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Mercredi cinéma : "Le goût des merveilles" d'Eric Besnard avec Virginie Efira et Benjamin Lavernhe.

Publié le : 16-12-2015

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi)
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

LE GOUT DES MERVEILLES d'Eric BesnardZoom nouveauté : "Le goût des merveilles" d'Eric Besnard

L'histoire
Au cœur de la Drôme provençale, Louise élève seule ses deux enfants et tente de préserver l’exploitation familiale. Un soir, elle manque d’écraser un inconnu au comportement singulier. Cet homme se révèle vite différent de la plupart des gens. Et sa capacité d’émerveillement pourrait bien changer la vie de Louise et de sa famille.
Un film d'Eric Besnard avec Virginie Efira, Benjamin Lavernhe, Lucie Fagedet, Léo Lorleac'h, Hervé Pierre, Hiam Abbass, Laurent Bateau…

 

Bonus : propos d'Eric Besnard, réalisateur du film

Comment avez-vous eu l’idée de ce projet ?
Un film sensoriel. Je suis parti de cette idée. Oublier un peu la narration. Provoquer un ressenti. Je suis scénariste. Souvent pour les autres. Parfois pour mes propres films. J’écris beaucoup. Avec des destins divers et dans des genres différents. Mais toujours avec la volonté de raconter une histoire. D’être compris par ceux qui la regardent. Mais là je voulais autre chose. Quelque chose de moins rationnel. J’ai écrit à la sortie d’un deuil. Je voulais travailler sur le temps suspendu. La porosité émotionnelle. Il se trouve que, pour des raisons familiales, l’autisme est un sujet que je LE GOUT DES MERVEILLES d'Eric Besnardconnaissais un peu. Ma femme étant psychologue, elle a elle-même travaillé avec des enfants autistes. Elle m’a raconté des anecdotes qui ont retenu mon attention. Et je me suis mis à lire sur le sujet. Très vite il m’est apparu qu’un personnage souffrant d’un syndrome d’Asperger pourrait me permettre de travailler sur les thèmes qui m’intéressaient. Un tel personnage est en état d’hyper sensibilité au monde. Ce que devrait être un metteur en scène. Donc si je pouvais rendre compte de son regard - ou lui prêter le mien - je pourrais essayer de faire ressentir ce que je voulais transmettre.

L’écriture a-t-elle été particulièrement complexe ?

Je me suis d’abord fait piéger par mes démons de scénariste. Au fil de l’écriture j’ai commencé à construire un polar. Le personnage a des spécificités tellement exceptionnelles qu’il appelait naturellement une intrigue compliquée. Il peut vite devenir une sorte de super héros. Mais j’ai fini par me rendre compte que cela ne correspondait pas à mon projet d’origine. J’ai donc recommencé en construisant le film sur la conscience d’avoir un personnage qui n’évolue pas. Soit exactement le contraire de tout ce que conseille le manuel des castors juniors de la scénarisation. Pas d’arc d’évolution. Le personnage est tel qu’il est. Un bloc. Et c’est le regard des autres sur lui qui allait changer. En particulier celui d’un autre personnage dans lequel pourrait se transférer le spectateur. Le but devenant alors de faire évoluer le point de vue du spectateur sur le personnage principal. De le comprendre. Voire de l’envier. La différence vue tout d’abord comme une pathologie deviendrait un atout. Et avec un peu de chance la porosité du personnage aux merveilles du monde deviendrait communicative. À partir du moment où mon axe d’écriture devenait celui là, il était naturel d’opter pour une histoire d’amour.

LE GOUT DES MERVEILLES d'Eric BesnardVous êtes-vous beaucoup documenté ?
J’ai lu beaucoup de témoignages. Et j’ai longuement discuté avec des psychologues comme Chantal Lheureux Davidse qui, à mon avis, est l’une des personnes les plus passionnantes qui ait travaillé sur le sujet. Je lui ai vite soumis les caractéristiques du personnage tel que je les imaginais. En soulignant que je voulais avant tout m’intéresser à son hypersensibilité. Je lui ai notamment parlé d’un rapport à la nature très fort : je voulais que mon protagoniste soit un génie mathématique mais qu’il soit capable de tout arrêter pour contempler un rayon de soleil pendant des heures. Car il n’y a rien de plus essentiel. Rien de plus beau. Les personnes souffrant du syndrome d’Asperger peuvent avoir des difficultés en société. Du coup ils développent des systèmes de compensation. Mais ils ont quelque chose d’exceptionnel : ils vont à l’essentiel. Les petites hypocrisies du quotidien leur sont incompréhensibles. Ils ne multiplient pas les masques. Pas de jeu social. Pour eux, le mensonge est impossible : il ne représente qu’une perte de temps.

Quelle conception de l’autisme vous êtes-vous forgée dans la perspective du film ?
Le spectre autistique est très large. Et pour la plupart des personnes atteintes d’autisme cela rime avec souffrance. Enfermement sur soi. Mon personnage souffre du syndrome d’Asperger. C’est déjà différent. Et j’aurais tendance à dire qu’il n’y a que des cas particuliers. Mais ce qui me semble essentiel c’est de combattre l’idée que les autistes seraient insensibles. Au contraire, ce sont des hypersensibles qui échafaudent des systèmes de survie pour rendre le réel supportable. Et cela peut les conduire jusqu’à un complet repli sur eux mêmes. Nous avons tendance à être habitués et nous ne voyons plus la réalité telle qu’elle est, mais il faut admettre que nous vivons dans un monde très agressif. C’est ce que le film essaye aussi de dire. La sensibilité n’est pas une tare. Et plus vos sens sont développés plus ce monde peut vous sembler magnifique... et violent.

La singularité du protagoniste induit des rapports amoureux inhabituels.
Ce qui m’intéressait, c’était d’avoir deux personnages principaux qui ne puissent pas se toucher. Et de construire une relation amoureuse à partir de là. LE GOUT DES MERVEILLES d'Eric BesnardDans une comédie romantique, c’est la nature de l’obstacle qui est le moteur de l’histoire. Classes sociales, races, religions… Sidney Poitier dîne chez ses futurs beaux parents blancs. Gene Tierney tombe amoureuse d’un fantôme, Natalie Wood chante son amour à un Jet, un jeune loup-garou aime une jeune vampire, etc… Avec ce film, j’avais un obstacle formidable. Je pouvais m’inscrire dans le genre de la comédie sentimentale en y apportant ma subjectivité puisque l’essence même de l’obstacle générait son style. J’espérais que cela puisse provoquer une érotique différente. Mélange de retenue et de sur-sensualité. Ils ne se toucheraient pas mais elle regarderait ses mains. Parce qu’il toucherait tout le reste. Il touche. Il caresse. Quand j’ai fini le script, un film m’est revenu. Le "Starman" de Carpenter. Un extraterrestre découvre le monde et l’amour. Et ses réactions sont celles d’un enfant. Justes. Honnêtes. Mon personnage est honnête, franc, direct. Il n’a pas d’intérêt pour l’argent et ne ment jamais. C’est un extraterrestre…

Comment se sont esquissés les personnages principaux ?
Chez lui, c’est l’hyper sensibilité qui m’intéressait : c’est un être poreux au monde, au sens positif et négatif. C’est ce que nous devrions être alors que nous ne cessons de nous protéger. Cela pouvait m’amener de la beauté comme de la douleur. En face de cet homme fragile, il me fallait une femme forte. Très vite, je me suis dit que j’allais opter pour une veuve ayant hérité de quelque chose dont elle n’avait pas envie. Elle a des difficultés avec ses enfants et avec son activité qu’elle n’aime pas. Or, au-delà de sa dimension pathologique, cet homme surprenant va régler ses problèmes et, chemin fLE GOUT DES MERVEILLES d'Eric Besnardaisant, son regard à elle sur lui change alors que lui ne bouge pas d’un iota : c’est le regard féminin, et donc celui du spectateur, qui évolue. Il fallait qu’elle soit comme nous : aux prises avec le réel. J’ai choisi son métier (arboricultrice) parce qu’à partir du moment où je voulais parler du rapport à la nature et à la beauté du monde, je trouvais intéressant d’avoir un personnage qui vive mal la nature. Qu’elle la subisse. Je souhaitais qu’ils aient tous les deux des points de vue de départ sur la nature en opposition.

Le héros semble aussi reconnecter les enfants à la terre et à l’espace où ils vivent.
Le personnage de Pierre est toujours dans l’instant. Les enfants sont très sensibles à ça. Ils savent si vous êtes avec eux ou si vous pensez à autre chose. C’est vrai aussi dans les rapports de séduction. Etre présent dans l’instant. Etre entièrement avec l’autre. J’ai lu quelque part que c’était la grande force de Marlon Brando. Il donnait toujours l’impression d’être à cent pour cent avec celui, ou celle, qu’il écoutait. Dans un genre différent, Pierre a lui aussi ce pouvoir. Cet homme hors du commun reconnecte chacun avec qui il est et avec le lieu où il se trouve. Il redonne ainsi l’envie d’être là. Grâce à lui, où que l’on soit, on peut être fier de l’endroit où l’on est. Il refuse la constante fuite en avant.

Avez-vous écrit les deux protagonistes avec les comédiens en tête ?
Non. Ceci étant dit j’adapte les personnages à la réalité de mes interprètes. Je réécris mon scénario à plusieurs reprises et il est évident que j’aurais dû réécrire davantage si je n’avais pas eu des acteurs qui se soient si bien intégrés.
Pour le personnage principal masculin, j’ai fait de nombreux essais. Mais quand j’ai rencontré Benjamin Lavernhe, il y a eu une évidence. Je tenais à travailler avec lui. Malgré qu’il soit inconnu. J’ai plaidé notre cause auprès de mes producteurs, qui ont bien voulu me faire confiance. J’étais convaincu (et je le suis toujours) qu’il était préférable que l’acteur ne soit pas connu. Le rôle était susceptible d’attirer une star. Mais j’avais peur qu’on ait du mal à l’oublier. J’ai eu des discussions avec Benjamin et je lui ai expliqué que je ne voulais surtout pas aller vers "Rain man". Je lui ai montré "Bienvenue Mister Chance" pour montrer qu’il y avait d’autres directions de travail. Et je lui en ai proposé une autre : la porosité. Le personnage est poreux à tout ce qui l’entoure. Bruits, lumières, intentions de la voix… Or Benjamin est une véritable éponge émotionnelle. Dès lors mon travail consistait à m’assurer qu’il reste dans cet état du premier au dernier jour de tournage.

Comment avez-vous pensé à Virginie Efira ?
À partir du moment où je voulais un inconnu pour le rôle masculin, il me fallait quelqu’un d’identifié pour la femme. D’autant qu’elle est le personnage dans lequel le spectateur est censé se transférer. Quelqu’un d’empathique. Pierre étant particulièrement sensible à la beauté du monde, la femme dont il allait tomber amoureux ne pouvait pas être trop moche. Autant qu’elle soit jolie. Mais il fallait aussi qu’elle soit crédible avec une paire de bottes aux pieds dans un cadre rural. J’avais deux ou trois noms en tête. J’ai rencontré Virginie, que je ne connaissais pas. Je n’ai pas beaucoup de mérite à l’avoir choisi tant il est évident qu’elle a un côté terrestre et entier qui correspond exactement au rôle. J’aime beaucoup cette femme. On peut être très belle et concrète à la fois !

Pourquoi avez-vous choisi de tourner dans la Drôme provençale ?
Le scénario évoquait des arbres fruitiers, de la lavande, des champs de blé et des tournesols. Autrement dit, il me fallait une région solaire. Il fallait aussi que je puisse matérialiser la lumière puisque le personnage principal y est sensible. A force de repérages, j’ai découvert la Drôme provençale.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi)
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

LE GOUT DES MERVEILLES d'Eric BesnardZoom nouveauté : "Le goût des merveilles" d'Eric Besnard

L'histoire
Au cœur de la Drôme provençale, Louise élève seule ses deux enfants et tente de préserver l’exploitation familiale. Un soir, elle manque d’écraser un inconnu au comportement singulier. Cet homme se révèle vite différent de la plupart des gens. Et sa capacité d’émerveillement pourrait bien changer la vie de Louise et de sa famille.
Un film d'Eric Besnard avec Virginie Efira, Benjamin Lavernhe, Lucie Fagedet, Léo Lorleac'h, Hervé Pierre, Hiam Abbass, Laurent Bateau…

 

Bonus : propos d'Eric Besnard, réalisateur du film

Comment avez-vous eu l’idée de ce projet ?
Un film sensoriel. Je suis parti de cette idée. Oublier un peu la narration. Provoquer un ressenti. Je suis scénariste. Souvent pour les autres. Parfois pour mes propres films. J’écris beaucoup. Avec des destins divers et dans des genres différents. Mais toujours avec la volonté de raconter une histoire. D’être compris par ceux qui la regardent. Mais là je voulais autre chose. Quelque chose de moins rationnel. J’ai écrit à la sortie d’un deuil. Je voulais travailler sur le temps suspendu. La porosité émotionnelle. Il se trouve que, pour des raisons familiales, l’autisme est un sujet que je LE GOUT DES MERVEILLES d'Eric Besnardconnaissais un peu. Ma femme étant psychologue, elle a elle-même travaillé avec des enfants autistes. Elle m’a raconté des anecdotes qui ont retenu mon attention. Et je me suis mis à lire sur le sujet. Très vite il m’est apparu qu’un personnage souffrant d’un syndrome d’Asperger pourrait me permettre de travailler sur les thèmes qui m’intéressaient. Un tel personnage est en état d’hyper sensibilité au monde. Ce que devrait être un metteur en scène. Donc si je pouvais rendre compte de son regard - ou lui prêter le mien - je pourrais essayer de faire ressentir ce que je voulais transmettre.

L’écriture a-t-elle été particulièrement complexe ?

Je me suis d’abord fait piéger par mes démons de scénariste. Au fil de l’écriture j’ai commencé à construire un polar. Le personnage a des spécificités tellement exceptionnelles qu’il appelait naturellement une intrigue compliquée. Il peut vite devenir une sorte de super héros. Mais j’ai fini par me rendre compte que cela ne correspondait pas à mon projet d’origine. J’ai donc recommencé en construisant le film sur la conscience d’avoir un personnage qui n’évolue pas. Soit exactement le contraire de tout ce que conseille le manuel des castors juniors de la scénarisation. Pas d’arc d’évolution. Le personnage est tel qu’il est. Un bloc. Et c’est le regard des autres sur lui qui allait changer. En particulier celui d’un autre personnage dans lequel pourrait se transférer le spectateur. Le but devenant alors de faire évoluer le point de vue du spectateur sur le personnage principal. De le comprendre. Voire de l’envier. La différence vue tout d’abord comme une pathologie deviendrait un atout. Et avec un peu de chance la porosité du personnage aux merveilles du monde deviendrait communicative. À partir du moment où mon axe d’écriture devenait celui là, il était naturel d’opter pour une histoire d’amour.

LE GOUT DES MERVEILLES d'Eric BesnardVous êtes-vous beaucoup documenté ?
J’ai lu beaucoup de témoignages. Et j’ai longuement discuté avec des psychologues comme Chantal Lheureux Davidse qui, à mon avis, est l’une des personnes les plus passionnantes qui ait travaillé sur le sujet. Je lui ai vite soumis les caractéristiques du personnage tel que je les imaginais. En soulignant que je voulais avant tout m’intéresser à son hypersensibilité. Je lui ai notamment parlé d’un rapport à la nature très fort : je voulais que mon protagoniste soit un génie mathématique mais qu’il soit capable de tout arrêter pour contempler un rayon de soleil pendant des heures. Car il n’y a rien de plus essentiel. Rien de plus beau. Les personnes souffrant du syndrome d’Asperger peuvent avoir des difficultés en société. Du coup ils développent des systèmes de compensation. Mais ils ont quelque chose d’exceptionnel : ils vont à l’essentiel. Les petites hypocrisies du quotidien leur sont incompréhensibles. Ils ne multiplient pas les masques. Pas de jeu social. Pour eux, le mensonge est impossible : il ne représente qu’une perte de temps.

Quelle conception de l’autisme vous êtes-vous forgée dans la perspective du film ?
Le spectre autistique est très large. Et pour la plupart des personnes atteintes d’autisme cela rime avec souffrance. Enfermement sur soi. Mon personnage souffre du syndrome d’Asperger. C’est déjà différent. Et j’aurais tendance à dire qu’il n’y a que des cas particuliers. Mais ce qui me semble essentiel c’est de combattre l’idée que les autistes seraient insensibles. Au contraire, ce sont des hypersensibles qui échafaudent des systèmes de survie pour rendre le réel supportable. Et cela peut les conduire jusqu’à un complet repli sur eux mêmes. Nous avons tendance à être habitués et nous ne voyons plus la réalité telle qu’elle est, mais il faut admettre que nous vivons dans un monde très agressif. C’est ce que le film essaye aussi de dire. La sensibilité n’est pas une tare. Et plus vos sens sont développés plus ce monde peut vous sembler magnifique... et violent.

La singularité du protagoniste induit des rapports amoureux inhabituels.
Ce qui m’intéressait, c’était d’avoir deux personnages principaux qui ne puissent pas se toucher. Et de construire une relation amoureuse à partir de là. LE GOUT DES MERVEILLES d'Eric BesnardDans une comédie romantique, c’est la nature de l’obstacle qui est le moteur de l’histoire. Classes sociales, races, religions… Sidney Poitier dîne chez ses futurs beaux parents blancs. Gene Tierney tombe amoureuse d’un fantôme, Natalie Wood chante son amour à un Jet, un jeune loup-garou aime une jeune vampire, etc… Avec ce film, j’avais un obstacle formidable. Je pouvais m’inscrire dans le genre de la comédie sentimentale en y apportant ma subjectivité puisque l’essence même de l’obstacle générait son style. J’espérais que cela puisse provoquer une érotique différente. Mélange de retenue et de sur-sensualité. Ils ne se toucheraient pas mais elle regarderait ses mains. Parce qu’il toucherait tout le reste. Il touche. Il caresse. Quand j’ai fini le script, un film m’est revenu. Le "Starman" de Carpenter. Un extraterrestre découvre le monde et l’amour. Et ses réactions sont celles d’un enfant. Justes. Honnêtes. Mon personnage est honnête, franc, direct. Il n’a pas d’intérêt pour l’argent et ne ment jamais. C’est un extraterrestre…

Comment se sont esquissés les personnages principaux ?
Chez lui, c’est l’hyper sensibilité qui m’intéressait : c’est un être poreux au monde, au sens positif et négatif. C’est ce que nous devrions être alors que nous ne cessons de nous protéger. Cela pouvait m’amener de la beauté comme de la douleur. En face de cet homme fragile, il me fallait une femme forte. Très vite, je me suis dit que j’allais opter pour une veuve ayant hérité de quelque chose dont elle n’avait pas envie. Elle a des difficultés avec ses enfants et avec son activité qu’elle n’aime pas. Or, au-delà de sa dimension pathologique, cet homme surprenant va régler ses problèmes et, chemin fLE GOUT DES MERVEILLES d'Eric Besnardaisant, son regard à elle sur lui change alors que lui ne bouge pas d’un iota : c’est le regard féminin, et donc celui du spectateur, qui évolue. Il fallait qu’elle soit comme nous : aux prises avec le réel. J’ai choisi son métier (arboricultrice) parce qu’à partir du moment où je voulais parler du rapport à la nature et à la beauté du monde, je trouvais intéressant d’avoir un personnage qui vive mal la nature. Qu’elle la subisse. Je souhaitais qu’ils aient tous les deux des points de vue de départ sur la nature en opposition.

Le héros semble aussi reconnecter les enfants à la terre et à l’espace où ils vivent.
Le personnage de Pierre est toujours dans l’instant. Les enfants sont très sensibles à ça. Ils savent si vous êtes avec eux ou si vous pensez à autre chose. C’est vrai aussi dans les rapports de séduction. Etre présent dans l’instant. Etre entièrement avec l’autre. J’ai lu quelque part que c’était la grande force de Marlon Brando. Il donnait toujours l’impression d’être à cent pour cent avec celui, ou celle, qu’il écoutait. Dans un genre différent, Pierre a lui aussi ce pouvoir. Cet homme hors du commun reconnecte chacun avec qui il est et avec le lieu où il se trouve. Il redonne ainsi l’envie d’être là. Grâce à lui, où que l’on soit, on peut être fier de l’endroit où l’on est. Il refuse la constante fuite en avant.

Avez-vous écrit les deux protagonistes avec les comédiens en tête ?
Non. Ceci étant dit j’adapte les personnages à la réalité de mes interprètes. Je réécris mon scénario à plusieurs reprises et il est évident que j’aurais dû réécrire davantage si je n’avais pas eu des acteurs qui se soient si bien intégrés.
Pour le personnage principal masculin, j’ai fait de nombreux essais. Mais quand j’ai rencontré Benjamin Lavernhe, il y a eu une évidence. Je tenais à travailler avec lui. Malgré qu’il soit inconnu. J’ai plaidé notre cause auprès de mes producteurs, qui ont bien voulu me faire confiance. J’étais convaincu (et je le suis toujours) qu’il était préférable que l’acteur ne soit pas connu. Le rôle était susceptible d’attirer une star. Mais j’avais peur qu’on ait du mal à l’oublier. J’ai eu des discussions avec Benjamin et je lui ai expliqué que je ne voulais surtout pas aller vers "Rain man". Je lui ai montré "Bienvenue Mister Chance" pour montrer qu’il y avait d’autres directions de travail. Et je lui en ai proposé une autre : la porosité. Le personnage est poreux à tout ce qui l’entoure. Bruits, lumières, intentions de la voix… Or Benjamin est une véritable éponge émotionnelle. Dès lors mon travail consistait à m’assurer qu’il reste dans cet état du premier au dernier jour de tournage.

Comment avez-vous pensé à Virginie Efira ?
À partir du moment où je voulais un inconnu pour le rôle masculin, il me fallait quelqu’un d’identifié pour la femme. D’autant qu’elle est le personnage dans lequel le spectateur est censé se transférer. Quelqu’un d’empathique. Pierre étant particulièrement sensible à la beauté du monde, la femme dont il allait tomber amoureux ne pouvait pas être trop moche. Autant qu’elle soit jolie. Mais il fallait aussi qu’elle soit crédible avec une paire de bottes aux pieds dans un cadre rural. J’avais deux ou trois noms en tête. J’ai rencontré Virginie, que je ne connaissais pas. Je n’ai pas beaucoup de mérite à l’avoir choisi tant il est évident qu’elle a un côté terrestre et entier qui correspond exactement au rôle. J’aime beaucoup cette femme. On peut être très belle et concrète à la fois !

Pourquoi avez-vous choisi de tourner dans la Drôme provençale ?
Le scénario évoquait des arbres fruitiers, de la lavande, des champs de blé et des tournesols. Autrement dit, il me fallait une région solaire. Il fallait aussi que je puisse matérialiser la lumière puisque le personnage principal y est sensible. A force de repérages, j’ai découvert la Drôme provençale.
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