demandé si elle acceptait d’être dans mon film. Je pense qu’elle s’est demandée qui était ce Français bizarre (rires) mais elle était une évidence… Et j’ai filé à l’aéroport.
Au final, j’ai l’impression qu’il n’y a pas deux mais cinq rôles principaux. Chacun existe vraiment je crois. C’est finalement un drôle de film où rien ne s’est passé comme prévu, ni le tournage en Argentine, ni les comédiens envisagés, mais au final je sais que c’est bien mieux.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et à Eaubonne (mercredi) 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône.

 

UNE VIE AILLEURS de Olivier PeyonSortie de la semaine (22 mars 2017) : "Une vie ailleurs" d'Olivier Peyon

L'histoire
C’est en Uruguay que Sylvie retrouve enfin la trace de son fils, enlevé il y a quatre ans par son ex mari. Avec l’aide précieuse de Mehdi, elle part le récupérer mais arrivés là-bas, rien ne se passe comme prévu : l’enfant, élevé par sa grand-mère et sa tante, semble heureux et épanoui. Sylvie réalise alors que Felipe a grandi sans elle et que sa vie est désormais ailleurs.
Un film d'Olivier Peyon avec Isabelle Carré, Ramzy Bedia, María Dupláa, Dylan Cortes, Virginia Mendes.

>> Bande annonce du film

 

Bonus : propos de d'Olivier Peyon, réalisateur du film

D’où est née l’idée du film ?
De plusieurs envies : celle de tourner en Argentine que je connais bien, et celle de raconter l’histoire vraie d’un ami enlevé par son père et qui avait été « contre-enlevé » quelques années plus tard par le meilleur ami (et fUNE VIE AILLEURS de Olivier Peyonutur mari) de sa mère. Son histoire faisait écho à des films phares pour moi comme "Paris, Texas" de Wim Wenders, "Un Monde parfait" de Clint Eastwood ou "Les Enfants volés" de Gianni Amelio. Je me suis donc attelé à ce projet, mais, comme souvent au cinéma, il a énormément changé. J‘ai finalement tourné en Uruguay, pays voisin de l’Argentine, et le sujet, plutôt axé sur le désir de paternité, a considérablement évolué avec l’invention des personnages de la tante et de la grand-mère uruguayennes pour finalement donner le beau rôle aux femmes.

Justement les personnages féminins ont une importance considérable… aussi considérable que celle de Mehdi, l’assistant social.
Dans la première version du scénario, Sylvie, le personnage d’Isabelle Carré n’existait quasiment pas. J’avais surtout envie d’écrire un beau personnage masculin. Mais peu à peu, comme souvent dans mes films, les femmes se sont imposées. (rires) On pourrait dire que je m’éloignais d’"Un Monde parfait" pour me rapprocher de la légende du roi Salomon dans la Bible, qui ordonne de couper en deux un enfant que deux mères se disputent. L’une des deux se jette à ses genoux en le suppliant de n’en rien faire : elle préfère laisser son enfant à l‘autre femme que de le voir mourir. Le roi parvient ainsi à identifier la vraie mère et lui rend son enfant. J’avais cette légende en tête tout au long de l’écriture. Dans mon film, la notion de maternité est justement plus flottante.
Le vrai sujet du film est peut-être cette question de la maternité : c’est quoi être mère ? La meilleure mère est-elle celle qui donne la vie ou celle qui sait s’occuper de l’enfant ? Ce fameux instinct maternel existe-t-il ? Dans cette histoire, Mehdi, qu’interprète Ramzy, est une sorte de Salomon moderne ! (rires) Tout le film est construit à partir du regard qu’il porte sur les autres protagonistes.

UNE VIE AILLEURS de Olivier PeyonUn regard en constante évolution : Mehdi commence par prendre fait et cause pour la mère, Française, qui vit sans contact avec son fils depuis quatre ans, avant de nuancer son jugement lorsqu’il constate que l’enfant est très heureux entre sa tante et sa grand-mère.
Au départ, il trouve légitime qu’un enfant vive avec sa mère. Il n’a eu que la version de Sylvie et pense que l’aider à récupérer son enfant est une cause noble et juste. Mais lorsqu’il découvre ces deux femmes formidables que sont Maria et Norma, la tante et la grand-mère, il devient moins catégorique et se pose la seule question qui vaille : qu’est-ce qui est bien pour l’enfant ?

Sylvie, la mère française qu’interprète Isabelle Carré, projette carrément d’exfiltrer son fils...

Pour les couples binationaux qui se disputent un enfant, c’est souvent le seul moyen que trouve un des parents pour récupérer son enfant rapidement. Il existe des accords entre certains pays, mais, à partir du moment où l’enfant a la double nationalité, les justices de chaque pays peuvent entrer en concurrence. L’avantage est à celle du pays où l’enfant vit désormais, enlevé ou non ; la stabilité de l’enfant étant privilégiée. Plus les mois passent, plus il devient compliqué de le récupérer légalement. J‘ai rencontré en Uruguay une Française qui n’a jamais pu revenir en France avec ses enfants car son mari uruguayen avait saisi la justice (alors qu’il s’était lui-même enfui avec eux quelques temps) ; elle a dû rester vivre là-bas pour continuer à être avec ses enfants. La question de la fuite s’est posée mais finalement elle n’a pas voulu leur faire vivre un nouveau traumatisme.

UNE VIE AILLEURS de Olivier PeyonPourquoi avoir souhaité cosigner le scénario avec Cécilia Rouaud, la réalisatrice de "Je me suis fait tout petit".
Je connais Cécilia depuis longtemps. J’ai monté plusieurs de mes films avec son frère Fabrice Rouaud, monteur entre autres de Bertrand Bonello, j’adore les documentaires de son père Christian Rouaud - dont les "Lip" et "Tous au Larzac". Je connaissais bien l’univers de Cécilia, sa façon tendre mais sans complaisance de décrire la fratrie et la famille. Je voyais aussi comment elle se débrouillait dans sa vie de mère. Tout ça m’a amené à lui proposer de travailler avec moi. J’avais déjà écrit plusieurs versions et j’avais besoin de son regard neuf. Je peux parfois être un peu sec, presque dur dans mon écriture. Or, je voulais un film chaleureux. Je savais que Cécilia m’apporterait ce mélange d’humour et de bienveillance dont elle sait entourer ses personnages.

UNE VIE AILLEURS de Olivier PeyonAvez-vous tout de suite pensé à Isabelle Carré pour le rôle de Sylvie ?
Oui. Je l’avais beaucoup aimée dans "Le Refuge", de François Ozon. Elle y montrait quelque chose de dur et de naturaliste qui me plaisait beaucoup. J’ai souhaité lui proposer ce rôle que j’estimais à contre-emploi : elle est, au début du film, un peu antipathique, sèche et insaisissable. Le personnage de Sylvie est dans l’urgence : quatre ans qu’elle n’a pas vu son fils, alors elle n’a plus le temps de composer ni d’être aimable. J’ai d’ailleurs demandé à Isabelle de baisser la tonalité de sa voix et d’être toujours en mouvement. C’était mon petit soldat, elle était prête à tout, elle me rassurait et me structurait. Je pense que je la rassurais aussi.

On a peu l’habitude de voir Ramzy dans l’emploi qu’il occupe ici…
Je n’ai pas pensé à lui tout de suite. Je ne pensais à personne d’autre d’ailleurs, je ne trouvais pas. Je cherchais un acteur qui ait une vraie virilité sans avoir peur de sa sensibilité, quelqu’un qui ait un rapport généreux aux gens et surtout aux enfants, quelqu’un que je n’ai pas l’impression d’avoir déjà vu dans ce rUNE VIE AILLEURS de Olivier Peyonôle. Bref je ne trouvais pas… C’est Isabelle qui m’a donné la clé. Elle venait de tourner avec Ramzy dans "Les Vents contraires" de Jalil Lespert, et m’a raconté à quel point il était formidable. Il n’y avait qu’une scène et pourtant il était impressionnant. Je lui ai envoyé le scénario et j’ai eu la chance qu’il accepte tout de suite.
On n’a quasiment vu Ramzy que dans des comédies, mais c’est un grand acteur, très délicat, d’une intelligence, d’une sensibilité rare et d’une extraordinaire générosité. Lors des essais caméras, j’ai été frappé par sa cinégénie. Il irradie l’écran.
Et voir Isabelle et Ramzy jouer ensemble était un vrai cadeau. Ils avaient envie de faire ce film ensemble, ils voulaient encore plus de scènes tous les deux d’ailleurs, ils me disaient « Réécris-nous une scène, réécris-nous une scène ». (rires)

Isabelle Carré et Ramzy sont justement deux natures d’acteurs très différentes. Comment avez-vous travaillé avec eux ?
Assez simplement, en faisant avec ce qu’ils sont : Isabelle est une bosseuse qui a besoin de connaître son texte sur le bout des doigts, qui a appris l’espagnol pour le rôle, qui veut jouer, jouer, jouer. Elle me disait souvent : « Allez, on y va, on joue ! ». Ramzy est plus dans l’instant. Son plus gros travail a été d’accepter de s’ennuyer. (rires) Il n‘y avait rien à faire dans cette petite ville de Florida, lui qui vit toujours à 100 à l’heure, entouré d’amis ou de sa famille. Je lui disais « C’est ça ton travail sur le rôle : apprends à t’ennuyer, baisse la cadence, profite. » Ça le faisait rire, mais il a joué le jeu. Il a été également formidable avec Dylan et les autres enfants, il sait vraiment y faire avec eux. La scène où il leur propose de monter dans sa voiture, par exemple, est en partie improvisée. Ramzy leur balance son texte d’une telle façon qu’à ce moment-là, les gosses ne jouent plus du tout. Ils hurlent vraiment pour grimper dedans !

Comment avez-vous trouvé Dylan Cortez, le petit garçon qui interprète Felipe ?
Au départ, je tenais à ce que l’enfant parle français. J’ai donc écumé les lycées français d’Uruguay et de Buenos Aires et j’ai fini par retenir un garçon un peu gauche qui me touchait. Je n’avais pas retenu Dylan que je trouvais presque trop parfait et qui, surtout ne parlait pas un mot de notre langue. C’est mon producteur, Bertrand Faivre, qui m’a conseillé de l’inclure dans le casting final avec quatre autres enfants – dont mon préféré. Alors que ce dernier s’est montré très décevant, Dylan s’est révélé impressionnant, mature, concentré, enjoué. C’était un tel plaisir, ces essais. Du coup je l’ai choisi et il a appris le français.
Dylan est déjà comédien, il joue au théâtre, et dans beaucoup de publicités. Mon travail avec lui a consisté à gommer son côté professionnel, à lui apprendre à prendre du plaisir sur toute la longueur d’une scène, vu qu’il avait l’habitude de plans courts dans la pub. Mais il s’est vraiment montré en demande et à l’écoute, c’était impressionnant. Il a douze ans aujourd’hui et vient de remporter le prix du meilleur espoir de théâtre dans son pays. Il était souvent à mes côtés quand on tournait car il veut devenir réalisateur. Il parlait technique avec les techniciens et, l’instant d’après, courait rejoindre ses copains. C’était vraiment un moment rare et joyeux que de le regarder évoluer.

Parlez-nous de María Dupláa …
J’avais écrit le rôle de Maria pour Erica Rivas que je connais depuis une dizaine d’années. Après le succès international des "Nouveaux Sauvages" de Damiàn Szifron, où elle joue la mariée dans le sketch final, Erica n’était plus disponible, et j’ai dû lui chercher une remplaçante. Comme Dylan, je n’ai pas tout de suite retenu Maria qui me paraissait trop jeune (elle a quinze ans de moins qu’Erica) et surtout elle ne parlait pas français, mais sa photo s’était retrouvée par erreur dans le tas des comédiennes parlant français… C’est à nouveau mon producteur qui m’a donné l’idée de la rencontrer en voyant une émission de télé avec elle. Je suis allé faire des essais à Buenos Aires car elle est Argentine. Contrairement à beaucoup de comédiens qui arrivent sur un casting avec leur peur, leurs doutes et qui, quelque part, vous imposent leur vécu – ce qui est bien compréhensible vu l’exercice difficile qu’est le casting – Maria était là, présente, absolument dans l’instant et dans le rôle. Elle n’essayait pas de me séduire ou d’être bonne, elle était… tout simplement. Je l’ai donc choisie aussitôt, j’ai réécrit le rôle, je l’ai rajeunie et lui ai inventé un père argentin pour légitimer son accent un peu différent de l’accent uruguayen. Et, comme Dylan, elle a appris le français. C’était assez marrant d’ailleurs, la prépa du film : un vrai institut de langue avec moi, Isabelle, Ramzy et moi qui apprenions l’espagnol, et Maria, Dylan et aussi Lucas Barreiro (qui joue Hector) qui apprenaient le français. Je les voyais quotidiennement pour répéter et évaluer leur progrès. (rires)
Quant à Virginia qui joue Norma, j’ai eu un véritable coup de foudre. On l’a vue dans "Les Toilettes du pape" d’Enrique Fernandez et Cesar Charlone. Je l’ai rencontrée le dernier jour des repérages et casting, quelque mois avant le tournage. C’était même la dernière heure avant de reprendre mon avion.
J’avais vu toutes les grands-mères possibles d’Uruguay et d’Argentine, j’avais fait beaucoup d’essais, répété avec toutes ses comédiennes, et quand elle est entrée, c’était elle. Contrairement à d’habitude je lui ai donné la réplique directement, on a joué plusieurs scènes ensemble, c’était de mieux en mieux.
L’heure tournait et j’allais rater mon avion mais, à travers Virginia, c’était la première fois que je sentais mon film s’incarner (je n’avais pas encore travaillé avec Isabelle et Ramzy) A la fin, je l’ai prise dans mes bras et lui ai juste demandé si elle acceptait d’être dans mon film. Je pense qu’elle s’est demandée qui était ce Français bizarre (rires) mais elle était une évidence… Et j’ai filé à l’aéroport.
Au final, j’ai l’impression qu’il n’y a pas deux mais cinq rôles principaux. Chacun existe vraiment je crois. C’est finalement un drôle de film où rien ne s’est passé comme prévu, ni le tournage en Argentine, ni les comédiens envisagés, mais au final je sais que c’est bien mieux.
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