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Mercredi cinéma : "Cézanne et moi" de Danièle Thompson avec Guillaume Gallienne et Guillaume Canet.

Publié le : 21-09-2016

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc),  Franconville - Montmorency - Taverny. Pas de séance programmée à Ermont et Eaubonne. 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône.
Le cinéma "Les Toiles" de Saint-Gratien est en travux de rénovation.

 

CEZANNE ET MOI de Danièle ThompsonSortie de la semaine : "Cézanne et moi" de Danièle Thompson

L'histoire
Ils s’aimaient comme on aime à treize ans : révoltes, curiosité, espoirs, doutes, filles, rêves de gloire, ils partageaient tout. Paul est riche. Emile est pauvre. Ils quittent Aix, « montent » à Paris, pénètrent dans l’intimité de ceux de Montmartre et des Batignolles. Tous hantent les mêmes lieux, dorment avec les mêmes femmes, crachent sur les bourgeois qui le leur rendent bien, se baignent nus, crèvent de faim puis mangent trop, boivent de l’absinthe, dessinent le jour des modèles qu’ils caressent la nuit, font trente heures de train pour un coucher de soleil...
Aujourd’hui, Paul est peintre. Emile est écrivain.
La gloire est passée sans regarder Paul. Emile lui a tout : la renommée, l’argent, une femme parfaite que Paul a aimé avant lui. Ils se jugent, s’admirent, s’affrontent. Ils se perdent, se retrouvent, comme un couple qui n’arrive pas à cesser de s’aimer.
Un film de Danièle Thompson avec Guillaume Gallienne, Guillaume Canet, Alice Pol, Déborah François, Sabine Azéma, Gérard Meylan, Isabelle Candelier, Freya Mavor, Laurent Stocker.

 

Bonus : propos de Danièle Thompson, réalisatrice du film

Comment et d’où est venue votre envie de faire ce film qui semble à part dans votre filmographie, plutôt marquée jusqu’ici par les comédies ?
ICEZANNE ET MOI de Danièle Thompsonl y a une quinzaine d’années, j’ai lu un article qui racontait l’amitié depuis l’enfance de Cézanne et Zola, puis leur éloignement. Je dois avouer que je n’avais jamais entendu parler jusque-là de cette brouille et que cela m’a intriguée. J’ai alors commencé à lire des biographies de l’un et de l’autre, à relire des textes de Zola que j’avais oubliés, à voir des tableaux de Cézanne que je ne connaissais pas. Il y avait dans cet épisode-là, dans cette fâcherie, une certaine dramaturgie qui dépassait la simple anecdote. À chaque fois que je finissais un film, j’avais envie d’aborder cette histoire mais lorsque j’en parlais autour de moi, on me disait : « Mais non, fais une comédie, c’est ce que tu sais faire. » Je faisais donc une comédie, puis une autre, puis une autre. Jusqu’à "Des gens qui s'embrassent", qui n’a pas été le succès que j’espérais et dont l’accueil m’a un peu déstabilisée. J’ai alors décidé de prendre du temps et je me suis plongée pour le plaisir dans la vie de Cézanne et de Zola, sans savoir si j’y trouverais la matière d’un film. J’ai lu, j’ai lu, j’ai pris des tonnes de notes, j’ai noirci des tas de cahiers. J’étais complètement fascinée par tout ce que je lisais, par tout ce que j’apprenais.

PCEZANNE ET MOI de Danièle Thompsonourquoi ?
Parce que j’entrais dans le cœur de la vie de ces gens, dans leur jeunesse. Quand on évoque Cézanne, Zola, Victor Hugo ou Renoir aujourd’hui, on voit tout de suite des vieillards chenus et impressionnants. Là je découvrais des hommes jeunes, en plein devenir, dans une intimité, un quotidien qui, justement, n’étaient pas impressionnants. Ce n’étaient pas des légendes, pas des icônes, juste des jeunes gens avec leurs copains, avec leurs problèmes et leurs rêves, leurs faiblesses et leurs espérances... D’autant qu’on n’est pas si loin de cette époque et qu’il existe beaucoup de textes et de témoignages qui forment une matière incroyablement riche et vivante. Grâce à Jean-Claude Fasquelle, dont le grand-père était l’éditeur de Zola, j’ai rencontré Martine Leblond-Zola, l’arrière-petite-fille d'Emile. Je me suis immergée dans ce que Zola et Cézanne ont écrit et dans ce qu’on a écrit sur eux, j’ai suivi les chemins qu’ils avaient parcourus, au sens propre et au sens figuré. J’ai consulté à la Bibliothèque Nationale les manuscrits de Zola – émouvants avec leurs ratures ! J’ai arpenté les musées, observant d’un œil neuf les œuvres qui me connectaient à mes lectures. J’ai pris des photos de tous les tableaux qui me parlaient, sur les murs, dans les livres, sur internet. J’ai constitué des albums avec toutes ces images et tous ces documents. J’avais l’impression de vivre au dix-neuvième siècle. Cézanne et Zola étaient devenus ma famille. Et un jour, je me suis sentie prête à tenter l’aventure. J’ai décidé d’essayer de raconter leur histoire telle que je l’imaginais.
Mes piles d’albums ont soudain pris vie. Et je me suis mise à écrire. Au départ, je voulais simplement faire un synopsis mais, très vite, je me suis aperçue que j’étais en train d’écrire le film !

Qu’est-ce qui vous touche le plus dans cette histoire-là, dans cette relation de Cézanne et Zola ?
Tout ! Il y a de nombreuses strates dans cette histoire, et c’est justement cela qui m’a passionnée. C’est d’abord l’histoire de deux amis qui vont essayer toute leur vie de rester les amis d’enfance qu’ils ont été, mais qui ne vont pas y arriver. C’est aussi fort qu’une histoire d’amour – voire plus. Comme il est dit dans le film, l’amitié c’est encore plus difficile que l’amour car il n’y a pas de balises, pas de règles, pas de définition précise. Les histoires d’amitié peuvent être très profondes, très douloureuses, très ambigües aussi... D’autant qu’il y a, après l’adolescence, le partage de l’argent, des femmes, des préoccupations, de l’ambition, de la difficulté de vouloir devenir un artiste. C’est le deuxième aspect qui me touche. C’est vraiment le cœur du sujet. Comment on vit son destin d’écrivain ou de peintre, et parallèlement une histoire CEZANNE ET MOI de Danièle Thompsond’amitié. Comment on vit le succès de l’un et pas de l’autre, comment on vit l’un qui admire l’autre et l’autre qui n’arrive pas à admirer le premier... Ce qui est intéressant, enfin, ce sont ces destins croisés : un fils de pauvres qui devient un bourgeois installé, établi, reconnu, et un fils de bourgeois qui va finalement sombrer dans une sorte de marginalisation, menant une vie de bohême avec très peu d’argent, ne gagnant pas un sou avec sa peinture, vivant avec une femme qu’il n’épouse pas, ne s’intéressant à rien d’autre que son art... Et puis au moment où l’un se demande si son inspiration n’est pas tarie, l’autre commence – enfin ! – à faire parler de lui, à attirer l’attention sur lui. L’un dont l’œuvre majeure est écrite entre 25 et 50 ans, et l’autre qui ne va véritablement trouver sa voie, qui ne va devenir le précurseur de l’art contemporain, qu’à partir de 50 ans... Dans leur vie, tout est donc tout le temps à contre-sens.

Lorsqu’on aborde un film dont les personnages sont des personnalités célèbres ayant existé, n’est-on pas prisonnier de la « vérité » ?
Si, bien sûr... Pendant mes recherches, je me demandais d’ailleurs si je pouvais prendre suffisamment de libertés avec cette histoire pour en faire un film. Or, il se trouve que l’une des raisons les plus plausibles de l’éloignement de Cézanne et Zola est la parution de "L’œuvre". Si dans ce livre Zola s’est beaucoup inspiré de Cézanne, de leur jeunesse, de leur amitié, de leurs préoccupations et de leurs discussions, il a aussi fait son travail de romancier sur la vérité, en prenant des libertés sur leur vie à tous les deux et sur le milieu de l’art, en recréant des situations qui n’étaient pas forcément ou pas entièrement vraies. S’il avait pris certaines libertés, je pouvais en prendre à mon tour ! Je me disais : « Tiens, Cézanne a présenté à Zola celle qui est devenue sa femme et on dit qu’elle a peut-être été auparavant sa maîtresse, eh bien pour moi, c’est sûr, elle l’a été ! »

Au moment de l’écriture, vous êtes-vous demandée quels acteurs allaient pouvoir interpréter ces personnages réels ?
J’ai essayé de ne pas y penser ! Cela aurait pu m’arrêter dans mon élan. Il fallait en effet trouver des acteurs qui puissent un peu leur ressembler, qui puissent être dans la quarantaine et en même temps avoir en eux une certaine juvénilité pour jouer les personnages plus jeunes, et qui soient des comédiens sur lesquels on pouvait monter le projet. Cela faisait beaucoup d’interrogations. Je n’y ai réfléchi que vers la fin de l’écriture et le premier auquel j’ai pensé, c’est Guillaume Gallienne. Depuis "fauteuils d'orchestre", j’avais très envie de retravailler avec lui. Je le voyais davantage en Zola, parce qu’on l’imagine plus comme un intellectuel que comme un terrien. Je lui ai dCEZANNE ET MOI de Danièle Thompsononné le scénario à lire. Il m’a rappelée en me disant : « Je veux jouer Cézanne ». Et il a rajouté : « Si tu veux, on fait une lecture et tu verras si vraiment je peux être Cézanne ». C’est ce qu’on a fait et je n’ai plus eu aucun doute. Il peut tout jouer !
Il fallait donc que je trouve mon Zola, et c’est Cécile Felsenberg, qui est leur agent à tous les deux, qui m’a conseillée de donner le scénario à Guillaume Canet. Il m’a tout de suite dit oui.

Qu’est-ce qui fait selon vous, aujourd’hui, que Canet est l’interprète idéal de Zola et Gallienne l’interprète idéal de Cézanne ?
L’interprète idéal pour moi est celui dont j’ai envie et celui qui a autant envie que moi de faire le film. Si un acteur me dit : « Ah je ne suis pas sûr, je ne le sens pas vraiment... », à la seconde je n’en ai plus envie. Je crois beaucoup à l’instinct des comédiens et je n’aime pas l’idée d’avoir à les convaincre. Là, l’enthousiasme des deux Guillaume a été immédiat. C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup en France de vrais rôles de composition, et que cela aussi devait être excitant pour eux... Ils m’ont tous les deux beaucoup apporté. Je leur dois vraiment beaucoup. J’ai été chanceuse et heureuse d’avoir ces deux-là pour ce film-là.

C’est vrai qu’on les oublie très vite pour ne plus voir que leurs personnages. Ce sont deux comédiens qui ne semblent pas être de la même école. Comment avez-vous travaillé avec eux ?
Déjà, le scénario lui-même est beaucoup basé sur leurs différences. Mais surtout, j’ai décidé d’oublier ça pendant que je travaillais avec eux. C’était mes deux interprètes et je voyais très bien ce que j’arrivais à sortir de l’un et de l’autre. Ce qui m’a fait très plaisir lorsqu’ils ont vu, chacun de leur côté, le film terminé, c’est qu’ils ont été absolument épatés l’un par l’autre, comme s’ils avaient été tellement dans leur personnage qu’ils ne l’avaient pas remarqué sur le plateau. En plus, j’avais affaire à deux metteurs en scène. À ça aussi, il ne fallait pas trop que je pense, sinon cela aurait pu me bloquer. En fait, j’avais sur le plateau deux acteurs qui étaient très à l’écoute, qui avaient tous les deux le trac de relever un tel défi, tous les deux l’envie de faire le mieux possible, tous les deux l’envie de faire une prise de plus. Ils me donnaient tous les deux le sentiment d’avoir vraiment confiance en moi et je me suis sentie très bien en leur compagnie.

Quel est selon vous le meilleur atout de l’un et de l’autre ?
Ils ont tous les deux un immense instinct de comédien.
Instinctivement, Guillaume Canet a ressenti qu’il fallait interpréter ce personnage « iconique » d’une façon extrêmement simple, très sobre. Instinctivement, Guillaume Gallienne a compris en revanche qu’il avait un peu affaire à un fou - aujourd’hui on mettrait Cézanne sur la liste des maniaco-dépressifs. C’est quand même un type qui se mettait dans des rages insensées et qui, quelques instants plus tard, semblait avoir tout oublié. Il y a chez tous les deux, qui viennent pourtant d’éducation différente, de milieux différents, qui ont suivi des parcours différents, et qui interprètent des personnages très différents, une même discipline, un même goût, voire une même obsession, du travail. Ce que j’ai ressenti chez l’un et l’autre, en plus de leur talent évident, c’est une grande expérience, une grande concentration, une grande demande de ce dont j’avais envie. Ni l’un ni l’autre n’arrivent sur le plateau en sifflotant. Ils ont tous deux une endurance, une persévérance et un acharnement dans la recherche de ce qu’il faut faire, qui sont magnifiques et rares.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc),  Franconville - Montmorency - Taverny. Pas de séance programmée à Ermont et Eaubonne. 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône.
Le cinéma "Les Toiles" de Saint-Gratien est en travux de rénovation.

 

CEZANNE ET MOI de Danièle ThompsonSortie de la semaine : "Cézanne et moi" de Danièle Thompson

L'histoire
Ils s’aimaient comme on aime à treize ans : révoltes, curiosité, espoirs, doutes, filles, rêves de gloire, ils partageaient tout. Paul est riche. Emile est pauvre. Ils quittent Aix, « montent » à Paris, pénètrent dans l’intimité de ceux de Montmartre et des Batignolles. Tous hantent les mêmes lieux, dorment avec les mêmes femmes, crachent sur les bourgeois qui le leur rendent bien, se baignent nus, crèvent de faim puis mangent trop, boivent de l’absinthe, dessinent le jour des modèles qu’ils caressent la nuit, font trente heures de train pour un coucher de soleil...
Aujourd’hui, Paul est peintre. Emile est écrivain.
La gloire est passée sans regarder Paul. Emile lui a tout : la renommée, l’argent, une femme parfaite que Paul a aimé avant lui. Ils se jugent, s’admirent, s’affrontent. Ils se perdent, se retrouvent, comme un couple qui n’arrive pas à cesser de s’aimer.
Un film de Danièle Thompson avec Guillaume Gallienne, Guillaume Canet, Alice Pol, Déborah François, Sabine Azéma, Gérard Meylan, Isabelle Candelier, Freya Mavor, Laurent Stocker.

 

Bonus : propos de Danièle Thompson, réalisatrice du film

Comment et d’où est venue votre envie de faire ce film qui semble à part dans votre filmographie, plutôt marquée jusqu’ici par les comédies ?
ICEZANNE ET MOI de Danièle Thompsonl y a une quinzaine d’années, j’ai lu un article qui racontait l’amitié depuis l’enfance de Cézanne et Zola, puis leur éloignement. Je dois avouer que je n’avais jamais entendu parler jusque-là de cette brouille et que cela m’a intriguée. J’ai alors commencé à lire des biographies de l’un et de l’autre, à relire des textes de Zola que j’avais oubliés, à voir des tableaux de Cézanne que je ne connaissais pas. Il y avait dans cet épisode-là, dans cette fâcherie, une certaine dramaturgie qui dépassait la simple anecdote. À chaque fois que je finissais un film, j’avais envie d’aborder cette histoire mais lorsque j’en parlais autour de moi, on me disait : « Mais non, fais une comédie, c’est ce que tu sais faire. » Je faisais donc une comédie, puis une autre, puis une autre. Jusqu’à "Des gens qui s'embrassent", qui n’a pas été le succès que j’espérais et dont l’accueil m’a un peu déstabilisée. J’ai alors décidé de prendre du temps et je me suis plongée pour le plaisir dans la vie de Cézanne et de Zola, sans savoir si j’y trouverais la matière d’un film. J’ai lu, j’ai lu, j’ai pris des tonnes de notes, j’ai noirci des tas de cahiers. J’étais complètement fascinée par tout ce que je lisais, par tout ce que j’apprenais.

PCEZANNE ET MOI de Danièle Thompsonourquoi ?
Parce que j’entrais dans le cœur de la vie de ces gens, dans leur jeunesse. Quand on évoque Cézanne, Zola, Victor Hugo ou Renoir aujourd’hui, on voit tout de suite des vieillards chenus et impressionnants. Là je découvrais des hommes jeunes, en plein devenir, dans une intimité, un quotidien qui, justement, n’étaient pas impressionnants. Ce n’étaient pas des légendes, pas des icônes, juste des jeunes gens avec leurs copains, avec leurs problèmes et leurs rêves, leurs faiblesses et leurs espérances... D’autant qu’on n’est pas si loin de cette époque et qu’il existe beaucoup de textes et de témoignages qui forment une matière incroyablement riche et vivante. Grâce à Jean-Claude Fasquelle, dont le grand-père était l’éditeur de Zola, j’ai rencontré Martine Leblond-Zola, l’arrière-petite-fille d'Emile. Je me suis immergée dans ce que Zola et Cézanne ont écrit et dans ce qu’on a écrit sur eux, j’ai suivi les chemins qu’ils avaient parcourus, au sens propre et au sens figuré. J’ai consulté à la Bibliothèque Nationale les manuscrits de Zola – émouvants avec leurs ratures ! J’ai arpenté les musées, observant d’un œil neuf les œuvres qui me connectaient à mes lectures. J’ai pris des photos de tous les tableaux qui me parlaient, sur les murs, dans les livres, sur internet. J’ai constitué des albums avec toutes ces images et tous ces documents. J’avais l’impression de vivre au dix-neuvième siècle. Cézanne et Zola étaient devenus ma famille. Et un jour, je me suis sentie prête à tenter l’aventure. J’ai décidé d’essayer de raconter leur histoire telle que je l’imaginais.
Mes piles d’albums ont soudain pris vie. Et je me suis mise à écrire. Au départ, je voulais simplement faire un synopsis mais, très vite, je me suis aperçue que j’étais en train d’écrire le film !

Qu’est-ce qui vous touche le plus dans cette histoire-là, dans cette relation de Cézanne et Zola ?
Tout ! Il y a de nombreuses strates dans cette histoire, et c’est justement cela qui m’a passionnée. C’est d’abord l’histoire de deux amis qui vont essayer toute leur vie de rester les amis d’enfance qu’ils ont été, mais qui ne vont pas y arriver. C’est aussi fort qu’une histoire d’amour – voire plus. Comme il est dit dans le film, l’amitié c’est encore plus difficile que l’amour car il n’y a pas de balises, pas de règles, pas de définition précise. Les histoires d’amitié peuvent être très profondes, très douloureuses, très ambigües aussi... D’autant qu’il y a, après l’adolescence, le partage de l’argent, des femmes, des préoccupations, de l’ambition, de la difficulté de vouloir devenir un artiste. C’est le deuxième aspect qui me touche. C’est vraiment le cœur du sujet. Comment on vit son destin d’écrivain ou de peintre, et parallèlement une histoire CEZANNE ET MOI de Danièle Thompsond’amitié. Comment on vit le succès de l’un et pas de l’autre, comment on vit l’un qui admire l’autre et l’autre qui n’arrive pas à admirer le premier... Ce qui est intéressant, enfin, ce sont ces destins croisés : un fils de pauvres qui devient un bourgeois installé, établi, reconnu, et un fils de bourgeois qui va finalement sombrer dans une sorte de marginalisation, menant une vie de bohême avec très peu d’argent, ne gagnant pas un sou avec sa peinture, vivant avec une femme qu’il n’épouse pas, ne s’intéressant à rien d’autre que son art... Et puis au moment où l’un se demande si son inspiration n’est pas tarie, l’autre commence – enfin ! – à faire parler de lui, à attirer l’attention sur lui. L’un dont l’œuvre majeure est écrite entre 25 et 50 ans, et l’autre qui ne va véritablement trouver sa voie, qui ne va devenir le précurseur de l’art contemporain, qu’à partir de 50 ans... Dans leur vie, tout est donc tout le temps à contre-sens.

Lorsqu’on aborde un film dont les personnages sont des personnalités célèbres ayant existé, n’est-on pas prisonnier de la « vérité » ?
Si, bien sûr... Pendant mes recherches, je me demandais d’ailleurs si je pouvais prendre suffisamment de libertés avec cette histoire pour en faire un film. Or, il se trouve que l’une des raisons les plus plausibles de l’éloignement de Cézanne et Zola est la parution de "L’œuvre". Si dans ce livre Zola s’est beaucoup inspiré de Cézanne, de leur jeunesse, de leur amitié, de leurs préoccupations et de leurs discussions, il a aussi fait son travail de romancier sur la vérité, en prenant des libertés sur leur vie à tous les deux et sur le milieu de l’art, en recréant des situations qui n’étaient pas forcément ou pas entièrement vraies. S’il avait pris certaines libertés, je pouvais en prendre à mon tour ! Je me disais : « Tiens, Cézanne a présenté à Zola celle qui est devenue sa femme et on dit qu’elle a peut-être été auparavant sa maîtresse, eh bien pour moi, c’est sûr, elle l’a été ! »

Au moment de l’écriture, vous êtes-vous demandée quels acteurs allaient pouvoir interpréter ces personnages réels ?
J’ai essayé de ne pas y penser ! Cela aurait pu m’arrêter dans mon élan. Il fallait en effet trouver des acteurs qui puissent un peu leur ressembler, qui puissent être dans la quarantaine et en même temps avoir en eux une certaine juvénilité pour jouer les personnages plus jeunes, et qui soient des comédiens sur lesquels on pouvait monter le projet. Cela faisait beaucoup d’interrogations. Je n’y ai réfléchi que vers la fin de l’écriture et le premier auquel j’ai pensé, c’est Guillaume Gallienne. Depuis "fauteuils d'orchestre", j’avais très envie de retravailler avec lui. Je le voyais davantage en Zola, parce qu’on l’imagine plus comme un intellectuel que comme un terrien. Je lui ai dCEZANNE ET MOI de Danièle Thompsononné le scénario à lire. Il m’a rappelée en me disant : « Je veux jouer Cézanne ». Et il a rajouté : « Si tu veux, on fait une lecture et tu verras si vraiment je peux être Cézanne ». C’est ce qu’on a fait et je n’ai plus eu aucun doute. Il peut tout jouer !
Il fallait donc que je trouve mon Zola, et c’est Cécile Felsenberg, qui est leur agent à tous les deux, qui m’a conseillée de donner le scénario à Guillaume Canet. Il m’a tout de suite dit oui.

Qu’est-ce qui fait selon vous, aujourd’hui, que Canet est l’interprète idéal de Zola et Gallienne l’interprète idéal de Cézanne ?
L’interprète idéal pour moi est celui dont j’ai envie et celui qui a autant envie que moi de faire le film. Si un acteur me dit : « Ah je ne suis pas sûr, je ne le sens pas vraiment... », à la seconde je n’en ai plus envie. Je crois beaucoup à l’instinct des comédiens et je n’aime pas l’idée d’avoir à les convaincre. Là, l’enthousiasme des deux Guillaume a été immédiat. C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup en France de vrais rôles de composition, et que cela aussi devait être excitant pour eux... Ils m’ont tous les deux beaucoup apporté. Je leur dois vraiment beaucoup. J’ai été chanceuse et heureuse d’avoir ces deux-là pour ce film-là.

C’est vrai qu’on les oublie très vite pour ne plus voir que leurs personnages. Ce sont deux comédiens qui ne semblent pas être de la même école. Comment avez-vous travaillé avec eux ?
Déjà, le scénario lui-même est beaucoup basé sur leurs différences. Mais surtout, j’ai décidé d’oublier ça pendant que je travaillais avec eux. C’était mes deux interprètes et je voyais très bien ce que j’arrivais à sortir de l’un et de l’autre. Ce qui m’a fait très plaisir lorsqu’ils ont vu, chacun de leur côté, le film terminé, c’est qu’ils ont été absolument épatés l’un par l’autre, comme s’ils avaient été tellement dans leur personnage qu’ils ne l’avaient pas remarqué sur le plateau. En plus, j’avais affaire à deux metteurs en scène. À ça aussi, il ne fallait pas trop que je pense, sinon cela aurait pu me bloquer. En fait, j’avais sur le plateau deux acteurs qui étaient très à l’écoute, qui avaient tous les deux le trac de relever un tel défi, tous les deux l’envie de faire le mieux possible, tous les deux l’envie de faire une prise de plus. Ils me donnaient tous les deux le sentiment d’avoir vraiment confiance en moi et je me suis sentie très bien en leur compagnie.

Quel est selon vous le meilleur atout de l’un et de l’autre ?
Ils ont tous les deux un immense instinct de comédien.
Instinctivement, Guillaume Canet a ressenti qu’il fallait interpréter ce personnage « iconique » d’une façon extrêmement simple, très sobre. Instinctivement, Guillaume Gallienne a compris en revanche qu’il avait un peu affaire à un fou - aujourd’hui on mettrait Cézanne sur la liste des maniaco-dépressifs. C’est quand même un type qui se mettait dans des rages insensées et qui, quelques instants plus tard, semblait avoir tout oublié. Il y a chez tous les deux, qui viennent pourtant d’éducation différente, de milieux différents, qui ont suivi des parcours différents, et qui interprètent des personnages très différents, une même discipline, un même goût, voire une même obsession, du travail. Ce que j’ai ressenti chez l’un et l’autre, en plus de leur talent évident, c’est une grande expérience, une grande concentration, une grande demande de ce dont j’avais envie. Ni l’un ni l’autre n’arrivent sur le plateau en sifflotant. Ils ont tous deux une endurance, une persévérance et un acharnement dans la recherche de ce qu’il faut faire, qui sont magnifiques et rares.
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