Accueil > Culture > Cinéma > Mercredi cinéma : "120 battements par minute" de Robin Campillo
Restez informés
Inscrivez-vous
aux newsletters du Journal !
Je m'inscris

Mercredi cinéma "120 battements par minute" de Robin Campillo avec Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel.

Publié le : 23-08-2017

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

120 battements par minute de Robin CampilloSortie de la semaine (23 août 2017) : "120 battements par minute" de Robin Campillo

L'histoire
Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d'Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale.
Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean.
Un film écrit et réalisé par Robin Campillo avec Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel, Antoine Reinartz, Félix Maritaud, Médhi Touré, Aloïse Sauvage…

>> Bande annonce

 

Bonus : propos du réalisateur Robin Campillo.

Avant de faire ce film, qu'est-ce qu'Act Up-Paris représentait pour vous ?
J'ai rejoint Act Up en avril 1992. C’est à dire 10 ans après le début de l’épidémie. En tant que gay, j’avais vécu les années 80 assez difficilement dans la peur de la maladie. Au début des années 90, je tombe sur une interview télévisée de Didier Lestrade, l'un des fondateurs de l'association. Il y parle de « communauté sida » 120 battements par minute de Robin Campillo © Céline Nieszawercomposée, selon lui, des malades, de leurs proches et du personnel médical qui affrontent cette épidémie dans une forme d’indifférence de la société. Ce discours rompait un silence qui avait duré presque dix ans. C’est à ce moment-là que je décide de rentrer à Act Up.
Dès ma première réunion, j'ai été stupéfait par l’espèce de jubilation du groupe, alors que nous vivions les années les plus dures de l'épidémie. La parole était libérée. Les gays qui pendant les années 80 avaient subi l'épidémie, devenaient, collectivement et publiquement, les acteurs de la lutte. Et avec eux d’autres personnes touchées par le sida qui pouvaient penser l’épidémie depuis leur expérience personnelle d'usager de drogues, d'ancien prisonnier, d'hémophile, etc. Ils s'étaient formés à la maladie, à la technicité des discours médicaux et politiques, dans un travail collectif d'empowerment.
Mais Act Up, c'étaient surtout des personnalités très fortes qui auraient eu peu de raisons de se rencontrer dans d’autres circonstances. La force du groupe venait sans doute de l’électricité qui existait entre des personnes qui apprenaient à forger un discours commun malgré leurs différends.
À Act Up, j'ai été un militant de base, mais assez actif. Je participais à la commission médicale mais j'ai surtout fait beaucoup d'actions, dont certaines ont inspiré le film. Il faut bien comprendre qu'à l'époque, l'idée même de parler de préservatif dans les lycées ou de plaider pour l'échange des seringues chez les usagers de drogues n'allait pas de soi. L'homophobie était encore presque une norme. On l'a oublié : quand une société évolue, comme elle l'a fait depuis, elle développe une sorte d'amnésie sur ce qui l'a précédée.

120 battements par minute de Robin Campillo © Céline NieszawerComment qualifieriez-vous le film ? Est-il autobiographique ? S'agit-il d'une reconstitution ?
Le film est clairement une fiction. Et même si j’ai essayé de reconstituer pas mal de débats et d’actions qui avaient eu lieu alors, je les ai agencés librement par rapport à la vérité historique. On peut reconnaître ici ou là différents traits de caractère de personnalités qui ont marqué l’histoire du groupe.
Pour construire les personnages, l'inspiration est moins venue de telle ou telle personne réelle que des tensions qui les opposaient.
Je voulais aussi confronter cette histoire à une nouvelle génération, et composer avec les personnalités des acteurs que j'avais choisis. C'est ce qui m'a permis d'échapper définitivement à la tentation de singer les personnages réels. Avec Philippe Mangeot, ancien membre d’Act Up qui a collaboré à l’écriture du scénario, nous nous sommes dit que le plus important était de retrouver la musique des voix et l’intensité des débats pendant les réunions. Et quand c'était trouvé, je laissais filer les personnalités, sans les contraindre à l'imitation. La mécanique d'Act Up avait glissé vers eux sans gommer leur singularité.
Dans ces conditions, comment avez-vous procédé pour le casting ?
Avec mes directrices de casting, Sarah Tepper et Leïla Fournier, nous avons cherché à reproduire la diversité d'Act Up. Nous avons pris du temps pour composer un casting assez hétéroclite, un mélange d’acteurs professionnels venant du cinéma comme du théâtre, des gens plus proches du cirque ou de la danse, mais aussi des personnes que nous avons trouvées sur Facebook ou dans les boîtes de nuit.
Par ailleurs je trouvais assez logique que, dans un film sur un groupe qui a fait de la visibilité l'une de ses armes, la plupart des acteurs soient eux-mêmes gays, et qu'ils le soient ouvertement.
Il faut le rappeler, les gays n'en ont toujours pas fini avec le sida. Mes acteurs n'ont connu que l'âge des multithérapies. Ils vivent à l'époque des traitements préventifs. N'empêche : ils connaissent l'inquiétude plus ou moins diffuse de l'épidémie. Entre l'histoire du film et aujourd'hui, il y a un quart de siècle. Explorer cet écart était passionnant.

Considérez-vous "120 battements par minute" comme un "film d'époque" ?
Plutôt que de rendre le passé pittoresque, je préfère travailler le lien entre le passé et le présent. Dans les vêtements, par exemple, il y a une familiarité que j'éprouve moi-même. Mais la coupe des jeans et des bombers a légèrement changé, elle a une incidence sur les mouvements des corps, qui m'a très vite donné l'impression de remonter le temps.
120 battements par minute de Robin Campillo © Céline NieszawerÀ ce propos, la question des techniques était centrale. '120 battements par minute" revient à une époque sans téléphone mobile, sans internet, sans réseaux sociaux. Une époque avec des fax et des minitels. Une époque où les associations n'avaient pas, comme aujourd'hui, la possibilité de diffuser massivement leurs propres images, et où la télévision conservait une place centrale – ce qui engageait largement la façon dont Act Up mettait en scène ses actions.
Avec internet et les réseaux sociaux, on peut avoir aujourd'hui le sentiment de se retrouver dans une sensibilité ou une lutte communes, mais ce type de convergence peine à s'incarner. À l'époque du film, pour se retrouver, il fallait se réunir et se confronter. Act Up-Paris est l'une des rares associations à avoir rassemblé chaque semaine tous ses membres, dans une réunion publique et ouverte à tous.

Cette incarnation dans des réunions est ce qui vous permet de faire de la parole politique un objet cinématographique…
L'incarnation est l'un des aspects essentiels du film, qui va au-delà des seules réunions. Au centre de la stratégie d'Act Up, il y avait l'idée de montrer son corps malade dans la confrontation. Lors de l'action contre le laboratoire Melton-Pharm, Sean dit au directeur : « Voilà à quoi ressemblent des malades du sida, si vous n'en avez jamais vu… » Apparaître en chair et en os quand on est relégué à l'invisibilité, c'est pour moi l'un des sujets politiques les plus forts qui soient. C'est donc à la fois une question politique et un enjeu de cinéma.

Vous posez donc la question de la représentation de la maladie…
À Act Up, les malades vivaient leur propre maladie, et ils la représentaient en même temps. Par exemple, tous ceux qui ont participé à des actions d’Act Up savent qu'il y avait des moments où on jouait la colère. Mais au fur et à mesure de l’action, la colère devenait réelle.
Et pourtant il y a un moment où l’on cesse de jouer. Quand sa maladie devient trop grave, Sean ne peut plus jouer. D'un seul coup, la représentation elle-même lui paraît scandaleuse. La maladie l’oblige à retourner à la solitude que le groupe lui avait permis de dépasser.
À la fin, Sean traverse sa maladie dans un tunnel de solitude : il se résume à la maladie. La scène d'hôpital où Sean regarde le compte-rendu d'une action à la télévision rappelle que si les actions ont lieu pour lui, elles continuent désormais sans lui.
(extrait dossier de presse)

 

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

120 battements par minute de Robin CampilloSortie de la semaine (23 août 2017) : "120 battements par minute" de Robin Campillo

L'histoire
Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d'Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale.
Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean.
Un film écrit et réalisé par Robin Campillo avec Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel, Antoine Reinartz, Félix Maritaud, Médhi Touré, Aloïse Sauvage…

>> Bande annonce

 

Bonus : propos du réalisateur Robin Campillo.

Avant de faire ce film, qu'est-ce qu'Act Up-Paris représentait pour vous ?
J'ai rejoint Act Up en avril 1992. C’est à dire 10 ans après le début de l’épidémie. En tant que gay, j’avais vécu les années 80 assez difficilement dans la peur de la maladie. Au début des années 90, je tombe sur une interview télévisée de Didier Lestrade, l'un des fondateurs de l'association. Il y parle de « communauté sida » 120 battements par minute de Robin Campillo © Céline Nieszawercomposée, selon lui, des malades, de leurs proches et du personnel médical qui affrontent cette épidémie dans une forme d’indifférence de la société. Ce discours rompait un silence qui avait duré presque dix ans. C’est à ce moment-là que je décide de rentrer à Act Up.
Dès ma première réunion, j'ai été stupéfait par l’espèce de jubilation du groupe, alors que nous vivions les années les plus dures de l'épidémie. La parole était libérée. Les gays qui pendant les années 80 avaient subi l'épidémie, devenaient, collectivement et publiquement, les acteurs de la lutte. Et avec eux d’autres personnes touchées par le sida qui pouvaient penser l’épidémie depuis leur expérience personnelle d'usager de drogues, d'ancien prisonnier, d'hémophile, etc. Ils s'étaient formés à la maladie, à la technicité des discours médicaux et politiques, dans un travail collectif d'empowerment.
Mais Act Up, c'étaient surtout des personnalités très fortes qui auraient eu peu de raisons de se rencontrer dans d’autres circonstances. La force du groupe venait sans doute de l’électricité qui existait entre des personnes qui apprenaient à forger un discours commun malgré leurs différends.
À Act Up, j'ai été un militant de base, mais assez actif. Je participais à la commission médicale mais j'ai surtout fait beaucoup d'actions, dont certaines ont inspiré le film. Il faut bien comprendre qu'à l'époque, l'idée même de parler de préservatif dans les lycées ou de plaider pour l'échange des seringues chez les usagers de drogues n'allait pas de soi. L'homophobie était encore presque une norme. On l'a oublié : quand une société évolue, comme elle l'a fait depuis, elle développe une sorte d'amnésie sur ce qui l'a précédée.

120 battements par minute de Robin Campillo © Céline NieszawerComment qualifieriez-vous le film ? Est-il autobiographique ? S'agit-il d'une reconstitution ?
Le film est clairement une fiction. Et même si j’ai essayé de reconstituer pas mal de débats et d’actions qui avaient eu lieu alors, je les ai agencés librement par rapport à la vérité historique. On peut reconnaître ici ou là différents traits de caractère de personnalités qui ont marqué l’histoire du groupe.
Pour construire les personnages, l'inspiration est moins venue de telle ou telle personne réelle que des tensions qui les opposaient.
Je voulais aussi confronter cette histoire à une nouvelle génération, et composer avec les personnalités des acteurs que j'avais choisis. C'est ce qui m'a permis d'échapper définitivement à la tentation de singer les personnages réels. Avec Philippe Mangeot, ancien membre d’Act Up qui a collaboré à l’écriture du scénario, nous nous sommes dit que le plus important était de retrouver la musique des voix et l’intensité des débats pendant les réunions. Et quand c'était trouvé, je laissais filer les personnalités, sans les contraindre à l'imitation. La mécanique d'Act Up avait glissé vers eux sans gommer leur singularité.
Dans ces conditions, comment avez-vous procédé pour le casting ?
Avec mes directrices de casting, Sarah Tepper et Leïla Fournier, nous avons cherché à reproduire la diversité d'Act Up. Nous avons pris du temps pour composer un casting assez hétéroclite, un mélange d’acteurs professionnels venant du cinéma comme du théâtre, des gens plus proches du cirque ou de la danse, mais aussi des personnes que nous avons trouvées sur Facebook ou dans les boîtes de nuit.
Par ailleurs je trouvais assez logique que, dans un film sur un groupe qui a fait de la visibilité l'une de ses armes, la plupart des acteurs soient eux-mêmes gays, et qu'ils le soient ouvertement.
Il faut le rappeler, les gays n'en ont toujours pas fini avec le sida. Mes acteurs n'ont connu que l'âge des multithérapies. Ils vivent à l'époque des traitements préventifs. N'empêche : ils connaissent l'inquiétude plus ou moins diffuse de l'épidémie. Entre l'histoire du film et aujourd'hui, il y a un quart de siècle. Explorer cet écart était passionnant.

Considérez-vous "120 battements par minute" comme un "film d'époque" ?
Plutôt que de rendre le passé pittoresque, je préfère travailler le lien entre le passé et le présent. Dans les vêtements, par exemple, il y a une familiarité que j'éprouve moi-même. Mais la coupe des jeans et des bombers a légèrement changé, elle a une incidence sur les mouvements des corps, qui m'a très vite donné l'impression de remonter le temps.
120 battements par minute de Robin Campillo © Céline NieszawerÀ ce propos, la question des techniques était centrale. '120 battements par minute" revient à une époque sans téléphone mobile, sans internet, sans réseaux sociaux. Une époque avec des fax et des minitels. Une époque où les associations n'avaient pas, comme aujourd'hui, la possibilité de diffuser massivement leurs propres images, et où la télévision conservait une place centrale – ce qui engageait largement la façon dont Act Up mettait en scène ses actions.
Avec internet et les réseaux sociaux, on peut avoir aujourd'hui le sentiment de se retrouver dans une sensibilité ou une lutte communes, mais ce type de convergence peine à s'incarner. À l'époque du film, pour se retrouver, il fallait se réunir et se confronter. Act Up-Paris est l'une des rares associations à avoir rassemblé chaque semaine tous ses membres, dans une réunion publique et ouverte à tous.

Cette incarnation dans des réunions est ce qui vous permet de faire de la parole politique un objet cinématographique…
L'incarnation est l'un des aspects essentiels du film, qui va au-delà des seules réunions. Au centre de la stratégie d'Act Up, il y avait l'idée de montrer son corps malade dans la confrontation. Lors de l'action contre le laboratoire Melton-Pharm, Sean dit au directeur : « Voilà à quoi ressemblent des malades du sida, si vous n'en avez jamais vu… » Apparaître en chair et en os quand on est relégué à l'invisibilité, c'est pour moi l'un des sujets politiques les plus forts qui soient. C'est donc à la fois une question politique et un enjeu de cinéma.

Vous posez donc la question de la représentation de la maladie…
À Act Up, les malades vivaient leur propre maladie, et ils la représentaient en même temps. Par exemple, tous ceux qui ont participé à des actions d’Act Up savent qu'il y avait des moments où on jouait la colère. Mais au fur et à mesure de l’action, la colère devenait réelle.
Et pourtant il y a un moment où l’on cesse de jouer. Quand sa maladie devient trop grave, Sean ne peut plus jouer. D'un seul coup, la représentation elle-même lui paraît scandaleuse. La maladie l’oblige à retourner à la solitude que le groupe lui avait permis de dépasser.
À la fin, Sean traverse sa maladie dans un tunnel de solitude : il se résume à la maladie. La scène d'hôpital où Sean regarde le compte-rendu d'une action à la télévision rappelle que si les actions ont lieu pour lui, elles continuent désormais sans lui.
(extrait dossier de presse)

 

Partager cette page :

Vous appréciez le Journal de François ? Soutenez-le ! Merci.

Retourner à la page d'accueil - Retourner à la page "Cinéma"

Vous appréciez le Journal de François ? Soutenez-le ! Merci.

Retourner à la page d'accueil Retourner à la page "Cinéma"


Déposer un commentaire
0 commentaire(s)

Filtre anti-spam

Aucun commentaire

Informations Newsletter
  • Inscrivez-vous aux newsletters du Journal :
    "Agenda du week-end" et "Infos de proximité"
Contact
11 allée du Clos Laisnées, 95120 Ermont
06 89 80 56 28