Accueil > Culture > Cinéma > Mercredi cinéma : "Party girl" de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis
Restez informés
Inscrivez-vous
aux newsletters du Journal !
Je m'inscris

Mercredi cinéma : "Party girl" de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis

Publié le : 27-08-2014

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

PARTY GIRL Zoom nouveauté : "Party girl" de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis

L'histoire
Angélique a soixante ans. Elle aime encore la fête, elle aime encore les hommes. La nuit, pour gagner sa vie, elle les fait boire dans un cabaret à la frontière allemande. Avec le temps, les clients se font plus rares. Mais Michel, son habitué, est toujours amoureux d’elle. Un jour, il lui propose de l’épouser.
Un film de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis avec Angélique Litzenburger, Joseph Bour, Mario Theis, Samuel Theis, Séverine Litzenburger, Cynthia Litzenburger.

>> Bande annonce du film

 

Bonus : propos des trois réalisateurs Marie Amachoukeli, Claire Burger  et Samuel Theis

PARTY GIRL de Marie Amachoukeli, Claire Burger  et Samuel TheisComment avez-vous cheminé vers ce personnage et son entourage ?
Le film dresse le portrait d’Angélique. C’est la mère de Samuel et le film met en scène sa véritable famille. Chaque membre y joue son propre rôle. Autour d’eux, pour incarner les autres personnages, nous avons choisi des acteurs non-professionnels.

Comment vous êtes-vous réunis tous les trois autour du projet ?
Nous n’avons pas que des rapports professionnels, nos liens intimes nous ont permis de nous lancer dans une aventure de co-réalisation comme celle-ci. Nous sommes de vrais amis dans la vie, on se connaît depuis longtemps. Il fallait une bonne dose de confiance pour faire ce film ensemble. Nous avons uni nos forces. Marie et Claire avaient déjà réalisé plusieurs courts métrages ensemble, dont "C’est gratuit pour les filles" (César 2010 du meilleur court-métrage). Avec Samuel, le trio a collaboré une première fois à l’écriture et à la mise en scène d’un moyen métrage, "Forbach" (2ème prix de la Cinéfondation 2008), tourné dans le cadre de La Fémis. Ce film mettait déjà en scène la famille de Samuel. Il a eu ensuite le désir de réaliser un long métrage sur eux. Naturellement, nous nous sommes retrouvés tous les trois à travailler ensemble sur ce nouveau projet.

Quel fut le point de départ à l’écriture de ce long métrage ?
Le point de départ, c’est un évènement qui a véritablement eu lieu. Le mariage atypique qu’a fait Angélique il y a quelques années. A presque soixante ans, cette union posait question. C’était comme le bilan d’une vie, celle d’une femme qui n’a connu que le milieu de la nuit et qui s’est résolue tardivement à se ranger. Il y avait là une situation de cinéma formidable à nos yeux.

PARTY GIRL de Marie Amachoukeli, Claire Burger  et Samuel TheisComment êtes-vous passés de cette réalité à la fiction ?
Nous sommes partis du contexte autobiographique : la question des enfants d’Angélique, sa vie de cabaret, son mariage, sa fille Cynthia placée dans une famille d’accueil, etc. Il fallait ensuite "fictionnaliser" les événements, les organiser pour en faire une histoire de cinéma. Avec ses enfants, nous sommes donc partis des vrais rapports. Sur ce terrain-là, on n’invente rien. C’est suffisamment fort, c’est la base. Nous avions décidé que le mariage était le fil conducteur qu’on allait tirer tout au long du film. Et en partant de ces éléments réels, il fallait ensuite trouver au personnage d’Angélique une trajectoire forte, et pour cela, inventer aussi des scènes, des situations, des enjeux, tout en restant fidèle à ce qu’étaient les personnages fondamentalement. C’était donc un travail d’équilibristes : nous marchions sur un fil tendu entre la fiction et la réalité. Nous étions tous trois garants de cet équilibre fragile, sachant que la fiction demande toujours que l’on fasse des actes forts, mais que le fait d’utiliser le réel nous obligeait à la précaution.

Angélique est « bigger than life », comme disent les Anglo-Saxons !

Tout à fait. Elle est hors norme, elle déborde des cadres. Avec ses enfants par exemple, elle n’est pas juste une mère, elle est aussi l’entraîneuse, la séductrice. Angélique trimballe ce qu’elle est profondément dans chaque séquence. C’est ce qui rend ce personnage troublant. En même temps, il fallait arriver à contenir cet aspect de sa personnalité pour la rendre sensible et accessible à tous. De manière générale, il s’agissait de créer des personnages de cinéma, pour que n’importe quel spectateur puisse s’identifier à une situation ou à un protagoniste du film. S’il fallait ne pas trafiquer certaines choses, il fallait parfois en styliser d’autres. Avec Angélique, nous sommes partis de ce qu’elle est véritablement. Beaucoup de choses lui appartiennent, les bijoux par exemple, on n’a pas eu besoin de fabriquer grand-chose. Nous aimons son exubérance, qu’il fallait souvent contenir, parfois même baisser les niveaux ! En faire un personnage, sans la trahir. Et à travers elle, interroger l’amour, la famille, la liberté, la marge. Angélique est-elle libre ou égoïste ? Spontanée ou inconséquente ? Généreuse ou irresponsable ?

PARTY GIRL de Marie Amachoukeli, Claire Burger  et Samuel TheisLe film est tout entier émaillé de portes de sortie vers des horizons romanesques. Il transpire le désir de romanesque…
Pour faire le portrait d’Angélique, nous aurions pu faire un documentaire, mais nous avions un fort désir de fiction. Son parcours nous inspirait, nous portait à l’imagination. Nous voulions raconter une histoire. Il y a beaucoup de romanesque dans le réel, dans la vie des gens ordinaires. Celle d’Angélique en est pleine. Il est passionnant d’aller le chercher là où il est niché en secret. Le travail consistait à le trouver et à le montrer. En même temps, c’est le réel qui nous guidait, nous voulions qu’il nourrisse et soutienne la fiction à chaque fois que c’était possible. On a créé les conditions pour qu’il surgisse au scénario, au tournage, au montage.

Vous sentiez-vous explorateurs sur ces terres lorraines peu investies au cinéma ?
Claire et Samuel sont originaires de la région et ont grandi là-bas. Dans ce sens, ils sont intimement liés au sujet, à la région, aux gens et au parler du coin. Marie, elle, apportait son regard neuf sur ces lieux. Son recul était précieux. En faisant le portrait d’Angélique, à travers son histoire intime, c’est aussi toute une région et une classe sociale qui se racontent. En partant d’elle, on pouvait rendre compte de ce qu’est la vie d’une entraîneuse, ce qu’elle induit pour une vie de famille. Mais aussi parler de ces hommes de la région, anciennement mineurs. Que font ces gens, qui sont-ils, qu’ont-ils à dire ? Il s’agissait pour nous d’amener le cinéma en Lorraine, auprès de cette famille, de ces entraîneuses, dans des endroits où il n’a pas l’habitude d’aller. Ensuite il fallait élargir, accueillir et provoquer la fiction, le romanesque, la mise en scène. Ça, c’était un enjeu, un pari, effrayant parfois, mais excitant aussi. Nous avons constitué une équipe tout terrain, prête à nous suivre dans cette aventure. Pour chercher ensemble à fabriquer un film différent, hors d’un système de production balisé, mais avec l’ambition de s’adresser au plus grand nombre.

Quelle fut votre méthode de direction d’acteurs ? Était‑ce toujours de l’improvisation ?
Les acteurs connaissaient l’histoire, mais on ne leur donnait pas de texte à apprendre. Ils arrivaient sur le plateau et on leur expliquait la séquence au moment où on la tournait. Nous partions des scènes écrites, de la trajectoire d’Angélique, pour pouvoir les faire improviser et attraper des moments de vie à la volée. On leur donnait le contexte, la situation, le conflit. On les laissait jouer, puis on recadrait au fur et à mesure. C’est pourquoi le scénario était fondamental, il fallait que nous soyons bien préparés. On devait pouvoir s’appuyer dessus, y revenir régulièrement, pour ne jamais se perdre dans leurs propositions. Nous avons travaillé de sorte que nous soyons toujours d’accord tous les trois. On avait tous les trois un combo. Nous prenions toutes les décisions ensemble, à chaque étape du film, ce qui pouvait être difficile pour les collaborateurs, car cela prenait du temps. Idem pour la direction d’acteurs, nous dirigions les comédiens à trois. Sur le plateau, on jouait d’abord nous-mêmes la scène qu’on avait écrite, ensuite ils se réappropriaient le texte. Après, il n’y avait pas vraiment de recette. Ça dépendait des personnes. Certains avaient parfois besoin de s’appuyer sur les dialogues qu’on avait écrits. Pour d’autres, le texte était trop contraignant et les rendaient mauvais, il valait mieux leur donner seulement les intentions. Ceux qui jouaient leur propre histoire s’appuyaient sur leur vécu et leur familiarité avec les situations posées. Mais nous guettions toujours l’accident, on le provoquait même, c’est ce qui nous excitait. Il fallait les mettre en mouvement, accueillir l’inattendu. Ce ne sont pas des acteurs, ils avaient besoin d’être en confiance et de se sentir libres, pour oublier totalement la caméra. Dans ce sens, c’est l’équipe de tournage qui devait s’adapter à eux et non l’inverse. On adaptait le découpage à la situation, mais ce n’était pas de la captation. Les acteurs rejouaient les séquences plusieurs fois, jusqu’à ce qu’on obtienne ce dont on avait besoin. Il nous arrivait aussi de nous laisser surprendre, en découvrant un décor ou un échange spontané entre les acteurs, on imaginait alors de nouvelles scènes. L’idée n’était jamais de contraindre le réel, mais de rester ouverts à ce qu’il pouvait nous offrir un peu partout.

PARTY GIRL de Marie Amachoukeli, Claire Burger  et Samuel TheisComment Angélique est-elle entrée dans ce personnage inspiré d’elle, mais réécrit pour le cinéma ?
Angélique a eu le courage d’assumer pleinement son personnage. Dès l’écriture, elle n’a pas voulu mettre de voile sur les sujets parfois complexes qu’on aborde avec le film : sa vie marginale, son rapport à ses enfants, aux hommes. Elle trimballe une vie passée dans le milieu de la nuit, avec la fête et l’alcool, mais aussi un mystère. Nous avons essayé d’attraper quelque chose de ce mystère avec elle. Et elle a accepté de s’ouvrir et de nous donner accès à son intimité et son intériorité.

Vous sentez-vous proche du mouvement du cinéma‑vérité ?

On voit bien que dans notre pratique, on n’invente rien. D’autres avant nous ont utilisé le réel et fait tourner des acteurs non-pros. Mais on ne s’inscrit pas de façon théorique dans un cinéma qui nous aurait fascinés et qu’on voudrait reproduire. Si le cinéma‑vérité ou le néo-réalisme nous parlent, nous inspirent et nous intéressent, on ne s’en réclame pas. Cassavetes, Pasolini ou Pialat, entre autres, sont aussi des références pour nous. Pour "Party Girl", on a beaucoup regardé "Mama Roma", "Une femme sous influence", "Wanda", qui sont des films portrait, de femmes libres et hors norme.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

PARTY GIRL Zoom nouveauté : "Party girl" de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis

L'histoire
Angélique a soixante ans. Elle aime encore la fête, elle aime encore les hommes. La nuit, pour gagner sa vie, elle les fait boire dans un cabaret à la frontière allemande. Avec le temps, les clients se font plus rares. Mais Michel, son habitué, est toujours amoureux d’elle. Un jour, il lui propose de l’épouser.
Un film de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis avec Angélique Litzenburger, Joseph Bour, Mario Theis, Samuel Theis, Séverine Litzenburger, Cynthia Litzenburger.

>> Bande annonce du film

 

Bonus : propos des trois réalisateurs Marie Amachoukeli, Claire Burger  et Samuel Theis

PARTY GIRL de Marie Amachoukeli, Claire Burger  et Samuel TheisComment avez-vous cheminé vers ce personnage et son entourage ?
Le film dresse le portrait d’Angélique. C’est la mère de Samuel et le film met en scène sa véritable famille. Chaque membre y joue son propre rôle. Autour d’eux, pour incarner les autres personnages, nous avons choisi des acteurs non-professionnels.

Comment vous êtes-vous réunis tous les trois autour du projet ?
Nous n’avons pas que des rapports professionnels, nos liens intimes nous ont permis de nous lancer dans une aventure de co-réalisation comme celle-ci. Nous sommes de vrais amis dans la vie, on se connaît depuis longtemps. Il fallait une bonne dose de confiance pour faire ce film ensemble. Nous avons uni nos forces. Marie et Claire avaient déjà réalisé plusieurs courts métrages ensemble, dont "C’est gratuit pour les filles" (César 2010 du meilleur court-métrage). Avec Samuel, le trio a collaboré une première fois à l’écriture et à la mise en scène d’un moyen métrage, "Forbach" (2ème prix de la Cinéfondation 2008), tourné dans le cadre de La Fémis. Ce film mettait déjà en scène la famille de Samuel. Il a eu ensuite le désir de réaliser un long métrage sur eux. Naturellement, nous nous sommes retrouvés tous les trois à travailler ensemble sur ce nouveau projet.

Quel fut le point de départ à l’écriture de ce long métrage ?
Le point de départ, c’est un évènement qui a véritablement eu lieu. Le mariage atypique qu’a fait Angélique il y a quelques années. A presque soixante ans, cette union posait question. C’était comme le bilan d’une vie, celle d’une femme qui n’a connu que le milieu de la nuit et qui s’est résolue tardivement à se ranger. Il y avait là une situation de cinéma formidable à nos yeux.

PARTY GIRL de Marie Amachoukeli, Claire Burger  et Samuel TheisComment êtes-vous passés de cette réalité à la fiction ?
Nous sommes partis du contexte autobiographique : la question des enfants d’Angélique, sa vie de cabaret, son mariage, sa fille Cynthia placée dans une famille d’accueil, etc. Il fallait ensuite "fictionnaliser" les événements, les organiser pour en faire une histoire de cinéma. Avec ses enfants, nous sommes donc partis des vrais rapports. Sur ce terrain-là, on n’invente rien. C’est suffisamment fort, c’est la base. Nous avions décidé que le mariage était le fil conducteur qu’on allait tirer tout au long du film. Et en partant de ces éléments réels, il fallait ensuite trouver au personnage d’Angélique une trajectoire forte, et pour cela, inventer aussi des scènes, des situations, des enjeux, tout en restant fidèle à ce qu’étaient les personnages fondamentalement. C’était donc un travail d’équilibristes : nous marchions sur un fil tendu entre la fiction et la réalité. Nous étions tous trois garants de cet équilibre fragile, sachant que la fiction demande toujours que l’on fasse des actes forts, mais que le fait d’utiliser le réel nous obligeait à la précaution.

Angélique est « bigger than life », comme disent les Anglo-Saxons !

Tout à fait. Elle est hors norme, elle déborde des cadres. Avec ses enfants par exemple, elle n’est pas juste une mère, elle est aussi l’entraîneuse, la séductrice. Angélique trimballe ce qu’elle est profondément dans chaque séquence. C’est ce qui rend ce personnage troublant. En même temps, il fallait arriver à contenir cet aspect de sa personnalité pour la rendre sensible et accessible à tous. De manière générale, il s’agissait de créer des personnages de cinéma, pour que n’importe quel spectateur puisse s’identifier à une situation ou à un protagoniste du film. S’il fallait ne pas trafiquer certaines choses, il fallait parfois en styliser d’autres. Avec Angélique, nous sommes partis de ce qu’elle est véritablement. Beaucoup de choses lui appartiennent, les bijoux par exemple, on n’a pas eu besoin de fabriquer grand-chose. Nous aimons son exubérance, qu’il fallait souvent contenir, parfois même baisser les niveaux ! En faire un personnage, sans la trahir. Et à travers elle, interroger l’amour, la famille, la liberté, la marge. Angélique est-elle libre ou égoïste ? Spontanée ou inconséquente ? Généreuse ou irresponsable ?

PARTY GIRL de Marie Amachoukeli, Claire Burger  et Samuel TheisLe film est tout entier émaillé de portes de sortie vers des horizons romanesques. Il transpire le désir de romanesque…
Pour faire le portrait d’Angélique, nous aurions pu faire un documentaire, mais nous avions un fort désir de fiction. Son parcours nous inspirait, nous portait à l’imagination. Nous voulions raconter une histoire. Il y a beaucoup de romanesque dans le réel, dans la vie des gens ordinaires. Celle d’Angélique en est pleine. Il est passionnant d’aller le chercher là où il est niché en secret. Le travail consistait à le trouver et à le montrer. En même temps, c’est le réel qui nous guidait, nous voulions qu’il nourrisse et soutienne la fiction à chaque fois que c’était possible. On a créé les conditions pour qu’il surgisse au scénario, au tournage, au montage.

Vous sentiez-vous explorateurs sur ces terres lorraines peu investies au cinéma ?
Claire et Samuel sont originaires de la région et ont grandi là-bas. Dans ce sens, ils sont intimement liés au sujet, à la région, aux gens et au parler du coin. Marie, elle, apportait son regard neuf sur ces lieux. Son recul était précieux. En faisant le portrait d’Angélique, à travers son histoire intime, c’est aussi toute une région et une classe sociale qui se racontent. En partant d’elle, on pouvait rendre compte de ce qu’est la vie d’une entraîneuse, ce qu’elle induit pour une vie de famille. Mais aussi parler de ces hommes de la région, anciennement mineurs. Que font ces gens, qui sont-ils, qu’ont-ils à dire ? Il s’agissait pour nous d’amener le cinéma en Lorraine, auprès de cette famille, de ces entraîneuses, dans des endroits où il n’a pas l’habitude d’aller. Ensuite il fallait élargir, accueillir et provoquer la fiction, le romanesque, la mise en scène. Ça, c’était un enjeu, un pari, effrayant parfois, mais excitant aussi. Nous avons constitué une équipe tout terrain, prête à nous suivre dans cette aventure. Pour chercher ensemble à fabriquer un film différent, hors d’un système de production balisé, mais avec l’ambition de s’adresser au plus grand nombre.

Quelle fut votre méthode de direction d’acteurs ? Était‑ce toujours de l’improvisation ?
Les acteurs connaissaient l’histoire, mais on ne leur donnait pas de texte à apprendre. Ils arrivaient sur le plateau et on leur expliquait la séquence au moment où on la tournait. Nous partions des scènes écrites, de la trajectoire d’Angélique, pour pouvoir les faire improviser et attraper des moments de vie à la volée. On leur donnait le contexte, la situation, le conflit. On les laissait jouer, puis on recadrait au fur et à mesure. C’est pourquoi le scénario était fondamental, il fallait que nous soyons bien préparés. On devait pouvoir s’appuyer dessus, y revenir régulièrement, pour ne jamais se perdre dans leurs propositions. Nous avons travaillé de sorte que nous soyons toujours d’accord tous les trois. On avait tous les trois un combo. Nous prenions toutes les décisions ensemble, à chaque étape du film, ce qui pouvait être difficile pour les collaborateurs, car cela prenait du temps. Idem pour la direction d’acteurs, nous dirigions les comédiens à trois. Sur le plateau, on jouait d’abord nous-mêmes la scène qu’on avait écrite, ensuite ils se réappropriaient le texte. Après, il n’y avait pas vraiment de recette. Ça dépendait des personnes. Certains avaient parfois besoin de s’appuyer sur les dialogues qu’on avait écrits. Pour d’autres, le texte était trop contraignant et les rendaient mauvais, il valait mieux leur donner seulement les intentions. Ceux qui jouaient leur propre histoire s’appuyaient sur leur vécu et leur familiarité avec les situations posées. Mais nous guettions toujours l’accident, on le provoquait même, c’est ce qui nous excitait. Il fallait les mettre en mouvement, accueillir l’inattendu. Ce ne sont pas des acteurs, ils avaient besoin d’être en confiance et de se sentir libres, pour oublier totalement la caméra. Dans ce sens, c’est l’équipe de tournage qui devait s’adapter à eux et non l’inverse. On adaptait le découpage à la situation, mais ce n’était pas de la captation. Les acteurs rejouaient les séquences plusieurs fois, jusqu’à ce qu’on obtienne ce dont on avait besoin. Il nous arrivait aussi de nous laisser surprendre, en découvrant un décor ou un échange spontané entre les acteurs, on imaginait alors de nouvelles scènes. L’idée n’était jamais de contraindre le réel, mais de rester ouverts à ce qu’il pouvait nous offrir un peu partout.

PARTY GIRL de Marie Amachoukeli, Claire Burger  et Samuel TheisComment Angélique est-elle entrée dans ce personnage inspiré d’elle, mais réécrit pour le cinéma ?
Angélique a eu le courage d’assumer pleinement son personnage. Dès l’écriture, elle n’a pas voulu mettre de voile sur les sujets parfois complexes qu’on aborde avec le film : sa vie marginale, son rapport à ses enfants, aux hommes. Elle trimballe une vie passée dans le milieu de la nuit, avec la fête et l’alcool, mais aussi un mystère. Nous avons essayé d’attraper quelque chose de ce mystère avec elle. Et elle a accepté de s’ouvrir et de nous donner accès à son intimité et son intériorité.

Vous sentez-vous proche du mouvement du cinéma‑vérité ?

On voit bien que dans notre pratique, on n’invente rien. D’autres avant nous ont utilisé le réel et fait tourner des acteurs non-pros. Mais on ne s’inscrit pas de façon théorique dans un cinéma qui nous aurait fascinés et qu’on voudrait reproduire. Si le cinéma‑vérité ou le néo-réalisme nous parlent, nous inspirent et nous intéressent, on ne s’en réclame pas. Cassavetes, Pasolini ou Pialat, entre autres, sont aussi des références pour nous. Pour "Party Girl", on a beaucoup regardé "Mama Roma", "Une femme sous influence", "Wanda", qui sont des films portrait, de femmes libres et hors norme.
(extrait dossier de presse)

Partager cette page :

Vous appréciez le Journal de François ? Soutenez-le ! Merci.

Retourner à la page d'accueil - Retourner à la page "Cinéma"

Vous appréciez le Journal de François ? Soutenez-le ! Merci.

Retourner à la page d'accueil Retourner à la page "Cinéma"


Déposer un commentaire
0 commentaire(s)

Filtre anti-spam

Aucun commentaire

Informations Newsletter
  • Inscrivez-vous aux newsletters du Journal :
    "Agenda du week-end" et "Infos de proximité"
Contact
11 allée du Clos Laisnées, 95120 Ermont
06 89 80 56 28