Mercredi cinéma : "The last of us" d'Ala Eddine Slim avec Jawhar Soudani

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi)
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

Sortie de la semaine (22 août 2018) : "The last of us" d'Ala Eddine Slim

L'histoire
N, un jeune subsaharien, traverse le désert pour rejoindre le nord de l’Afrique et effectuer un passage clandestin en Europe. Après s’être fait braquer, il se trouve livré à lui-même en Tunisie. Il décide d’effectuer la traversée en solitaire. Tel Robinson, commence alors pour lui un voyage initiatique, fait de rencontres intenses et éphémères et de troublantes découvertes.
Un film d'Ala Eddine Slim avec Jawhar Soudani, Fathi Akkari et Jihed Fourti.

> Bande annonce

Bonus : Ala Eddine Slim présente son film.

Le projet "The Last of Us" est entrepris comme une suite de mes précédents films et comme une continuité de recherche dans des thèmes qui me sont importants : la problématique des frontières, les territoires imaginaires, la solitude contemporaine, l’errance, la traversée, la nature humaine sous toutes ses facettes, le réalisme magique, l’éphémère, la disparition, la mutation, etc.
Depuis des années, il y a le phénomène des traversées maritimes illégales vers la rive nord de la méditerranée. Lors de ces voyages, plusieurs personnes périssent en mer et d’autres réussissent à rejoindre la rive. Mais, il y a aussi ceux qui sont portés disparus et dont les corps ne seront jamais retrouvés. Le personnage principal de "The Last of Us", N, est un corps disparu.
Le film est scindé en deux parties : l’avant traversée et l’après traversée.

Le premier espace filmique est un désert et le premier plan se focalise sur le soleil brillant ; le trou blanc. N est présent par sa forme fantomatique, il est déjà voué à une mutation.
Les frontières n’existent pas, il n’y a qu’un territoire à partager, celui de l’imaginaire. Effectuant un long voyage, N se retrouvera dans un pays dont il ignore la langue et les gens. Ce pays n’est qu’une sorte de pont de transition qui s’avérera plus compliqué que ça ; N sera séparé de son seul accompagnateur lors d’une attaque armée faite par un groupe de "passeurs". N est livré à lui-même dans un pays inconnu.
Le deuxième espace est la ville de Tunis. La ville est une petite "capitale", assez sombre la nuit et où la vie nocturne se passe dans des ruelles ou dans des endroits clos. Une froideur singulière caractérise la ville, les rencontres sont très spéciales, la bulle de la consommation sauvage gagne le terrain et à plusieurs endroits il y a des écrans, des enseignes, des vitrines pour faire éloigner et projeter les gens dans un monde d’ailleurs, dans un univers assez plastique et sans âme.
N continuera son périple solitaire et tentera, seul, une traversée maritime illégale vers un pays européen, vers un avenir qu’il croit meilleur.

Dans la deuxième partie du film, les événements prennent une tournure plus "surréaliste" et N est amené à faire des rencontres spéciales avec des animaux, un homme, une nature, des dépouilles… Il redécouvre son corps et son lien avec une nature primaire.
Une équation entre le visage humain et le paysage sauvage est accomplie tout au long de la partie de la forêt.
La rencontre de N avec le deuxième personnage M est cruciale et déterminante. C’est une rencontre altérée entre deux hommes ; M vit dans la forêt depuis plusieurs années, il s’est adapté et a appris à survivre malgré la dureté et les dangers. M est confronté à d’autres forces hostiles qui veulent contrôler le territoire : les loups. N suivra de loin cette guerre interminable entre M et les loups jusqu’au jour où M sera vaincu. La disparition de M, du guide temporaire, mènera N à continuer seul son chemin.
Comme le pays de transition, M a été un outil d’apprentissage et de transition pour N. Ce dernier est désormais livré à lui-même, dans la forêt interminable. N n’a plus l’ambition de croiser d’autres humains ou d’améliorer ses conditions. Il est pris par la source, il est absorbé par l’air, il a fusionné avec la terre et le plus important est qu’il vit une quiétude nouvelle.
N est choisi par la forêt pour faire partie de ses habitants éternels ; le halo de lumière est le nouvel accompagnateur de N. Il le protège et lui montre la voie d’un autre territoire possible.
La fin du film se passe aux alentours d’une chute d’eau, celle qui rassemble toutes les eaux de la forêt ; la source. Le corps de N est de nouveau retrouvé ; ce corps disparu est réapparu dans son état le plus naturel, celui de fusionner avec les formes de la vie première ; la nature sous toutes ses facettes.
(extrait dossier de presse)