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Mercredi cinéma : "3 cœurs" de Benoit Jacquot avec Charlotte Gainsbourg, Chiara Mastroianni.

Publié le : 17-09-2014

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc)  - Enghien (Centre des Arts) - Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mardi et mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

3 COEURS de Benoit JacquotZoom nouveauté : "3 cœurs" de Benoit Jacquot

L'histoire
Dans une ville de province, une nuit, Marc rencontre Sylvie alors qu’il a raté le train pour retourner à Paris. Ils errent dans les rues jusqu’au matin, parlant de tout sauf d’eux-mêmes, dans un accord rare. Quand Marc prend le premier train, il donne à Sylvie un rendez-vous, à Paris, quelques jours après. Ils ne savent rien l’un de l’autre. Sylvie ira à ce rendez-vous, et Marc, par malheur, non. Il la cherchera et trouvera une autre, Sophie, sans savoir qu’elle est la sœur de Sylvie…
Un film de Benoit Jacquot avec Benoit Poelvoorde, Charlotte Gainsbourg, Chiara Mastroianni,  Catherine Deneuve…

>> Bande annonce du film

 

Bonus : propos de Benoit Jacquot, réalisateur du film.

D’où est né le scénario de "3 Cœurs" ?
Comme toujours, lorsque j’écris un scénario original, d’un assemblage d’envies : après un certain nombre de films en costumes, il était important pour moi de réaliser un film contemporain, un film qui se passe ici et maintenant.
Et, après avoir centré copieusement tous mes derniers longs-métrages sur des personnages féminins, TROIS COEURS de Benoit Jacquotj’avais besoin de m’occuper d’un personnage masculin - ne serait-ce que pour vérifier si j’étais capable de le faire. Mon cinéma est plutôt lié à des figures féminines. Je souhaitais m’éprouver sur ce terrain.

Cela ne vous était pas arrivé depuis "Sade"…
Oui, mais Daniel Auteuil s’est vite aperçu que je m’intéressais au moins autant au personnage que jouait Isild Le Besco. Il en a pris son parti, un bon parti : ça l’intéressait encore davantage.

Revenons à la genèse de "3 Cœurs"
Je souhaitais tourner une histoire qui se déroule en province ; une ville moyenne que l’on devine un peu méridionale. La province française est un terrain propice pour développer un argument mélodramatique : je voulais précisément m’intéresser à un homme aux prises avec un amour caché.

Parce qu’il a raté un rendez-vous avec Sylvie, dont il est tombé amoureux (Charlotte Gainsbourg), Marc (Benoit Poelvoorde) finit par épouser Sophie (Chiara Mastroianni) sans savoir qu’elle est la sœur de celle pour laquelle il a éprouvé un coup de foudre.
J’avais depuis longtemps le désir d’étudier l’incidence particulière que pourraient avoir deux sœurs sur une intrigue. Marc aime l’une puis l’autre, de façon différente mais forte, seul le spectateur le sait et c’est ce qui crée une tension mélodramatique. Avec Julien Boivent, mon complice d’écriture sur "Villa Amalia" et "Au fond des bois", nous avons tenté d’agréger tous ces éléments. Un homme rate son train dans une ville de province, rencontre une femme sans que l’un et l’autre, par jeu, ne se disent qui ils sont. Ils se donnent rendez-vous et, comme dans tout mélo qui se respecte, ne se trouvent pas. L’histoire peut démarrer…

TROIS COEURS de Benoit JacquotMarc rate le rendez-vous parce qu’il est victime d’un infarctus...
"3 Cœurs" est une histoire de cœur au sens littéral : j’aimais l’idée de voir le personnage souffrir physiquement d’un problème cardiaque – c’était l’occasion de montrer le cœur comme un organe.

Les rencontres de Marc avec Sylvie puis avec Sophie procèdent vraiment du magnétisme…

J’aime les rencontres amoureuses qui démarrent ainsi, sur un simple regard - cet instant qui agit comme une étincelle entre les protagonistes.

Il passe beaucoup de poésie dans cette séquence : ce moment, par exemple, où Marc indique son âge en passant devant le numéro d’une maison…

Cela m’est arrivé. Tous mes scénarios originaux sont truffés de ce genre de hasards - ces signes dont les surréalistes étaient friands et qui semblent ouvrir un espace de chance aux amoureux.

Sylvie plaque aussitôt son copain ; comme Sophie, quelque temps plus tard. Comme Marc, lorsqu’il comprend qu’il ne peut pas se passer de Sylvie. Les personnages du film ont des comportements radicaux…
J’ai le sentiment que les filles agissent comme cela lorsqu’elles quittent un homme - personnellement, je me suis toujours fait plaquer de cette manière. L’amour n’attend pas, il a son rythme propre.

TROIS COEURS de Benoit JacquotIl y a dans "3 Cœurs" des mouvements extrêmement rapides, presque violents, et d’autres, au contraire, très paisibles, comme ce passage durant lequel le personnage de Marc se sent soudain heureux dans son ménage, oubliant presque l’autre femme qu’il a dans le cœur…
Il était nécessaire d’installer cette histoire, qui met en jeu des moments littéralement extra-ordinaires (les rencontres amoureuses sont les seules qui méritent ce terme), dans un environnement qui soit le plus ordinaire, le plus normé possible. A propos de ce passage, j’insiste en voix off sur ce nouveau bonheur vécu par Marc à ce moment de son existence : il a choisi de mener une vie normale, mais sans renoncement. Sauf que quelque chose est là tapi en lui, qui a le visage de Sylvie et qui attend son heure.

Laquelle ne cesse d’apparaître et de disparaître avec une entièreté et une fugitivité inouïes…
Charlotte Gainsbourg est comme ça : elle s’échappe. Elle occupe le temps et l’espace de manière très singulière mais on sent qu’elle pourrait disparaître à l’instant. Sa présence tient de l’ordre de l’apparition, elle a quelque chose de fort et d’évanescent. Un vrai charme au sens fort du mot.

"3 Cœurs" joue beaucoup sur les temps romanesques.
Ce sont les temps du cœur : ils n’obéissent pas aux lois du calendrier ordinaire et cassent les règles classiques du récit classique. Dans "3 Cœurs", il y a des sauts dans le temps - parfois de plusieurs années -, et des présents au contraire très détaillés.

Faut-il y voir l’influence des opéras que vous mettez en scène depuis une dizaine d’années ?
Je suis plutôt un praticien de la litote : l’opéra m’a permis de sortir d’une certaine retenue, de franchir des limites que je m’imposais jusque-là dans l’expression physique et la formulation des sentiments. Il y a, dans l’art lyrique, un emportement par la musique et le chant très particuliers et très violents qui ont aujourd’hui, je m’en rends compte, une incidence sur mon cinéma. Ce n’est pas un hasard si la matière de "3 Cœurs" est mélodramatique.

Vous avez toujours éprouvé une passion pour les grands mélodrames américains…
Passion intacte. En écrivant le scénario du film, j’ai beaucoup pensé à "Back Street", de John Stahl, aux deux "Elle et lui", de Leo McCarey, et aux films de Douglas Sirk. Mais l’opéra a réveillé en moi ce qui m’interpellait quand je les regardais.

TROIS COEURS de Benoit JacquotOn peut voir "3 Cœurs" comme un mélodrame, on peut aussi le qualifier de thriller sentimental….

Absolument. Un film n’est fort et réussi à mes yeux que si, précisément, le genre est oublié. A aucun moment, en tournant "3 Cœurs", je ne me suis dit : « Faisons mélo ». Je n’aurais pas pu, cela aurait été l’indice que quelque chose n’allait pas. Certes, le film décrit une situation mélodramatique, mais à ma façon.

On a le sentiment que chaque film constitue pour vous une nouvelle prise de risques ?
Même si je tournais éternellement le même, comme on enfonce éternellement le même clou, je resterais dans la même inquiétude. Mes films sont comme des protocoles d’expérience : la même expérience se poursuit, les protocoles diffèrent, et toutes les occasions sont bonnes.

Vous attaquer à un personnage central masculin faisait donc partie d’un nouveau protocole ?
Comment filmer un homme lorsqu’on a la réputation de filmer des femmes et, au-delà, de passer sa vie avec les actrices qu’on filme ? Mon cinéma pouvait-il s’accommoder de la présence d’un acteur ? J’étais effectivement curieux de voir si cela marcherait et comment cela marcherait.

TROIS COEURS de Benoit JacquotAvez-vous tout de suite pensé à Benoit Poelvoorde pour le rôle de Marc ?
Pas immédiatement. Ma première idée est allée vers un ami acteur mais lui et moi nous sommes vite aperçus que cette proximité risquait de nous gêner : nous avions déjà tourné deux films ensemble, j’avais l’impression – peut-être fausse - de savoir par avance ce qu’il ferait. Quelqu’un que je ne connaissais pas m’offrait la liberté de découvrir d’autres émotions. Or, découvrir des choses au cinéma, c’est les inventer.
Quel était actuellement l’acteur qui m’impressionnait le plus ? Celui que j’aimais le plus et avec lequel j’aurais le plus envie de tourner ? Benoit s’est imposé, et je savais par son agent – qui est aussi le mien - qu’il avait, lui aussi, le désir de travailler avec moi.

Comment s’est passé le tournage avec lui ?
Il y a toujours une part d’inconnu, dans la façon de jouer et d’être, de Benoit : que va-t-il faire ? Dans quel état va-t-il être : exalté ou, au contraire, complètement déprimé ? Même son usage de la langue est spécial, très articulé et très digressif à la fois. On ne sait jamais sur quel pied on va danser en filmant Benoit.

Pourquoi avoir fait de son personnage un inspecteur des impôts qui fait, qui plus est, l’apologie de son métier?
Il m’est arrivé d’en rencontrer et ce sont des gens passionnants. Un de mes vieux amis, marchand d’art, a eu un jour un redressement fiscal très important qui a duré très longtemps. Les deux inspecteurs qui en avaient la charge - un couple, en plus - sont devenus ses meilleurs amis. Les inspecteurs des impôts croisent davantage de spécimens humains que peut en connaître un iTROIS COEURS de Benoit Jacquotnspecteur de police : ce sont d’excellents pèse-personnes. Ils entrent d’une manière très intime et légale dans la vie des gens, et ils sont obligés d’avoir du flair.

Charlotte Gainsbourg et Chiara Mastroianni sont extraordinairement crédibles dans les rôles des deux sœurs…

Parce que l’une et l’autre y croyaient. J’ai tout de suite eu Charlotte en tête en écrivant "3 Cœurs". Parmi les quelques grandes actrices françaises, elle est l’une de celles que j’aime le plus et avec laquelle je n’avais encore jamais tourné. Chiara est venue plus tard parce j’ai longtemps cru que Sophie, son personnage, devait être plus jeune que Sylvie. Charlotte a immédiatement sauté de joie quand j’ai évoqué Chiara. C’était un acquiescement total.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc)  - Enghien (Centre des Arts) - Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mardi et mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

3 COEURS de Benoit JacquotZoom nouveauté : "3 cœurs" de Benoit Jacquot

L'histoire
Dans une ville de province, une nuit, Marc rencontre Sylvie alors qu’il a raté le train pour retourner à Paris. Ils errent dans les rues jusqu’au matin, parlant de tout sauf d’eux-mêmes, dans un accord rare. Quand Marc prend le premier train, il donne à Sylvie un rendez-vous, à Paris, quelques jours après. Ils ne savent rien l’un de l’autre. Sylvie ira à ce rendez-vous, et Marc, par malheur, non. Il la cherchera et trouvera une autre, Sophie, sans savoir qu’elle est la sœur de Sylvie…
Un film de Benoit Jacquot avec Benoit Poelvoorde, Charlotte Gainsbourg, Chiara Mastroianni,  Catherine Deneuve…

>> Bande annonce du film

 

Bonus : propos de Benoit Jacquot, réalisateur du film.

D’où est né le scénario de "3 Cœurs" ?
Comme toujours, lorsque j’écris un scénario original, d’un assemblage d’envies : après un certain nombre de films en costumes, il était important pour moi de réaliser un film contemporain, un film qui se passe ici et maintenant.
Et, après avoir centré copieusement tous mes derniers longs-métrages sur des personnages féminins, TROIS COEURS de Benoit Jacquotj’avais besoin de m’occuper d’un personnage masculin - ne serait-ce que pour vérifier si j’étais capable de le faire. Mon cinéma est plutôt lié à des figures féminines. Je souhaitais m’éprouver sur ce terrain.

Cela ne vous était pas arrivé depuis "Sade"…
Oui, mais Daniel Auteuil s’est vite aperçu que je m’intéressais au moins autant au personnage que jouait Isild Le Besco. Il en a pris son parti, un bon parti : ça l’intéressait encore davantage.

Revenons à la genèse de "3 Cœurs"
Je souhaitais tourner une histoire qui se déroule en province ; une ville moyenne que l’on devine un peu méridionale. La province française est un terrain propice pour développer un argument mélodramatique : je voulais précisément m’intéresser à un homme aux prises avec un amour caché.

Parce qu’il a raté un rendez-vous avec Sylvie, dont il est tombé amoureux (Charlotte Gainsbourg), Marc (Benoit Poelvoorde) finit par épouser Sophie (Chiara Mastroianni) sans savoir qu’elle est la sœur de celle pour laquelle il a éprouvé un coup de foudre.
J’avais depuis longtemps le désir d’étudier l’incidence particulière que pourraient avoir deux sœurs sur une intrigue. Marc aime l’une puis l’autre, de façon différente mais forte, seul le spectateur le sait et c’est ce qui crée une tension mélodramatique. Avec Julien Boivent, mon complice d’écriture sur "Villa Amalia" et "Au fond des bois", nous avons tenté d’agréger tous ces éléments. Un homme rate son train dans une ville de province, rencontre une femme sans que l’un et l’autre, par jeu, ne se disent qui ils sont. Ils se donnent rendez-vous et, comme dans tout mélo qui se respecte, ne se trouvent pas. L’histoire peut démarrer…

TROIS COEURS de Benoit JacquotMarc rate le rendez-vous parce qu’il est victime d’un infarctus...
"3 Cœurs" est une histoire de cœur au sens littéral : j’aimais l’idée de voir le personnage souffrir physiquement d’un problème cardiaque – c’était l’occasion de montrer le cœur comme un organe.

Les rencontres de Marc avec Sylvie puis avec Sophie procèdent vraiment du magnétisme…

J’aime les rencontres amoureuses qui démarrent ainsi, sur un simple regard - cet instant qui agit comme une étincelle entre les protagonistes.

Il passe beaucoup de poésie dans cette séquence : ce moment, par exemple, où Marc indique son âge en passant devant le numéro d’une maison…

Cela m’est arrivé. Tous mes scénarios originaux sont truffés de ce genre de hasards - ces signes dont les surréalistes étaient friands et qui semblent ouvrir un espace de chance aux amoureux.

Sylvie plaque aussitôt son copain ; comme Sophie, quelque temps plus tard. Comme Marc, lorsqu’il comprend qu’il ne peut pas se passer de Sylvie. Les personnages du film ont des comportements radicaux…
J’ai le sentiment que les filles agissent comme cela lorsqu’elles quittent un homme - personnellement, je me suis toujours fait plaquer de cette manière. L’amour n’attend pas, il a son rythme propre.

TROIS COEURS de Benoit JacquotIl y a dans "3 Cœurs" des mouvements extrêmement rapides, presque violents, et d’autres, au contraire, très paisibles, comme ce passage durant lequel le personnage de Marc se sent soudain heureux dans son ménage, oubliant presque l’autre femme qu’il a dans le cœur…
Il était nécessaire d’installer cette histoire, qui met en jeu des moments littéralement extra-ordinaires (les rencontres amoureuses sont les seules qui méritent ce terme), dans un environnement qui soit le plus ordinaire, le plus normé possible. A propos de ce passage, j’insiste en voix off sur ce nouveau bonheur vécu par Marc à ce moment de son existence : il a choisi de mener une vie normale, mais sans renoncement. Sauf que quelque chose est là tapi en lui, qui a le visage de Sylvie et qui attend son heure.

Laquelle ne cesse d’apparaître et de disparaître avec une entièreté et une fugitivité inouïes…
Charlotte Gainsbourg est comme ça : elle s’échappe. Elle occupe le temps et l’espace de manière très singulière mais on sent qu’elle pourrait disparaître à l’instant. Sa présence tient de l’ordre de l’apparition, elle a quelque chose de fort et d’évanescent. Un vrai charme au sens fort du mot.

"3 Cœurs" joue beaucoup sur les temps romanesques.
Ce sont les temps du cœur : ils n’obéissent pas aux lois du calendrier ordinaire et cassent les règles classiques du récit classique. Dans "3 Cœurs", il y a des sauts dans le temps - parfois de plusieurs années -, et des présents au contraire très détaillés.

Faut-il y voir l’influence des opéras que vous mettez en scène depuis une dizaine d’années ?
Je suis plutôt un praticien de la litote : l’opéra m’a permis de sortir d’une certaine retenue, de franchir des limites que je m’imposais jusque-là dans l’expression physique et la formulation des sentiments. Il y a, dans l’art lyrique, un emportement par la musique et le chant très particuliers et très violents qui ont aujourd’hui, je m’en rends compte, une incidence sur mon cinéma. Ce n’est pas un hasard si la matière de "3 Cœurs" est mélodramatique.

Vous avez toujours éprouvé une passion pour les grands mélodrames américains…
Passion intacte. En écrivant le scénario du film, j’ai beaucoup pensé à "Back Street", de John Stahl, aux deux "Elle et lui", de Leo McCarey, et aux films de Douglas Sirk. Mais l’opéra a réveillé en moi ce qui m’interpellait quand je les regardais.

TROIS COEURS de Benoit JacquotOn peut voir "3 Cœurs" comme un mélodrame, on peut aussi le qualifier de thriller sentimental….

Absolument. Un film n’est fort et réussi à mes yeux que si, précisément, le genre est oublié. A aucun moment, en tournant "3 Cœurs", je ne me suis dit : « Faisons mélo ». Je n’aurais pas pu, cela aurait été l’indice que quelque chose n’allait pas. Certes, le film décrit une situation mélodramatique, mais à ma façon.

On a le sentiment que chaque film constitue pour vous une nouvelle prise de risques ?
Même si je tournais éternellement le même, comme on enfonce éternellement le même clou, je resterais dans la même inquiétude. Mes films sont comme des protocoles d’expérience : la même expérience se poursuit, les protocoles diffèrent, et toutes les occasions sont bonnes.

Vous attaquer à un personnage central masculin faisait donc partie d’un nouveau protocole ?
Comment filmer un homme lorsqu’on a la réputation de filmer des femmes et, au-delà, de passer sa vie avec les actrices qu’on filme ? Mon cinéma pouvait-il s’accommoder de la présence d’un acteur ? J’étais effectivement curieux de voir si cela marcherait et comment cela marcherait.

TROIS COEURS de Benoit JacquotAvez-vous tout de suite pensé à Benoit Poelvoorde pour le rôle de Marc ?
Pas immédiatement. Ma première idée est allée vers un ami acteur mais lui et moi nous sommes vite aperçus que cette proximité risquait de nous gêner : nous avions déjà tourné deux films ensemble, j’avais l’impression – peut-être fausse - de savoir par avance ce qu’il ferait. Quelqu’un que je ne connaissais pas m’offrait la liberté de découvrir d’autres émotions. Or, découvrir des choses au cinéma, c’est les inventer.
Quel était actuellement l’acteur qui m’impressionnait le plus ? Celui que j’aimais le plus et avec lequel j’aurais le plus envie de tourner ? Benoit s’est imposé, et je savais par son agent – qui est aussi le mien - qu’il avait, lui aussi, le désir de travailler avec moi.

Comment s’est passé le tournage avec lui ?
Il y a toujours une part d’inconnu, dans la façon de jouer et d’être, de Benoit : que va-t-il faire ? Dans quel état va-t-il être : exalté ou, au contraire, complètement déprimé ? Même son usage de la langue est spécial, très articulé et très digressif à la fois. On ne sait jamais sur quel pied on va danser en filmant Benoit.

Pourquoi avoir fait de son personnage un inspecteur des impôts qui fait, qui plus est, l’apologie de son métier?
Il m’est arrivé d’en rencontrer et ce sont des gens passionnants. Un de mes vieux amis, marchand d’art, a eu un jour un redressement fiscal très important qui a duré très longtemps. Les deux inspecteurs qui en avaient la charge - un couple, en plus - sont devenus ses meilleurs amis. Les inspecteurs des impôts croisent davantage de spécimens humains que peut en connaître un iTROIS COEURS de Benoit Jacquotnspecteur de police : ce sont d’excellents pèse-personnes. Ils entrent d’une manière très intime et légale dans la vie des gens, et ils sont obligés d’avoir du flair.

Charlotte Gainsbourg et Chiara Mastroianni sont extraordinairement crédibles dans les rôles des deux sœurs…

Parce que l’une et l’autre y croyaient. J’ai tout de suite eu Charlotte en tête en écrivant "3 Cœurs". Parmi les quelques grandes actrices françaises, elle est l’une de celles que j’aime le plus et avec laquelle je n’avais encore jamais tourné. Chiara est venue plus tard parce j’ai longtemps cru que Sophie, son personnage, devait être plus jeune que Sylvie. Charlotte a immédiatement sauté de joie quand j’ai évoqué Chiara. C’était un acquiescement total.
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1 commentaire(s)

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Claude SCHWAB - Il y a 9 ans
A propos de 3 coeurs : Benoît Jacquot n'est pas Douglas Sirk ! Le mélo est un genre dont le succès dépend d'une alchimie compliquée et ici force est de reconnaître que ça ne fonctionne pas du tout ( dialogues fades, jeu décalé de Poelvoorde, situations dont l'invraisemblance n'est pas assumée par une mise ne scène pataude...). Faut-il quand même y aller ? oui bien sûr pour Charlotte G. et surtout pour Chiara ( quant à Catherine Deneuve, c'est quand même très dommage de ne lui faire servir que des gâteaux pendant 90 minutes !! )
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