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Mercredi cinéma : "Peur de rien" de Danielle Arbid avec Manal Issa et Vincent Lacoste.

Publié le : 10-02-2016

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi) 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

PEUR DE RIEN de Danielle ArbidZoom nouveauté : "Peur de rien" de Danielle Arbid

L'histoire
Lina, 18 ans, débarque à Paris pour ses études. Elle vient chercher ce qu’elle n’a jamais trouvé au Liban, son pays d’origine : une certaine forme de liberté.
L’instinct de survie comme seul bagage, elle vogue d’un Paris à l’autre au rythme de ses rencontres amoureuses. Parce qu’à 18 ans, on rêve d’embrasser le monde et pas qu’un seul garçon...
Un film de Danielle Arbid avec Manal Issa, Vincent Lacoste, Paul Hamy, Damien Chapelle, Dominique Blanc, Clara Ponsot, India Hair, Bastien Bouillon…

 

Bonus : conversation entre l'écrivain Annie Ernaux et la réalisatrice du film, Danielle Arbid (propos retranscrits par Philippe Paumier)

Annie Ernaux : Je viens de découvrir "Peur de rien" en projection et j’ai été très touchée. Je suis en train d’écrire un nouveau roman sur une période de vie similaire, les 17 ans d’une jeune femme. En ce qui PEUR DE RIEN de Danielle Arbidme concerne c’est purement autobiographique et j’imagine qu’il y a beaucoup de vous dans Lina, le personnage principal...

Danielle Arbid
: Merci. "Peur de rien" est un titre qui résume parfaitement le portrait que je voulais faire de Lina. Mais pour la part d’intime dans ce film, c’est plutôt le fantasme du souvenir qui m’inspire. Peut-être que la réalité de ce que j’ai vécu était plus dure ou plus douce, peu importe. Je préfère laisser œuvrer le temps. L’écriture est un moyen de composer avec le vécu et le cinéma parachève doublement ce processus : avec le scénario, le choix des comédiens puis à travers le regard que vous portez sur eux, le montage... Donc, non, ce n’est pas autobiographique. Ce que je voulais dire à travers ce film c’est « la somme de ce qu’on devient » grâce aux gens rencontrés.

Annie Ernaux : C’est en cela que l’écriture autobiographique est très différente de la vôtre...

PEUR DE RIEN de Danielle ArbidDanielle Arbid : Est-ce que vous écrivez, décrivez la réalité avec un souci constant de précision ou vous arrive-t-il de la réinventer ? Personnellement tous mes films partent de moi, pour aller vers l’autre. Par exemple, c’est la première fois que j’écris un long-métrage tourné en France. Et dans ce film, il n’était pas question de raconter une histoire « française» sans tenir compte de mon propre parcours. Et j’aime bien que le film transforme la réalité du souvenir. Par exemple, "dans les champs de bataille" remplace parfois dans ma tête mes images d’enfance. Le cinéma rend le monde conforme à nos désirs, disait André Bazin… c’est pour cela aussi qu’il est magique.

PEUR DE RIEN de Danielle ArbidAnnie Ernaux : Au début, je déformais la réalité. Dans "Les armoires vides" [premier roman de l’auteur, publié en 1974 chez Gallimard], j’ai recomposé des scènes entières de ma vie, comme vous le faites au cinéma. À partir de "La place", j’ai opté pour une écriture précise, « objective », loin du romanesque au sens où on l’entend habituellement. Mais ce qui compte vraiment pour moi, c’est la justesse de l’histoire et le fait que le lecteur s’y projette. Cette vérité, je la vois dans votre film, à travers l’éducation sentimentale de Lina et son parcours d’étrangère qui cherche à trouver sa place en France. Ce qu’il y a de formidable chez votre héroïne, c’est sa capacité à vivre en s’imprégnant du pays qu’elle découvre.

Danielle Arbid : Lina vogue entre les gens et les milieux pour découvrir qui elle est à travers qui ils sont… L’environnement devient son miroir. C’est ce choc là que je voulais raconter. Toute cette vie qui vient avant même les papiers. Cette volonté ardente de trouver sa place. Ce premier regard sur la France, ou comment les gens la perçoivent juste à leur arrivée.

Annie Ernaux : Votre film montre d’ailleurs admirablement la violence qu’une procédure judiciaire peut représenter pour un étranger. Cette impression est évidemment palpable lorsque vous vous rendez à la préfecture pour obtenir la carte de séjour ou au tribunal, dans la très belle scène de fin. Dans ce PEUR DE RIEN de Danielle Arbidmélange de grande peur et d’espérance qui marque les visages... Mais le film peut être aussi considéré comme une réflexion sociale sur les étrangers : au début du film, Lina est accueillie par une amie étudiante mais, à travers la réaction de sa sœur, on comprend parfaitement que lorsque des problèmes surgissent, venir d’ailleurs devient immédiatement une circonstance aggravante.

Danielle Arbid : Oui elles se méfient d’elle, mais elles l’aident aussi lorsqu’elle se retrouve sans logement. Il y a aussi l’étudiante royaliste et son ami Skin… qui lui apporte son soutien, et paradoxalement Lina l’accepte sans jugement. Quand on arrive quelque part, on ignore les codes. Si j’avais été élevée en France, je n’aurais sans doute jamais fréquenté de royalistes. Mais j’ai vécu exactement cette même situation que je trouve aujourd’hui inconcevable ! Au début tout semble possible. À travers ces diverses rencontres, je voulais raconter par exemple ma découverte du débat d’idées entre la gauche et la droite en France. Plus marquée en 1993, époque du film, qu’aujourd’hui. Où l’on croyait encore dans le mot révolution… Les notions de gauche et de droite que j’ai découvertes en Occident. Au Moyen-Orient, l’appartenance politique est clanique.

Annie Ernaux : Lina explique également qu’elle a davantage souffert des conflits familiaux que de la guerre qui sévissait au Liban. A mon sens, c’est une vérité universelle pour tout adolescent en construction, pour chaque adulte dans son quotidien.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi) 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

PEUR DE RIEN de Danielle ArbidZoom nouveauté : "Peur de rien" de Danielle Arbid

L'histoire
Lina, 18 ans, débarque à Paris pour ses études. Elle vient chercher ce qu’elle n’a jamais trouvé au Liban, son pays d’origine : une certaine forme de liberté.
L’instinct de survie comme seul bagage, elle vogue d’un Paris à l’autre au rythme de ses rencontres amoureuses. Parce qu’à 18 ans, on rêve d’embrasser le monde et pas qu’un seul garçon...
Un film de Danielle Arbid avec Manal Issa, Vincent Lacoste, Paul Hamy, Damien Chapelle, Dominique Blanc, Clara Ponsot, India Hair, Bastien Bouillon…

 

Bonus : conversation entre l'écrivain Annie Ernaux et la réalisatrice du film, Danielle Arbid (propos retranscrits par Philippe Paumier)

Annie Ernaux : Je viens de découvrir "Peur de rien" en projection et j’ai été très touchée. Je suis en train d’écrire un nouveau roman sur une période de vie similaire, les 17 ans d’une jeune femme. En ce qui PEUR DE RIEN de Danielle Arbidme concerne c’est purement autobiographique et j’imagine qu’il y a beaucoup de vous dans Lina, le personnage principal...

Danielle Arbid
: Merci. "Peur de rien" est un titre qui résume parfaitement le portrait que je voulais faire de Lina. Mais pour la part d’intime dans ce film, c’est plutôt le fantasme du souvenir qui m’inspire. Peut-être que la réalité de ce que j’ai vécu était plus dure ou plus douce, peu importe. Je préfère laisser œuvrer le temps. L’écriture est un moyen de composer avec le vécu et le cinéma parachève doublement ce processus : avec le scénario, le choix des comédiens puis à travers le regard que vous portez sur eux, le montage... Donc, non, ce n’est pas autobiographique. Ce que je voulais dire à travers ce film c’est « la somme de ce qu’on devient » grâce aux gens rencontrés.

Annie Ernaux : C’est en cela que l’écriture autobiographique est très différente de la vôtre...

PEUR DE RIEN de Danielle ArbidDanielle Arbid : Est-ce que vous écrivez, décrivez la réalité avec un souci constant de précision ou vous arrive-t-il de la réinventer ? Personnellement tous mes films partent de moi, pour aller vers l’autre. Par exemple, c’est la première fois que j’écris un long-métrage tourné en France. Et dans ce film, il n’était pas question de raconter une histoire « française» sans tenir compte de mon propre parcours. Et j’aime bien que le film transforme la réalité du souvenir. Par exemple, "dans les champs de bataille" remplace parfois dans ma tête mes images d’enfance. Le cinéma rend le monde conforme à nos désirs, disait André Bazin… c’est pour cela aussi qu’il est magique.

PEUR DE RIEN de Danielle ArbidAnnie Ernaux : Au début, je déformais la réalité. Dans "Les armoires vides" [premier roman de l’auteur, publié en 1974 chez Gallimard], j’ai recomposé des scènes entières de ma vie, comme vous le faites au cinéma. À partir de "La place", j’ai opté pour une écriture précise, « objective », loin du romanesque au sens où on l’entend habituellement. Mais ce qui compte vraiment pour moi, c’est la justesse de l’histoire et le fait que le lecteur s’y projette. Cette vérité, je la vois dans votre film, à travers l’éducation sentimentale de Lina et son parcours d’étrangère qui cherche à trouver sa place en France. Ce qu’il y a de formidable chez votre héroïne, c’est sa capacité à vivre en s’imprégnant du pays qu’elle découvre.

Danielle Arbid : Lina vogue entre les gens et les milieux pour découvrir qui elle est à travers qui ils sont… L’environnement devient son miroir. C’est ce choc là que je voulais raconter. Toute cette vie qui vient avant même les papiers. Cette volonté ardente de trouver sa place. Ce premier regard sur la France, ou comment les gens la perçoivent juste à leur arrivée.

Annie Ernaux : Votre film montre d’ailleurs admirablement la violence qu’une procédure judiciaire peut représenter pour un étranger. Cette impression est évidemment palpable lorsque vous vous rendez à la préfecture pour obtenir la carte de séjour ou au tribunal, dans la très belle scène de fin. Dans ce PEUR DE RIEN de Danielle Arbidmélange de grande peur et d’espérance qui marque les visages... Mais le film peut être aussi considéré comme une réflexion sociale sur les étrangers : au début du film, Lina est accueillie par une amie étudiante mais, à travers la réaction de sa sœur, on comprend parfaitement que lorsque des problèmes surgissent, venir d’ailleurs devient immédiatement une circonstance aggravante.

Danielle Arbid : Oui elles se méfient d’elle, mais elles l’aident aussi lorsqu’elle se retrouve sans logement. Il y a aussi l’étudiante royaliste et son ami Skin… qui lui apporte son soutien, et paradoxalement Lina l’accepte sans jugement. Quand on arrive quelque part, on ignore les codes. Si j’avais été élevée en France, je n’aurais sans doute jamais fréquenté de royalistes. Mais j’ai vécu exactement cette même situation que je trouve aujourd’hui inconcevable ! Au début tout semble possible. À travers ces diverses rencontres, je voulais raconter par exemple ma découverte du débat d’idées entre la gauche et la droite en France. Plus marquée en 1993, époque du film, qu’aujourd’hui. Où l’on croyait encore dans le mot révolution… Les notions de gauche et de droite que j’ai découvertes en Occident. Au Moyen-Orient, l’appartenance politique est clanique.

Annie Ernaux : Lina explique également qu’elle a davantage souffert des conflits familiaux que de la guerre qui sévissait au Liban. A mon sens, c’est une vérité universelle pour tout adolescent en construction, pour chaque adulte dans son quotidien.
(extrait dossier de presse)

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