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Mercredi cinéma : "Une femme douce" de Sergei Loznitsa

Publié le : 16-08-2017

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

UNE FEMME DOUCE de Sergei LoznitsaSortie de la semaine (16 août 2017) : "Une femme douce" de Sergei Loznitsa.

L'histoire
Un jour, une femme reçoit le colis qu’elle a envoyé quelques temps plus tôt à son mari incarcéré. Inquiète et profondément désemparée, elle décide de se rendre à la prison, dans une région reculée de Russie, afin d’obtenir des informations.
Ainsi commence l’histoire d'un voyage semé d’humiliations et de violence, l’histoire d'une bataille absurde contre une forteresse impénétrable.
Un film de Sergei Loznitsa avec Vasilina Makovtseva, Marina Kleshcheva, Lia Akhedzhakova, Valeriu Andriuta.

Bande annonce

 

Bonus : propos du réalisateur Sergei Loznitsa (recueillis par Olivier Séguret et traduits du Russe par Joël Chapron).

Quel a été le germe d’"Une femme douce" ?
J’avais pensé au départ raconter le destin d’une femme, de cette femme. Son mari est en prison, elle lui envoie un colis et ce colis lui revient. Elle ne comprend pas pourquoi, elle va chercher à se renseigner et le film commence... Je n’avais pas de fin, je n’avais que cette trame intrigue. Le premier dénouement que j’avais UNE FEMME DOUCE de Sergei Loznitsa  © SLOT MACHINEentrevu était très différent de celui que j’ai finalement retenu. Le développement de cette histoire se compte en années, et ce qui est resté de l’idée initiale, c’est le stoïcisme et l’impassibilité du visage de l’héroïne, qui ne sourit pas une seule fois dans le film. C’est extrêmement difficile de rester éternellement impassible.

Qu’est-ce que votre film doit à la nouvelle "La Douce" de Dostoïevski ?
A part le titre, pas grand-chose. Je voulais raconter l’histoire d’une « femme douce » mais pas depuis le point de vue de la nouvelle de Dostoïevski ou de ce que l’on connaît de la Russie. Dans le scénario, il y a tout de même une citation directe et particulière, très spécifique, extraite des "Possédés" (les Démons). C’est le « poème du cafard », récitée à la fin de la scène de banquet. Il y a beaucoup de références à Gogol ou à Saltykov-Chtchedrine dans le film. Dostoïevski enquêtait sur d’autres choses que celles que je veux étudier dans mon film. Ce qui l’intéressait, c’était les ambitions blessées, l’amour-propre humilié, et les rapports humains qui s’ensuivent, jusqu’à la catastrophe. Je ne suis pas allé dans cette direction, je n’ai pas fait un travail d’ordre intime ou introspectif. Plutôt que les souffrances propres à un personnage, ses tourments psychologiques, mon film décrit un espace je me suis intéressé à la description d’un espace, d’un habitat, dans lequel des créatures sont forcées d’exister. On ne sait quasiment rien de mon héroïne, on connaît juste le principe de l’existence de cet espace-là, de cet ensemble dans lequel elle évolue.
Ce n’est pas particulièrement une femme « douce », c’est une femme passive, qui se laisse balloter.
J’ai bien conscience qu’en appelant mon film ainsi je fabrique un lien avec le livre de Dostoïevski ou avec le film de Bresson, mais il ne faut pas chercher au-delà du titre.

UNE FEMME DOUCE de Sergei Loznitsa © SLOT MACHINEQue veut dire, alors, votre "Femme douce" ?
Ce film est pour moi une métaphore d’un pays où les gens se font perpétuellement violer. Y compris par eux-mêmes : en Russie, les gens « s’auto-violent ». Ce pays est empreint de toutes formes de violences.
D’un côté vous avez une totale hypocrisie, un énorme mensonge, une parfaite omerta... et de l’autre des choses absolument horribles qui continuent de se passer chaque jour. Pour moi, tout ça reste une énigme très inquiétante. Au lieu de vivre et de faire les choses de manière tranquille, gaie, sympathique, on doit à chaque étape de son existence emprunter une voie difficile, mensongère, parfois terrible. C’est un paradoxe affreux, le plus total des paradoxes, dont j’ai conscience depuis l’âge d’environ cinq ans et que je persiste depuis à ne pas comprendre.
Le point de non-retour de ce film se trouve exactement une heure après son début, lorsque l’héroïne se trouve face à la prison. Il consiste en cette espèce de petite protestation qu’elle exprime face à la prison. Là, une constellation de personnages commencent à apparaître autour d’elle et toute l’histoire se déroule ensuite telle que vous la connaissez.

Vous avez une solide formation scientifique et l’on sent quelque chose de cette rigueur dans votre travail. Quelle a été votre méthode ?
Je prépare beaucoup les choses au préalable. Avant même de m’atteler au tournage, je travaille énormément avec mes techniciens : le chef opérateur Oleg Mutu, l’ingénieur du son Vladimir Golovnitski et mon chef décorateur Kirill Shuvalov. On décide de tout, tous ensemble. On décide de la façon générale dont le film va évoluer visuellement mais aussi de la façon précise dont chaque scène, chaque plan sera tourné. On se met également d’accord sur la position de la caméra. Plusieurs mois avant le tournage, on dessine le story-board, qui intègre les repérages effectués et les décors choisis. Toujours tous ensemble. Ensuite, j’organise les répétitions avec les acteurs, qui ont lieu sur les lieux mêmes du tournage... Au bout du compte, on suit à 90% le découpage que l’on avait imaginé. Des choses changent, naturellement, mais très peu. Je calcule même la durée de chaque plan dès le stade du story-board.
(extrait dossier de presse – propos recueillis par Olivier Séguret et traduits du Russe par Joël Chapron).

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

UNE FEMME DOUCE de Sergei LoznitsaSortie de la semaine (16 août 2017) : "Une femme douce" de Sergei Loznitsa.

L'histoire
Un jour, une femme reçoit le colis qu’elle a envoyé quelques temps plus tôt à son mari incarcéré. Inquiète et profondément désemparée, elle décide de se rendre à la prison, dans une région reculée de Russie, afin d’obtenir des informations.
Ainsi commence l’histoire d'un voyage semé d’humiliations et de violence, l’histoire d'une bataille absurde contre une forteresse impénétrable.
Un film de Sergei Loznitsa avec Vasilina Makovtseva, Marina Kleshcheva, Lia Akhedzhakova, Valeriu Andriuta.

Bande annonce

 

Bonus : propos du réalisateur Sergei Loznitsa (recueillis par Olivier Séguret et traduits du Russe par Joël Chapron).

Quel a été le germe d’"Une femme douce" ?
J’avais pensé au départ raconter le destin d’une femme, de cette femme. Son mari est en prison, elle lui envoie un colis et ce colis lui revient. Elle ne comprend pas pourquoi, elle va chercher à se renseigner et le film commence... Je n’avais pas de fin, je n’avais que cette trame intrigue. Le premier dénouement que j’avais UNE FEMME DOUCE de Sergei Loznitsaentrevu était très différent de celui que j’ai finalement retenu. Le développement de cette histoire se compte en années, et ce qui est resté de l’idée initiale, c’est le stoïcisme et l’impassibilité du visage de l’héroïne, qui ne sourit pas une seule fois dans le film. C’est extrêmement difficile de rester éternellement impassible.

Qu’est-ce que votre film doit à la nouvelle "La Douce" de Dostoïevski ?
A part le titre, pas grand-chose. Je voulais raconter l’histoire d’une « femme douce » mais pas depuis le point de vue de la nouvelle de Dostoïevski ou de ce que l’on connaît de la Russie. Dans le scénario, il y a tout de même une citation directe et particulière, très spécifique, extraite des "Possédés" (les Démons). C’est le « poème du cafard », récitée à la fin de la scène de banquet. Il y a beaucoup de références à Gogol ou à Saltykov-Chtchedrine dans le film. Dostoïevski enquêtait sur d’autres choses que celles que je veux étudier dans mon film. Ce qui l’intéressait, c’était les ambitions blessées, l’amour-propre humilié, et les rapports humains qui s’ensuivent, jusqu’à la catastrophe. Je ne suis pas allé dans cette direction, je n’ai pas fait un travail d’ordre intime ou introspectif. Plutôt que les souffrances propres à un personnage, ses tourments psychologiques, mon film décrit un espace je me suis intéressé à la description d’un espace, d’un habitat, dans lequel des créatures sont forcées d’exister. On ne sait quasiment rien de mon héroïne, on connaît juste le principe de l’existence de cet espace-là, de cet ensemble dans lequel elle évolue.
Ce n’est pas particulièrement une femme « douce », c’est une femme passive, qui se laisse balloter.
J’ai bien conscience qu’en appelant mon film ainsi je fabrique un lien avec le livre de Dostoïevski ou avec le film de Bresson, mais il ne faut pas chercher au-delà du titre.

UNE FEMME DOUCE de Sergei LoznitsaQue veut dire, alors, votre "Femme douce" ?
Ce film est pour moi une métaphore d’un pays où les gens se font perpétuellement violer. Y compris par eux-mêmes : en Russie, les gens « s’auto-violent ». Ce pays est empreint de toutes formes de violences.
D’un côté vous avez une totale hypocrisie, un énorme mensonge, une parfaite omerta... et de l’autre des choses absolument horribles qui continuent de se passer chaque jour. Pour moi, tout ça reste une énigme très inquiétante. Au lieu de vivre et de faire les choses de manière tranquille, gaie, sympathique, on doit à chaque étape de son existence emprunter une voie difficile, mensongère, parfois terrible. C’est un paradoxe affreux, le plus total des paradoxes, dont j’ai conscience depuis l’âge d’environ cinq ans et que je persiste depuis à ne pas comprendre.
Le point de non-retour de ce film se trouve exactement une heure après son début, lorsque l’héroïne se trouve face à la prison. Il consiste en cette espèce de petite protestation qu’elle exprime face à la prison. Là, une constellation de personnages commencent à apparaître autour d’elle et toute l’histoire se déroule ensuite telle que vous la connaissez.

Vous avez une solide formation scientifique et l’on sent quelque chose de cette rigueur dans votre travail. Quelle a été votre méthode ?
Je prépare beaucoup les choses au préalable. Avant même de m’atteler au tournage, je travaille énormément avec mes techniciens : le chef opérateur Oleg Mutu, l’ingénieur du son Vladimir Golovnitski et mon chef décorateur Kirill Shuvalov. On décide de tout, tous ensemble. On décide de la façon générale dont le film va évoluer visuellement mais aussi de la façon précise dont chaque scène, chaque plan sera tourné. On se met également d’accord sur la position de la caméra. Plusieurs mois avant le tournage, on dessine le story-board, qui intègre les repérages effectués et les décors choisis. Toujours tous ensemble. Ensuite, j’organise les répétitions avec les acteurs, qui ont lieu sur les lieux mêmes du tournage... Au bout du compte, on suit à 90% le découpage que l’on avait imaginé. Des choses changent, naturellement, mais très peu. Je calcule même la durée de chaque plan dès le stade du story-board.
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