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Mercredi cinéma : "Elles" de Malgoska Szumowska avec Juliette Binoche

Publié le : 01-02-2012

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

Elles de Malgoska Szumowska avec Juliette Binoche, Anaïs Demoustier, Joanna KuligZoom nouveauté : "Elles" de Malgoska Szumowska

L'histoire
Anne, journaliste dans un grand magazine féminin enquête sur la prostitution estudiantine. Alicja et Charlotte, étudiantes à Paris, se confient à elle sans tabou ni pudeur.
Ces confessions vont trouver chez Anne un écho inattendu. Et c’est toute sa vie qui va en être bouleversée.
Un film de Malgoska Szumowska avec Juliette Binoche, Anaïs Demoustier, Joanna Kulig…

 

Bonus : propos de Juliette Binoche, héroïne du film

Quelle a été votre première réaction à la lecture du scénario de "Elles" ?
J’ai immédiatement senti l’intelligence dans le développement du sujet, une approche à la fois courageuse et non manichéenne. Le scénario aborde le sujet difficile de la prostitution étudiante. Le film n’accuse personne, mais nous remet en cause. Il nous fait sentir les changements insidieux de notre société qui influe sur notre façon d’être et de penser. Certes, il n’est pas facile de faire des études lorsqu’on a des difficultés financières. La prostitution paye bien, ne demande pas trop de temps, elle permet un certain confort financier et de se sentir inclus dans une société de consommation.
Nous sommes habitués aux publicités dans les rues et les magazines où des jeunes femmes sorties à peine de l’enfance baignent dans le luxe dans des positions provocantes, pas loin du porno. Ces publicitElles de Malgoska Szumowska avec Juliette Binoche, Anaïs Demoustier, Joanna Kuligés induisent à la longue que l’idée de la jeunesse, du luxe et du sexe se mélangent assez bien et que ce n'est finalement pas si grave. Faire un petit boulot devient plus dégradant que de faire l’amour pour de l'argent.

Comment s’est passée la première rencontre avec Malgoska ?
Slawomir Idziak, le chef opérateur de Kieslowski sur "Bleu", m’avait parlé de Malgoska en me disant que c’était l’une des réalisatrices polonaises les plus douées de sa génération. Le scénario m’avait plu et j’étais donc très heureuse à l’idée de la rencontrer. Elle était piquante, drôle et presque méfiante. La première fois que nous nous sommes vues, elle m’a dit que ça ne pourrait jamais marcher entre nous, car nous avions toutes les deux des personnalités trop entières ! Il y a eu entre nous une écoute et un respect réciproques dès le départ. Je sentais qu’il y avait dans le film quelque chose d’elle-même qui devait voir le jour. C’était un accouchement artistique, émotionnel et intellectuel.

Ce film présente un dispositif assez particulier. En interprétant le rôle de la journaliste qui enquête sur les jeunes filles, ne devenez-vous pas l’alter ego de Malgoska ?
Ce n’est pas vraiment d’elle dont il s’agit, mais de ses questionnements. Qu’est-ce qu’une femme ? Qu’est-ce que sa sexualité ? L’amour ? Quelle est sa peur ? Quels sont ses jugements ? La prostitution ? Le plaisir ? La jeunesse ? Qu’est-ce qui l’excite ? Qu’est-ce qu’être mariée ? Avoir honte ? Qu’est-ce qu’être bloquée, choquée ? Qu’est-ce qu’être une mère de famille ? Une journaliste ? Toutes ces questions, la réalisatrice les explore à travers mon personnage. Je deviens sa complice, son inspiratrice, son deuxième souffle, sa sœur, sa chercheuse, sa sculpture dans les meilleurs moments.

Elles de Malgoska Szumowska avec Juliette Binoche, Anaïs Demoustier, Joanna KuligVous qui êtes l’actrice française la plus récompensée internationalement, en êtes-vous à un moment de votre carrière où vous avez envie de prendre davantage de risques ?
La prise de risque me grise, m’aiguise, me fait perdre mes repères. Le risque est un moyen nécessaire pour m'éveiller à des zones nouvelles et pertinentes. Un artiste se doit à chaque fois de risquer le fond de lui-même pour faire vibrer son être, le confronter à une nouvelle matière, de nouveaux sens, de nouvelles pensées. Le vrai risque serait de se répéter, de s’embourber dans des certitudes. Heureusement, on n’est pas regardé pour soi-même, mais au-delà de soi. Et c’est pour cela que je supporte cette intimité-là. Sinon je préférerais me cacher, c’est plus confortable ! Il y a l’idée, dans un film, de transmettre quelque chose d’intime et d’extraordinaire que le metteur en scène cherche à révéler à travers l’acteur ou l’actrice.

On vous sent, face aux réponses des jeunes filles aux questions de la journaliste, tour à tour étonnée, choquée, amusée…
Il y a, bien sûr, au moment où l’on tourne, une qualité d’écoute qui appartient au tournage. Aussi, comment ne pas être fasciné, intrigué, horrifié, envieux de cette soi-disant liberté de jeunesse, de ce choix de vie, pour un temps ? C’est toute la question de la conscience qui revient dans ces moments d’écoute. On peut voir ces jeunes filles comme des monstres, mais aussi comme des petites filles apeurées. La solitude de ces jeunes étudiantes et celle de cette mère de famille ne sont pas si éloignées, par moments.

Elles de Malgoska Szumowska avec Juliette Binoche, Anaïs Demoustier, Joanna KuligOn ressent également la naissance d’une complicité entre la journaliste et les deux jeunes filles. Existait-elle également entre les trois actrices ?
Oui, mais d’une manière différente. Anaïs est une actrice montante du cinéma français, elle est remarquable dans sa sensibilité et dans son écoute. On sent l’intelligence à fleur de peau. Ce qui ressort de Joanna, c’est surtout son désir de liberté, un côté sauvage qui peut s’exprimer à tout moment. On sent qu’elle joue sa vie quand elle tourne. Toutes les deux, nous avons un point commun, nous aimons rire à pleine voix.

Le travail de Malgoska sur l’intimité peut aller assez loin, en particulier dans certaines scènes. Votre propre intimité en a-t-elle souffert ?
Non. Je vais aussi loin que je peux avec mon cœur, ma sueur, mes entrailles, mon intuition et je ne me sens bien que si j’ai le sentiment d’un travail accompli, d’une traversée intérieure. Même si, parfois, je ne me trouve pas physiquement à mon avantage dans un film, je ne le regrette pas, car chaque plan est nécessaire et raconte une histoire. La traversée d’une journée peut nous donner beaucoup de visages.

Dans "Elles", l’idée de la prostitution est étendue à toute la société…
Personne n’est épargné. A chacun d’avoir sa réflexion. Le film ne propose pas de jugement, mais tire une sonnette d’alarme. L’idée de Malgoska est que le spectateur soit excité par ce qu’il voit à l’image, de manière à être lui-même pris en flagrant délit de participation à un système. A chacun de nous de voir, de se voir.

Le mot "féminisme" est-il inévitable pour décrire "Elles" ?
Parler de la femme, du féminin, d’une intimité, ce n’est pas être féministe. Pour moi, le mot « féminisme » n’est pas adéquat, mais je comprendrais que certains l’utilisent, car c’est un sujet qui peut mettre mal à l’aise. Voir une jeune étudiante vendre son corps pour de l’argent, ce n’est pas rien. Le sujet est tabou, le film ne se veut pas moralisateur, ni revendicateur d’un droit. Il est une réflexion sur l’usage qui est fait du corps, un éclairage sur une situation que la société induit par sa volonté de vendre, de choquer, d’influencer, de montrer le corps comme un objet en niant la personne. L’amour sous toutes ses formes peut nous emmener dans les situations les plus cauchemardesques comme dans les plus belles. La vraie liberté, c’est le choix. Il est de notre responsabilité de veiller à ce que ce choix soit protégé.
(extrait dossier de presse)

 

Autres films toujours à l'affiche :

"Sport de filles" de Patricia Mazuy
"Et si on vivait tous ensemble ?" de Stéphane Robelin
"Parlez-moi de vous" de Pierre Pinaud
"Une nuit" de Philippe Lefebvre
"Une vie meilleure" de Cédric Kahn
"La délicatesse" de David et Stéphane Foenkinos
"Polisse" de Maïwenn 

 

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

Elles de Malgoska Szumowska avec Juliette Binoche, Anaïs Demoustier, Joanna KuligZoom nouveauté : "Elles" de Malgoska Szumowska

L'histoire
Anne, journaliste dans un grand magazine féminin enquête sur la prostitution estudiantine. Alicja et Charlotte, étudiantes à Paris, se confient à elle sans tabou ni pudeur.
Ces confessions vont trouver chez Anne un écho inattendu. Et c’est toute sa vie qui va en être bouleversée.
Un film de Malgoska Szumowska avec Juliette Binoche, Anaïs Demoustier, Joanna Kulig…

 

Bonus : propos de Juliette Binoche, héroïne du film

Quelle a été votre première réaction à la lecture du scénario de "Elles" ?
J’ai immédiatement senti l’intelligence dans le développement du sujet, une approche à la fois courageuse et non manichéenne. Le scénario aborde le sujet difficile de la prostitution étudiante. Le film n’accuse personne, mais nous remet en cause. Il nous fait sentir les changements insidieux de notre société qui influe sur notre façon d’être et de penser. Certes, il n’est pas facile de faire des études lorsqu’on a des difficultés financières. La prostitution paye bien, ne demande pas trop de temps, elle permet un certain confort financier et de se sentir inclus dans une société de consommation.
Nous sommes habitués aux publicités dans les rues et les magazines où des jeunes femmes sorties à peine de l’enfance baignent dans le luxe dans des positions provocantes, pas loin du porno. Ces publicitElles de Malgoska Szumowska avec Juliette Binoche, Anaïs Demoustier, Joanna Kuligés induisent à la longue que l’idée de la jeunesse, du luxe et du sexe se mélangent assez bien et que ce n'est finalement pas si grave. Faire un petit boulot devient plus dégradant que de faire l’amour pour de l'argent.

Comment s’est passée la première rencontre avec Malgoska ?
Slawomir Idziak, le chef opérateur de Kieslowski sur "Bleu", m’avait parlé de Malgoska en me disant que c’était l’une des réalisatrices polonaises les plus douées de sa génération. Le scénario m’avait plu et j’étais donc très heureuse à l’idée de la rencontrer. Elle était piquante, drôle et presque méfiante. La première fois que nous nous sommes vues, elle m’a dit que ça ne pourrait jamais marcher entre nous, car nous avions toutes les deux des personnalités trop entières ! Il y a eu entre nous une écoute et un respect réciproques dès le départ. Je sentais qu’il y avait dans le film quelque chose d’elle-même qui devait voir le jour. C’était un accouchement artistique, émotionnel et intellectuel.

Ce film présente un dispositif assez particulier. En interprétant le rôle de la journaliste qui enquête sur les jeunes filles, ne devenez-vous pas l’alter ego de Malgoska ?
Ce n’est pas vraiment d’elle dont il s’agit, mais de ses questionnements. Qu’est-ce qu’une femme ? Qu’est-ce que sa sexualité ? L’amour ? Quelle est sa peur ? Quels sont ses jugements ? La prostitution ? Le plaisir ? La jeunesse ? Qu’est-ce qui l’excite ? Qu’est-ce qu’être mariée ? Avoir honte ? Qu’est-ce qu’être bloquée, choquée ? Qu’est-ce qu’être une mère de famille ? Une journaliste ? Toutes ces questions, la réalisatrice les explore à travers mon personnage. Je deviens sa complice, son inspiratrice, son deuxième souffle, sa sœur, sa chercheuse, sa sculpture dans les meilleurs moments.

Elles de Malgoska Szumowska avec Juliette Binoche, Anaïs Demoustier, Joanna KuligVous qui êtes l’actrice française la plus récompensée internationalement, en êtes-vous à un moment de votre carrière où vous avez envie de prendre davantage de risques ?
La prise de risque me grise, m’aiguise, me fait perdre mes repères. Le risque est un moyen nécessaire pour m'éveiller à des zones nouvelles et pertinentes. Un artiste se doit à chaque fois de risquer le fond de lui-même pour faire vibrer son être, le confronter à une nouvelle matière, de nouveaux sens, de nouvelles pensées. Le vrai risque serait de se répéter, de s’embourber dans des certitudes. Heureusement, on n’est pas regardé pour soi-même, mais au-delà de soi. Et c’est pour cela que je supporte cette intimité-là. Sinon je préférerais me cacher, c’est plus confortable ! Il y a l’idée, dans un film, de transmettre quelque chose d’intime et d’extraordinaire que le metteur en scène cherche à révéler à travers l’acteur ou l’actrice.

On vous sent, face aux réponses des jeunes filles aux questions de la journaliste, tour à tour étonnée, choquée, amusée…
Il y a, bien sûr, au moment où l’on tourne, une qualité d’écoute qui appartient au tournage. Aussi, comment ne pas être fasciné, intrigué, horrifié, envieux de cette soi-disant liberté de jeunesse, de ce choix de vie, pour un temps ? C’est toute la question de la conscience qui revient dans ces moments d’écoute. On peut voir ces jeunes filles comme des monstres, mais aussi comme des petites filles apeurées. La solitude de ces jeunes étudiantes et celle de cette mère de famille ne sont pas si éloignées, par moments.

Elles de Malgoska Szumowska avec Juliette Binoche, Anaïs Demoustier, Joanna KuligOn ressent également la naissance d’une complicité entre la journaliste et les deux jeunes filles. Existait-elle également entre les trois actrices ?
Oui, mais d’une manière différente. Anaïs est une actrice montante du cinéma français, elle est remarquable dans sa sensibilité et dans son écoute. On sent l’intelligence à fleur de peau. Ce qui ressort de Joanna, c’est surtout son désir de liberté, un côté sauvage qui peut s’exprimer à tout moment. On sent qu’elle joue sa vie quand elle tourne. Toutes les deux, nous avons un point commun, nous aimons rire à pleine voix.

Le travail de Malgoska sur l’intimité peut aller assez loin, en particulier dans certaines scènes. Votre propre intimité en a-t-elle souffert ?
Non. Je vais aussi loin que je peux avec mon cœur, ma sueur, mes entrailles, mon intuition et je ne me sens bien que si j’ai le sentiment d’un travail accompli, d’une traversée intérieure. Même si, parfois, je ne me trouve pas physiquement à mon avantage dans un film, je ne le regrette pas, car chaque plan est nécessaire et raconte une histoire. La traversée d’une journée peut nous donner beaucoup de visages.

Dans "Elles", l’idée de la prostitution est étendue à toute la société…
Personne n’est épargné. A chacun d’avoir sa réflexion. Le film ne propose pas de jugement, mais tire une sonnette d’alarme. L’idée de Malgoska est que le spectateur soit excité par ce qu’il voit à l’image, de manière à être lui-même pris en flagrant délit de participation à un système. A chacun de nous de voir, de se voir.

Le mot "féminisme" est-il inévitable pour décrire "Elles" ?
Parler de la femme, du féminin, d’une intimité, ce n’est pas être féministe. Pour moi, le mot « féminisme » n’est pas adéquat, mais je comprendrais que certains l’utilisent, car c’est un sujet qui peut mettre mal à l’aise. Voir une jeune étudiante vendre son corps pour de l’argent, ce n’est pas rien. Le sujet est tabou, le film ne se veut pas moralisateur, ni revendicateur d’un droit. Il est une réflexion sur l’usage qui est fait du corps, un éclairage sur une situation que la société induit par sa volonté de vendre, de choquer, d’influencer, de montrer le corps comme un objet en niant la personne. L’amour sous toutes ses formes peut nous emmener dans les situations les plus cauchemardesques comme dans les plus belles. La vraie liberté, c’est le choix. Il est de notre responsabilité de veiller à ce que ce choix soit protégé.
(extrait dossier de presse)

 

Autres films toujours à l'affiche :

"Sport de filles" de Patricia Mazuy
"Et si on vivait tous ensemble ?" de Stéphane Robelin
"Parlez-moi de vous" de Pierre Pinaud
"Une nuit" de Philippe Lefebvre
"Une vie meilleure" de Cédric Kahn
"La délicatesse" de David et Stéphane Foenkinos
"Polisse" de Maïwenn 

 

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