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Mercredi cinéma : "Les chaises musicales" de Marie Belhomme avec Isabelle Carré.

Publié le : 29-07-2015

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

ZLES CHAISES MUSICALES de Marie Bonhommeoom nouveauté : "Les chaises musicales" de Marie Belhomme

L'histoire
Perrine est une musicienne presque professionnelle. Elle vit seule et anime des goûters d’anniversaires, ou les gâche, c’est selon.
Par accident, elle fait tomber un homme dans la benne d’une déchèterie. L’inconnu est dans le coma, mais Perrine est prête à tout pour qu’il se réveille. Elle s’immisce dans sa vie pour le découvrir, mais profite aussi de l’occasion pour lui emprunter son boulot, son appartement, son chien…
Mais surtout, elle tombe amoureuse…
Un film de Marie Belhomme avec Isabelle Carré, Carmen Maura, Philippe Rebbot, Nina Meurisse, Camille Loubens, Céline Poli…

 

Bonus : propos d'Isabelle Carré, actrice du film

Votre personnage, Perrine, a 39 ans, mais pas de véritable travail, encore moins d’enfants ou d’amoureux. Vous en diriez quoi : elle est lunaire, marginale, paumée ?
Avant tout, elle doute. Et j’ai une attirance pour ceux qui manquent d’assurance et de confiance en eux ; ceux qui LES CHAISES MUSICALES de Marie Bonhommesont, du coup, dans une réserve un peu fébrile ; ceux qui ne sont pas persuadés de détenir la vérité. A l’inverse, je suis souvent plus mal à l’aise face à ceux qui savent parfaitement qui ils sont, tout d’un bloc, et qui l’affirment haut et fort. Perrine, elle, hésite toujours, avant de se prononcer… Quitte à ne rien dire du tout, ou à gaffer. Elle a cette discrétion, et souvent cette maladresse dont on pourrait rire, mais qui me touchent profondément. Elle me fait penser aux personnages de Woody Allen - même si elle subit sa vie plus qu’elle ne l’intellectualise… C’est une solitaire, pas encore tout à fait dans la vie, dans le monde des autres, parce qu’elle cherche, sans trop savoir ce qu’elle cherche, d’ailleurs. Elle est comme « à côté » de la vie, en décalage constant, presque incongrue, parfois. Mais donc souvent très drôle, aussi.

Vous portez le film : Perrine est à l’écran quasiment de la toute première, à la toute dernière image. Qu’est-ce qui peut faire de cette anti-héroïne une héroïne ?
D’abord, elle a une énergie contagieuse. Elle est toujours partante, pour tout. Elle n’a pas beaucoup d’argent, pas de travail fixe… Avec d’autres, c’est ce qu’on appellerait la galère, avec elle, non. Elle a une faculté à rebondir, à prendre les choses comme elles se présentent, à y trouver du plaisir et à le faire partager, que je trouve immédiatement communicative. Elle doit se déguiser en banane pour jouer du violon dans une association de séniors ? Elle y va, à 200%. Elle me fait penser au chanteur de bal, joué par Gérard Depardieu, dans le film de Xavier Giannoli, "Quand j’étais chanteur" : ces artistes ont l’humilité d’être heureux là où ils sont, même si d’autres trouveraient ça pas assez glorieux… A une époque où tout le monde est dans la performance, ils ont comme seule ambition de se sentir utiles, en donnant un moment de bonheur aux gens. C’est d’une formidable générosité ! C’est tLES CHAISES MUSICALES de Marie Bonhommeout sauf un renoncement, un manque d’envie, une faiblesse… Perrine n’est ni démotivée, ni en dépression, bien au contraire ! Elle a su garder quelque chose de l’enfance, un enthousiasme, une fantaisie qui font qu’avec elle, la vie est aussi extrêmement ludique. Et c’est une vraie force.

Cette « drôle de fille » est-elle très loin de vous ?
Oh non, pas du tout ! Comme elle, je suis une solitaire, rêveuse, toujours un peu dans sa bulle, hors du temps. Moi aussi, je mets toujours les pieds dans le plat ! Avec une équipe de tournage, ou entourée de proches, passe encore… Mais si je me retrouve dans un dîner, une soirée, avec des personnes que je ne connais pas, là, je deviens un peu handicapée ! D’ailleurs, la plupart du temps je me décommande à la dernière minute ! Et j’ai toujours été incapable de voir quand un homme me draguait, exactement comme Perrine. En fait, il y a une parenté entre elle et Angélique, mon personnage des "Emotifs Anonymes". Si ces histoires m’ont touchée immédiatement, c’est que je ne me sentais pas totalement étrangère à ces deux femmes.

Au-delà du personnage de Perrine en lui-même, qu’est-ce qui vous a donné envie de faire le film ?

J’ai eu un déclic instantané, au moment où j’ai lu le scénario. Le titre, "Les Chaises musicales", le dit très bien : c’est un film sur la difficulté à trouver sa place, à l’assumer, à se sentir légitime, dans un monde où il faut toujours assurer, trouver le bon mot au bon moment, faire ce qu’il faut quand il le faut. Dans l’une des premières séquences, Perrine scotche une annonce sur un lampadaire, où elle se définit comme « presque » musicienne. J’aime l’honnêteté de ce « presque », qui dit qu’on cherche longtemps avant de se trouver.
Mais attention, ça n’est pas juste un film doux amer sur une solitaire qui peine à s’insérer dans la société… Il y avait aussi une vraie folie, palpable dès la lecture du scénario : l’héroïne envoie un homme à l’hôpital, en le faisant tomber dans une benne ; elle tombe amoureuse de lui alors qu’il est dans le coma ; elle lui vole sa vie, sa brosse à dents, son chien… D’ailleurs, elle pourrait même être assez flippante, non ? Un peu dingue, en tous cas, et certainement pas manichéenne. Et puis le film est profondément humain. On est dans un univers à la Capra, avec ce regard très bienveillant posé sur les personnages : ils sont solitaires, ils sont fragiles, mais tellement humains qu’ils attirent tout de suite la sympathie. En fait, ce film, c’est une comédie romantique sentimentale, dans une version plus décalée. Avec une singularité, une originalité, dans l’écriture qui m’ont tout de suite parlé.

LES CHAISES MUSICALES de Marie BonhommeMalgré la qualité du scénario, certains auraient pu hésiter : c’est un premier film, et donc un risque à prendre… Vous, vous avez fait beaucoup de premiers films :pourquoi ?
Parce que le pire, c’est de se dire : « ce film est vraiment bien, mais je l’ai déjà vu cent fois ». C’est ce dont souffrent parfois, non seulement le cinéma, mais aussi la littérature ou la musique : un certain manque d’audace. Je préfère que le résultat final soit peut-être un peu plus faible par endroits, faute d’expérience, mais qu’il y ait eu au moins une tentative de raconter une histoire autrement. C’est pour ça que quand je choisis un rôle, j’essaye, quitte à me tromper, d’aller vers des choses que je n’ai pas encore faites. Par ailleurs, aujourd’hui, les films mettent beaucoup plus de temps à se monter. Un premier film, c’est souvent un plus petit budget, une plus petite équipe, donc tout va plus vite. Et quand on tourne, on se retrouve avec des gens enthousiastes, voire passionnés, généralement plus humbles que sur des grosses productions, portés par le désir de bien faire… De « faire », tout simplement : ils ne sont là ni pour l’argent, ni pour leur carrière, ou je ne sais quoi d’autre, mais parce qu’ils aiment leur métier.
C’est profondément le cas de Marie Belhomme, la réalisatrice.

Comment s’est passée votre première rencontre ?
C’était assez improbable. Elle est venue chez moi, ce qui normalement, ne se fait pas pour une première rencontre… Mais là, j’étais enceinte jusqu’aux dents ! Les jouets de mes deux aînés trainaient absolument partout, mon salon ressemblait à une crèche… Bref, je vois arriver cette fille, d’une timidité maladive – deux timides qui se rencontrent, je vous laisse imaginer ! Remarquez, c’est bien là-dessus que nous avons accroché : il y a une sororité, d’elle à moi. Nous sommes toutes les deux aussi mal à l’aise en public… Comme Perrine, d’ailleurs. "Les Gens qui doutent", cette chanson d’Anne Sylvestre qu’on entend dans le film, c’est comme un fil qui nous relie toutes les trois : la réalisatrice, l’actrice, l’héroïne. La connexion a donc été évidente.
Au moment de notre rencontre, Marie doutait de sa légitimité de réalisatrice. Dans sa façon d’être, il y avait comme un « excusez-moi de vous demander pardon de peut-être penser à vous »… Ça m’a profondément touchée. Je me suis dit qu’elle s’était racontée dans son scénario, qu’il y avait beaucoup d’elle, dans le personnage de  Perrine, et que du coup, elle saurait très bien me diriger, me conduire jusqu’à elle.
Paradoxalement, ce sont ses hésitations, ses fragilités, qui m’ont immédiatement donné confiance en elle.

Quels souvenirs gardez-vous du tournage ?
Extrêmement heureux ! Je connaissais la chef opératrice, Pénélope Pourriat. Elle travaille avec une grande douceur, jamais dans le rapport de force. Comme le reste de l’équipe, d’ailleurs. Il y avait à la fois une véritable exigence, et une profonde bienveillance chez tout le monde. On était tous complètement dans l’échange. Et on a beaucoup ri. Sans doute parce que le personnage de Perrine est tendu à l’extrême, comme un élastique prêt à craquer, j’avais cette tension nerveuse en moi… Résultat, j’ai eu des fous rires incroyables ! Grâce à mon partenaire Philippe Rebbot, notamment, avec qui j’ai adoré jouer. Tous les deux, ainsi qu’un régisseur, étions les seuls à être nés dans les années 70. Les autres membres de l’équipe étaient beaucoup plus jeunes. Ce qui contribue évidemment à une ambiance de tournage pleine d’énergie, d’enthousiasme, et de joie ! Et puis j’ai été très heureuse de voir Marie en réalisatrice...

LES CHAISES MUSICALES de Marie BonhommeComment vous a-t-elle dirigée ?
Je nous sentais en miroir, toutes les deux. A cette différence près que ça n’était pas mon premier film. Elle, si. En théorie, ça aurait pu déséquilibrer nos rapports, mais pas du tout. Parce que Marie savait exactement ce qu’elle voulait. Perrine, elle la connaissait par cœur, elle était habitée par elle. A l’inverse, ça, ça aurait pu être très inhibant pour moi. J’aurais pu me dire : « mais au fond, pourquoi elle ne jouerait pas Perrine elle-même ? ». Sauf qu’il n’y a jamais rien d’inhibant, chez Marie. Elle est tellement bienveillante… Elle sait aller chercher ce qu’il y a de meilleur en chacun de nous. En fait, elle nous dirigeait, sur une première prise qu’on pourrait dire « propre », c’est-à-dire conforme à ses intentions. Et puis nous en tournions d’autres, où les acteurs pouvaient proposer des choses… Et on avançait comme ça, ensemble.

Quand vous regardez le film, quand vous repensez au tournage, vous vous dites quoi ?
Qu’on a eu un metteur en scène, un vrai. Ça, on ne peut jamais le savoir avant de commencer à tourner. Marie a une conviction qui la porte. Elle sait où elle va, et elle y va. Sur le tournage, je l’ai vu prendre sa place de réalisatrice, au fur et à mesure, de plus en plus sereine, épanouie, comme si peu à peu elle se sentait enfin légitime. C’était très émouvant... Elle a une vision du monde, un désir de plans, un regard cinématographique. Et elle a su les communiquer à l’équipe, pour qu’au bout du compte, ce film soit son film.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

ZLES CHAISES MUSICALES de Marie Bonhommeoom nouveauté : "Les chaises musicales" de Marie Belhomme

L'histoire
Perrine est une musicienne presque professionnelle. Elle vit seule et anime des goûters d’anniversaires, ou les gâche, c’est selon.
Par accident, elle fait tomber un homme dans la benne d’une déchèterie. L’inconnu est dans le coma, mais Perrine est prête à tout pour qu’il se réveille. Elle s’immisce dans sa vie pour le découvrir, mais profite aussi de l’occasion pour lui emprunter son boulot, son appartement, son chien…
Mais surtout, elle tombe amoureuse…
Un film de Marie Belhomme avec Isabelle Carré, Carmen Maura, Philippe Rebbot, Nina Meurisse, Camille Loubens, Céline Poli…

 

Bonus : propos d'Isabelle Carré, actrice du film

Votre personnage, Perrine, a 39 ans, mais pas de véritable travail, encore moins d’enfants ou d’amoureux. Vous en diriez quoi : elle est lunaire, marginale, paumée ?
Avant tout, elle doute. Et j’ai une attirance pour ceux qui manquent d’assurance et de confiance en eux ; ceux qui LES CHAISES MUSICALES de Marie Bonhommesont, du coup, dans une réserve un peu fébrile ; ceux qui ne sont pas persuadés de détenir la vérité. A l’inverse, je suis souvent plus mal à l’aise face à ceux qui savent parfaitement qui ils sont, tout d’un bloc, et qui l’affirment haut et fort. Perrine, elle, hésite toujours, avant de se prononcer… Quitte à ne rien dire du tout, ou à gaffer. Elle a cette discrétion, et souvent cette maladresse dont on pourrait rire, mais qui me touchent profondément. Elle me fait penser aux personnages de Woody Allen - même si elle subit sa vie plus qu’elle ne l’intellectualise… C’est une solitaire, pas encore tout à fait dans la vie, dans le monde des autres, parce qu’elle cherche, sans trop savoir ce qu’elle cherche, d’ailleurs. Elle est comme « à côté » de la vie, en décalage constant, presque incongrue, parfois. Mais donc souvent très drôle, aussi.

Vous portez le film : Perrine est à l’écran quasiment de la toute première, à la toute dernière image. Qu’est-ce qui peut faire de cette anti-héroïne une héroïne ?
D’abord, elle a une énergie contagieuse. Elle est toujours partante, pour tout. Elle n’a pas beaucoup d’argent, pas de travail fixe… Avec d’autres, c’est ce qu’on appellerait la galère, avec elle, non. Elle a une faculté à rebondir, à prendre les choses comme elles se présentent, à y trouver du plaisir et à le faire partager, que je trouve immédiatement communicative. Elle doit se déguiser en banane pour jouer du violon dans une association de séniors ? Elle y va, à 200%. Elle me fait penser au chanteur de bal, joué par Gérard Depardieu, dans le film de Xavier Giannoli, "Quand j’étais chanteur" : ces artistes ont l’humilité d’être heureux là où ils sont, même si d’autres trouveraient ça pas assez glorieux… A une époque où tout le monde est dans la performance, ils ont comme seule ambition de se sentir utiles, en donnant un moment de bonheur aux gens. C’est d’une formidable générosité ! C’est tLES CHAISES MUSICALES de Marie Bonhommeout sauf un renoncement, un manque d’envie, une faiblesse… Perrine n’est ni démotivée, ni en dépression, bien au contraire ! Elle a su garder quelque chose de l’enfance, un enthousiasme, une fantaisie qui font qu’avec elle, la vie est aussi extrêmement ludique. Et c’est une vraie force.

Cette « drôle de fille » est-elle très loin de vous ?
Oh non, pas du tout ! Comme elle, je suis une solitaire, rêveuse, toujours un peu dans sa bulle, hors du temps. Moi aussi, je mets toujours les pieds dans le plat ! Avec une équipe de tournage, ou entourée de proches, passe encore… Mais si je me retrouve dans un dîner, une soirée, avec des personnes que je ne connais pas, là, je deviens un peu handicapée ! D’ailleurs, la plupart du temps je me décommande à la dernière minute ! Et j’ai toujours été incapable de voir quand un homme me draguait, exactement comme Perrine. En fait, il y a une parenté entre elle et Angélique, mon personnage des "Emotifs Anonymes". Si ces histoires m’ont touchée immédiatement, c’est que je ne me sentais pas totalement étrangère à ces deux femmes.

Au-delà du personnage de Perrine en lui-même, qu’est-ce qui vous a donné envie de faire le film ?

J’ai eu un déclic instantané, au moment où j’ai lu le scénario. Le titre, "Les Chaises musicales", le dit très bien : c’est un film sur la difficulté à trouver sa place, à l’assumer, à se sentir légitime, dans un monde où il faut toujours assurer, trouver le bon mot au bon moment, faire ce qu’il faut quand il le faut. Dans l’une des premières séquences, Perrine scotche une annonce sur un lampadaire, où elle se définit comme « presque » musicienne. J’aime l’honnêteté de ce « presque », qui dit qu’on cherche longtemps avant de se trouver.
Mais attention, ça n’est pas juste un film doux amer sur une solitaire qui peine à s’insérer dans la société… Il y avait aussi une vraie folie, palpable dès la lecture du scénario : l’héroïne envoie un homme à l’hôpital, en le faisant tomber dans une benne ; elle tombe amoureuse de lui alors qu’il est dans le coma ; elle lui vole sa vie, sa brosse à dents, son chien… D’ailleurs, elle pourrait même être assez flippante, non ? Un peu dingue, en tous cas, et certainement pas manichéenne. Et puis le film est profondément humain. On est dans un univers à la Capra, avec ce regard très bienveillant posé sur les personnages : ils sont solitaires, ils sont fragiles, mais tellement humains qu’ils attirent tout de suite la sympathie. En fait, ce film, c’est une comédie romantique sentimentale, dans une version plus décalée. Avec une singularité, une originalité, dans l’écriture qui m’ont tout de suite parlé.

LES CHAISES MUSICALES de Marie BonhommeMalgré la qualité du scénario, certains auraient pu hésiter : c’est un premier film, et donc un risque à prendre… Vous, vous avez fait beaucoup de premiers films :pourquoi ?
Parce que le pire, c’est de se dire : « ce film est vraiment bien, mais je l’ai déjà vu cent fois ». C’est ce dont souffrent parfois, non seulement le cinéma, mais aussi la littérature ou la musique : un certain manque d’audace. Je préfère que le résultat final soit peut-être un peu plus faible par endroits, faute d’expérience, mais qu’il y ait eu au moins une tentative de raconter une histoire autrement. C’est pour ça que quand je choisis un rôle, j’essaye, quitte à me tromper, d’aller vers des choses que je n’ai pas encore faites. Par ailleurs, aujourd’hui, les films mettent beaucoup plus de temps à se monter. Un premier film, c’est souvent un plus petit budget, une plus petite équipe, donc tout va plus vite. Et quand on tourne, on se retrouve avec des gens enthousiastes, voire passionnés, généralement plus humbles que sur des grosses productions, portés par le désir de bien faire… De « faire », tout simplement : ils ne sont là ni pour l’argent, ni pour leur carrière, ou je ne sais quoi d’autre, mais parce qu’ils aiment leur métier.
C’est profondément le cas de Marie Belhomme, la réalisatrice.

Comment s’est passée votre première rencontre ?
C’était assez improbable. Elle est venue chez moi, ce qui normalement, ne se fait pas pour une première rencontre… Mais là, j’étais enceinte jusqu’aux dents ! Les jouets de mes deux aînés trainaient absolument partout, mon salon ressemblait à une crèche… Bref, je vois arriver cette fille, d’une timidité maladive – deux timides qui se rencontrent, je vous laisse imaginer ! Remarquez, c’est bien là-dessus que nous avons accroché : il y a une sororité, d’elle à moi. Nous sommes toutes les deux aussi mal à l’aise en public… Comme Perrine, d’ailleurs. "Les Gens qui doutent", cette chanson d’Anne Sylvestre qu’on entend dans le film, c’est comme un fil qui nous relie toutes les trois : la réalisatrice, l’actrice, l’héroïne. La connexion a donc été évidente.
Au moment de notre rencontre, Marie doutait de sa légitimité de réalisatrice. Dans sa façon d’être, il y avait comme un « excusez-moi de vous demander pardon de peut-être penser à vous »… Ça m’a profondément touchée. Je me suis dit qu’elle s’était racontée dans son scénario, qu’il y avait beaucoup d’elle, dans le personnage de  Perrine, et que du coup, elle saurait très bien me diriger, me conduire jusqu’à elle.
Paradoxalement, ce sont ses hésitations, ses fragilités, qui m’ont immédiatement donné confiance en elle.

Quels souvenirs gardez-vous du tournage ?
Extrêmement heureux ! Je connaissais la chef opératrice, Pénélope Pourriat. Elle travaille avec une grande douceur, jamais dans le rapport de force. Comme le reste de l’équipe, d’ailleurs. Il y avait à la fois une véritable exigence, et une profonde bienveillance chez tout le monde. On était tous complètement dans l’échange. Et on a beaucoup ri. Sans doute parce que le personnage de Perrine est tendu à l’extrême, comme un élastique prêt à craquer, j’avais cette tension nerveuse en moi… Résultat, j’ai eu des fous rires incroyables ! Grâce à mon partenaire Philippe Rebbot, notamment, avec qui j’ai adoré jouer. Tous les deux, ainsi qu’un régisseur, étions les seuls à être nés dans les années 70. Les autres membres de l’équipe étaient beaucoup plus jeunes. Ce qui contribue évidemment à une ambiance de tournage pleine d’énergie, d’enthousiasme, et de joie ! Et puis j’ai été très heureuse de voir Marie en réalisatrice...

LES CHAISES MUSICALES de Marie BonhommeComment vous a-t-elle dirigée ?
Je nous sentais en miroir, toutes les deux. A cette différence près que ça n’était pas mon premier film. Elle, si. En théorie, ça aurait pu déséquilibrer nos rapports, mais pas du tout. Parce que Marie savait exactement ce qu’elle voulait. Perrine, elle la connaissait par cœur, elle était habitée par elle. A l’inverse, ça, ça aurait pu être très inhibant pour moi. J’aurais pu me dire : « mais au fond, pourquoi elle ne jouerait pas Perrine elle-même ? ». Sauf qu’il n’y a jamais rien d’inhibant, chez Marie. Elle est tellement bienveillante… Elle sait aller chercher ce qu’il y a de meilleur en chacun de nous. En fait, elle nous dirigeait, sur une première prise qu’on pourrait dire « propre », c’est-à-dire conforme à ses intentions. Et puis nous en tournions d’autres, où les acteurs pouvaient proposer des choses… Et on avançait comme ça, ensemble.

Quand vous regardez le film, quand vous repensez au tournage, vous vous dites quoi ?
Qu’on a eu un metteur en scène, un vrai. Ça, on ne peut jamais le savoir avant de commencer à tourner. Marie a une conviction qui la porte. Elle sait où elle va, et elle y va. Sur le tournage, je l’ai vu prendre sa place de réalisatrice, au fur et à mesure, de plus en plus sereine, épanouie, comme si peu à peu elle se sentait enfin légitime. C’était très émouvant... Elle a une vision du monde, un désir de plans, un regard cinématographique. Et elle a su les communiquer à l’équipe, pour qu’au bout du compte, ce film soit son film.
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