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Mercredi cinéma : " La source des femmes" de Radu Mihaileanu avec Leila Bekhti et Hafsia Herzi.

Publié le : 02-11-2011

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

La source des femmes de Radu MihaileanuZoom nouveauté : " La source des femmes" de Radu Mihaileanu

L'histoire
Cela se passe de nos jours dans un petit village, quelque part entre l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Les femmes vont chercher l'eau à la source, en haut de la montagne, sous un soleil de plomb, et ce depuis la nuit des temps. Leila, jeune mariée, propose aux femmes de faire la grève de l'amour : plus de câlins, plus de sexe tant que les hommes n’apportent pas l’eau au village.
Un film de Radu Mihaileanu avec Leila Bekhti, Hafsia Herzi...

 

Bonus : propos de Radu Mihaileanu, réalisateur du film.

Comment ce projet est-il né ?
Tout a commencé avec un fait divers qui s'est déroulé en Turquie en 2001: dans un petit village traditionnel, les femmes, depuis la nuit des temps, allaient tous les jours chercher l'eau à la source, située au sommet d'une montagne voisine, et rapportaient des seaux remplis qui meurtrissaient leurs épaules. Suite à une série d'accidents, les femmes ont décidé de rompre la fatalité et d'entamer une grève de l'amour tant que les hommes ne raccordaient pas l'eau au village. Au départ, les hommes n'ont pas pris les femmes au sérieux, puis c’est devenu violent. Les femmes ont tenu bon. L'affaire a fini par être réglée par le gouvernement. De manière plus métaphorique, je me suis aussi replongé dans "Lysistrata" d'Aristophane, où une femme déclenche la grève de l'amour pour mettre fin à la guerre, face à l'indifférence des hommes. Ce sujet me semblait rempli d’interrogations très contemporaines.

La source des femmes de Radu MihaileanuVous n'avez jamais hésité à vous attaquer à un sujet pareil ?
Pendant longtemps, en tant qu'homme, juif, Français, je ne me suis pas senti légitime pour parler d'une culture que je connaissais peu, d'autant que je sentais qu'il fallait aborder ce sujet de l'intérieur. Mais j'étais convaincu dès le départ que le film aurait plus de force dans un contexte musulman : cela nous permettait d'évoquer le Coran et l'islam, souvent mal connus, et objets de tous les clichés et fantasmes. J'ai donc cherché d’abord une réalisatrice d'origine arabe pour apporter un éclairage plus juste au projet. Comme je n'en ai pas trouvé, et que j'ai fini par m'approprier le sujet, je me suis laissé convaincre par mes coproducteurs de le réaliser moi-même. Mais j'ai aussitôt posé deux conditions. D'abord, je tenais à disposer d'une période de documentation me permettant entre autres d'aller dans des villages pour rencontrer les femmes qui y vivent : je voulais prendre le temps de pénétrer dans l'intimité de cette culture pour en cerner toutes les nuances et les points de vue. Ensuite, il me semblait impératif de tourner le film en arabe, non seulement par souci d'authenticité et de sonorité, mais aussi pour que les personnages ne parlent pas la langue du colonisateur. Il fallait que, moi aussi, j'adopte le point de vue de cette culture et que j’essaie de parler de cette voix-là.

Quelles recherches avez-vous menées ?
Avec Alain-Michel Blanc, mon coscénariste, nous avons d'abord lu beaucoup de témoignages de femmes arabes, de livres de sociologie et d'ouvrages sur l'islam. On a aussi rencontré des spécialistes du monde arabe, comme Malek Chebel, Soumaya Naamane Guessous, qui ont réfléchi à la condition des femmes. Puis, nous sommes partis interroger des femmes de villages semblables au nôtre : elles nous ont raconté des tas d'anecdotes qui, parfois, ont trouvé leur place dans le scénario. Nous avons noué de vraies amitiés, découvert des puits de richesse. Ce voyage nous a beaucoup aidés à nous glisser petit à petit dans leur subjectivité et à quitter un peu nos esprits occidentaux. C’est peut-être là le plus bel aspect de mon métier. Au gré de nos recherches, on a appris, par exemple, que les femmes, y compris dans des villages très enclavés, ont accès – de manière souvent embryonnaire – aux nouvelles technologies et sont donc au contact d'autres manières de vivre, sans pour autant nier leurs traditions.
Ce croisement de civilisations se retrouve dans le film. Comme "La Source des femmes" a la forme d'un conte oriental contemporain, non situé dans un lieu spécifique, on s'est également documenté sur une grande variété de pays musulmans pour en repérer les points communs, notamment sur la question des femmes et de leurs rapports à l'homme, aux enfants, aux parents, à la belle-mère, à l’amour, au travail, aux célébrations, à la musique, etc.

La source des femmes de Radu MihaileanuComment les personnages se sont-ils esquissés ?
Plusieurs des femmes du film m'ont été inspirées par les habitantes du village où j'ai vécu avant d'y tourner. Dans la maison où j'habitais, il y avait un couple assez similaire au couple Leila/Sami : lui était guide pour les touristes et avait épousé par amour une femme extérieure au village, qui se faisait souvent appeler "l'étrangère", comme dans le film. C'était donc un homme ouvert d'esprit qui ne s'était pas plié à la tradition du mariage arrangé.
C'est peut-être aussi son statut d'étrangère qui permet plus facilement à Leila de déclencher la grève. Comme elle a vécu l'exil et qu'elle a su réunir deux cultures – la culture du désert, puisqu'elle vient du sud, et la culture de la montagne –, Leila est plus libre que les autres. Plus libre aussi parce qu'elle a été agressée : elle n'a plus rien à perdre et son indignation la pousse à partir au combat. Il était donc logique qu'elle soit à la tête du mouvement de révolte des femmes. Et c'est aussi parce qu'elle se sent protégée par l'amour de son mari.

Vieux Fusil est un personnage extraordinaire.
C'est aussi quelqu'un qu'on a rencontré. Souvent, les femmes d'âge mûr, dans les villages, acquièrent une notoriété considérable et, lorsqu'elles deviennent veuves, n'ont plus personne chez elles pour les dominer. Et le "Vieux Fusil" que nous avons rencontré accompagnait les événements marquants du village par des chants qui stigmatisaient les travers des hommes de manière métaphorique. Elle incarnait une sorte de "juge de paix" : il lui était arrivé de dénoncer des hommes infidèles ou qui battaient leurs femmes. On s'est donc dit que Leila, seule, ne pourrait pas obtenir satisfaction et qu'il lui fallait un appui pour l'épauler.

La source des femmes de Radu MihaileanuEt les autres femmes qui entourent Leila ?
Elles constituaient ce qu'on a longtemps appelé le "comité central" de la grève, autrement dit les femmes les plus combatives qui, par ailleurs, étaient amies. J'ai découvert à cette occasion qu'elles sont souvent très drôles et qu'elles tournent en dérision les questions sexuelles – toujours de manière métaphorique. Comme ces femmes sont souvent en manque d'affection, elles le comblent à travers les séries mexicaines et égyptiennes qui dégoulinent de sentimentalisme et dont elles retiennent quelques répliques, comme "Te quiero" qu'Esméralda répète constamment dans le film !

Chez les personnages masculins, aucun n'est entièrement condamnable.
Non, parce que, d'une certaine manière, ce sont tous des victimes. Ni Alain-Michel, ni moi n'aimons écrire des personnages intégralement positifs ou négatifs. On se dit qu'ils sont tous le produit de plusieurs facteurs et qu'ils ont tous une subjectivité qui peut leur donner raison. Même le frère de Sami n'est pas une brute épaisse : on comprend qu'après avoir souffert d'un tel manque d'amour, il était logique qu'il devienne comme ça. Tout comme le fils du Vieux Fusil est devenu islamiste parce qu'il est victime de conditions économiques épouvantables et de la crainte de "perdre la face", incapable d’envoyer de l’argent à la famille.

Au fond, le film est une ode à l'amour.
Je ne sais pas faire des films "contre." Malgré les tragédies et les barbaries qui nous environnent, je préfère m'attacher à la beauté de la vie, tout en abordant des problèmes majeurs. C'est donc un film "pour." Pour la beauté de la femme et pour la beauté de l'amour – mais un amour qui puisse s'affirmer librement, sous peine de mettre le couple en danger. C'est dans ces circonstances, lorsque l'amour est poussé dans ses retranchements, qu'on voit ceux qui sont capables de générosité. Ce film est un cri d'amour de certaines femmes qui disent aux hommes : "Aimez-nous et regardez nous." Car l'amour commence par le regard. (...)

La source des femmes de Radu MihaileanuLe film a des résonances étonnantes avec les révolutions actuelles qui secouent le monde arabe.
Suite à plusieurs voyages dans des pays du Maghreb, j'avais remarqué que les femmes avaient de plus en plus accès à l'éducation et que donc, forcément, elles seraient amenées à occuper des postes administratifs et à responsabilité dans des entreprises. Du coup, progressivement, grâce à leurs diplômes, les femmes commenceraient à avoir une place prépondérante dans l'élite des sociétés arabes.
Par ailleurs, en lisant des livres sur le dialogue entre modernité technologique et civilisation arabe, il me semblait inévitable qu'à un moment donné les femmes revendiquent de plus en plus de droits et l'assouplissement de leur condition.
Ce qui n'est en rien contradictoire avec les préceptes du Coran.
Je me disais donc que lorsque les révolutions arabes se produiraient – ce qui était inévitable à court ou moyen terme – elles ne pourraient pas advenir sans la participation des femmes. Car le moment est sans doute venu pour que les femmes mènent de vraies révolutions, non violentes, puisque l'homme n'est plus capable de non violence et de cette lucidité-là. En travaillant sur ce film, c'est le pari que j'ai fait.
Aujourd'hui, je suis avec beaucoup d'intérêt ces formidables révolutions du "printemps arabe", mais il faut se poser la question de savoir quelles révolutions impliquent les femmes, et quelles révolutions ne les impliquent pas : ces révolutions vont-elles jusqu'à l'intimité – la sphère domestique – et jusqu'à l'école –la sphère éducative ? Lorsque ces deux révolutions seront accomplies – à la maison et sur les bancs de l'école –, on aboutira à la véritable égalité démocratique entre hommes et femmes. Et à une vraie chance pour la démocratie. C'est en tout cas ce qui se passe en Tunisie et qui est très porteur d'espoir.
(extrait dossier de presse)

 

Autres films toujours à l'affiche :

"L'exercice de l'Etat" de Pierre Schoeller
"Polisse" de Maïwenn
 "The artist" de Michel Hazanavicius
"Le skylab" de Julie Delpy
"Un heureux événement" de Rémy Bezançon
"L'apollonide" de René Bonello
"Et maintenant on va où ?" de Nadine Labaki
"Habemus papam" de Nanni Moretti

Je souhaite que, vous aussi, vous partagiez vos émotions et vos coups de cœur ciné. Envoyez vos critiques de films par mail (contact@journaldefrancois.fr ). Elles seront publiées dans le Journal !
Mercredi cinéma, c’est votre rendez-vous !

 

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Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

La source des femmes de Radu MihaileanuZoom nouveauté : " La source des femmes" de Radu Mihaileanu

L'histoire
Cela se passe de nos jours dans un petit village, quelque part entre l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Les femmes vont chercher l'eau à la source, en haut de la montagne, sous un soleil de plomb, et ce depuis la nuit des temps. Leila, jeune mariée, propose aux femmes de faire la grève de l'amour : plus de câlins, plus de sexe tant que les hommes n’apportent pas l’eau au village.
Un film de Radu Mihaileanu avec Leila Bekhti, Hafsia Herzi...

 

Bonus : propos de Radu Mihaileanu, réalisateur du film.

Comment ce projet est-il né ?
Tout a commencé avec un fait divers qui s'est déroulé en Turquie en 2001: dans un petit village traditionnel, les femmes, depuis la nuit des temps, allaient tous les jours chercher l'eau à la source, située au sommet d'une montagne voisine, et rapportaient des seaux remplis qui meurtrissaient leurs épaules. Suite à une série d'accidents, les femmes ont décidé de rompre la fatalité et d'entamer une grève de l'amour tant que les hommes ne raccordaient pas l'eau au village. Au départ, les hommes n'ont pas pris les femmes au sérieux, puis c’est devenu violent. Les femmes ont tenu bon. L'affaire a fini par être réglée par le gouvernement. De manière plus métaphorique, je me suis aussi replongé dans "Lysistrata" d'Aristophane, où une femme déclenche la grève de l'amour pour mettre fin à la guerre, face à l'indifférence des hommes. Ce sujet me semblait rempli d’interrogations très contemporaines.

La source des femmes de Radu MihaileanuVous n'avez jamais hésité à vous attaquer à un sujet pareil ?
Pendant longtemps, en tant qu'homme, juif, Français, je ne me suis pas senti légitime pour parler d'une culture que je connaissais peu, d'autant que je sentais qu'il fallait aborder ce sujet de l'intérieur. Mais j'étais convaincu dès le départ que le film aurait plus de force dans un contexte musulman : cela nous permettait d'évoquer le Coran et l'islam, souvent mal connus, et objets de tous les clichés et fantasmes. J'ai donc cherché d’abord une réalisatrice d'origine arabe pour apporter un éclairage plus juste au projet. Comme je n'en ai pas trouvé, et que j'ai fini par m'approprier le sujet, je me suis laissé convaincre par mes coproducteurs de le réaliser moi-même. Mais j'ai aussitôt posé deux conditions. D'abord, je tenais à disposer d'une période de documentation me permettant entre autres d'aller dans des villages pour rencontrer les femmes qui y vivent : je voulais prendre le temps de pénétrer dans l'intimité de cette culture pour en cerner toutes les nuances et les points de vue. Ensuite, il me semblait impératif de tourner le film en arabe, non seulement par souci d'authenticité et de sonorité, mais aussi pour que les personnages ne parlent pas la langue du colonisateur. Il fallait que, moi aussi, j'adopte le point de vue de cette culture et que j’essaie de parler de cette voix-là.

Quelles recherches avez-vous menées ?
Avec Alain-Michel Blanc, mon coscénariste, nous avons d'abord lu beaucoup de témoignages de femmes arabes, de livres de sociologie et d'ouvrages sur l'islam. On a aussi rencontré des spécialistes du monde arabe, comme Malek Chebel, Soumaya Naamane Guessous, qui ont réfléchi à la condition des femmes. Puis, nous sommes partis interroger des femmes de villages semblables au nôtre : elles nous ont raconté des tas d'anecdotes qui, parfois, ont trouvé leur place dans le scénario. Nous avons noué de vraies amitiés, découvert des puits de richesse. Ce voyage nous a beaucoup aidés à nous glisser petit à petit dans leur subjectivité et à quitter un peu nos esprits occidentaux. C’est peut-être là le plus bel aspect de mon métier. Au gré de nos recherches, on a appris, par exemple, que les femmes, y compris dans des villages très enclavés, ont accès – de manière souvent embryonnaire – aux nouvelles technologies et sont donc au contact d'autres manières de vivre, sans pour autant nier leurs traditions.
Ce croisement de civilisations se retrouve dans le film. Comme "La Source des femmes" a la forme d'un conte oriental contemporain, non situé dans un lieu spécifique, on s'est également documenté sur une grande variété de pays musulmans pour en repérer les points communs, notamment sur la question des femmes et de leurs rapports à l'homme, aux enfants, aux parents, à la belle-mère, à l’amour, au travail, aux célébrations, à la musique, etc.

La source des femmes de Radu MihaileanuComment les personnages se sont-ils esquissés ?
Plusieurs des femmes du film m'ont été inspirées par les habitantes du village où j'ai vécu avant d'y tourner. Dans la maison où j'habitais, il y avait un couple assez similaire au couple Leila/Sami : lui était guide pour les touristes et avait épousé par amour une femme extérieure au village, qui se faisait souvent appeler "l'étrangère", comme dans le film. C'était donc un homme ouvert d'esprit qui ne s'était pas plié à la tradition du mariage arrangé.
C'est peut-être aussi son statut d'étrangère qui permet plus facilement à Leila de déclencher la grève. Comme elle a vécu l'exil et qu'elle a su réunir deux cultures – la culture du désert, puisqu'elle vient du sud, et la culture de la montagne –, Leila est plus libre que les autres. Plus libre aussi parce qu'elle a été agressée : elle n'a plus rien à perdre et son indignation la pousse à partir au combat. Il était donc logique qu'elle soit à la tête du mouvement de révolte des femmes. Et c'est aussi parce qu'elle se sent protégée par l'amour de son mari.

Vieux Fusil est un personnage extraordinaire.
C'est aussi quelqu'un qu'on a rencontré. Souvent, les femmes d'âge mûr, dans les villages, acquièrent une notoriété considérable et, lorsqu'elles deviennent veuves, n'ont plus personne chez elles pour les dominer. Et le "Vieux Fusil" que nous avons rencontré accompagnait les événements marquants du village par des chants qui stigmatisaient les travers des hommes de manière métaphorique. Elle incarnait une sorte de "juge de paix" : il lui était arrivé de dénoncer des hommes infidèles ou qui battaient leurs femmes. On s'est donc dit que Leila, seule, ne pourrait pas obtenir satisfaction et qu'il lui fallait un appui pour l'épauler.

La source des femmes de Radu MihaileanuEt les autres femmes qui entourent Leila ?
Elles constituaient ce qu'on a longtemps appelé le "comité central" de la grève, autrement dit les femmes les plus combatives qui, par ailleurs, étaient amies. J'ai découvert à cette occasion qu'elles sont souvent très drôles et qu'elles tournent en dérision les questions sexuelles – toujours de manière métaphorique. Comme ces femmes sont souvent en manque d'affection, elles le comblent à travers les séries mexicaines et égyptiennes qui dégoulinent de sentimentalisme et dont elles retiennent quelques répliques, comme "Te quiero" qu'Esméralda répète constamment dans le film !

Chez les personnages masculins, aucun n'est entièrement condamnable.
Non, parce que, d'une certaine manière, ce sont tous des victimes. Ni Alain-Michel, ni moi n'aimons écrire des personnages intégralement positifs ou négatifs. On se dit qu'ils sont tous le produit de plusieurs facteurs et qu'ils ont tous une subjectivité qui peut leur donner raison. Même le frère de Sami n'est pas une brute épaisse : on comprend qu'après avoir souffert d'un tel manque d'amour, il était logique qu'il devienne comme ça. Tout comme le fils du Vieux Fusil est devenu islamiste parce qu'il est victime de conditions économiques épouvantables et de la crainte de "perdre la face", incapable d’envoyer de l’argent à la famille.

Au fond, le film est une ode à l'amour.
Je ne sais pas faire des films "contre." Malgré les tragédies et les barbaries qui nous environnent, je préfère m'attacher à la beauté de la vie, tout en abordant des problèmes majeurs. C'est donc un film "pour." Pour la beauté de la femme et pour la beauté de l'amour – mais un amour qui puisse s'affirmer librement, sous peine de mettre le couple en danger. C'est dans ces circonstances, lorsque l'amour est poussé dans ses retranchements, qu'on voit ceux qui sont capables de générosité. Ce film est un cri d'amour de certaines femmes qui disent aux hommes : "Aimez-nous et regardez nous." Car l'amour commence par le regard. (...)

La source des femmes de Radu MihaileanuLe film a des résonances étonnantes avec les révolutions actuelles qui secouent le monde arabe.
Suite à plusieurs voyages dans des pays du Maghreb, j'avais remarqué que les femmes avaient de plus en plus accès à l'éducation et que donc, forcément, elles seraient amenées à occuper des postes administratifs et à responsabilité dans des entreprises. Du coup, progressivement, grâce à leurs diplômes, les femmes commenceraient à avoir une place prépondérante dans l'élite des sociétés arabes.
Par ailleurs, en lisant des livres sur le dialogue entre modernité technologique et civilisation arabe, il me semblait inévitable qu'à un moment donné les femmes revendiquent de plus en plus de droits et l'assouplissement de leur condition.
Ce qui n'est en rien contradictoire avec les préceptes du Coran.
Je me disais donc que lorsque les révolutions arabes se produiraient – ce qui était inévitable à court ou moyen terme – elles ne pourraient pas advenir sans la participation des femmes. Car le moment est sans doute venu pour que les femmes mènent de vraies révolutions, non violentes, puisque l'homme n'est plus capable de non violence et de cette lucidité-là. En travaillant sur ce film, c'est le pari que j'ai fait.
Aujourd'hui, je suis avec beaucoup d'intérêt ces formidables révolutions du "printemps arabe", mais il faut se poser la question de savoir quelles révolutions impliquent les femmes, et quelles révolutions ne les impliquent pas : ces révolutions vont-elles jusqu'à l'intimité – la sphère domestique – et jusqu'à l'école –la sphère éducative ? Lorsque ces deux révolutions seront accomplies – à la maison et sur les bancs de l'école –, on aboutira à la véritable égalité démocratique entre hommes et femmes. Et à une vraie chance pour la démocratie. C'est en tout cas ce qui se passe en Tunisie et qui est très porteur d'espoir.
(extrait dossier de presse)

 

Autres films toujours à l'affiche :

"L'exercice de l'Etat" de Pierre Schoeller
"Polisse" de Maïwenn
 "The artist" de Michel Hazanavicius
"Le skylab" de Julie Delpy
"Un heureux événement" de Rémy Bezançon
"L'apollonide" de René Bonello
"Et maintenant on va où ?" de Nadine Labaki
"Habemus papam" de Nanni Moretti

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