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Les corbeaux du Plessis Bouchard à l'origine du roman de Jean Bensimon !

Publié le : 11-12-2014

Jean BensimonNé en Algérie et rapatrié en 1962, Jean Bensimon vit depuis 40 ans dans le Val d'Oise et apprécie grandement Le Plessis Bouchard, « ville calme propice à l'écriture » m'a-t-il confié.
Il vient de publier son premier roman "Corbelle" : l'occasion de partir à sa rencontre pour un échange très enrichissant.

Jean, vous venez de publier votre premier roman "Corbelle". Est-ce une nouvelle étape dans votre parcours littéraire ?
En effet, je suis attiré par la poésie depuis l'enfance mais j'ai publié un premier recueil seulement en 1986. Depuis j'en ai publié huit dont deux ont été primés : j'ai reçu le prix Alienor (Brasserie Lipp) et le Grand prix du Vimeu.
A partir des années 90, j'ai écrit des nouvelles brèves, puis de plus en plus longues et en 2012, je me suis lancé dans l'écriture d'un roman, assez poétique je crois. Autrement dit, je suis passé par trois genres littéraires : poésie, nouvelle et maintenant roman. Mais il y a une continuité qui est celle de la poésie.

D’où vient l'idée de votre roman "Corbelle" ?
Au départ, il y a une chose très prosaïque : les corbeaux de la plaine du Plessis Bouchard ! J'aime les regarder, puis j'ai appris à les connaître. Peut-être ne savez-vous pas que c'est un oiseau particulièrement intelligent, dont le cerveau est dix fois plus développé que celui du pigeon. Le corbeau a une vie sociale complexe et encore mystérieuse. Cela m'a intéressé mais "Corbelle" n'est pas un livre ornithologique.
D'autre part, j'ai été frappé en lisant des romans qu'il y a souvent une enquête policière ou pas sur quelqu'un. Je me suis dit : pourquoi pas une enquête sur soi-même ? Se prendre comme sujet d'étude ! Le héros voudrait introduire de la rigueur dans un domaine ambigu, mouvant. Son enquête sur lui-même et sa rupture amoureuse avance difficilement en raison aussi des incertitudes de la mémoire. Je ne dirai pas ici si elle aboutit.

Vous saviez déjà la fin du roman lorsque vous avez commencé à l'écrire ?
Non mais le corbeau est un oiseau réputé…  maléfique. Il participe donc au climat du roman !

CORBELLE de Jean BensimonEn effet, votre roman est assez sombre !
Oui à cause du ciel oppressant, des souvenirs difficiles pour le héros. Mais si le roman était uniformément sombre, il ne capterait pas l'attention du lecteur ! Il y a tout de même des scènes drôles.
J'ai mis deux ans pour l'écrire. Je travaille beaucoup mais… lentement. Chaque matin vers 7h30, je me mets à écrire jusque vers midi mais parfois je rencontre des difficultés, des blocages. Heureusement, je demande parfois l'avis d'un ami écrivain qui en fait autant avec moi et nous nous parlons franchement.

Sur la 4e de couverture est indiqué que votre roman se situe sous le signe de "l'entre deux" ? Pouvez-vous nous expliquer ce que cela signifie ?

L'entre-deux est la difficulté à choisir entre deux lieux, deux solutions, deux camps etc. Mes origines "pieds-noirs" relèvent de l'entre-deux.
Dans mon roman "Corbelle", il semble qu'il y a aussi un entre deux : le héros narrateur est entre ce bourg où il s'intègre peu à peu et… Paris. En effet, sa rupture amoureuse l'a plongé dans un désarroi qui l'amène à faire un va-et-vient dans son esprit.
D'autre part, il y a un côté réaliste chez cet informaticien qui veut mener une enquête rigoureuse et rationnelle (il cherche les raisons de sa rupture amoureuse) mais il est submergé par des souvenirs qui lui reviennent. On peut parler aussi d'entre deux.

Tous les mois, vous co-animez avec Jean-Claude Deguines un café philo à Saint-Leu-la-Forêt. Votre démarche se rapproche-t-elle de celle de votre héros car il passe son temps à se poser des questions ?
Je trouve ces deux démarches plutôt antagonistes car la philosophie est basée le plus souvent sur des concepts. Mais c'est vrai que mon héros a une attitude questionnante et votre question me fait découvrir une analogie que je ne soupçonnais pas.
Ceci dit, la littérature doit être charnelle, présenter des êtres vivants, provoquer des sentiments.

Pour qui avez-vous écrit votre livre ?
Pas spécialement pour le lecteur passionné d'oiseaux comme le héros. Pour tous ceux et celles qui s'intéressent à des problèmes d'aujourd'hui ou de toujours comme l'éloignement pour trouver un emploi, la difficulté à assumer une rupture amoureuse, le bilan sur soi, l'opposition des modes de vie de Paris et d'une petite ville rurale.

Jean BensimonEt vous, lisez-vous  beaucoup ?
J'apprécie les classiques comme Stendhal que je relis régulièrement ou Flaubert. Sinon j'aime bien les auteurs modernes comme Le Clézio et… Modiano, même si son dernier roman m'a un peu déçu…

Enfin, dernière question traditionnelle : sur quel projet travaillez-vous actuellement ?

Je mets la dernière main à un recueil de nouvelles intitulé "Nouvelles de l'effacement". Les histoires évoquent un homme effacé presque invisible ou un vieil homme qui voit la mort arriver et qui va donc s'effacer.
La nouvelle me paraît représentative de notre époque, vive rapide.. Malheureusement c'est un genre qui ne trouve pas son public en France… même si nous sommes le pays de Maupassant ! Je vous tiendrai au courant quand elles paraîtront.

Le rendez-vous est pris. Merci à Jean pour cette rencontre très instructive.

Jean BensimonNé en Algérie et rapatrié en 1962, Jean Bensimon vit depuis 40 ans dans le Val d'Oise et apprécie grandement Le Plessis Bouchard, « ville calme propice à l'écriture » m'a-t-il confié.
Il vient de publier son premier roman "Corbelle" : l'occasion de partir à sa rencontre pour un échange très enrichissant.

Jean, vous venez de publier votre premier roman "Corbelle". Est-ce une nouvelle étape dans votre parcours littéraire ?
En effet, je suis attiré par la poésie depuis l'enfance mais j'ai publié un premier recueil seulement en 1986. Depuis j'en ai publié huit dont deux ont été primés : j'ai reçu le prix Alienor (Brasserie Lipp) et le Grand prix du Vimeu.
A partir des années 90, j'ai écrit des nouvelles brèves, puis de plus en plus longues et en 2012, je me suis lancé dans l'écriture d'un roman, assez poétique je crois. Autrement dit, je suis passé par trois genres littéraires : poésie, nouvelle et maintenant roman. Mais il y a une continuité qui est celle de la poésie.

D’où vient l'idée de votre roman "Corbelle" ?
Au départ, il y a une chose très prosaïque : les corbeaux de la plaine du Plessis Bouchard ! J'aime les regarder, puis j'ai appris à les connaître. Peut-être ne savez-vous pas que c'est un oiseau particulièrement intelligent, dont le cerveau est dix fois plus développé que celui du pigeon. Le corbeau a une vie sociale complexe et encore mystérieuse. Cela m'a intéressé mais "Corbelle" n'est pas un livre ornithologique.
D'autre part, j'ai été frappé en lisant des romans qu'il y a souvent une enquête policière ou pas sur quelqu'un. Je me suis dit : pourquoi pas une enquête sur soi-même ? Se prendre comme sujet d'étude ! Le héros voudrait introduire de la rigueur dans un domaine ambigu, mouvant. Son enquête sur lui-même et sa rupture amoureuse avance difficilement en raison aussi des incertitudes de la mémoire. Je ne dirai pas ici si elle aboutit.

Vous saviez déjà la fin du roman lorsque vous avez commencé à l'écrire ?
Non mais le corbeau est un oiseau réputé…  maléfique. Il participe donc au climat du roman !

CORBELLE de Jean BensimonEn effet, votre roman est assez sombre !
Oui à cause du ciel oppressant, des souvenirs difficiles pour le héros. Mais si le roman était uniformément sombre, il ne capterait pas l'attention du lecteur ! Il y a tout de même des scènes drôles.
J'ai mis deux ans pour l'écrire. Je travaille beaucoup mais… lentement. Chaque matin vers 7h30, je me mets à écrire jusque vers midi mais parfois je rencontre des difficultés, des blocages. Heureusement, je demande parfois l'avis d'un ami écrivain qui en fait autant avec moi et nous nous parlons franchement.

Sur la 4e de couverture est indiqué que votre roman se situe sous le signe de "l'entre deux" ? Pouvez-vous nous expliquer ce que cela signifie ?

L'entre-deux est la difficulté à choisir entre deux lieux, deux solutions, deux camps etc. Mes origines "pieds-noirs" relèvent de l'entre-deux.
Dans mon roman "Corbelle", il semble qu'il y a aussi un entre deux : le héros narrateur est entre ce bourg où il s'intègre peu à peu et… Paris. En effet, sa rupture amoureuse l'a plongé dans un désarroi qui l'amène à faire un va-et-vient dans son esprit.
D'autre part, il y a un côté réaliste chez cet informaticien qui veut mener une enquête rigoureuse et rationnelle (il cherche les raisons de sa rupture amoureuse) mais il est submergé par des souvenirs qui lui reviennent. On peut parler aussi d'entre deux.

Tous les mois, vous co-animez avec Jean-Claude Deguines un café philo à Saint-Leu-la-Forêt. Votre démarche se rapproche-t-elle de celle de votre héros car il passe son temps à se poser des questions ?
Je trouve ces deux démarches plutôt antagonistes car la philosophie est basée le plus souvent sur des concepts. Mais c'est vrai que mon héros a une attitude questionnante et votre question me fait découvrir une analogie que je ne soupçonnais pas.
Ceci dit, la littérature doit être charnelle, présenter des êtres vivants, provoquer des sentiments.

Pour qui avez-vous écrit votre livre ?
Pas spécialement pour le lecteur passionné d'oiseaux comme le héros. Pour tous ceux et celles qui s'intéressent à des problèmes d'aujourd'hui ou de toujours comme l'éloignement pour trouver un emploi, la difficulté à assumer une rupture amoureuse, le bilan sur soi, l'opposition des modes de vie de Paris et d'une petite ville rurale.

Jean BensimonEt vous, lisez-vous  beaucoup ?
J'apprécie les classiques comme Stendhal que je relis régulièrement ou Flaubert. Sinon j'aime bien les auteurs modernes comme Le Clézio et… Modiano, même si son dernier roman m'a un peu déçu…

Enfin, dernière question traditionnelle : sur quel projet travaillez-vous actuellement ?

Je mets la dernière main à un recueil de nouvelles intitulé "Nouvelles de l'effacement". Les histoires évoquent un homme effacé presque invisible ou un vieil homme qui voit la mort arriver et qui va donc s'effacer.
La nouvelle me paraît représentative de notre époque, vive rapide.. Malheureusement c'est un genre qui ne trouve pas son public en France… même si nous sommes le pays de Maupassant ! Je vous tiendrai au courant quand elles paraîtront.

Le rendez-vous est pris. Merci à Jean pour cette rencontre très instructive.

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