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Mercredi cinéma : "Nul homme n’est une île", documentaire de Dominique Marchais

Publié le : 04-04-2018

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi)
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

NUL HOMME N'EST UNE ILE de Dominique MarchaisSortie de la semaine (4 avril 2018) : "Nul homme n’est une île", documentaire de Dominique Marchais

L'histoire
«  … Chaque homme est un morceau du continent, une partie de l’ensemble. »
"Nul homme n’est une île" est un voyage en Europe, de la Méditerranée aux Alpes, où l’on découvre des hommes et des femmes qui travaillent à faire vivre localement l’esprit de la démocratie et à produire le paysage du bon gouvernement.
Des agriculteurs de la coopérative les Galline Felici en Sicile aux architectes, artisans et élus des Alpes suisses et du Vorarlberg en Autriche, tous font de la politique à partir de leur travail et se pensent un destin commun.
Le local serait-il le dernier territoire de l’utopie ?
Un documentaire de Dominique Marchais.

>> Bande annonce

 

Bonus : propos de Dominique Marchais, réalisateur du film.

NUL HOMME N'EST UNE ILE de Dominique MarchaisD’où vient le titre, "Nul homme n’est une île ?"
C’est le premier vers d’un poème de John Donne du début du 17ème siècle : « Nul homme n’est une île, un tout, complet en soi ; tout homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble ; si la mer emporte une motte de terre, l’Europe en est amoindrie, comme si les flots avaient emporté un promontoire, le manoir de tes amis ou le tien ; la mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain ; aussi n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c’est pour toi qu’il sonne. »
John Donne tisse un parallèle entre l’espace géographique, le continent, et le genre humain. Cette analogie est la même que celle que fait le film en posant dans le même temps la question spatiale, celle du paysage si l’on veut, et celle, politique, de la coopération, de la solidarité et du changement. Comme le dit l’un des membres des Galline Felici : « Cela ne sert à rien d’avoir sa jolie petite maison si dehors règnent les bombardements ».
La question est dès lors de savoir comment s’ouvrir au monde tout en cultivant sa différence. L’opposition entre le local et le global me semble un peu spécieuse. Le local, ici, c’est une unité d’action, de projet, plus que d’appartenance. Ou alors il s’agit d’une appartenance parmi bien d’autres, à commencer par celle au genre humain.
Le film met ainsi en relation des situations locales très contrastées, avec des cultures politiques et des contextes économiques différents, mais qui, me semble-t-il, convergent. Il questionne la possibilité de l’émergence d’un peuple européen, des gens qui travaillent les mêmes questions, qui se découvrent les mêmes postures, et qui ont un horizon commun.

Pourquoi commencer et terminer votre film sur la fresque dite "du Bon et du Mauvais gouvernement" ?
Cette fresque m’a toujours touché. Elle est tellement riche de détails, de gestes, de sensations, elle exprime un tel amour de la campagne comme de la ville, qu’elle renvoie à l’enfance, à la façon dont on regardait le monde quand on était enfant.
La fresque de Lorenzetti est par ailleurs très novatrice et c’est frappant quand on la compare aux représentations de la cité qui lui sont contemporaines. Ces peintures, admirables au demeurant, où la ville entourée de ses murailles est portée à bout de bras par son saint patron, est une ville sans habitant ni campagne. Alors qu’il y a chez Lorenzetti un réalisme, une dimension documentaire, qui tranche absolument. Surtout, le politique y prend la place du religieux. Et elle nous dit aussi que pour les Siennois de l’époque, la cité, c’est de la ville et de la campagne qui l’entoure. Cette question du rapport entre les villes et leurs arrière-pays me paraît très actuelle. Les discours contemporains occultent la question de l’arrière-pays, de la charge qu’une ville fait peser sur son environnement immédiat.

NUL HOMME N'EST UNE ILE de Dominique MarchaisDans votre film, vous vous intéressez davantage au « bon » gouvernement qu’au « mauvais »…
Le mauvais gouvernement, c’est le contexte général, il est partout. Même s’il y a des responsabilités à établir et des luttes à mener, le film ne cherche pas à désigner un coupable ou à incriminer un certain état du capitalisme. Il se pose la question de la mobilisation, de la participation à des projets collectifs ayant une portée politique. Je voulais observer et esquisser des portraits de militants payant de leur personne. M’approcher de cette zone où l’engagement tend à rendre floues les frontières entre vie privée et vie professionnelle. Je voulais filmer le politique comme quelque chose dans lequel on baigne en permanence, quelque chose avec lequel on respire, avec lequel on dort. En gros, filmer des gens qui font de la politique à partir de leur travail, plutôt que des gens qui font de la politique leur travail.

Chiara Frugoni, l’historienne qui commente la fresque, dit que c’est « la première fois qu’un paysage devient narratif. » Peut-on considérer cette phrase comme une mise en abyme de votre travail de cinéaste ?
En allant d’un collectif et d’un paysage à l’autre, "Nul homme n’est une île" essaye lui-même de faire fresque. Pour moi, ce qu’expérimentent et inventent sous nos yeux les Galline Felici ou les gens du Vorarlberg, c’est la gouvernance de demain, fondée sur la conviction que l’intelligence collective existe, que l’interdisciplinarité et la souplesse intellectuelle sont possibles. C’est-à-dire tout le contraire d’une administration cloisonnée et où le projet politique n’est jamais énoncé.
Une question centrale dans mon travail est de partir d’un paysage et de s’interroger sur la manière dont il est produit et par quels acteurs. Le paysage devient ainsi une question éminemment politique. Convoquer le maximum d’acteurs d’un territoire pour tenter de produire un projet de paysage, c’est une expérience fondamentalement démocratique qui consiste à formuler un projet politique à partir de ce qui nous est radicalement commun : l’espace. Et il me semble que ce sont des expériences de cet ordre que l’on peut observer à Vrin, dans le Bregenzerwald au Vorarlberg, ou dans le projet agricole et social des Galline. C’est aussi une démarche qui consiste à évaluer une politique à partir de ses effets sur le visible, ce que fait la fresque de Lorenzetti.
En cela, "Nul homme n’est une île" est une forme de réponse à mon précédent film, car dans "La Ligne de partage des eaux "j’ai filmé beaucoup de lieux et de moments où on est sensé « aménager » le territoire, et on voit bien que ce sont les logiques sectorielles qui dominent, que chacun tire dans son sens et que personne ne regarde ce que ces politiques contradictoires produisent comme paysage. Or, il y a bien sûr un paysage de la finance, un paysage de la corruption, un paysage du mauvais gouvernement : on vit dedans, il est fait de zones franchisées, de ronds-points et de plateformes logistiques, il est absurde et destructeur.

NUL HOMME N'EST UNE ILE de Dominique MarchaisPourquoi n’avoir rien tourné en France ? Des initiatives de démocratie locale et d’aménagement original du territoire existent aussi ici…
Bien sûr qu’il y a des choses qui se passent en France, mais dans un cadre et une culture politiques qui a du mal avec ce genre d’expériences, parce qu’en France on a du mal, au fond, avec la démocratie. Le centralisme, le respect de l’autorité, de l’expertise et de la hiérarchie y sont si forts....
Et le mot participation est certes à la mode, mais on ne sait pas vraiment ce que ça veut dire. Il y a bien eu une tradition autogestionnaire en France, il suffit de penser aux GAM, les groupes d’actions municipaux, notamment à Grenoble. Mais on n’est pas bien nombreux à s’intéresser à cette histoire…
Donc, j’avais envie de prendre l’air chez nos voisins et amis européens, histoire de se comparer, de s’inspirer. Je voulais inscrire le film dans un cadre européen, post-national, me libérer un peu des pesanteurs liées à cette appartenance nationale, qui étouffe sans rassurer. Et personne ne peut nier que le vent de la coopérative souffle plus fort en Italie qu’en France. Il suffit de voir les multinationales que sont devenues les coopératives agricoles françaises ! Et puis aussi je ne voulais pas donner à voir des expériences sécessionnistes, en rupture, mais des expériences qui se connectent entre elles, une mise en réseau du local à l’échelle européenne. Donc montrer des collectifs qui se pensent moins comme des résistants à une autorité, que comme des pionniers, des gens qui ont vocation à être rejoints, des acteurs du changement.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi)
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

NUL HOMME N'EST UNE ILE de Dominique MarchaisSortie de la semaine (4 avril 2018) : "Nul homme n’est une île", documentaire de Dominique Marchais

L'histoire
«  … Chaque homme est un morceau du continent, une partie de l’ensemble. »
"Nul homme n’est une île" est un voyage en Europe, de la Méditerranée aux Alpes, où l’on découvre des hommes et des femmes qui travaillent à faire vivre localement l’esprit de la démocratie et à produire le paysage du bon gouvernement.
Des agriculteurs de la coopérative les Galline Felici en Sicile aux architectes, artisans et élus des Alpes suisses et du Vorarlberg en Autriche, tous font de la politique à partir de leur travail et se pensent un destin commun.
Le local serait-il le dernier territoire de l’utopie ?
Un documentaire de Dominique Marchais.

>> Bande annonce

 

Bonus : propos de Dominique Marchais, réalisateur du film.

NUL HOMME N'EST UNE ILE de Dominique MarchaisD’où vient le titre, "Nul homme n’est une île ?"
C’est le premier vers d’un poème de John Donne du début du 17ème siècle : « Nul homme n’est une île, un tout, complet en soi ; tout homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble ; si la mer emporte une motte de terre, l’Europe en est amoindrie, comme si les flots avaient emporté un promontoire, le manoir de tes amis ou le tien ; la mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain ; aussi n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c’est pour toi qu’il sonne. »
John Donne tisse un parallèle entre l’espace géographique, le continent, et le genre humain. Cette analogie est la même que celle que fait le film en posant dans le même temps la question spatiale, celle du paysage si l’on veut, et celle, politique, de la coopération, de la solidarité et du changement. Comme le dit l’un des membres des Galline Felici : « Cela ne sert à rien d’avoir sa jolie petite maison si dehors règnent les bombardements ».
La question est dès lors de savoir comment s’ouvrir au monde tout en cultivant sa différence. L’opposition entre le local et le global me semble un peu spécieuse. Le local, ici, c’est une unité d’action, de projet, plus que d’appartenance. Ou alors il s’agit d’une appartenance parmi bien d’autres, à commencer par celle au genre humain.
Le film met ainsi en relation des situations locales très contrastées, avec des cultures politiques et des contextes économiques différents, mais qui, me semble-t-il, convergent. Il questionne la possibilité de l’émergence d’un peuple européen, des gens qui travaillent les mêmes questions, qui se découvrent les mêmes postures, et qui ont un horizon commun.

Pourquoi commencer et terminer votre film sur la fresque dite "du Bon et du Mauvais gouvernement" ?
Cette fresque m’a toujours touché. Elle est tellement riche de détails, de gestes, de sensations, elle exprime un tel amour de la campagne comme de la ville, qu’elle renvoie à l’enfance, à la façon dont on regardait le monde quand on était enfant.
La fresque de Lorenzetti est par ailleurs très novatrice et c’est frappant quand on la compare aux représentations de la cité qui lui sont contemporaines. Ces peintures, admirables au demeurant, où la ville entourée de ses murailles est portée à bout de bras par son saint patron, est une ville sans habitant ni campagne. Alors qu’il y a chez Lorenzetti un réalisme, une dimension documentaire, qui tranche absolument. Surtout, le politique y prend la place du religieux. Et elle nous dit aussi que pour les Siennois de l’époque, la cité, c’est de la ville et de la campagne qui l’entoure. Cette question du rapport entre les villes et leurs arrière-pays me paraît très actuelle. Les discours contemporains occultent la question de l’arrière-pays, de la charge qu’une ville fait peser sur son environnement immédiat.

NUL HOMME N'EST UNE ILE de Dominique MarchaisDans votre film, vous vous intéressez davantage au « bon » gouvernement qu’au « mauvais »…
Le mauvais gouvernement, c’est le contexte général, il est partout. Même s’il y a des responsabilités à établir et des luttes à mener, le film ne cherche pas à désigner un coupable ou à incriminer un certain état du capitalisme. Il se pose la question de la mobilisation, de la participation à des projets collectifs ayant une portée politique. Je voulais observer et esquisser des portraits de militants payant de leur personne. M’approcher de cette zone où l’engagement tend à rendre floues les frontières entre vie privée et vie professionnelle. Je voulais filmer le politique comme quelque chose dans lequel on baigne en permanence, quelque chose avec lequel on respire, avec lequel on dort. En gros, filmer des gens qui font de la politique à partir de leur travail, plutôt que des gens qui font de la politique leur travail.

Chiara Frugoni, l’historienne qui commente la fresque, dit que c’est « la première fois qu’un paysage devient narratif. » Peut-on considérer cette phrase comme une mise en abyme de votre travail de cinéaste ?
En allant d’un collectif et d’un paysage à l’autre, "Nul homme n’est une île" essaye lui-même de faire fresque. Pour moi, ce qu’expérimentent et inventent sous nos yeux les Galline Felici ou les gens du Vorarlberg, c’est la gouvernance de demain, fondée sur la conviction que l’intelligence collective existe, que l’interdisciplinarité et la souplesse intellectuelle sont possibles. C’est-à-dire tout le contraire d’une administration cloisonnée et où le projet politique n’est jamais énoncé.
Une question centrale dans mon travail est de partir d’un paysage et de s’interroger sur la manière dont il est produit et par quels acteurs. Le paysage devient ainsi une question éminemment politique. Convoquer le maximum d’acteurs d’un territoire pour tenter de produire un projet de paysage, c’est une expérience fondamentalement démocratique qui consiste à formuler un projet politique à partir de ce qui nous est radicalement commun : l’espace. Et il me semble que ce sont des expériences de cet ordre que l’on peut observer à Vrin, dans le Bregenzerwald au Vorarlberg, ou dans le projet agricole et social des Galline. C’est aussi une démarche qui consiste à évaluer une politique à partir de ses effets sur le visible, ce que fait la fresque de Lorenzetti.
En cela, "Nul homme n’est une île" est une forme de réponse à mon précédent film, car dans "La Ligne de partage des eaux "j’ai filmé beaucoup de lieux et de moments où on est sensé « aménager » le territoire, et on voit bien que ce sont les logiques sectorielles qui dominent, que chacun tire dans son sens et que personne ne regarde ce que ces politiques contradictoires produisent comme paysage. Or, il y a bien sûr un paysage de la finance, un paysage de la corruption, un paysage du mauvais gouvernement : on vit dedans, il est fait de zones franchisées, de ronds-points et de plateformes logistiques, il est absurde et destructeur.

NUL HOMME N'EST UNE ILE de Dominique MarchaisPourquoi n’avoir rien tourné en France ? Des initiatives de démocratie locale et d’aménagement original du territoire existent aussi ici…
Bien sûr qu’il y a des choses qui se passent en France, mais dans un cadre et une culture politiques qui a du mal avec ce genre d’expériences, parce qu’en France on a du mal, au fond, avec la démocratie. Le centralisme, le respect de l’autorité, de l’expertise et de la hiérarchie y sont si forts....
Et le mot participation est certes à la mode, mais on ne sait pas vraiment ce que ça veut dire. Il y a bien eu une tradition autogestionnaire en France, il suffit de penser aux GAM, les groupes d’actions municipaux, notamment à Grenoble. Mais on n’est pas bien nombreux à s’intéresser à cette histoire…
Donc, j’avais envie de prendre l’air chez nos voisins et amis européens, histoire de se comparer, de s’inspirer. Je voulais inscrire le film dans un cadre européen, post-national, me libérer un peu des pesanteurs liées à cette appartenance nationale, qui étouffe sans rassurer. Et personne ne peut nier que le vent de la coopérative souffle plus fort en Italie qu’en France. Il suffit de voir les multinationales que sont devenues les coopératives agricoles françaises ! Et puis aussi je ne voulais pas donner à voir des expériences sécessionnistes, en rupture, mais des expériences qui se connectent entre elles, une mise en réseau du local à l’échelle européenne. Donc montrer des collectifs qui se pensent moins comme des résistants à une autorité, que comme des pionniers, des gens qui ont vocation à être rejoints, des acteurs du changement.
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