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Mercredi cinéma : "Dieumerci !" de et avec Lucien Jean-Baptiste et avec Lucien Jean-Baptiste.

Publié le : 09-03-2016

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi) 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

DIEUMERCI ! de Lucien Jean-BaptisteZoom nouveauté : "Dieumerci !" de et avec Lucien Jean-Baptiste

L'histoire
A sa sortie de prison, Dieumerci, 44 ans, décide de changer de vie et de suivre son rêve : devenir comédien. Pour y arriver, il s’inscrit à des cours de théâtre qu'il finance par des missions d'intérim. Mais il n'est pas au bout de ses peines. Son binôme Clément, 22 ans, lui est opposé en tout. Dieumerci va devoir composer avec ce petit "emmerdeur". Il l’accueille dans sa vie précaire faite d'une modeste chambre d'hôtel et de chantiers. Au fil des galères et des répétitions, nos deux héros vont apprendre à se connaître et s’épauler pour tenter d'atteindre l'inaccessible étoile.
Un film de et avec Lucien Jean-Baptiste et avec Baptiste Lecaplain, Delphine Theodore, Olivier Sitruk, Firmine Richard, Michel Jonasz, Jean-François Balmer

 

Bonus : propos de Lucien Jean-Baptiste, réalisateur du film

On découvre au générique que l’idée originale n’est pas de vous alors qu’on a le sentiment d’avoir affaire à un film extrêmement personnel, ce que confirme la dédicace de la fin…
C’est comme souvent une longue et jolie histoire… Il y a un peu plus de 3 ans, Farid Lahouassa, le producteur de Vertigo, m’avait proposé un petit rôle dans un film qui s’appelait "Interim" et avait été écrit par Grégory Boutboul. L’histoire d’un jeune homme qui faisait du théâtre et se retrouvait au DIEUMERCI ! de Lucien Jean-Baptistecœur d’embrouilles dans le milieu de l’intérim. Pour une audition, il se faisait remplacer par un “sans papier” africain qu’il avait rencontré sur un chantier et qui s’appelait Dieumerci. Le “sans papier” y allait, improvisait, se faisait remarquer et on pouvait imaginer qu’il allait devenir comédien…
J’ai dit à Farid que je ne voulais pas jouer ce rôle, mais que cette histoire me faisait penser un peu à ma vie. « C’est quoi ta vie ? ». Je la lui ai alors racontée. Jusqu’à 30 ans, j’ai travaillé avec succès dans la pub et l’événementiel, mais suite à un drame familial dont on fait référence à la fin du film, la perte d’un bébé, j’ai décidé de tout arrêter. Et de réaliser un de mes rêves de gosse : devenir comédien. Je suis donc allé m’inscrire au cours Florent, j’ai eu le concours de la classe libre, on m’a trouvé un agent, j’ai commencé à faire des petits rôles à droite à gauche, du doublage, puis un jour j’ai écrit "La Première Etoile", et voilà… « Il faut que ce soit ça, ton prochain film ! » m’a-t-il répondu. J’ai commencé à écrire avec Grégory Boutboul, tout en gardant bien sûr le ton de la comédie. Mais à un moment donné, comme le sujet me devenait trop personnel, il a préféré se retirer. C’est à lui et à Farid que je dois l’étincelle qui a mis le feu aux poudres de "Dieumerci !"

Vous avez même gardé le nom de ce personnage…
D’abord c’est un nom – et un titre ! – magnifique, et puis aussi, je ne sais pas si… on doit lui dire merci ! C’est pour ça que je l’ai gardé.

DIEUMERCI ! de Lucien Jean-BaptisteQu’est-ce qui était le plus difficile dans l’écriture du scénario ?
D’aller jusqu’au bout de ce que j’avais en moi, de ne pas avoir peur de me mettre à nu… De trouver le bon équilibre entre la comédie et l’émotion. J’ai eu la chance de travailler avec une amie, Véronique Arménakian, qui n’est pas dans le métier, qui me connaît très bien et qui était déjà là à l’époque de "La Première Etoile". Elle a réussi à me faire sortir des choses que je n’aurais sans doute pas osé aller chercher tout seul, ni avec Grégory que je ne connaissais pas assez bien. Ne serait-ce que pour la scène finale quand il explique pourquoi c’est son rêve de devenir acteur. Oser l’impudeur. Nous, les noirs, on est comme beaucoup de comiques, on rit souvent pour ne pas pleurer… Pensez à Henri Salvador, à Omar, on rit et on se cache derrière notre rire. On aurait pu raconter une success story à l’américaine, celle d’un type qui part de rien et arrive à réaliser son rêve, et s’arrêter là. Mais moi, ce qui m’intéresse, c’est de parler aussi de pourquoi il a fait ça, du pourquoi de son rêve. Et c’est là que des références arrivent, comme "L’Epouvantail"… mâtiné de "L’Emmerdeur" !  L’histoire vraie, c’est que si ce drame ne m’était pas arrivé, je n’aurais peut-être jamais été comédien. Cela a à voir avec la résilience. Que fait-on de nos malheurs, de nos drames, de nos blessures ? Et là, soudain, l’histoire devient universelle…

Ce qui frappe dans "Dieumerci !", c’est à la fois sa simplicité et sa sincérité…
Je ne sais pas faire autrement. Je dis souvent que je ne suis pas un cinéaste – j’ai trop de respect pour les grands metteurs en scène – je suis juste un comédien qui fait des films, qui raconte des histoires, qui se raconte en espérant toucher tout le monde. Le ski, dans "La Première Etoile", c’est une histoire vraie. Ma mère n’avait pas 1 franc, mais elle s’est débrouillée pour nous emmener à la neige. Et pourquoi je m’étais donné le rôle du père ? Parce que je n’ai pas connu le mien. Du coup, j’ai imaginé un père nul mais qui est présent. Cela reste universel. Je suis un vrai fan de la comédie italienne, des comédies anglaises, de ces films à la fois pleins de drames et d’éclats de rires, où l’on peut rire pendant une heure et où soudain la gorge se noue et l’émotion monte…

DIEUMERCI ! de Lucien Jean-BaptisteOn retrouve dans votre personnage cette volonté inébranlable d’aller au bout de son rêve…
Il est là le secret : faire ce qu’on aime. Essayer de vivre son rêve.

Votre rêve de gosse, c’était donc d’être acteur ?
Oui. Ma mère avait dû flairer quelque chose puisqu’elle m’avait inscrit, petit, dans des agences de pub. Mais à l’époque – aujourd’hui j’ai 50 ans – ce n’était pas évident, même d’en rêver. Il n’y avait pas Omar, il n’y avait pas Jamel… Tout juste Greg Germain dans "Médecins de nuit" –d’où l’importance de la représentativité, de l’identité. Moi, je regardais Tarzan et c’était lui mon héros ! Je voulais être Tarzan, sauf qu’à l’école on me disait avec l’accent africain : « Ah, on a vu ta famille tomber de l’arbre, là ». Et j’ai eu peur de m’aventurer, sans doute par une sorte de réflexe bourgeois, mais je ne voulais pas crever la dalle en attendant des rôles hypothétiques. Je me suis donc lancé dans la pub mais la vie m’est revenue, Dieu merci !

Vous aviez quel âge à ce moment-là ?
J’avais 31-32 ans. Jusque-là, mon seul objectif, ma seule victoire, c’était de gagner de l’argent. Quand j’ai eu ce malheur, je me suis promis de ne plus jamais travailler uniquement pour l’argent - même si c’est bien, bien sûr, d’en avoir - et de ne me consacrer désormais qu’à ma passion. Quand j’étais au cours Florent, je me disais : « Je vais peut-être crever la dalle, mais je m’en fous, je vais être heureux le matin ». En plus, je n’avais plus d’enfant, je n’avais plus rien. Je ne rêvais pas de faire carrière, je pensais que j’allais faire du théâtre de rue. Et puis, ça a fini par marcher ! La vie m’a appris qu’il faut toujours faire ce qu’on aime. Nos plaisirs sont nos puissances.

Il y a un autre thème que l’on retrouve, c’est cette volonté de dépasser à la fois les limites que la société impose et ses propres limites à soi.
C’est mon petit côté “politique”. La place du noir dans la société, les rôles que le cinéma nous donne. Et je m’en amuse. Mon débat, ce n’est pas : « Pourquoi on ne donne pas Othello à jouer à un noir ? » mais : « Est-ce qu’un noir peut jouer Roméo et Juliette ? ». Même moi quand le prof me dit : « Tu vas jouer Roméo et Juliette », je réponds : « Mais je ne peux pas jouer ça ! ». On a du mal parfois à dépasser les a priori et les habitudes. C’est ce que je veux montrer. Et en plus, c’est source de comédie, alors... Ce que je dis sur les noirs, je pourrais le dire aussi sur les rôles qu’on donne aux femmes. Heureusement, les lignes commencent à bouger. Le premier personnage qu’on m’avait fait jouer au Cours Florent, c’était… un valet ! Je devais dire : « Comme ces grands seigneurs sont longs à s’habiller, le monde est si lambin que ça m’en fait bâiller », j’étais derrière une porte et j’attendais mon maitre ! Normal pour un noir ! Moi, à l’époque, je ne me posais pas beaucoup de questions. Dans le monde du business, tant que vous rapportez de l’argent, on s’en fout de la couleur de votre peau. En fait, ce sont le cinéma et le théâtre qui m’ont ramené à mon histoire, à mes origines, à mon identité…

FDIEUMERCI ! de Lucien Jean-Baptistearid Lahouassa vous a donc poussé à raconter votre histoire, et c’est lui aussi qui a pensé à Baptiste Lecaplain pour être votre partenaire…
Oui, il lui avait même dit un jour : « Il faut que tu fasses un film avec Lucien ». Peut-être parce qu’il se disait que “Baptiste et Jean-Baptiste”, ça ferait bien sur l’affiche ! Plus sérieusement, je pense qu’il a vu en nous une sorte d’humanité, de sincérité, voire de naïveté communes. Lorsque j’ai vu Baptiste sur scène, j’ai remarqué le plaisir qu’il suscitait chez les jeunes qui emplissaient la salle, et surtout j’ai noté que ce garçon, on avait envie de le prendre dans ses bras et de l’aimer. J’ai pensé : qu’est-ce qu’il est humain, qu’est-ce qu’il est sain ! Après l’avoir rencontré, je me suis même dit qu’il pourrait être un de mes anges, quelqu’un qui allait m’accompagner et me dire : « C’est par là le chemin… ». On a fait des essais, parce que faire du one man show et jouer un personnage dans un film, ce n’est pas la même chose. Mais il était tellement volontaire, il a tellement envie de bosser, tellement le désir de bien faire que ça ne pouvait que bien se passer. Son meilleur atout, en plus de son évident sens du rythme et de la comédie, c’est ce qu’il dégage. Je sens quelqu’un d’une grande humanité. Dans son dernier  spectacle, il dit qu’on se construit sur nos malheurs, que nos souffrances sont le chemin du bonheur… Ce sont des mots que j’aurais pu dire moi-même. J’ai adoré travailler avec lui. Quand on a tourné la dernière scène du film, c’était aussi notre dernière scène ensemble sur le tournage. Et l’émotion était d’autant plus grande, d’autant plus vraie…
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi) 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

DIEUMERCI ! de Lucien Jean-BaptisteZoom nouveauté : "Dieumerci !" de et avec Lucien Jean-Baptiste

L'histoire
A sa sortie de prison, Dieumerci, 44 ans, décide de changer de vie et de suivre son rêve : devenir comédien. Pour y arriver, il s’inscrit à des cours de théâtre qu'il finance par des missions d'intérim. Mais il n'est pas au bout de ses peines. Son binôme Clément, 22 ans, lui est opposé en tout. Dieumerci va devoir composer avec ce petit "emmerdeur". Il l’accueille dans sa vie précaire faite d'une modeste chambre d'hôtel et de chantiers. Au fil des galères et des répétitions, nos deux héros vont apprendre à se connaître et s’épauler pour tenter d'atteindre l'inaccessible étoile.
Un film de et avec Lucien Jean-Baptiste et avec Baptiste Lecaplain, Delphine Theodore, Olivier Sitruk, Firmine Richard, Michel Jonasz, Jean-François Balmer

 

Bonus : propos de Lucien Jean-Baptiste, réalisateur du film

On découvre au générique que l’idée originale n’est pas de vous alors qu’on a le sentiment d’avoir affaire à un film extrêmement personnel, ce que confirme la dédicace de la fin…
C’est comme souvent une longue et jolie histoire… Il y a un peu plus de 3 ans, Farid Lahouassa, le producteur de Vertigo, m’avait proposé un petit rôle dans un film qui s’appelait "Interim" et avait été écrit par Grégory Boutboul. L’histoire d’un jeune homme qui faisait du théâtre et se retrouvait au DIEUMERCI ! de Lucien Jean-Baptistecœur d’embrouilles dans le milieu de l’intérim. Pour une audition, il se faisait remplacer par un “sans papier” africain qu’il avait rencontré sur un chantier et qui s’appelait Dieumerci. Le “sans papier” y allait, improvisait, se faisait remarquer et on pouvait imaginer qu’il allait devenir comédien…
J’ai dit à Farid que je ne voulais pas jouer ce rôle, mais que cette histoire me faisait penser un peu à ma vie. « C’est quoi ta vie ? ». Je la lui ai alors racontée. Jusqu’à 30 ans, j’ai travaillé avec succès dans la pub et l’événementiel, mais suite à un drame familial dont on fait référence à la fin du film, la perte d’un bébé, j’ai décidé de tout arrêter. Et de réaliser un de mes rêves de gosse : devenir comédien. Je suis donc allé m’inscrire au cours Florent, j’ai eu le concours de la classe libre, on m’a trouvé un agent, j’ai commencé à faire des petits rôles à droite à gauche, du doublage, puis un jour j’ai écrit "La Première Etoile", et voilà… « Il faut que ce soit ça, ton prochain film ! » m’a-t-il répondu. J’ai commencé à écrire avec Grégory Boutboul, tout en gardant bien sûr le ton de la comédie. Mais à un moment donné, comme le sujet me devenait trop personnel, il a préféré se retirer. C’est à lui et à Farid que je dois l’étincelle qui a mis le feu aux poudres de "Dieumerci !"

Vous avez même gardé le nom de ce personnage…
D’abord c’est un nom – et un titre ! – magnifique, et puis aussi, je ne sais pas si… on doit lui dire merci ! C’est pour ça que je l’ai gardé.

DIEUMERCI ! de Lucien Jean-BaptisteQu’est-ce qui était le plus difficile dans l’écriture du scénario ?
D’aller jusqu’au bout de ce que j’avais en moi, de ne pas avoir peur de me mettre à nu… De trouver le bon équilibre entre la comédie et l’émotion. J’ai eu la chance de travailler avec une amie, Véronique Arménakian, qui n’est pas dans le métier, qui me connaît très bien et qui était déjà là à l’époque de "La Première Etoile". Elle a réussi à me faire sortir des choses que je n’aurais sans doute pas osé aller chercher tout seul, ni avec Grégory que je ne connaissais pas assez bien. Ne serait-ce que pour la scène finale quand il explique pourquoi c’est son rêve de devenir acteur. Oser l’impudeur. Nous, les noirs, on est comme beaucoup de comiques, on rit souvent pour ne pas pleurer… Pensez à Henri Salvador, à Omar, on rit et on se cache derrière notre rire. On aurait pu raconter une success story à l’américaine, celle d’un type qui part de rien et arrive à réaliser son rêve, et s’arrêter là. Mais moi, ce qui m’intéresse, c’est de parler aussi de pourquoi il a fait ça, du pourquoi de son rêve. Et c’est là que des références arrivent, comme "L’Epouvantail"… mâtiné de "L’Emmerdeur" !  L’histoire vraie, c’est que si ce drame ne m’était pas arrivé, je n’aurais peut-être jamais été comédien. Cela a à voir avec la résilience. Que fait-on de nos malheurs, de nos drames, de nos blessures ? Et là, soudain, l’histoire devient universelle…

Ce qui frappe dans "Dieumerci !", c’est à la fois sa simplicité et sa sincérité…
Je ne sais pas faire autrement. Je dis souvent que je ne suis pas un cinéaste – j’ai trop de respect pour les grands metteurs en scène – je suis juste un comédien qui fait des films, qui raconte des histoires, qui se raconte en espérant toucher tout le monde. Le ski, dans "La Première Etoile", c’est une histoire vraie. Ma mère n’avait pas 1 franc, mais elle s’est débrouillée pour nous emmener à la neige. Et pourquoi je m’étais donné le rôle du père ? Parce que je n’ai pas connu le mien. Du coup, j’ai imaginé un père nul mais qui est présent. Cela reste universel. Je suis un vrai fan de la comédie italienne, des comédies anglaises, de ces films à la fois pleins de drames et d’éclats de rires, où l’on peut rire pendant une heure et où soudain la gorge se noue et l’émotion monte…

DIEUMERCI ! de Lucien Jean-BaptisteOn retrouve dans votre personnage cette volonté inébranlable d’aller au bout de son rêve…
Il est là le secret : faire ce qu’on aime. Essayer de vivre son rêve.

Votre rêve de gosse, c’était donc d’être acteur ?
Oui. Ma mère avait dû flairer quelque chose puisqu’elle m’avait inscrit, petit, dans des agences de pub. Mais à l’époque – aujourd’hui j’ai 50 ans – ce n’était pas évident, même d’en rêver. Il n’y avait pas Omar, il n’y avait pas Jamel… Tout juste Greg Germain dans "Médecins de nuit" –d’où l’importance de la représentativité, de l’identité. Moi, je regardais Tarzan et c’était lui mon héros ! Je voulais être Tarzan, sauf qu’à l’école on me disait avec l’accent africain : « Ah, on a vu ta famille tomber de l’arbre, là ». Et j’ai eu peur de m’aventurer, sans doute par une sorte de réflexe bourgeois, mais je ne voulais pas crever la dalle en attendant des rôles hypothétiques. Je me suis donc lancé dans la pub mais la vie m’est revenue, Dieu merci !

Vous aviez quel âge à ce moment-là ?
J’avais 31-32 ans. Jusque-là, mon seul objectif, ma seule victoire, c’était de gagner de l’argent. Quand j’ai eu ce malheur, je me suis promis de ne plus jamais travailler uniquement pour l’argent - même si c’est bien, bien sûr, d’en avoir - et de ne me consacrer désormais qu’à ma passion. Quand j’étais au cours Florent, je me disais : « Je vais peut-être crever la dalle, mais je m’en fous, je vais être heureux le matin ». En plus, je n’avais plus d’enfant, je n’avais plus rien. Je ne rêvais pas de faire carrière, je pensais que j’allais faire du théâtre de rue. Et puis, ça a fini par marcher ! La vie m’a appris qu’il faut toujours faire ce qu’on aime. Nos plaisirs sont nos puissances.

Il y a un autre thème que l’on retrouve, c’est cette volonté de dépasser à la fois les limites que la société impose et ses propres limites à soi.
C’est mon petit côté “politique”. La place du noir dans la société, les rôles que le cinéma nous donne. Et je m’en amuse. Mon débat, ce n’est pas : « Pourquoi on ne donne pas Othello à jouer à un noir ? » mais : « Est-ce qu’un noir peut jouer Roméo et Juliette ? ». Même moi quand le prof me dit : « Tu vas jouer Roméo et Juliette », je réponds : « Mais je ne peux pas jouer ça ! ». On a du mal parfois à dépasser les a priori et les habitudes. C’est ce que je veux montrer. Et en plus, c’est source de comédie, alors... Ce que je dis sur les noirs, je pourrais le dire aussi sur les rôles qu’on donne aux femmes. Heureusement, les lignes commencent à bouger. Le premier personnage qu’on m’avait fait jouer au Cours Florent, c’était… un valet ! Je devais dire : « Comme ces grands seigneurs sont longs à s’habiller, le monde est si lambin que ça m’en fait bâiller », j’étais derrière une porte et j’attendais mon maitre ! Normal pour un noir ! Moi, à l’époque, je ne me posais pas beaucoup de questions. Dans le monde du business, tant que vous rapportez de l’argent, on s’en fout de la couleur de votre peau. En fait, ce sont le cinéma et le théâtre qui m’ont ramené à mon histoire, à mes origines, à mon identité…

FDIEUMERCI ! de Lucien Jean-Baptistearid Lahouassa vous a donc poussé à raconter votre histoire, et c’est lui aussi qui a pensé à Baptiste Lecaplain pour être votre partenaire…
Oui, il lui avait même dit un jour : « Il faut que tu fasses un film avec Lucien ». Peut-être parce qu’il se disait que “Baptiste et Jean-Baptiste”, ça ferait bien sur l’affiche ! Plus sérieusement, je pense qu’il a vu en nous une sorte d’humanité, de sincérité, voire de naïveté communes. Lorsque j’ai vu Baptiste sur scène, j’ai remarqué le plaisir qu’il suscitait chez les jeunes qui emplissaient la salle, et surtout j’ai noté que ce garçon, on avait envie de le prendre dans ses bras et de l’aimer. J’ai pensé : qu’est-ce qu’il est humain, qu’est-ce qu’il est sain ! Après l’avoir rencontré, je me suis même dit qu’il pourrait être un de mes anges, quelqu’un qui allait m’accompagner et me dire : « C’est par là le chemin… ». On a fait des essais, parce que faire du one man show et jouer un personnage dans un film, ce n’est pas la même chose. Mais il était tellement volontaire, il a tellement envie de bosser, tellement le désir de bien faire que ça ne pouvait que bien se passer. Son meilleur atout, en plus de son évident sens du rythme et de la comédie, c’est ce qu’il dégage. Je sens quelqu’un d’une grande humanité. Dans son dernier  spectacle, il dit qu’on se construit sur nos malheurs, que nos souffrances sont le chemin du bonheur… Ce sont des mots que j’aurais pu dire moi-même. J’ai adoré travailler avec lui. Quand on a tourné la dernière scène du film, c’était aussi notre dernière scène ensemble sur le tournage. Et l’émotion était d’autant plus grande, d’autant plus vraie…
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