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Mercredi cinéma : "Elle" de Paul Verhoeven avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte.

Publié le : 24-05-2016

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi) 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône.
Le cinéma "Les Toiles" de Saint-Gratien est en travux de rénovation.

 

ELLE de Paul VerhoevenZoom nouveauté : "Elle" de Paul Verhoeven

L'histoire
Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. À la tête d’une grande entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d’une main de fer. Sa vie bascule lorsqu’elle est agressée chez elle par un mystérieux inconnu. Inébranlable, Michèle se met à le traquer en retour. Un jeu étrange s’installe alors entre eux. Un jeu qui, à tout instant, peut dégénérer.
Un film de Paul Verhoeven avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Anne Consigny, Charles Berling, Virginie Efira…

 

Bonus : propos d'Isabelle Huppert, actrice principale du film (propos recueillis par Claire Vassé)

Vous êtes arrivée sur le projet de "Elle" très en amont…
Oui, j’ai lu “Oh…” et rencontré Philippe Djian, qui m’a dit qu’il n’avait pas écrit pour moi mais qu’il m’avait eue dans la tête à plusieurs reprises lors de la rédaction de son roman. Le livre – ça a été souvent dit quand il a été publié – ressemblait à un scénario. On pense donc tout de suite qu’il pourrait faire lELLE de Paul Verhoeven’objet d’une adaptation. Puis Saïd Ben Saïd est entré en scène : il a acheté les droits du roman et nous avons commencé à penser à un metteur en scène. C’est Saïd qui a pensé à Paul Verhoeven.

Qu‘est-ce qui vous plaisait dans le roman et ce personnage de femme ?
C’est une femme qui ne tombe pas - jamais. Elle est multiple : cynique, généreuse, attachante, froide, méritante, indépendante, dépendante – lucide. Elle n’est pas sentimentale, il lui arrive une foule d’évènements les plus encombrants les uns que les autres, mais elle ne craque pas. Verhoeven a tenu cette ligne – n’a jamais essayé de donner des petits coups de canif dans le contrat de départ, on pouvait compter sur lui pour ça. Là est l’intérêt du personnage, sa force, son originalité, sa modernité. Elle ne se comporte jamais en victime, alors qu’elle aurait toutes les raisons de l’être : victime de ce père tueur de masse, et ensuite de son violeur. La culpabilité, subir ce qui vous arrive… Autant de notions dont il n’est pas si facile de débarrasser les personnages féminins. Même si ce sont des femmes fortes, on est toujours tenté d’être rattrapé par ça. Il y a toujours une tentation de ça au cinéma, aller vers l’émotion – fausse au bout du compte ! – un sentimentalisme un peu poisseux.

Grâce à votre interprétation, toujours un peu à distance, dans l’humour, vous évitez cette pente…
Oui, j’ai résisté ! Cela aurait été une grave erreur de l’adoucir. Mais encore une fois avec Verhoeven, il n’y avait pas vraiment de risque !
Le seul moment où je me suis autorisée l’approche d’une émotion, c’est à l’hôpital, quand la mère est malade et qu’on comprend qu’elle va mourir. Tout d’un coup, il y a comme un ramollissement du personnage de Michèle. Pas quand elle est mère, amante ou fille du père mais fille de la mère. Est-ce que pour une femme, la mort de la mère marque le passage définitif à l’âge adulte ? J’extrapole un peu, mais tout ça pour dire qu’à ce moment-là, ça ne m’aurait éventuellement pas déplu que la caméra enregistre ça : un peu plus d’émotion, des yeux qui s’embuent, un regard qui s’affole. Mais le cinéma a un inconscient lui aussi ! Ce dont il ne veut pas, il ne veut pas le voir.

ELLE de Paul VerhoevenVous connaissiez le cinéma de Verhoeven ?
Oui, bien sûr. Le premier film de lui que j’ai découvert est "Turkish Délices". Son héroïne est presque le contraire de Michèle : une Dame aux camélias contemporaine, rattrapée par la maladie. Le film était un peu comme un conte tragique, très émouvant. Inattendu chez Verhoeven. Elle aussi est comme un conte, Verhoeven et Djian se sont bien trouvés de ce point de vue. Tout en parlant d’une époque, ils opèrent ce léger pas de côté qui fait que l’on prend les choses pour ce qu’elles sont, sans chercher à les replacer dans un contexte psychologique, ou trop affectif. Le conte permet une certaine sécheresse, il n’y a pas à chercher à expliquer ou à justifier les choses. Jusque dans la topographie des lieux, qui oppose la ville à la banlieue, vue avec une certaine poésie et dont il émane un sentiment de nature et de solitude.

Comment se sont passés la rencontre et le tournage avec Paul Verhoeven ? Quel directeur d’acteur est-il ?

Il est d’une précision d’entomologiste redoutable, d’une précision presque hallucinante, attentif au moindre détail. On se sent très libre avec lui, on peut inventer mille choses. Le tournage a été comme une autoroute sur laquelle on est lancé à 300 à l’heure. J’ai été pratiquement de tous les plans pendant les douze semaines qu’a duré le tournage... À aucun moment la tension et la pression ont été relâchées. Ça m’a plu ce rythme infernal, les plans s’enchaînaient. C’était sans fin et ça renforçait l’attention, la précision sur un mode presque hallucinatoire. C’est comme un alcool fort qui mène à l’ivresse. Paul a entraîné toute l’équipe avec lui, elle aurait fait n’importe quoi pour lui. Paul n’est jamais fatigué, jamais rien ne l’arrête. Il pouvait nous laisser exsangues à la fin de la journée et lui continuait à travailler cinq heures de plus.

ELLE de Paul VerhoevenEn quoi Verhoeven, cinéaste hollandais qui a travaillé à Hollywood filme-t-il différemment d’un cinéaste français ?
Il a une science du rythme, du mouvement, et il n’hésite pas à mélanger les genres sans se soucier s’il fait un portrait de femme, la sociologie d’une époque ou un film de genre, un thriller. Je ne dis pas qu’un cinéaste français ne le ferait pas, mais disons on serait plus surpris qu’il le fasse !

Le film ose parfois le romantisme, notamment dans la scène où Patrick aide Michèle à fermer les volets…
Dans tous ses films, il joue constamment avec les codes, les détourne, s’en sert au moment où il en a besoin puis les abandonne. Il ne tombe jamais dans le piège que son film prenne un tournant dont il ne revienne pas.

Même les scènes de repas relèvent de l’action et du plaisir pur de cinéma…
Le plaisir, je l’ai éprouvé à tout instant... La mise en scène et la direction d’acteur ne sont pas autre chose que l’art du mouvement : comment la caméra s’enroule autour des acteurs, comment elle épouse à la fois leur rythme intérieur et la relation avec l’extérieur. L’acteur est comme une éponge, inconsciemment réactif à la justesse de ce mouvement, de la distance vis-à-vis de la caméra. C’est vraiment la mise en scène qui résout toutes les questions qu’on peut se poser quand on joue.

Contrairement au roman de Djian, Michèle travaille dans les jeux vidéo, non pour le cinéma.
Verhoeven se sert de la fantasmagorie des jeux vidéo comme prolongement contemporain de la dimension du conte. Un mélange de violence et de sexe comme un écho allégorique à toute l’histoire du film.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi) 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône.
Le cinéma "Les Toiles" de Saint-Gratien est en travux de rénovation.

 

ELLE de Paul VerhoevenZoom nouveauté : "Elle" de Paul Verhoeven

L'histoire
Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. À la tête d’une grande entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d’une main de fer. Sa vie bascule lorsqu’elle est agressée chez elle par un mystérieux inconnu. Inébranlable, Michèle se met à le traquer en retour. Un jeu étrange s’installe alors entre eux. Un jeu qui, à tout instant, peut dégénérer.
Un film de Paul Verhoeven avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Anne Consigny, Charles Berling, Virginie Efira…

 

Bonus : propos d'Isabelle Huppert, actrice principale du film (propos recueillis par Claire Vassé)

Vous êtes arrivée sur le projet de "Elle" très en amont…
Oui, j’ai lu “Oh…” et rencontré Philippe Djian, qui m’a dit qu’il n’avait pas écrit pour moi mais qu’il m’avait eue dans la tête à plusieurs reprises lors de la rédaction de son roman. Le livre – ça a été souvent dit quand il a été publié – ressemblait à un scénario. On pense donc tout de suite qu’il pourrait faire lELLE de Paul Verhoeven’objet d’une adaptation. Puis Saïd Ben Saïd est entré en scène : il a acheté les droits du roman et nous avons commencé à penser à un metteur en scène. C’est Saïd qui a pensé à Paul Verhoeven.

Qu‘est-ce qui vous plaisait dans le roman et ce personnage de femme ?
C’est une femme qui ne tombe pas - jamais. Elle est multiple : cynique, généreuse, attachante, froide, méritante, indépendante, dépendante – lucide. Elle n’est pas sentimentale, il lui arrive une foule d’évènements les plus encombrants les uns que les autres, mais elle ne craque pas. Verhoeven a tenu cette ligne – n’a jamais essayé de donner des petits coups de canif dans le contrat de départ, on pouvait compter sur lui pour ça. Là est l’intérêt du personnage, sa force, son originalité, sa modernité. Elle ne se comporte jamais en victime, alors qu’elle aurait toutes les raisons de l’être : victime de ce père tueur de masse, et ensuite de son violeur. La culpabilité, subir ce qui vous arrive… Autant de notions dont il n’est pas si facile de débarrasser les personnages féminins. Même si ce sont des femmes fortes, on est toujours tenté d’être rattrapé par ça. Il y a toujours une tentation de ça au cinéma, aller vers l’émotion – fausse au bout du compte ! – un sentimentalisme un peu poisseux.

Grâce à votre interprétation, toujours un peu à distance, dans l’humour, vous évitez cette pente…
Oui, j’ai résisté ! Cela aurait été une grave erreur de l’adoucir. Mais encore une fois avec Verhoeven, il n’y avait pas vraiment de risque !
Le seul moment où je me suis autorisée l’approche d’une émotion, c’est à l’hôpital, quand la mère est malade et qu’on comprend qu’elle va mourir. Tout d’un coup, il y a comme un ramollissement du personnage de Michèle. Pas quand elle est mère, amante ou fille du père mais fille de la mère. Est-ce que pour une femme, la mort de la mère marque le passage définitif à l’âge adulte ? J’extrapole un peu, mais tout ça pour dire qu’à ce moment-là, ça ne m’aurait éventuellement pas déplu que la caméra enregistre ça : un peu plus d’émotion, des yeux qui s’embuent, un regard qui s’affole. Mais le cinéma a un inconscient lui aussi ! Ce dont il ne veut pas, il ne veut pas le voir.

ELLE de Paul VerhoevenVous connaissiez le cinéma de Verhoeven ?
Oui, bien sûr. Le premier film de lui que j’ai découvert est "Turkish Délices". Son héroïne est presque le contraire de Michèle : une Dame aux camélias contemporaine, rattrapée par la maladie. Le film était un peu comme un conte tragique, très émouvant. Inattendu chez Verhoeven. Elle aussi est comme un conte, Verhoeven et Djian se sont bien trouvés de ce point de vue. Tout en parlant d’une époque, ils opèrent ce léger pas de côté qui fait que l’on prend les choses pour ce qu’elles sont, sans chercher à les replacer dans un contexte psychologique, ou trop affectif. Le conte permet une certaine sécheresse, il n’y a pas à chercher à expliquer ou à justifier les choses. Jusque dans la topographie des lieux, qui oppose la ville à la banlieue, vue avec une certaine poésie et dont il émane un sentiment de nature et de solitude.

Comment se sont passés la rencontre et le tournage avec Paul Verhoeven ? Quel directeur d’acteur est-il ?

Il est d’une précision d’entomologiste redoutable, d’une précision presque hallucinante, attentif au moindre détail. On se sent très libre avec lui, on peut inventer mille choses. Le tournage a été comme une autoroute sur laquelle on est lancé à 300 à l’heure. J’ai été pratiquement de tous les plans pendant les douze semaines qu’a duré le tournage... À aucun moment la tension et la pression ont été relâchées. Ça m’a plu ce rythme infernal, les plans s’enchaînaient. C’était sans fin et ça renforçait l’attention, la précision sur un mode presque hallucinatoire. C’est comme un alcool fort qui mène à l’ivresse. Paul a entraîné toute l’équipe avec lui, elle aurait fait n’importe quoi pour lui. Paul n’est jamais fatigué, jamais rien ne l’arrête. Il pouvait nous laisser exsangues à la fin de la journée et lui continuait à travailler cinq heures de plus.

ELLE de Paul VerhoevenEn quoi Verhoeven, cinéaste hollandais qui a travaillé à Hollywood filme-t-il différemment d’un cinéaste français ?
Il a une science du rythme, du mouvement, et il n’hésite pas à mélanger les genres sans se soucier s’il fait un portrait de femme, la sociologie d’une époque ou un film de genre, un thriller. Je ne dis pas qu’un cinéaste français ne le ferait pas, mais disons on serait plus surpris qu’il le fasse !

Le film ose parfois le romantisme, notamment dans la scène où Patrick aide Michèle à fermer les volets…
Dans tous ses films, il joue constamment avec les codes, les détourne, s’en sert au moment où il en a besoin puis les abandonne. Il ne tombe jamais dans le piège que son film prenne un tournant dont il ne revienne pas.

Même les scènes de repas relèvent de l’action et du plaisir pur de cinéma…
Le plaisir, je l’ai éprouvé à tout instant... La mise en scène et la direction d’acteur ne sont pas autre chose que l’art du mouvement : comment la caméra s’enroule autour des acteurs, comment elle épouse à la fois leur rythme intérieur et la relation avec l’extérieur. L’acteur est comme une éponge, inconsciemment réactif à la justesse de ce mouvement, de la distance vis-à-vis de la caméra. C’est vraiment la mise en scène qui résout toutes les questions qu’on peut se poser quand on joue.

Contrairement au roman de Djian, Michèle travaille dans les jeux vidéo, non pour le cinéma.
Verhoeven se sert de la fantasmagorie des jeux vidéo comme prolongement contemporain de la dimension du conte. Un mélange de violence et de sexe comme un écho allégorique à toute l’histoire du film.
(extrait dossier de presse)

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