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Mercredi cinéma : "L'hermine" de Christian Vincent avec Fabrice Luchini et Sidse Babett Knudsen.

Publié le : 18-11-2015

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi)
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

L'HERMINE de Christian VincentZoom nouveauté : "L'hermine" de Christian Vincent

L'histoire
Michel Racine est un Président de Cour d’Assises redouté. Aussi dur avec lui qu’avec les autres, on l’appelle « le Président à deux chiffres ». Avec lui, on en prend toujours pour plus de dix ans.
Tout bascule le jour où Racine retrouve Ditte Lorensen-Coteret. Elle fait partie du jury qui va devoir juger un homme accusé d’homicide. Six ans auparavant, Racine a aimé cette femme. Presque en secret. Peut-être la seule femme qu’il ait jamais aimée.
Un film de Christian Vincent avec Fabrice Luchini, Sidse Babett Knudsen, Eva Lallier…

 

Propos de Christian Vincent, scénariste et réalisateur du film

Comment est né le projet de "L'Hermine" ?
D’une envie partagée par mon producteur Matthieu Tarot et moi, de retrouver Fabrice Luchini 25 ans après "La discrète". Restait à trouver un personnage et une histoire. En discutant avec Matthieu – un passionné du monde judiciaire – nous avons imaginé Fabrice en Président de Cour d’Assises. Je pensais qu’il porterait assez bien la robe rouge et le col d’hermine. Comme je ne connaissais rien à L'HERMINE de Christian Vincentl’univers de la justice, j’ai commencé par assister à un procès d’assises. Là, je découvre qu’une salle d’audience, c’est un peu un théâtre, avec son public, ses acteurs, sa dramaturgie et ses coulisses. C’est un ordre réglé qui ne demande qu’à être bousculé. Mais c’est avant tout un lieu de parole, fondé essentiellement sur l’oralité des débats. Un lieu où certains maîtrisent le langage, là ou d’autres, parfois, ne comprennent même pas les questions qu’on leur pose. Il y a tout dans un procès d’assises. Il y a de la détresse humaine, des envolées lyriques, des moments d’ennui, des plongées dans l’intime, des camps qui s’affrontent, des gens qui mentent, des vérités qui s’opposent et beaucoup de questions qui restent sans réponse. Au bout de l’audience, parfois, il arrive que la vérité triomphe. Mais pas toujours. Le plus souvent, on ne sait pas.

Par quel biais avez-vous abordé l’écriture du scénario ?
J’ai commencé en me rendant au tribunal de Bobigny. Quatre jeunes hommes étaient accusés de viol en réunion dans un local poubelle. Malgré le huis clos, avec l’accord des parties, j’ai pu assister au procès « côté cour », comme n’importe quel élève magistrat. A chaque suspension de séance, j’accompagnais le Président, Olivier Leurent, ses deux juges assesseurs, sa greffière et les neuf jurés dans ce que l’on peut appeler les coulisses.
J’ai vu les jurés poser des questions aux magistrats, faire connaissance les uns avec les autres, parler entre eux de ce qu’ils avaient entendu. J’ai vu des L'HERMINE de Christian Vincentmagistrats attentifs à leurs demandes, répondant à chacune de leurs questions, tout cela pendant cinq jours… Et puis j’ai immédiatement renouvelé l’expérience, à la Cour d’Assises de Paris cette fois-ci. Un jeune homme était accusé d’avoir égorgé son amant. A partir de là, je pouvais commencer à écrire. J’avais les éléments qui me permettaient de le faire. Pour que le film soit juste, il fallait que la partie documentaire le soit.

Restait l’histoire…

L’histoire est venue simplement, naturellement, de la personnalité du magistrat. J’imaginais un Président de Cour d’Assises proche de la retraite. Un homme respecté et craint au Palais de Justice, mais méprisé et ignoré à son domicile. Chez lui, à l’exception de son chien, on lui témoigne assez peu d’égards, alors qu’au tribunal on lui donne du Monsieur le Président. J’imaginais donc un homme amer, peu enclin à la jouissance. Un homme qui, une seule fois dans sa vie, était tombé amoureux d’une femme. C’était cinq ou six ans auparavant. Un accident l’avait plongé dans le coma. En se réveillant, un visage de femme était penché sur lui. Ça avait été une illumination. Or, voici que cette femme réapparaît dans sa vie. Elle est jurée d’un procès dont il va diriger les débats. Il va devoir vivre à ses côtés pendant quelques jours… L’histoire était trouvée.

Comment avez-vous construit le personnage de Ditte ?
En opposition au personnage de Racine. Racine, c’est la nuit, c’est la part sombre de chacun d’entre nous, alors que Ditte, c’est la lumière. Racine punit quand Ditte ramène à la vie. En écrivant ce personnage, j’avais un personnage de film en tête, celui de Christine – interprété par Nora Gregor – dans "La règle du jeu" de Jean Renoir. Un aviateur tombe éperdument amoureux d’elle parce qu’elle a simplement été aimable avec lui. « Alors en France, on n’a pas le droit d’être simplement aimable avec un homme ? » demande-t-elle à Octave, interprété par Jean Renoir. « Non, on n’a pas le droit. » répond-t-il. « Alors j’ai tous les torts. » conclut-elle.

L'HERMINE de Christian VincentPourquoi avoir choisi Sidse Babett Knudsen pour interpréter le rôle de Ditte ?
Pendant que j’écrivais le scénario, je n’avais aucune idée de l’actrice à qui je pourrais confier le rôle. Des noms tournaient dans ma tête, mais aucun ne me convainquait. De qui Michel Racine – Fabrice Luchini – aurait-il pu tomber amoureux quelques années auparavant ? Je séchais. Je ne voyais personne. A l’époque, Arte diffusait la saison 3 de "Borgen" et je ne manquais aucun des épisodes. J’adorais l’actrice. Je la trouvais à la fois sexy et virile. Elle me faisait penser aux héroïnes des films de John Ford. Et puis un jour de désœuvrement, je « tape » son nom sur Google. Un lien me renvoie à un entretien qu’elle donne à Arte. Je découvre alors qu’elle parle couramment français. Dans la minute, j’appelle mon producteur pour lui dire que j’ai trouvé l’actrice.

25 ans après "La discrète", comment se sont déroulées les retrouvailles avec Fabrice Luchini…
Fabrice savait que j’écrivais en pensant à lui. Une fois que Matthieu Tarot et moi avons estimé qu’on pouvait lui faire lire quelque chose, j’ai pris rendez-vous avec lui. Je me suis rendu dans son appartement du XVIII arrondissement de Paris. J’ai fait la connaissance de Shiba, sa petite chienne de 2 ans. Nous avons bu un café dans sa cuisine. Je me souviens que la discussion a tourné autour du marché de l’immobilier, des taux de crédit en vigueur et du quartier dans lequel il vit et qu’il n’a jamais quitté. Avant de partir, je lui ai remis le scénario de "L'hermine". Le lendemain, il appelait en disant qu’il faisait le film.

Il incarne son rôle de magistrat avec sobriété. L’avez-vous dirigé dans ce sens ?
Ça n’était pas nécessaire. Fabrice est un acteur aux antipodes de la méthode « actor’s studio » et de toutes les techniques qui prônent l’introspection, la L'HERMINE de Christian Vincentrecherche psychologique ou l’identification. Néanmoins, avant que nous ne commencions à tourner, il a voulu rencontrer le Président de Cour d’Assises qui m’avait accueilli à deux reprises. Un jour, il est donc venu au Palais de Justice de Paris pour assister à une demi-journée de procès. Il a vu la sobriété avec laquelle le Président dirigeait son procès. Pas un mot plus haut que l’autre.
Au bout d’une heure, il avait compris.

Comment s’est déroulé le tournage entre Fabrice et Sidse…

D’une manière atrocement normale, c’est à dire terriblement professionnelle. Ils venaient d’univers complètement différents. Et cela a aidé à leur entente, à leur complicité. Sidse n’avait jamais tourné en France. Elle observait notre manière de travailler avec étonnement, notre rythme de travail, nos pauses déjeuner, notre décontraction, notre apparente improvisation… Tout cela la décontenançait et l’amusait à la fois.

Qu’attendez-vous de vos comédiens ?
Je suis comme tout le monde. J’attends qu’ils arrivent à l’heure et qu’ils connaissent leur texte. (rires) J’écris toujours mes dialogues avec beaucoup de points de suspension… Parfois même, je ne termine pas mes phrases. En vérité, j’attends qu’ils me surprennent et j’essaie de réunir autour d’eux, les conditions de cette attente. La direction d’acteur, c’est un subtil mélange entre deux sentiments contradictoires. Il faut rassurer et déstabiliser à la fois.

Autour d’eux on trouve des seconds rôles au jeu très réaliste. Comment les avez-vous choisis ?
J’ai un truc… Moi qui dans la vie ne suis pas du tout physionomiste - limite agnosique - je choisis les acteurs sur leur physique. Je veux dire par là que je choisis systématiquement des acteurs ou des actrices qui ne se ressemblent pas. Ma hantise, c’est que l’on confonde un personnage avec un autre. Après ça, je choisis des gens normaux, ou si vous préférez, des acteurs qui ne font pas acteur. A tel point que quand je me promène dans la rue, que je sois en préparation d’un film ou pas, je croise toujours quantité de gens qui me donnent envie de les faire tourner…

Comment travaille-t-on les scènes qui confrontent un comédien confirmé à un amateur ?
L'HERMINE de Christian VincentJe travaille avec les non professionnels comme avec les enfants. Dix minutes avant de tourner, je leur donne des indications sur leur personnage, le contenu de la scène, ce qu’ils devront dire. Mais sans leur donner de texte à apprendre. Rien de pire que la récitation. Parfois le jeu est maladroit. Mais généralement on est récompensé.

Pourquoi avoir tourné les extérieurs dans le Nord ?
C’est plus fort que moi. Je reviens toujours dans le Nord. Je m’y sens bien. Je ne sais pas exactement à quoi cela tient. A un goût pour une certaine forme de mélancolie, peut-être… Et en même temps, dans le Nord, il y a une vraie drôlerie, une vraie gaieté qui n’a rien à voir avec l’affreuse bonhomie des gens du Sud.

Que représente ce film pour vous ?
Il y a encore assez peu de temps, quand on me demandait pourquoi je faisais des films, je répondais que c’était le métier qui m’offrait le meilleur emploi du temps possible… L’alternance entre les périodes d’écriture solitaire, l’excitation des tournages pendant lesquels il faut entraîner derrière soi une armée de collaborateurs, la remise en cause personnelle du montage… Des moments de doute, des moments d’euphorie. Aujourd’hui, quand on me demande pourquoi je filme, je réponds que c’est pour filmer mon pays, et cela dans la diversité des ses territoires, de ses langues et de ses cultures.
Si j’ai décidé de tourner dans un Palais de Justice, c’est pour cette raison là. Un procès d’assises, c’est un des rares endroits de la société où toutes les paroles se croisent, où toutes les cultures cohabitent et où toutes les classes sociales se frottent. Le contraire de l’entre soi.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi)
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

L'HERMINE de Christian VincentZoom nouveauté : "L'hermine" de Christian Vincent

L'histoire
Michel Racine est un Président de Cour d’Assises redouté. Aussi dur avec lui qu’avec les autres, on l’appelle « le Président à deux chiffres ». Avec lui, on en prend toujours pour plus de dix ans.
Tout bascule le jour où Racine retrouve Ditte Lorensen-Coteret. Elle fait partie du jury qui va devoir juger un homme accusé d’homicide. Six ans auparavant, Racine a aimé cette femme. Presque en secret. Peut-être la seule femme qu’il ait jamais aimée.
Un film de Christian Vincent avec Fabrice Luchini, Sidse Babett Knudsen, Eva Lallier…

 

Propos de Christian Vincent, scénariste et réalisateur du film

Comment est né le projet de "L'Hermine" ?
D’une envie partagée par mon producteur Matthieu Tarot et moi, de retrouver Fabrice Luchini 25 ans après "La discrète". Restait à trouver un personnage et une histoire. En discutant avec Matthieu – un passionné du monde judiciaire – nous avons imaginé Fabrice en Président de Cour d’Assises. Je pensais qu’il porterait assez bien la robe rouge et le col d’hermine. Comme je ne connaissais rien à L'HERMINE de Christian Vincentl’univers de la justice, j’ai commencé par assister à un procès d’assises. Là, je découvre qu’une salle d’audience, c’est un peu un théâtre, avec son public, ses acteurs, sa dramaturgie et ses coulisses. C’est un ordre réglé qui ne demande qu’à être bousculé. Mais c’est avant tout un lieu de parole, fondé essentiellement sur l’oralité des débats. Un lieu où certains maîtrisent le langage, là ou d’autres, parfois, ne comprennent même pas les questions qu’on leur pose. Il y a tout dans un procès d’assises. Il y a de la détresse humaine, des envolées lyriques, des moments d’ennui, des plongées dans l’intime, des camps qui s’affrontent, des gens qui mentent, des vérités qui s’opposent et beaucoup de questions qui restent sans réponse. Au bout de l’audience, parfois, il arrive que la vérité triomphe. Mais pas toujours. Le plus souvent, on ne sait pas.

Par quel biais avez-vous abordé l’écriture du scénario ?
J’ai commencé en me rendant au tribunal de Bobigny. Quatre jeunes hommes étaient accusés de viol en réunion dans un local poubelle. Malgré le huis clos, avec l’accord des parties, j’ai pu assister au procès « côté cour », comme n’importe quel élève magistrat. A chaque suspension de séance, j’accompagnais le Président, Olivier Leurent, ses deux juges assesseurs, sa greffière et les neuf jurés dans ce que l’on peut appeler les coulisses.
J’ai vu les jurés poser des questions aux magistrats, faire connaissance les uns avec les autres, parler entre eux de ce qu’ils avaient entendu. J’ai vu des L'HERMINE de Christian Vincentmagistrats attentifs à leurs demandes, répondant à chacune de leurs questions, tout cela pendant cinq jours… Et puis j’ai immédiatement renouvelé l’expérience, à la Cour d’Assises de Paris cette fois-ci. Un jeune homme était accusé d’avoir égorgé son amant. A partir de là, je pouvais commencer à écrire. J’avais les éléments qui me permettaient de le faire. Pour que le film soit juste, il fallait que la partie documentaire le soit.

Restait l’histoire…

L’histoire est venue simplement, naturellement, de la personnalité du magistrat. J’imaginais un Président de Cour d’Assises proche de la retraite. Un homme respecté et craint au Palais de Justice, mais méprisé et ignoré à son domicile. Chez lui, à l’exception de son chien, on lui témoigne assez peu d’égards, alors qu’au tribunal on lui donne du Monsieur le Président. J’imaginais donc un homme amer, peu enclin à la jouissance. Un homme qui, une seule fois dans sa vie, était tombé amoureux d’une femme. C’était cinq ou six ans auparavant. Un accident l’avait plongé dans le coma. En se réveillant, un visage de femme était penché sur lui. Ça avait été une illumination. Or, voici que cette femme réapparaît dans sa vie. Elle est jurée d’un procès dont il va diriger les débats. Il va devoir vivre à ses côtés pendant quelques jours… L’histoire était trouvée.

Comment avez-vous construit le personnage de Ditte ?
En opposition au personnage de Racine. Racine, c’est la nuit, c’est la part sombre de chacun d’entre nous, alors que Ditte, c’est la lumière. Racine punit quand Ditte ramène à la vie. En écrivant ce personnage, j’avais un personnage de film en tête, celui de Christine – interprété par Nora Gregor – dans "La règle du jeu" de Jean Renoir. Un aviateur tombe éperdument amoureux d’elle parce qu’elle a simplement été aimable avec lui. « Alors en France, on n’a pas le droit d’être simplement aimable avec un homme ? » demande-t-elle à Octave, interprété par Jean Renoir. « Non, on n’a pas le droit. » répond-t-il. « Alors j’ai tous les torts. » conclut-elle.

L'HERMINE de Christian VincentPourquoi avoir choisi Sidse Babett Knudsen pour interpréter le rôle de Ditte ?
Pendant que j’écrivais le scénario, je n’avais aucune idée de l’actrice à qui je pourrais confier le rôle. Des noms tournaient dans ma tête, mais aucun ne me convainquait. De qui Michel Racine – Fabrice Luchini – aurait-il pu tomber amoureux quelques années auparavant ? Je séchais. Je ne voyais personne. A l’époque, Arte diffusait la saison 3 de "Borgen" et je ne manquais aucun des épisodes. J’adorais l’actrice. Je la trouvais à la fois sexy et virile. Elle me faisait penser aux héroïnes des films de John Ford. Et puis un jour de désœuvrement, je « tape » son nom sur Google. Un lien me renvoie à un entretien qu’elle donne à Arte. Je découvre alors qu’elle parle couramment français. Dans la minute, j’appelle mon producteur pour lui dire que j’ai trouvé l’actrice.

25 ans après "La discrète", comment se sont déroulées les retrouvailles avec Fabrice Luchini…
Fabrice savait que j’écrivais en pensant à lui. Une fois que Matthieu Tarot et moi avons estimé qu’on pouvait lui faire lire quelque chose, j’ai pris rendez-vous avec lui. Je me suis rendu dans son appartement du XVIII arrondissement de Paris. J’ai fait la connaissance de Shiba, sa petite chienne de 2 ans. Nous avons bu un café dans sa cuisine. Je me souviens que la discussion a tourné autour du marché de l’immobilier, des taux de crédit en vigueur et du quartier dans lequel il vit et qu’il n’a jamais quitté. Avant de partir, je lui ai remis le scénario de "L'hermine". Le lendemain, il appelait en disant qu’il faisait le film.

Il incarne son rôle de magistrat avec sobriété. L’avez-vous dirigé dans ce sens ?
Ça n’était pas nécessaire. Fabrice est un acteur aux antipodes de la méthode « actor’s studio » et de toutes les techniques qui prônent l’introspection, la L'HERMINE de Christian Vincentrecherche psychologique ou l’identification. Néanmoins, avant que nous ne commencions à tourner, il a voulu rencontrer le Président de Cour d’Assises qui m’avait accueilli à deux reprises. Un jour, il est donc venu au Palais de Justice de Paris pour assister à une demi-journée de procès. Il a vu la sobriété avec laquelle le Président dirigeait son procès. Pas un mot plus haut que l’autre.
Au bout d’une heure, il avait compris.

Comment s’est déroulé le tournage entre Fabrice et Sidse…

D’une manière atrocement normale, c’est à dire terriblement professionnelle. Ils venaient d’univers complètement différents. Et cela a aidé à leur entente, à leur complicité. Sidse n’avait jamais tourné en France. Elle observait notre manière de travailler avec étonnement, notre rythme de travail, nos pauses déjeuner, notre décontraction, notre apparente improvisation… Tout cela la décontenançait et l’amusait à la fois.

Qu’attendez-vous de vos comédiens ?
Je suis comme tout le monde. J’attends qu’ils arrivent à l’heure et qu’ils connaissent leur texte. (rires) J’écris toujours mes dialogues avec beaucoup de points de suspension… Parfois même, je ne termine pas mes phrases. En vérité, j’attends qu’ils me surprennent et j’essaie de réunir autour d’eux, les conditions de cette attente. La direction d’acteur, c’est un subtil mélange entre deux sentiments contradictoires. Il faut rassurer et déstabiliser à la fois.

Autour d’eux on trouve des seconds rôles au jeu très réaliste. Comment les avez-vous choisis ?
J’ai un truc… Moi qui dans la vie ne suis pas du tout physionomiste - limite agnosique - je choisis les acteurs sur leur physique. Je veux dire par là que je choisis systématiquement des acteurs ou des actrices qui ne se ressemblent pas. Ma hantise, c’est que l’on confonde un personnage avec un autre. Après ça, je choisis des gens normaux, ou si vous préférez, des acteurs qui ne font pas acteur. A tel point que quand je me promène dans la rue, que je sois en préparation d’un film ou pas, je croise toujours quantité de gens qui me donnent envie de les faire tourner…

Comment travaille-t-on les scènes qui confrontent un comédien confirmé à un amateur ?
L'HERMINE de Christian VincentJe travaille avec les non professionnels comme avec les enfants. Dix minutes avant de tourner, je leur donne des indications sur leur personnage, le contenu de la scène, ce qu’ils devront dire. Mais sans leur donner de texte à apprendre. Rien de pire que la récitation. Parfois le jeu est maladroit. Mais généralement on est récompensé.

Pourquoi avoir tourné les extérieurs dans le Nord ?
C’est plus fort que moi. Je reviens toujours dans le Nord. Je m’y sens bien. Je ne sais pas exactement à quoi cela tient. A un goût pour une certaine forme de mélancolie, peut-être… Et en même temps, dans le Nord, il y a une vraie drôlerie, une vraie gaieté qui n’a rien à voir avec l’affreuse bonhomie des gens du Sud.

Que représente ce film pour vous ?
Il y a encore assez peu de temps, quand on me demandait pourquoi je faisais des films, je répondais que c’était le métier qui m’offrait le meilleur emploi du temps possible… L’alternance entre les périodes d’écriture solitaire, l’excitation des tournages pendant lesquels il faut entraîner derrière soi une armée de collaborateurs, la remise en cause personnelle du montage… Des moments de doute, des moments d’euphorie. Aujourd’hui, quand on me demande pourquoi je filme, je réponds que c’est pour filmer mon pays, et cela dans la diversité des ses territoires, de ses langues et de ses cultures.
Si j’ai décidé de tourner dans un Palais de Justice, c’est pour cette raison là. Un procès d’assises, c’est un des rares endroits de la société où toutes les paroles se croisent, où toutes les cultures cohabitent et où toutes les classes sociales se frottent. Le contraire de l’entre soi.
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