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Mercredi cinéma : "Five" de et avec Igor Gotesman et avec Pierre Niney.

Publié le : 30-03-2016

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi) 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

FIVE de Igor GotesmanZoom nouveauté : "Five" d'Igor Gotesman

L'histoire
Cinq amis d’enfance rêvent depuis toujours d’habiter en colocation. Lorsque l’occasion d’emménager ensemble se présente, Julia, Vadim, Nestor et Timothée n’hésitent pas une seule seconde, surtout quand Samuel se propose de payer la moitié du loyer !
A peine installés, Samuel se retrouve sur la paille mais décide de ne rien dire aux autres et d’assumer sa part en se mettant à vendre de l’herbe.
Mais n’est pas dealer qui veut et quand tout dégénère, Samuel n’a d’autre choix que de se tourner vers la seule famille qu’il lui reste : ses amis !
Un film de et avec Igor Gotesman et avec Pierre Niney, François Civil, Margot Bancilhon, Idrissa Hanrot.

 

Bonus : propos d'Igor Gotesman, réalisateur du film.

Comment en es-tu arrivé à écrire, réaliser et interpréter ton premier film, "Five" ?
A vrai dire c’était pas gagné ! J’ai commencé par faire des études de droit. Jusqu’au jour où je suis allé voir "Les Indestructibles". Ce dessin animé Pixar sur des super héros qu’on essaie de forcer à être normaux et dont la vraie nature revient au galop, a été un vrai déclic. Je me suis dit qu’il fallait que j’essaie d’être acteur pour ne pas me réveiller dans 6 ans dans la peau d’un avocat et passer la fFIVE de Igor Gotesmanin de ma vie à raser les murs devant les cinémas.
En passant mes premiers castings, je me suis vite rendu compte que j’avais plutôt un physique pour jouer les sidekick dans les comédies comme Jason Segel ou Chris Pratt, mais en même temps j’avais pas l’âge. On me voyait pour faire des vigiles, des gardes du corps, et en même temps, je n’avais pas vraiment la tête à ça avec ma fossette et ma tête de gentil. Alors j’ai eu envie d’écrire mes propres rôles. Et grâce à ça, je me suis rendu compte que ce que je voulais vraiment faire, c’était écrire et réaliser.

C’est à ce moment-là que tu as écrit ton court-métrage, qui contenait déjà en germe tout ton long-métrage ?
Oui. Je me suis dit qu’il fallait que je commence par écrire une histoire qui me ressemble, une histoire d’amitié. Je l’ai produit grâce à mon coloc, des potes, mes parents, mes grands-parents - à l’époque j’ai mis dans mon film tout l’argent que j’avais gagné en enchaînant les petits jobs, de croupier au cercle Wagram à voiturier, comme dans le film ! J’ai pu le tourner en 2010. Après quasiment un an de post-production, on a projeté le film au Gaumont Opéra en novembre 2011. J’ai alors rencontré plusieurs producteurs. François Kraus avait produit un des seuls films pour lequel j’avais été payé en tant qu’acteur ("Deux vies plus une", d’Idit
Cebula), et il s’était retrouvé par hasard à la projection de mon court, je me suis dit que c’était un signe et j’ai signé avec les Films Du Kiosque. Au début, la question, ce n’était pas « Comment développer le court en long ? » mais plutôt « T’as quoi d’autre en boutique ? » Et puis à un moment, ça s’est imposé tout seul : c’est cette histoire-là que je voulais raconter. Il restait à trouver le prétexte pour mettre à l’épreuve cette amitié.

C’est un film authentique sur l’amitié, la famille qu’on se choisit. Tu es du genre à avoir les mêmes amis depuis le CP ?
Oui, j’ai les mêmes potes depuis le primaire, le collège et le lycée. Depuis que j’ai 23 ans, je vis en coloc avec un copain rencontré en seconde. On file le parfait amour, on est un peu comme Chandler et Joey dans "Friends", une de mes références ! Un ami, c’est quelqu’un que tu choisis vraiment. Interrompre tes vacances parce qu’un pote ne va pas bien a une autre valeur que si c’était ton frère parce que tu n’es pas obligé de le faire.

FIVE de Igor GotesmanTu décris le film comme un « documentaire animalier sur les 25 ans »...

Je voulais qu’en voyant mon film les spectateurs découvrent l’univers d’une tribu avec ses codes, ses habitudes et son propre langage. C’est dans ce sens que je parle de mon film comme d’un documentaire animalier. Après, à 25 ans, il y a une sorte de ventre mou, tout le monde est à un moment différent de sa vie, certains travaillent déjà, d’autres changent d’orientation ou galèrent dans leur branche. Il n’y a pas de rites de passage qui m’auraient aidé à écrire une chronique, il n’y a pas le bac comme à 18 ans, alors il fallait que je trouve une problématique qui allait jouer comme un accélérateur de particules, d’où l’histoire du deal et de la drogue à écouler.
Ils ont leur propre langage, leur propre vocabulaire. Il y a des mots destinés à devenir cultes comme la « gênance » ou le « fiono »... Ça me ferait marrer qu’après le film, les gens reprennent ces expressions ! C’est impossible de retracer la genèse de chaque mot. La « gênance », j’ai l’impression de l’avoir inventé par exemple, mais comme François, Pierre et sûrement plein d’autres gens dans le monde ! On parle comme ça dans la vie, on ne sait jamais vraiment d’où ça sort, ça « surgit ».

Tu avais des références ou des contre-références en tête ?
J’ai toujours aimé l’humour cul-pipi-caca. Les vannes trash sont plutôt l’apanage du cinéma anglo-saxon. J’adore "SuperGrave" ou "En Cloque, mode d’emploi" et en général les productions Apatow. Même dans "Juno", il y avait une vraie liberté à faire parler une gamine de 14 ans comme un charretier. Coté français, bizarrement, une de mes grandes références est "La haine". Pour beaucoup ce film est d’abord un film social mais comme je l’ai vu très jeune, je l’ai d’abord perçu comme une comédie, et ça n’a jamais changé. Le rythme, l’écriture, la liberté des dialogues et la quotidienneté des situations de ce film m’ont depuis toujours beaucoup inspiré. "Le Péril jeune" ou "L’auberge espagnole" m’ont aussi marqué dans le genre film générationnel, et "La crise" a bercé mon enfance. Je ne comprenais rien au film mais je voyais bien à quel point l’écriture était ciselée.
Ce que j’aspire à éviter par-dessus tout, c’est le défaut des premiers longs où tu t’excuses de faire un film juste sur des potes, alors du coup, tu rajoutes artificiellement une histoire plus dramatique à côté et au final ça donne souvent l’effet d’un film qui veut être pour les 7 à 77 ans. Je n’y crois pas. C’est comme le menu terre mer, parfois ça marche, mais souvent c’est dégueulasse. Je préfère la jouer classique avec une bonne entrecôte ! Tout ça n’empêche évidemment pas de mettre de l’émotion dans le film, heureusement.

FIVE de Igor GotesmanQuels étaient tes partis pris de mise en scène ?
J’ai toujours déploré que certains cinéastes qui excellent dans l’art de la comédie oublient qu’ils font aussi du cinéma. Il fallait mettre de l’énergie pas seulement dans la vanne mais aussi à l’image. Je me suis battu pour tourner en scope avec des vrais objectifs anamorphiques. C’est plus compliqué car les objectifs étant moins lumineux, il faut plus éclairer et les scènes de nuit sont difficiles à gérer. Et puis je n’avais pas envie d’une caméra posée, je voulais des caméras mobiles. La scène où Sam et Tim prennent des ecstas par exemple, j’ai tenu à faire un plan séquence dans la cage d’escalier pour montrer qu’ils « montaient », dans tous les sens du terme. Il a fallu faire venir de Belgique une grue, une « tower cam », qui monte et tourne en même temps, c’était compliqué mais je suis content d’avoir insisté pour qu’on le fasse. Pour la lumière, je souhaitais une lumière suédoise. On a repeint l’appart en bleu et en gris pour que ça se marie bien avec le bois. J’ai fait construire le grand bar de la cuisine en bois en essayant de respecter le format du scope pour que ça donne une sorte de cadre dans le cadre. Sans avoir la prétention de réinventer le cinéma, c’était important pour moi de m’appliquer et d’être exigeant.

Comment as-tu rencontré François Civil qui est à la fois dans ton court et dans ton long ?
Pendant le casting du court ! Au début, sur photo, c’était pas du tout le profil que je recherchais pour jouer Timothée. Moi je voulais un grand blond bogosse mais qui l’ignore et se saborde. François faisait très jeune mais on s’est quand même rencontré ! Le jour du casting, il est arrivé avec un petit gilet de concertiste en satin, une chemise blanche et un catogan, c’était pas du tout le rôle ! Mais on s’est tout de suite super bien entendu et surtout il a fait des super essais. Très vite, on est devenu potes. François, c’est un petit mowgli, un enfant sauvage, il dégage une énergie incroyablement libre. Grâce à ça, j’ai appris qu’il ne faut jamais se braquer sur le physique d’un acteur avant de voir ce qu’il a à proposer pour le rôle. Il faut se laisser la chance d’être surpris je crois.

Tim, son personnage, a toujours deux trains de retard. C’est sans doute le plus attachant de la bande.
Ça a été un vrai plaisir d’écrire ce personnage après avoir rencontré François, qui induit une bienveillance naturelle. Je savais que je pouvais lui faire dire des répliques atroces qui choquaient sur le papier et qu’on lui pardonnerait tout. « Ça c’est de la mamelle, ça me donne envie de les presser, d’en extraire le lait. Je te concocte un fromage de femme avec ça, mais goûteux le truc » par exemple, si t’as pas le sourire de François derrière, c’est compliqué... Il est attachant car c’est le pote qu’on a tous eu, le mec à côté de la plaque qui n’a pas tous les codes mais qui est entier.

FIVE de Igor GotesmanA quel moment Pierre Niney est-il venu se greffer sur le film ?
Je l’ai rencontré quelques mois avant la sortie de "J’aime regarder les filles". Il y a eu un vrai coup de foudre amical. Il m’a proposé d’écrire sa shortcom pour Canal + Casting(s) avec lui et Ali (Marhyar) et de jouer le directeur de casting. On bossait bien ensemble et on est devenu de plus en plus amis. Que Pierre soit dans le film est devenu une évidence. Et puis il s’entendait très bien aussi avec François. Ils ont une énergie complémentaire, ils s’alimentent l’un l’autre. Ils trouvent ce qu’on appelle une « phase » et ils se challengent pour trouver la façon la plus drôle de demander l’heure à un sourd sans utiliser les mains par exemple, ça peut durer des heures... Ils sont inépuisables. Je pars souvent en vacances avec eux, quand je rentre à Paris, je suis lessivé !

Samuel, son personnage, est celui par qui les emmerdes arrivent. Le fils de bourge qui détourne l’argent de papa pour payer ses cours de comédie...
Oui. Au départ, je n’avais pas trop envie d’en faire un comédien en herbe parce que les films qui parlent de films ou d’acteurs, c’est parfois compliqué. Mais en même temps, Sam ment et se met en scène exactement comme un acteur donc ça faisait trop sens pour qu’on l’enlève. Ce qui fait tout partir en couille, c’est qu’il n’a plus les moyens de tenir sa promesse à ses amis et qu’il ne veut surtout pas les décevoir.

Pourquoi as-tu ajouté une fille à la bande par rapport à ton court ?
J’avais envie de rendre hommage aux filles que je connais, des filles qui ont plus de couilles que les garçons ! Julia est à la fois un garçon manqué et une nana jolie, pour moi c’est très sexy. J’ai beaucoup d’amies filles avec lesquelles il n’y a aucune ambiguïté, ça m’a permis de les approcher de près et de voir vraiment comment elles se comportent entre elles. En vrai j’aimerais beaucoup écrire un jour sur une bande de filles ! Après l’amitié fille/garçon parfois ça « bifurque » un peu mais c’est souvent de belles histoires… Dans le film, le fait qu’il y ait une fille dans la bande va provoquer plein de choses, c’était une embellie pour moi en tant que scénariste.

Comment as-tu trouvé ta Julia ?
Je cherchais une fille très désirable et en même temps, une fille dont tu sens qu’elle peut t’envoyer bouler comme un mec. Une nana capable de passer une soirée avec des types qui pètent et qui rotent, et qui s’en fout. Margot m’a renvoyé ça, elle peut paraitre froide, dure, donner l’impression d’être un bulldozer et une seconde plus tard, être fragile et tendre.

FIVE de Igor GotesmanVadim, ton personnage, c’est un peu celui qui donne le "la" dans la bande...
Je ne me suis pas forcément donné le beau rôle. Vadim, c’est peut-être le mec le plus rationnel, le plus angoissé et certainement pas le plus courageux. Il peut adorer un ami et en même temps, s’il le voit débarquer avec un cadavre dans le coffre, sa première réaction va être de flipper et de penser aux conséquences. Vadim représente ces potes qui en première intention, peuvent te dire « Tu t’es mis dans la merde tout seul donc démerde-toi ». Je voulais aussi parler de ça : c’est quoi un bon copain ? Jusqu’où on va pour un ami ?

Nestor, le bogosse queutard, est celui qui la ramène le moins.
Nestor m’a été inspiré par un pote franco-congolais. Un gars hyper timide, toujours nickel, qui avait un succès de fou. J’avais besoin d’un personnage moins bavard qui puisse exister physiquement et qui soit très beau. Observateur et ténébreux, Nestor c’est le genre de mec qui repart avec la meuf à qui tu fais des vannes depuis le début de la soirée, sans lui avoir dit un mot. Idrissa avait naturellement cette grâce, cette élégance, ce port de tête...
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi) 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

FIVE de Igor GotesmanZoom nouveauté : "Five" d'Igor Gotesman

L'histoire
Cinq amis d’enfance rêvent depuis toujours d’habiter en colocation. Lorsque l’occasion d’emménager ensemble se présente, Julia, Vadim, Nestor et Timothée n’hésitent pas une seule seconde, surtout quand Samuel se propose de payer la moitié du loyer !
A peine installés, Samuel se retrouve sur la paille mais décide de ne rien dire aux autres et d’assumer sa part en se mettant à vendre de l’herbe.
Mais n’est pas dealer qui veut et quand tout dégénère, Samuel n’a d’autre choix que de se tourner vers la seule famille qu’il lui reste : ses amis !
Un film de et avec Igor Gotesman et avec Pierre Niney, François Civil, Margot Bancilhon, Idrissa Hanrot.

 

Bonus : propos d'Igor Gotesman, réalisateur du film.

Comment en es-tu arrivé à écrire, réaliser et interpréter ton premier film, "Five" ?
A vrai dire c’était pas gagné ! J’ai commencé par faire des études de droit. Jusqu’au jour où je suis allé voir "Les Indestructibles". Ce dessin animé Pixar sur des super héros qu’on essaie de forcer à être normaux et dont la vraie nature revient au galop, a été un vrai déclic. Je me suis dit qu’il fallait que j’essaie d’être acteur pour ne pas me réveiller dans 6 ans dans la peau d’un avocat et passer la fFIVE de Igor Gotesmanin de ma vie à raser les murs devant les cinémas.
En passant mes premiers castings, je me suis vite rendu compte que j’avais plutôt un physique pour jouer les sidekick dans les comédies comme Jason Segel ou Chris Pratt, mais en même temps j’avais pas l’âge. On me voyait pour faire des vigiles, des gardes du corps, et en même temps, je n’avais pas vraiment la tête à ça avec ma fossette et ma tête de gentil. Alors j’ai eu envie d’écrire mes propres rôles. Et grâce à ça, je me suis rendu compte que ce que je voulais vraiment faire, c’était écrire et réaliser.

C’est à ce moment-là que tu as écrit ton court-métrage, qui contenait déjà en germe tout ton long-métrage ?
Oui. Je me suis dit qu’il fallait que je commence par écrire une histoire qui me ressemble, une histoire d’amitié. Je l’ai produit grâce à mon coloc, des potes, mes parents, mes grands-parents - à l’époque j’ai mis dans mon film tout l’argent que j’avais gagné en enchaînant les petits jobs, de croupier au cercle Wagram à voiturier, comme dans le film ! J’ai pu le tourner en 2010. Après quasiment un an de post-production, on a projeté le film au Gaumont Opéra en novembre 2011. J’ai alors rencontré plusieurs producteurs. François Kraus avait produit un des seuls films pour lequel j’avais été payé en tant qu’acteur ("Deux vies plus une", d’Idit
Cebula), et il s’était retrouvé par hasard à la projection de mon court, je me suis dit que c’était un signe et j’ai signé avec les Films Du Kiosque. Au début, la question, ce n’était pas « Comment développer le court en long ? » mais plutôt « T’as quoi d’autre en boutique ? » Et puis à un moment, ça s’est imposé tout seul : c’est cette histoire-là que je voulais raconter. Il restait à trouver le prétexte pour mettre à l’épreuve cette amitié.

C’est un film authentique sur l’amitié, la famille qu’on se choisit. Tu es du genre à avoir les mêmes amis depuis le CP ?
Oui, j’ai les mêmes potes depuis le primaire, le collège et le lycée. Depuis que j’ai 23 ans, je vis en coloc avec un copain rencontré en seconde. On file le parfait amour, on est un peu comme Chandler et Joey dans "Friends", une de mes références ! Un ami, c’est quelqu’un que tu choisis vraiment. Interrompre tes vacances parce qu’un pote ne va pas bien a une autre valeur que si c’était ton frère parce que tu n’es pas obligé de le faire.

FIVE de Igor GotesmanTu décris le film comme un « documentaire animalier sur les 25 ans »...

Je voulais qu’en voyant mon film les spectateurs découvrent l’univers d’une tribu avec ses codes, ses habitudes et son propre langage. C’est dans ce sens que je parle de mon film comme d’un documentaire animalier. Après, à 25 ans, il y a une sorte de ventre mou, tout le monde est à un moment différent de sa vie, certains travaillent déjà, d’autres changent d’orientation ou galèrent dans leur branche. Il n’y a pas de rites de passage qui m’auraient aidé à écrire une chronique, il n’y a pas le bac comme à 18 ans, alors il fallait que je trouve une problématique qui allait jouer comme un accélérateur de particules, d’où l’histoire du deal et de la drogue à écouler.
Ils ont leur propre langage, leur propre vocabulaire. Il y a des mots destinés à devenir cultes comme la « gênance » ou le « fiono »... Ça me ferait marrer qu’après le film, les gens reprennent ces expressions ! C’est impossible de retracer la genèse de chaque mot. La « gênance », j’ai l’impression de l’avoir inventé par exemple, mais comme François, Pierre et sûrement plein d’autres gens dans le monde ! On parle comme ça dans la vie, on ne sait jamais vraiment d’où ça sort, ça « surgit ».

Tu avais des références ou des contre-références en tête ?
J’ai toujours aimé l’humour cul-pipi-caca. Les vannes trash sont plutôt l’apanage du cinéma anglo-saxon. J’adore "SuperGrave" ou "En Cloque, mode d’emploi" et en général les productions Apatow. Même dans "Juno", il y avait une vraie liberté à faire parler une gamine de 14 ans comme un charretier. Coté français, bizarrement, une de mes grandes références est "La haine". Pour beaucoup ce film est d’abord un film social mais comme je l’ai vu très jeune, je l’ai d’abord perçu comme une comédie, et ça n’a jamais changé. Le rythme, l’écriture, la liberté des dialogues et la quotidienneté des situations de ce film m’ont depuis toujours beaucoup inspiré. "Le Péril jeune" ou "L’auberge espagnole" m’ont aussi marqué dans le genre film générationnel, et "La crise" a bercé mon enfance. Je ne comprenais rien au film mais je voyais bien à quel point l’écriture était ciselée.
Ce que j’aspire à éviter par-dessus tout, c’est le défaut des premiers longs où tu t’excuses de faire un film juste sur des potes, alors du coup, tu rajoutes artificiellement une histoire plus dramatique à côté et au final ça donne souvent l’effet d’un film qui veut être pour les 7 à 77 ans. Je n’y crois pas. C’est comme le menu terre mer, parfois ça marche, mais souvent c’est dégueulasse. Je préfère la jouer classique avec une bonne entrecôte ! Tout ça n’empêche évidemment pas de mettre de l’émotion dans le film, heureusement.

FIVE de Igor GotesmanQuels étaient tes partis pris de mise en scène ?
J’ai toujours déploré que certains cinéastes qui excellent dans l’art de la comédie oublient qu’ils font aussi du cinéma. Il fallait mettre de l’énergie pas seulement dans la vanne mais aussi à l’image. Je me suis battu pour tourner en scope avec des vrais objectifs anamorphiques. C’est plus compliqué car les objectifs étant moins lumineux, il faut plus éclairer et les scènes de nuit sont difficiles à gérer. Et puis je n’avais pas envie d’une caméra posée, je voulais des caméras mobiles. La scène où Sam et Tim prennent des ecstas par exemple, j’ai tenu à faire un plan séquence dans la cage d’escalier pour montrer qu’ils « montaient », dans tous les sens du terme. Il a fallu faire venir de Belgique une grue, une « tower cam », qui monte et tourne en même temps, c’était compliqué mais je suis content d’avoir insisté pour qu’on le fasse. Pour la lumière, je souhaitais une lumière suédoise. On a repeint l’appart en bleu et en gris pour que ça se marie bien avec le bois. J’ai fait construire le grand bar de la cuisine en bois en essayant de respecter le format du scope pour que ça donne une sorte de cadre dans le cadre. Sans avoir la prétention de réinventer le cinéma, c’était important pour moi de m’appliquer et d’être exigeant.

Comment as-tu rencontré François Civil qui est à la fois dans ton court et dans ton long ?
Pendant le casting du court ! Au début, sur photo, c’était pas du tout le profil que je recherchais pour jouer Timothée. Moi je voulais un grand blond bogosse mais qui l’ignore et se saborde. François faisait très jeune mais on s’est quand même rencontré ! Le jour du casting, il est arrivé avec un petit gilet de concertiste en satin, une chemise blanche et un catogan, c’était pas du tout le rôle ! Mais on s’est tout de suite super bien entendu et surtout il a fait des super essais. Très vite, on est devenu potes. François, c’est un petit mowgli, un enfant sauvage, il dégage une énergie incroyablement libre. Grâce à ça, j’ai appris qu’il ne faut jamais se braquer sur le physique d’un acteur avant de voir ce qu’il a à proposer pour le rôle. Il faut se laisser la chance d’être surpris je crois.

Tim, son personnage, a toujours deux trains de retard. C’est sans doute le plus attachant de la bande.
Ça a été un vrai plaisir d’écrire ce personnage après avoir rencontré François, qui induit une bienveillance naturelle. Je savais que je pouvais lui faire dire des répliques atroces qui choquaient sur le papier et qu’on lui pardonnerait tout. « Ça c’est de la mamelle, ça me donne envie de les presser, d’en extraire le lait. Je te concocte un fromage de femme avec ça, mais goûteux le truc » par exemple, si t’as pas le sourire de François derrière, c’est compliqué... Il est attachant car c’est le pote qu’on a tous eu, le mec à côté de la plaque qui n’a pas tous les codes mais qui est entier.

FIVE de Igor GotesmanA quel moment Pierre Niney est-il venu se greffer sur le film ?
Je l’ai rencontré quelques mois avant la sortie de "J’aime regarder les filles". Il y a eu un vrai coup de foudre amical. Il m’a proposé d’écrire sa shortcom pour Canal + Casting(s) avec lui et Ali (Marhyar) et de jouer le directeur de casting. On bossait bien ensemble et on est devenu de plus en plus amis. Que Pierre soit dans le film est devenu une évidence. Et puis il s’entendait très bien aussi avec François. Ils ont une énergie complémentaire, ils s’alimentent l’un l’autre. Ils trouvent ce qu’on appelle une « phase » et ils se challengent pour trouver la façon la plus drôle de demander l’heure à un sourd sans utiliser les mains par exemple, ça peut durer des heures... Ils sont inépuisables. Je pars souvent en vacances avec eux, quand je rentre à Paris, je suis lessivé !

Samuel, son personnage, est celui par qui les emmerdes arrivent. Le fils de bourge qui détourne l’argent de papa pour payer ses cours de comédie...
Oui. Au départ, je n’avais pas trop envie d’en faire un comédien en herbe parce que les films qui parlent de films ou d’acteurs, c’est parfois compliqué. Mais en même temps, Sam ment et se met en scène exactement comme un acteur donc ça faisait trop sens pour qu’on l’enlève. Ce qui fait tout partir en couille, c’est qu’il n’a plus les moyens de tenir sa promesse à ses amis et qu’il ne veut surtout pas les décevoir.

Pourquoi as-tu ajouté une fille à la bande par rapport à ton court ?
J’avais envie de rendre hommage aux filles que je connais, des filles qui ont plus de couilles que les garçons ! Julia est à la fois un garçon manqué et une nana jolie, pour moi c’est très sexy. J’ai beaucoup d’amies filles avec lesquelles il n’y a aucune ambiguïté, ça m’a permis de les approcher de près et de voir vraiment comment elles se comportent entre elles. En vrai j’aimerais beaucoup écrire un jour sur une bande de filles ! Après l’amitié fille/garçon parfois ça « bifurque » un peu mais c’est souvent de belles histoires… Dans le film, le fait qu’il y ait une fille dans la bande va provoquer plein de choses, c’était une embellie pour moi en tant que scénariste.

Comment as-tu trouvé ta Julia ?
Je cherchais une fille très désirable et en même temps, une fille dont tu sens qu’elle peut t’envoyer bouler comme un mec. Une nana capable de passer une soirée avec des types qui pètent et qui rotent, et qui s’en fout. Margot m’a renvoyé ça, elle peut paraitre froide, dure, donner l’impression d’être un bulldozer et une seconde plus tard, être fragile et tendre.

FIVE de Igor GotesmanVadim, ton personnage, c’est un peu celui qui donne le "la" dans la bande...
Je ne me suis pas forcément donné le beau rôle. Vadim, c’est peut-être le mec le plus rationnel, le plus angoissé et certainement pas le plus courageux. Il peut adorer un ami et en même temps, s’il le voit débarquer avec un cadavre dans le coffre, sa première réaction va être de flipper et de penser aux conséquences. Vadim représente ces potes qui en première intention, peuvent te dire « Tu t’es mis dans la merde tout seul donc démerde-toi ». Je voulais aussi parler de ça : c’est quoi un bon copain ? Jusqu’où on va pour un ami ?

Nestor, le bogosse queutard, est celui qui la ramène le moins.
Nestor m’a été inspiré par un pote franco-congolais. Un gars hyper timide, toujours nickel, qui avait un succès de fou. J’avais besoin d’un personnage moins bavard qui puisse exister physiquement et qui soit très beau. Observateur et ténébreux, Nestor c’est le genre de mec qui repart avec la meuf à qui tu fais des vannes depuis le début de la soirée, sans lui avoir dit un mot. Idrissa avait naturellement cette grâce, cette élégance, ce port de tête...
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