Accueil > Culture > Cinéma > Mercredi cinéma : "Mon maître d'école" d'Emilie Thérond
Restez informés
Inscrivez-vous
aux newsletters du Journal !
Je m'inscris

Mercredi cinéma : "Mon maître d'école" d'Emilie Thérond.

Publié le : 13-01-2016

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi) 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

MON MAITRE D'ECOLE d'Emilie ThérondZoom nouveauté : "Mon maître d'école" d'Emilie Thérond

L'histoire
À Saint-Just-et-Vacquières, un village de 250 habitants perdu dans la garrigue,
Jean-Michel Burel est l’instituteur, d’une classe unique, qui regroupe tous les niveaux de l’école primaire. Il en est le maître d’école depuis 1972 et y enseigne la tolérance, la sagesse au même titre que l’orthographe et les mathématiques. Il s’évertue à soutenir les élèves pour leur donner confiance et les élever plus haut.
Après 40 ans d’enseignement au même endroit et d’amour pour ses élèves, Jean-Michel Burel commence sa dernière année scolaire avant la retraite. Il lui reste quelques mois pour dire adieu à ses « petits », quelques mois pour transmettre sa passion de l’éducation. Comment va-t-il vivre cette dernière année et supporter le compte à rebours jusqu’à son dernier jour de classe ?
À travers les yeux d’une ancienne élève, aujourd’hui réalisatrice, se dessine une école intemporelle où la rigueur se conjugue avec la bonne humeur, une école où la liberté commence avec le respect de celle des autres. Une école qui appartient à tous et au domaine universel de l’enfance.
Un documentaire d'Emilie Thérond avec Jean-Michel Burel l'instituteur et ses élèves.

 

Bonus, propos d'Emilie Thérond, réalisatrice du documentaire

Vous êtes journalistes, vous avez réalisé plusieurs documentaires pour la télévision, quel a été le cheminement pour amener "Mon maître d'école" jusqu'aux salles de cinéma ?
Il faut d’abord dire que j’ai grandi à Saint-Just-et-Vacquières avant de venir faire mon lycée à Paris. Après mon BAC et des études d’Histoire, je suis rentrée assez vite chez Capa Presse, l’agence d’Hervé Chabalier. J’ai démarré par la production sur des émissions comme "Le journal du cinéma" ou "C’est pas le 20h"... Après trois ans passés chez Capa, la passion du journalisme et de l’image m’a rattrapé, j’ai décidé de m’inscrire au CFJ et les choses se sont ensuite enchainées.
JMON MAITRE D'ECOLE d'Emilie Thérond’ai beaucoup travaillé pour la télévision en faisant du reportage de société avec une idée : faire parler ceux qui n’ont pas souvent la parole... Justice, santé, j’allais là où l’humain pouvait s’exprimer, là où l’on comprend comment certains parviennent à dépasser les difficultés. Les héros ordinaires, voilà ceux qui m’intéressent et m’émeuvent. Je suis donc logiquement passée au documentaire, toujours pour la télévision, notamment avec "Seul comme un juge" qui racontait les difficultés humaines auxquelles doit faire face un juge d’instruction, puis d’autres films sur "Les hommes de l’ombre" - les agents de la DGSE ou sur les héritières...C’est à ce moment là que l’histoire de "Mon maître d’école" s’est imposée à moi !

"Imposée" : l'image est saisissante !
C’est tout à fait ça... J’étais avec mes filles, qui avaient alors 3 et 9 ans, et je leur ai proposé d’aller voir mon instituteur, M. Burel. C’était l’occasion d’un retour aux sources, dans le village de mon enfance pour leur transmettre un peu de qui j’avais été à leur âge. Mes enfants étaient de pures parisiennes et je voulais leur montrer mon village, mon mas, mon maître d’école. Lui, je l’avais revu trois fois en trente ans et quand je suis rentrée dans sa classe, c’était un samedi ou un dimanche, il était là, comme avant... Nous avons commencé à discuter, mes filles se sont mises à écrire au tableau et je me suis sentie chez moi à nouveau. M. Burel m’a annoncé que l’année suivante serait sa dernière année en tant qu’enseignant : « Je vais partir, je referme la page »... Immédiatement, j’ai su que je ne pouvais pas le laisser partir sans laisser une trace de tout ce qu’il m’avait donné. J’ai réalisé qu’il avait profondément marqué mon enfance mais aussi influencé ma vie d’adulte. Mon métier, c’est raconter des histoires, des destins que je trouve exceptionnels. La personnalité et le destin de Jean-Michel Burel étaient pour moi hors du commun.
Avez-vous à ce moment du projet l'idée de réaliser un film de cinéma ?
Pas du tout ! Je pense alors à en faire un documentaire pour la télévision, secteur que je maîtrise mieux et où je connais le plus de gens, les producteurs, les chaînes, etc... En même temps, je sens que ce n’est pas un sujet facile parce que l’école est régulièrement traitée en documentaire sur le petit écran et surtout que mon point de vue est subjectif, presque de l’ordre de l’intime. Je suis en revanche persuadée qu’il me faut aller au bout de ce projet, malgré tout ou malgré les autres car cet homme est important et singulier. Parce ce qu’il touche aux souvenirs de l’enfance, je sens que le sujet est universel. Et puis je ne veux pas me priver du plaisir de filmer et de raconter l’histoire d’une personne que j’aime. C’est extraordinaire de filmer avec tendresse.

MON MAITRE D'ECOLE d'Emilie ThérondSi je comprends entre les lignes, vous vous embarquez dans cette aventure sans producteur…
Oui, je pars toute seule au début. Je n’ai pas le choix pour saisir les derniers moments d’enseignements de mon ancien instituteur. M. Burel m’a donné son accord mi-août, je devais être en classe avec lui le 5 septembre pour la rentrée donc je n’avais pas le temps de me lancer dans le marathon pour me soutenir financièrement : rencontrer des producteurs, les chaînes, de le soumettre aux commissions du CNC.
Je commence donc à tourner et plus j’avance, plus je suis confortée dans le fait que je tiens une véritable histoire. Pendant toute une année scolaire, j’ai donc continué à travailler à la pige pour Capa Entreprises qui me soutenait beaucoup et une semaine par mois, j’allais à Saint Just pour filmer la vie de la classe... Je rencontrais des producteurs qui me disaient que le projet était formidable mais rien de concret ! Et puis, j’ai réalisé un teaser de 3 minutes pour chercher des producteurs et j’ai rencontré François-Xavier Demaison par le biais d’Amaury Fournial, un ami. FX, Amaury et Maud Leclair venaient de monter leur société de production B2Films ...

Et là, tout change…
Oui, cette rencontre a été incroyable. François-Xavier et Amaury ont vu les images et ont instantanément craqué sur la personnalité de Jean-Michel Burel. Ils ont vu en cet homme des valeurs importantes et émouvantes. Ils ont compris aussi que c’était une sorte…d’histoire d’amour, celle d’un élève pour son instituteur. François-Xavier a eu la vision et m’a dit : « on y va et on va amener le film au cinéma, j’ai une idée » ! Son idée, c’était d’aller voir Boualem Lamhene chez Disney qui a lui aussi réagi au quart de tour. A partir de ce moment, tout s’est enchaîné à la perfection de manière un peu magique...

Question pratique : installer une équipe technique (même réduite) dans une salle de classe pendant un an ne fausse-t-il pas la spontanéité des enfants ?
Non parce que je n’ai pas voulu faire comme si je n’étais pas là. D’ailleurs avec M. Burel, ça n’aurait pas été possible ! Durant tout le tournage en classe, il n’a cessé de me parler en m’intégrant à leur quotidien, en me demandant parfois de l’aider à faire la lecture pour les CE2 par exemple ! Jamais je n’ai eu le sentiment que ma présence perturbait le programme, la continuité des choses ou même l’attitude des enfants. Cette année-là de toute manière n’a pas été une année normale, je me suis juste greffée sur ce moment particulier...

MON MAITRE D'ECOLE d'Emilie ThérondQuand on regarde le film, il y a clairement des personnages et des histoires qui émergent. A quel moment vous en êtes-vous rendu compte ?
Mon expérience dans le documentaire fait que j’essaie de trouver ce personnage le plus vite possible. Là, il n’y avait aucune possibilité de repérage en amont : je suis rentrée en même temps que les élèves, sans les connaitre à part un ou deux qui étaient les enfants de mes anciens camarades de classe. Tout se joue en fonction de leur personnalité et de ce que l’on va pouvoir raconter à travers eux. Jocris et Benjamin, je les ai remarqués immédiatement. Le premier avait des difficultés et je savais que M. Burel avait un lien particulier avec lui. Le second était le nouveau donc forcément, il allait devoir s’intégrer, prendre confiance en lui et trouver sa place dans une classe où les autres enfants se connaissaient déjà... Il y avait aussi Lionel : le premier jour quand je l’ai vu arriver, j’ai été très étonnée, comme tout le monde ! Sa présence dans la classe mettait en exergue tout ce que je voulais montrer chez Monsieur Burel : pour lui, l’école est ouverte et le handicap y a sa place car la différence fait partie de la vie. Il n’y a pas de questions à se poser : on vit, on apprend, on avance... Je dirais que d’autres personnages ont éclos durant l’année, comme Théo qui vient de Corée. C’était une période difficile pour lui à cause de ses origines et un lien particulier s’est créé avec son maître et je n’ai eu qu’à le filmer...

Jean-Michel Burel justement : vous l'avez vraiment retrouvé à l'occasion de ce tournage. Comment avait-il passé toutes ces années ?
C’est une question difficile... Les premiers jours, je le vouvoyais. C’était une élève filmant son instituteur ! J’en gardais le souvenir d’un maître d’école pas toujours facile, assez sévère, que j’adorais mais qui nous tirait la joue lorsqu’on bavardait... Très vite, je me suis dit qu’il était impossible de garder cette distance entre nous : il ne se serait rien passé, ça n’aurait pas tenu sur la longueur. Il fallait que nous nous rencontrions vraiment ! J’ai donc décidé de le tutoyer, ça l’a mis à l’aise et au fur et à mesure, je me suis permis de lui faire des remarques. Il arrivait que je vienne pour filmer une dictée et lui décidait d’organiser une promenade au dernier moment. C’était ingérable pour mon plan de travail... Il a compris par la suite mes contraintes et ce que je faisais. Ensuite, est venu le moment où je l’ai vraiment découvert et j’ai su que je ne m’étais pas trompée. Mes souvenirs d’enfance n’étaient pas qu’un fantasme mais une réalité. M. Burel est resté un passionné pendant 40 ans, un homme que les enfants bouleversent, un homme qui fait de ses élèves, ses « petits » ! Quelqu’un qu’on n’oublie pas et qui change votre vie. J’ai retrouvé avec lui, en le regardant travailler, cet esprit de liberté, d’amusement, d’autonomie. Alors bien sûr il avait changé avec les années : plus cool, moins sévère, un peu comme un grand frère qui serait devenu un grand-père ! J’ai beaucoup parlé avec les gens du village et tous avaient le même sentiment, celui d’une enfance exceptionnelle grâce à cet instituteur... Nous étions tous chamboulés par son départ.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi) 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

MON MAITRE D'ECOLE d'Emilie ThérondZoom nouveauté : "Mon maître d'école" d'Emilie Thérond

L'histoire
À Saint-Just-et-Vacquières, un village de 250 habitants perdu dans la garrigue,
Jean-Michel Burel est l’instituteur, d’une classe unique, qui regroupe tous les niveaux de l’école primaire. Il en est le maître d’école depuis 1972 et y enseigne la tolérance, la sagesse au même titre que l’orthographe et les mathématiques. Il s’évertue à soutenir les élèves pour leur donner confiance et les élever plus haut.
Après 40 ans d’enseignement au même endroit et d’amour pour ses élèves, Jean-Michel Burel commence sa dernière année scolaire avant la retraite. Il lui reste quelques mois pour dire adieu à ses « petits », quelques mois pour transmettre sa passion de l’éducation. Comment va-t-il vivre cette dernière année et supporter le compte à rebours jusqu’à son dernier jour de classe ?
À travers les yeux d’une ancienne élève, aujourd’hui réalisatrice, se dessine une école intemporelle où la rigueur se conjugue avec la bonne humeur, une école où la liberté commence avec le respect de celle des autres. Une école qui appartient à tous et au domaine universel de l’enfance.
Un documentaire d'Emilie Thérond avec Jean-Michel Burel l'instituteur et ses élèves.

 

Bonus, propos d'Emilie Thérond, réalisatrice du documentaire

Vous êtes journalistes, vous avez réalisé plusieurs documentaires pour la télévision, quel a été le cheminement pour amener "Mon maître d'école" jusqu'aux salles de cinéma ?
Il faut d’abord dire que j’ai grandi à Saint-Just-et-Vacquières avant de venir faire mon lycée à Paris. Après mon BAC et des études d’Histoire, je suis rentrée assez vite chez Capa Presse, l’agence d’Hervé Chabalier. J’ai démarré par la production sur des émissions comme "Le journal du cinéma" ou "C’est pas le 20h"... Après trois ans passés chez Capa, la passion du journalisme et de l’image m’a rattrapé, j’ai décidé de m’inscrire au CFJ et les choses se sont ensuite enchainées.
JMON MAITRE D'ECOLE d'Emilie Thérond’ai beaucoup travaillé pour la télévision en faisant du reportage de société avec une idée : faire parler ceux qui n’ont pas souvent la parole... Justice, santé, j’allais là où l’humain pouvait s’exprimer, là où l’on comprend comment certains parviennent à dépasser les difficultés. Les héros ordinaires, voilà ceux qui m’intéressent et m’émeuvent. Je suis donc logiquement passée au documentaire, toujours pour la télévision, notamment avec "Seul comme un juge" qui racontait les difficultés humaines auxquelles doit faire face un juge d’instruction, puis d’autres films sur "Les hommes de l’ombre" - les agents de la DGSE ou sur les héritières...C’est à ce moment là que l’histoire de "Mon maître d’école" s’est imposée à moi !

"Imposée" : l'image est saisissante !
C’est tout à fait ça... J’étais avec mes filles, qui avaient alors 3 et 9 ans, et je leur ai proposé d’aller voir mon instituteur, M. Burel. C’était l’occasion d’un retour aux sources, dans le village de mon enfance pour leur transmettre un peu de qui j’avais été à leur âge. Mes enfants étaient de pures parisiennes et je voulais leur montrer mon village, mon mas, mon maître d’école. Lui, je l’avais revu trois fois en trente ans et quand je suis rentrée dans sa classe, c’était un samedi ou un dimanche, il était là, comme avant... Nous avons commencé à discuter, mes filles se sont mises à écrire au tableau et je me suis sentie chez moi à nouveau. M. Burel m’a annoncé que l’année suivante serait sa dernière année en tant qu’enseignant : « Je vais partir, je referme la page »... Immédiatement, j’ai su que je ne pouvais pas le laisser partir sans laisser une trace de tout ce qu’il m’avait donné. J’ai réalisé qu’il avait profondément marqué mon enfance mais aussi influencé ma vie d’adulte. Mon métier, c’est raconter des histoires, des destins que je trouve exceptionnels. La personnalité et le destin de Jean-Michel Burel étaient pour moi hors du commun.
Avez-vous à ce moment du projet l'idée de réaliser un film de cinéma ?
Pas du tout ! Je pense alors à en faire un documentaire pour la télévision, secteur que je maîtrise mieux et où je connais le plus de gens, les producteurs, les chaînes, etc... En même temps, je sens que ce n’est pas un sujet facile parce que l’école est régulièrement traitée en documentaire sur le petit écran et surtout que mon point de vue est subjectif, presque de l’ordre de l’intime. Je suis en revanche persuadée qu’il me faut aller au bout de ce projet, malgré tout ou malgré les autres car cet homme est important et singulier. Parce ce qu’il touche aux souvenirs de l’enfance, je sens que le sujet est universel. Et puis je ne veux pas me priver du plaisir de filmer et de raconter l’histoire d’une personne que j’aime. C’est extraordinaire de filmer avec tendresse.

MON MAITRE D'ECOLE d'Emilie ThérondSi je comprends entre les lignes, vous vous embarquez dans cette aventure sans producteur…
Oui, je pars toute seule au début. Je n’ai pas le choix pour saisir les derniers moments d’enseignements de mon ancien instituteur. M. Burel m’a donné son accord mi-août, je devais être en classe avec lui le 5 septembre pour la rentrée donc je n’avais pas le temps de me lancer dans le marathon pour me soutenir financièrement : rencontrer des producteurs, les chaînes, de le soumettre aux commissions du CNC.
Je commence donc à tourner et plus j’avance, plus je suis confortée dans le fait que je tiens une véritable histoire. Pendant toute une année scolaire, j’ai donc continué à travailler à la pige pour Capa Entreprises qui me soutenait beaucoup et une semaine par mois, j’allais à Saint Just pour filmer la vie de la classe... Je rencontrais des producteurs qui me disaient que le projet était formidable mais rien de concret ! Et puis, j’ai réalisé un teaser de 3 minutes pour chercher des producteurs et j’ai rencontré François-Xavier Demaison par le biais d’Amaury Fournial, un ami. FX, Amaury et Maud Leclair venaient de monter leur société de production B2Films ...

Et là, tout change…
Oui, cette rencontre a été incroyable. François-Xavier et Amaury ont vu les images et ont instantanément craqué sur la personnalité de Jean-Michel Burel. Ils ont vu en cet homme des valeurs importantes et émouvantes. Ils ont compris aussi que c’était une sorte…d’histoire d’amour, celle d’un élève pour son instituteur. François-Xavier a eu la vision et m’a dit : « on y va et on va amener le film au cinéma, j’ai une idée » ! Son idée, c’était d’aller voir Boualem Lamhene chez Disney qui a lui aussi réagi au quart de tour. A partir de ce moment, tout s’est enchaîné à la perfection de manière un peu magique...

Question pratique : installer une équipe technique (même réduite) dans une salle de classe pendant un an ne fausse-t-il pas la spontanéité des enfants ?
Non parce que je n’ai pas voulu faire comme si je n’étais pas là. D’ailleurs avec M. Burel, ça n’aurait pas été possible ! Durant tout le tournage en classe, il n’a cessé de me parler en m’intégrant à leur quotidien, en me demandant parfois de l’aider à faire la lecture pour les CE2 par exemple ! Jamais je n’ai eu le sentiment que ma présence perturbait le programme, la continuité des choses ou même l’attitude des enfants. Cette année-là de toute manière n’a pas été une année normale, je me suis juste greffée sur ce moment particulier...

MON MAITRE D'ECOLE d'Emilie ThérondQuand on regarde le film, il y a clairement des personnages et des histoires qui émergent. A quel moment vous en êtes-vous rendu compte ?
Mon expérience dans le documentaire fait que j’essaie de trouver ce personnage le plus vite possible. Là, il n’y avait aucune possibilité de repérage en amont : je suis rentrée en même temps que les élèves, sans les connaitre à part un ou deux qui étaient les enfants de mes anciens camarades de classe. Tout se joue en fonction de leur personnalité et de ce que l’on va pouvoir raconter à travers eux. Jocris et Benjamin, je les ai remarqués immédiatement. Le premier avait des difficultés et je savais que M. Burel avait un lien particulier avec lui. Le second était le nouveau donc forcément, il allait devoir s’intégrer, prendre confiance en lui et trouver sa place dans une classe où les autres enfants se connaissaient déjà... Il y avait aussi Lionel : le premier jour quand je l’ai vu arriver, j’ai été très étonnée, comme tout le monde ! Sa présence dans la classe mettait en exergue tout ce que je voulais montrer chez Monsieur Burel : pour lui, l’école est ouverte et le handicap y a sa place car la différence fait partie de la vie. Il n’y a pas de questions à se poser : on vit, on apprend, on avance... Je dirais que d’autres personnages ont éclos durant l’année, comme Théo qui vient de Corée. C’était une période difficile pour lui à cause de ses origines et un lien particulier s’est créé avec son maître et je n’ai eu qu’à le filmer...

Jean-Michel Burel justement : vous l'avez vraiment retrouvé à l'occasion de ce tournage. Comment avait-il passé toutes ces années ?
C’est une question difficile... Les premiers jours, je le vouvoyais. C’était une élève filmant son instituteur ! J’en gardais le souvenir d’un maître d’école pas toujours facile, assez sévère, que j’adorais mais qui nous tirait la joue lorsqu’on bavardait... Très vite, je me suis dit qu’il était impossible de garder cette distance entre nous : il ne se serait rien passé, ça n’aurait pas tenu sur la longueur. Il fallait que nous nous rencontrions vraiment ! J’ai donc décidé de le tutoyer, ça l’a mis à l’aise et au fur et à mesure, je me suis permis de lui faire des remarques. Il arrivait que je vienne pour filmer une dictée et lui décidait d’organiser une promenade au dernier moment. C’était ingérable pour mon plan de travail... Il a compris par la suite mes contraintes et ce que je faisais. Ensuite, est venu le moment où je l’ai vraiment découvert et j’ai su que je ne m’étais pas trompée. Mes souvenirs d’enfance n’étaient pas qu’un fantasme mais une réalité. M. Burel est resté un passionné pendant 40 ans, un homme que les enfants bouleversent, un homme qui fait de ses élèves, ses « petits » ! Quelqu’un qu’on n’oublie pas et qui change votre vie. J’ai retrouvé avec lui, en le regardant travailler, cet esprit de liberté, d’amusement, d’autonomie. Alors bien sûr il avait changé avec les années : plus cool, moins sévère, un peu comme un grand frère qui serait devenu un grand-père ! J’ai beaucoup parlé avec les gens du village et tous avaient le même sentiment, celui d’une enfance exceptionnelle grâce à cet instituteur... Nous étions tous chamboulés par son départ.
(extrait dossier de presse)

Partager cette page :

Vous appréciez le Journal de François ? Soutenez-le ! Merci.

Retourner à la page d'accueil - Retourner à la page "Cinéma"

Vous appréciez le Journal de François ? Soutenez-le ! Merci.

Retourner à la page d'accueil Retourner à la page "Cinéma"


Déposer un commentaire
0 commentaire(s)

Filtre anti-spam

Aucun commentaire

Informations Newsletter
  • Inscrivez-vous aux newsletters du Journal :
    "Agenda du week-end" et "Infos de proximité"
Contact
11 allée du Clos Laisnées, 95120 Ermont
06 89 80 56 28