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Mercredi cinéma : "Le ciel attendra" de Marie-Castille Mention-Schaar avec Noémie Merlant, Naomi Amarger, Sandrine Bonnaire, Clotilde Courau

Publié le : 05-10-2016

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et à Eaubonne (mercredi) 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône.
Le cinéma "Les Toiles" de Saint-Gratien est en travux de rénovation

 

LE CIEL ATTENDRA de Marie-Castille Mention-SchaarNouveauté de la semaine : "Le ciel attendra" de Marie-Castille Mention-Schaar.

L'histoire
Sonia, 17 ans, a failli commettre l’irréparable pour "garantir" à sa famille une place au paradis. Mélanie, 16 ans, vit avec sa mère, aime l’école et ses copines, joue du violoncelle et veut changer le monde. Elle tombe amoureuse d’un "prince" sur internet. Elles pourraient s’appeler Anaïs, Manon, Leila ou Clara, et comme elles croiser un jour la route de l’embrigadement… Pourraient-elles en revenir ?
Un film de Marie-Castille Mention-Schaar avec Noémie Merlant, Naomi Amarger, Sandrine Bonnaire, Clotilde Courau, Zinedine Soualem, Dounia Bouzar et avec la participation d'Ariane Ascaride et Yvan Attal.

>> bande annonce

 

Bonus : propos de Marie-Castille Mention-Schaar, réalisatrice du film.

On sent une urgence de tourner "Le ciel attendra". D’où est provenue l’impulsion ?
Le film est venu presque par effraction. J’avais écrit un autre scénario. J’étais déjà en casting. Un jour je lis et découpe un article sur un frère parti à la recherche de sa sœur en Syrie. L’histoire me passionne. Je le garde sur moi dans mon sac. Emilie Frèche, que j’ai rencontrée lors de la sortie du film "Les héritiers" poste sur Instagram un article sur un père à la recherche de sa fille partie en Syrie. On s’appelle, on évoque l’idée d’écrire ensemble à partir de cette histoire.
Je commence à rencontrer plusieurs journalistes qui couvrent le sujet. Je rencontre ce frère parti sur les traces de sa sœur. Il est le premier à me parler de Dounia Bouzar. Il a trouvé chez elle une écoute, un soutien dans l’océan de solitude où lui et sa famille ont été plongés. Son nom revient souvent au fil de mes « interviews ». Je la contacte. Après une certaine réticence, elle accepte que j’intègre son équipe et que je les suive partout en France où la radicalisation les appelle. Je découvre la réalité, le processus de l’embrigadement. Et surtout je mets des visages sur ces histoires enracinées dans le virtuel et la toile. Je découvre enfin l’espoir possible à l’issue des séances de "désembrigadement". J’ai mis de côté le film que j’étais en train de préparer. Et j’ai foncé dans l’écriture avec Emilie, puis dans le financement de celui-ci. Ça ne pouvait pas attendre.

Le tournage a commencé le lundi 15 novembre 2015…
Un hasard terrible du calendrier. J’ai vraiment passé le week-end en me demandant s’il ne fallait pas que j’annule tout. On était tous complètement bouleversés de faire ce film qui cherche à explorer l’intimité de deux jeunes filles qui ont, ou vont, basculer dans le fanatisme, au moment où la France était à nouveau massivement atteinte dans sa chair. Comprendre n’est en rien excuser. Mais il devenait encore plus urgent pour moi d’essayer de comprendre.
Vous avez fait un gros travail d’enquête avant de commencer à écrire le premier mot du scénario…
LE CIEL ATTENDRA de Marie-Castille Mention-SchaarOui, parce que pour écrire ne serait-ce qu’une phrase sur ce sujet, il fallait partir de la vérité. Mon film est une fiction mais tous les personnages de parents et d’adolescentes concernées par le sujet sont le reflet de ceux que j’ai rencontré, que j’ai écouté.
Les deux personnages principaux sont la somme de plusieurs jeunes filles.
J’ai aussi regardé des heures de vidéos de propagande. Certaines d’une violence absolue. Insoutenable. Elles étaient nécessaires pour que je comprenne la force de l’emprise que les rabatteurs avaient eu sur les adolescentes que j’écoutais parler. C’est rationnellement impossible de concevoir comment on peut « rigoler » devant une vidéo où des djihadistes jouent au football avec des têtes coupées. C’est pourtant ce qui était arrivé à certaines. C’est dire jusqu’à quel point leur tête et leur cœur avaient été déconnectés !

Pourquoi Dounia Bouzar ? Il y a d’autres personnes qui travaillent sur le sujet…
Bien sûr. Mais c’est la seule dont on m’a parlé au moment où j’ai commencé mes investigations. Que ce soit auprès des journalistes ou des familles. Je rappelle aussi qu’elle était avec la création du Centre de Prévention, de Déradicalisation et de Suivi Individuel (CPDSI) mandatée par le gouvernement. En la suivant pendant toutes ces semaines, j’ai découvert une femme totalement impliquée, je dirais même dévouée aux drames humains qu’elle partage quasiment 24h/24 avec les jeunes qu’elle suit et aussi avec les parents. J’ai vu à quel point elle peut être ulcérée quand elle sent une adolescente en danger et potentiellement sur le départ. Je l’ai vue répondre à des mamans à 2 heures du matin et leur parler le temps qu’il fallait pour les apaiser ou les rassurer. J’ai le plus grand respect pour cette femme qui a mis sa vie, sa sécurité entre parenthèses avec comme principale conséquence six anges gardiens qui la protègent tant elles sont menacées. Je n’en connais pas d’autres dans cette situation.

Etant donné votre exigence de vérité, pourquoi ne pas avoir choisi de tourner un documentaire ?
Parce que c’est juste impossible. On ne peut pas suivre avec une caméra une adolescente qui est dans la dissimulation vis-à-vis de ses parents, de son école, de ses amis ! On ne peut pas saisir le moment où un rabatteur va « harponner » une ado dans l’intimité de sa chambre via son Facebook, son Instagram. Cela ne peut être que recréé.
LE CIEL ATTENDRA de Marie-Castille Mention-SchaarQuant à filmer une jeune fille qui est dans cette zone grise qu’est la déradicalisation, quand on sait comment elles rejettent, parfois violemment à ce stade de leur vie, tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à la presse, aux médias, au cinéma, au divertissement…

Qu’avez-vous découvert en rencontrant tous ces jeunes gens et notamment les filles ?

Comme beaucoup, je supposais que l’embrigadement se concentrait dans les quartiers, et concernait majoritairement des familles musulmanes. Je croyais - croyance largement partagée - qu’il fallait être très exclu ou très fragile, pour éprouver la tentation de rejoindre Daech. Ces profils existent mais ils sont loin de représenter la majorité. En France, plus de la moitié des jeunes filles embrigadées sont des converties, issues de la classe moyenne, voire supérieure. Des enfants qui ont été entourés, choyés, mais qui vivent en même temps dans une société qui a beaucoup de mal à faire de la place à la jeunesse et à leurs rêves. Quelles sont les utopies qui nous meuvent, aujourd’hui ? A quoi peut-on encore adhérer ?

Précisément, comment la jeune adulte partie rejoindre Daech et qui en est revenue, vous a-t-elle aidée ?
Elle-même était passée par tout le processus de radicalisation, et avait vécu le moment où la religion devient fanatisme. Je ne peux pas en dire plus car il ne faut pas qu’elle soit reconnaissable. Elle a travaillé avec nous sur le film, sur toutes sortes de détails centraux qui vont du vocabulaire utilisé dans les conversations "séduction" d'intimidation, de harcèlement, mais aussi la gestuelle, aux vêtements ou tenues appropriées lorsqu’on est dans la dissimulation ou dans la radicalisation. C’était très précieux.
Elle m’a aidée pour certains dialogues, mais aussi pour cerner la justesse des attitudes et des comportements. C’est elle par exemple qui m’a parlé des ablutions avec une pierre et que j’ai mis dans une séquence du film.
LE CIEL ATTENDRA de Marie-Castille Mention-SchaarQuand elle était dans les prisons de Daech, elle n’avait pas d’eau. Un gardien lui avait donné une petite pierre qui est autorisée à remplacer l’eau dans les situations extrêmes.
Il lui est arrivé de me dire en quoi un dialogue dans une scène ne lui semblait pas juste. Elle a aidé Naomi Amarger et Noémie Merlant, mes deux jeunes actrices, à apprendre des prières, des incantations. Nous avons eu de très longues conversations passionnantes sur la foi. Sur la place de la foi, de Dieu dans sa vie. J’en ai nourri mes comédiennes comme elle l’a fait aussi avec elles.

Qu’est-ce qui vous a frappé dans tous les témoignages que vous avez recueillis avant le tournage ?
La sincérité de ces jeunes filles. Leur intelligence. Leur malaise. Le décalage qu’il y avait entre mes idées préconçues et la réalité. Elles sont sincères quand elles tombent amoureuses de cet « idéal » d’amour. Celui où on les met sur un piédestal. Un amour « pur », « vierge ».
Elles sont sincères quand elles veulent « sauver le monde », sauver les enfants qui sont abandonnés par le monde occidental. Elles sont émouvantes dans leurs aveux de faiblesse et dans leur souffrance. Elles s’en veulent souvent d’avoir été aussi naïves. Elles s’en veulent d’être tombées amoureuses d’un fantasme. Le chemin de la déradicalisation n’est pas linéaire. Il y a des allers et retours. Elles arrivent à une séance du « club des rescapées » en jean et t-shirt, les cheveux détachés, maquillées. Et puis un mois plus tard elles sont à nouveau en jilbab. Et là où elles étaient apaisées, elles deviennent hystériques. Les sables sont mouvants. J’essayais de capter leurs contradictions, leur difficulté à « rLE CIEL ATTENDRA de Marie-Castille Mention-Schaarevenir », leur besoin de s’accrocher à leur foi et la violence que cela peut engendrer dans les rapports avec leurs parents qui ne veulent plus entendre parler de religion, de Dieu.
J’ai mis dans le film cette séquence qu’une jeune fille du CPDSI avait racontée. Celle où son père en était venu à dégonder la porte de la salle de bains car il ne voulait pas qu’elle puisse y faire ses ablutions et ses prières. Cette privation d’intimité était très violente pour elle. En même temps, comment ne pas comprendre la position de ce père qui vit un véritable cauchemar.
Le film parle de ce moment tellement fragile qu’est l’adolescence, où l’on a soif de pureté et d’engagement, et où l’on passe si violemment d’un extrême à l’autre, de l’exaltation à la dépression. On est contre les profs, les parents, contre ce qui représente l’autorité. On conteste l’organisation de la société et sa fondamentale injustice.
Ce n’est pas pour rien que les rabatteurs ciblent les adolescentes. C’est à cet âge-là qu’elles ont soif d’idéal le plus souvent.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et à Eaubonne (mercredi) 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône.
Le cinéma "Les Toiles" de Saint-Gratien est en travux de rénovation

 

LE CIEL ATTENDRA de Marie-Castille Mention-SchaarNouveauté de la semaine : "Le ciel attendra" de Marie-Castille Mention-Schaar.

L'histoire
Sonia, 17 ans, a failli commettre l’irréparable pour "garantir" à sa famille une place au paradis. Mélanie, 16 ans, vit avec sa mère, aime l’école et ses copines, joue du violoncelle et veut changer le monde. Elle tombe amoureuse d’un "prince" sur internet. Elles pourraient s’appeler Anaïs, Manon, Leila ou Clara, et comme elles croiser un jour la route de l’embrigadement… Pourraient-elles en revenir ?
Un film de Marie-Castille Mention-Schaar avec Noémie Merlant, Naomi Amarger, Sandrine Bonnaire, Clotilde Courau, Zinedine Soualem, Dounia Bouzar et avec la participation d'Ariane Ascaride et Yvan Attal.

>> bande annonce

 

Bonus : propos de Marie-Castille Mention-Schaar, réalisatrice du film.

On sent une urgence de tourner "Le ciel attendra". D’où est provenue l’impulsion ?
Le film est venu presque par effraction. J’avais écrit un autre scénario. J’étais déjà en casting. Un jour je lis et découpe un article sur un frère parti à la recherche de sa sœur en Syrie. L’histoire me passionne. Je le garde sur moi dans mon sac. Emilie Frèche, que j’ai rencontrée lors de la sortie du film "Les héritiers" poste sur Instagram un article sur un père à la recherche de sa fille partie en Syrie. On s’appelle, on évoque l’idée d’écrire ensemble à partir de cette histoire.
Je commence à rencontrer plusieurs journalistes qui couvrent le sujet. Je rencontre ce frère parti sur les traces de sa sœur. Il est le premier à me parler de Dounia Bouzar. Il a trouvé chez elle une écoute, un soutien dans l’océan de solitude où lui et sa famille ont été plongés. Son nom revient souvent au fil de mes « interviews ». Je la contacte. Après une certaine réticence, elle accepte que j’intègre son équipe et que je les suive partout en France où la radicalisation les appelle. Je découvre la réalité, le processus de l’embrigadement. Et surtout je mets des visages sur ces histoires enracinées dans le virtuel et la toile. Je découvre enfin l’espoir possible à l’issue des séances de "désembrigadement". J’ai mis de côté le film que j’étais en train de préparer. Et j’ai foncé dans l’écriture avec Emilie, puis dans le financement de celui-ci. Ça ne pouvait pas attendre.

Le tournage a commencé le lundi 15 novembre 2015…
Un hasard terrible du calendrier. J’ai vraiment passé le week-end en me demandant s’il ne fallait pas que j’annule tout. On était tous complètement bouleversés de faire ce film qui cherche à explorer l’intimité de deux jeunes filles qui ont, ou vont, basculer dans le fanatisme, au moment où la France était à nouveau massivement atteinte dans sa chair. Comprendre n’est en rien excuser. Mais il devenait encore plus urgent pour moi d’essayer de comprendre.
Vous avez fait un gros travail d’enquête avant de commencer à écrire le premier mot du scénario…
LE CIEL ATTENDRA de Marie-Castille Mention-SchaarOui, parce que pour écrire ne serait-ce qu’une phrase sur ce sujet, il fallait partir de la vérité. Mon film est une fiction mais tous les personnages de parents et d’adolescentes concernées par le sujet sont le reflet de ceux que j’ai rencontré, que j’ai écouté.
Les deux personnages principaux sont la somme de plusieurs jeunes filles.
J’ai aussi regardé des heures de vidéos de propagande. Certaines d’une violence absolue. Insoutenable. Elles étaient nécessaires pour que je comprenne la force de l’emprise que les rabatteurs avaient eu sur les adolescentes que j’écoutais parler. C’est rationnellement impossible de concevoir comment on peut « rigoler » devant une vidéo où des djihadistes jouent au football avec des têtes coupées. C’est pourtant ce qui était arrivé à certaines. C’est dire jusqu’à quel point leur tête et leur cœur avaient été déconnectés !

Pourquoi Dounia Bouzar ? Il y a d’autres personnes qui travaillent sur le sujet…
Bien sûr. Mais c’est la seule dont on m’a parlé au moment où j’ai commencé mes investigations. Que ce soit auprès des journalistes ou des familles. Je rappelle aussi qu’elle était avec la création du Centre de Prévention, de Déradicalisation et de Suivi Individuel (CPDSI) mandatée par le gouvernement. En la suivant pendant toutes ces semaines, j’ai découvert une femme totalement impliquée, je dirais même dévouée aux drames humains qu’elle partage quasiment 24h/24 avec les jeunes qu’elle suit et aussi avec les parents. J’ai vu à quel point elle peut être ulcérée quand elle sent une adolescente en danger et potentiellement sur le départ. Je l’ai vue répondre à des mamans à 2 heures du matin et leur parler le temps qu’il fallait pour les apaiser ou les rassurer. J’ai le plus grand respect pour cette femme qui a mis sa vie, sa sécurité entre parenthèses avec comme principale conséquence six anges gardiens qui la protègent tant elles sont menacées. Je n’en connais pas d’autres dans cette situation.

Etant donné votre exigence de vérité, pourquoi ne pas avoir choisi de tourner un documentaire ?
Parce que c’est juste impossible. On ne peut pas suivre avec une caméra une adolescente qui est dans la dissimulation vis-à-vis de ses parents, de son école, de ses amis ! On ne peut pas saisir le moment où un rabatteur va « harponner » une ado dans l’intimité de sa chambre via son Facebook, son Instagram. Cela ne peut être que recréé.
LE CIEL ATTENDRA de Marie-Castille Mention-SchaarQuant à filmer une jeune fille qui est dans cette zone grise qu’est la déradicalisation, quand on sait comment elles rejettent, parfois violemment à ce stade de leur vie, tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à la presse, aux médias, au cinéma, au divertissement…

Qu’avez-vous découvert en rencontrant tous ces jeunes gens et notamment les filles ?

Comme beaucoup, je supposais que l’embrigadement se concentrait dans les quartiers, et concernait majoritairement des familles musulmanes. Je croyais - croyance largement partagée - qu’il fallait être très exclu ou très fragile, pour éprouver la tentation de rejoindre Daech. Ces profils existent mais ils sont loin de représenter la majorité. En France, plus de la moitié des jeunes filles embrigadées sont des converties, issues de la classe moyenne, voire supérieure. Des enfants qui ont été entourés, choyés, mais qui vivent en même temps dans une société qui a beaucoup de mal à faire de la place à la jeunesse et à leurs rêves. Quelles sont les utopies qui nous meuvent, aujourd’hui ? A quoi peut-on encore adhérer ?

Précisément, comment la jeune adulte partie rejoindre Daech et qui en est revenue, vous a-t-elle aidée ?
Elle-même était passée par tout le processus de radicalisation, et avait vécu le moment où la religion devient fanatisme. Je ne peux pas en dire plus car il ne faut pas qu’elle soit reconnaissable. Elle a travaillé avec nous sur le film, sur toutes sortes de détails centraux qui vont du vocabulaire utilisé dans les conversations "séduction" d'intimidation, de harcèlement, mais aussi la gestuelle, aux vêtements ou tenues appropriées lorsqu’on est dans la dissimulation ou dans la radicalisation. C’était très précieux.
Elle m’a aidée pour certains dialogues, mais aussi pour cerner la justesse des attitudes et des comportements. C’est elle par exemple qui m’a parlé des ablutions avec une pierre et que j’ai mis dans une séquence du film.
LE CIEL ATTENDRA de Marie-Castille Mention-SchaarQuand elle était dans les prisons de Daech, elle n’avait pas d’eau. Un gardien lui avait donné une petite pierre qui est autorisée à remplacer l’eau dans les situations extrêmes.
Il lui est arrivé de me dire en quoi un dialogue dans une scène ne lui semblait pas juste. Elle a aidé Naomi Amarger et Noémie Merlant, mes deux jeunes actrices, à apprendre des prières, des incantations. Nous avons eu de très longues conversations passionnantes sur la foi. Sur la place de la foi, de Dieu dans sa vie. J’en ai nourri mes comédiennes comme elle l’a fait aussi avec elles.

Qu’est-ce qui vous a frappé dans tous les témoignages que vous avez recueillis avant le tournage ?
La sincérité de ces jeunes filles. Leur intelligence. Leur malaise. Le décalage qu’il y avait entre mes idées préconçues et la réalité. Elles sont sincères quand elles tombent amoureuses de cet « idéal » d’amour. Celui où on les met sur un piédestal. Un amour « pur », « vierge ».
Elles sont sincères quand elles veulent « sauver le monde », sauver les enfants qui sont abandonnés par le monde occidental. Elles sont émouvantes dans leurs aveux de faiblesse et dans leur souffrance. Elles s’en veulent souvent d’avoir été aussi naïves. Elles s’en veulent d’être tombées amoureuses d’un fantasme. Le chemin de la déradicalisation n’est pas linéaire. Il y a des allers et retours. Elles arrivent à une séance du « club des rescapées » en jean et t-shirt, les cheveux détachés, maquillées. Et puis un mois plus tard elles sont à nouveau en jilbab. Et là où elles étaient apaisées, elles deviennent hystériques. Les sables sont mouvants. J’essayais de capter leurs contradictions, leur difficulté à « rLE CIEL ATTENDRA de Marie-Castille Mention-Schaarevenir », leur besoin de s’accrocher à leur foi et la violence que cela peut engendrer dans les rapports avec leurs parents qui ne veulent plus entendre parler de religion, de Dieu.
J’ai mis dans le film cette séquence qu’une jeune fille du CPDSI avait racontée. Celle où son père en était venu à dégonder la porte de la salle de bains car il ne voulait pas qu’elle puisse y faire ses ablutions et ses prières. Cette privation d’intimité était très violente pour elle. En même temps, comment ne pas comprendre la position de ce père qui vit un véritable cauchemar.
Le film parle de ce moment tellement fragile qu’est l’adolescence, où l’on a soif de pureté et d’engagement, et où l’on passe si violemment d’un extrême à l’autre, de l’exaltation à la dépression. On est contre les profs, les parents, contre ce qui représente l’autorité. On conteste l’organisation de la société et sa fondamentale injustice.
Ce n’est pas pour rien que les rabatteurs ciblent les adolescentes. C’est à cet âge-là qu’elles ont soif d’idéal le plus souvent.
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