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Le rapport Carbone/Azote d'un compost : comment trouver le bon équilibre ?

Publié le : 16-11-2014

DAVID GABELINNotre cher "maître composteur" David Gabelin nous livre aujourd'hui une leçon de physique pour réaliser un bon compost. N'ayez pas de crainte, il parvient avec des mots justes et simples à nous expliquer ces règles primordiales qu'il faut suivre.

Le rapport Carbone/Azote d'un compost : comment trouver le bon équilibre ?

On n'entrevoit pas nécessairement derrière ce titre une des réalités fondamentales du compost : l'équilibre des matières, autant physique que chimique. Et pourtant, la bonne maitrise de cet aspect de prime abord « technique » est primordiale pour réussir un bon compost à chaque occasion.
Mais de quoi s'agit-il ?
Je vous l'évoquais à demi mots dans un précédent article, les matières organiques que nous pouvons mettre dans nos composts appartiennent essentiellement à deux catégories :
-les azotées, généralement vertes, molles et humides (nos épluchures, les fruits les légumes, les tontes...)
-les carbonées, le plus souvent dures, sèches et brunes (feuilles mortes, broyats de branches, paille, copeaux, cartons bruns) bref, tout ce qui contient majoritairement de la cellulose.

Chimiquement, pour des raisons de qualité finale du compost, et pour maitriser en toutes circonstances les éventuelles odeurs, l'équilibre entre ces deux types de matières doit être respecté. En effet, le carbone piégeant l'azote grâce à ses liaisons chimiques, il permet de bloquer les effets néfastes de la transformation de l'azote libre, et d'autre part, il permet au compost de diffuser plus tard lentement et régulièrement l'azote nécessaire à la croissance des végétaux. Le compost est donc en même temps un puits de carbone, et une réserve d'azote.

Cependant, si l'on se contente d'équilibrer chimiquement le mélange des matières, on risque malgré tout d'avoir de sérieux problèmes, et de ne pas obtenir pour autant un bon compost. Pourquoi ? Parce que comme nous l'indiquions plus avant, le mélange doit rester aéré pour se composter dans de bonnes conditions. Qui dit mélange aéré dit mélange dont les matières ne se tassent pas, ou si peu que même après première transformation, il n'y a pas de véritable phénomène de compactage.

Le mélange des matières azotées et carbonées doit donc respecter un équilibre tant qualitativement que quantitativement. Ainsi, on prendra soin de ne pas mélanger ensemble des matières toutes fines, toutes très compactables, même si elles sont dans de bonnes proportions chimiquement. On évitera par exemple le mélange sciure-tontes !

Pour y voir plus clair, voyez d'abord un tableau qui donne quelques précieux indices sur le rapport Carbone/Azote (proportion de carbone par rapport à celle de l'azote, noté C/N) de bon nombre de matières dégradables.

Tableau 1 : matières ayant un C/N faible, donc très azotées.
Vous pourrez au passage noter que le C/N d'un compost mûr de fumier de cheval est de 10. Attention, au départ, le fumier jeune était beaucoup plus chargé en carbone.tableau 1

Tableau 2 : matières ayant carbone et azote et un C/N moyen, équilibrées en carbone te azote.

tableau 3

 

Tableau 3 : matières carbonées ayant un C/N élevé

tableau 2

 


Pour que la qualité finale du compost soit intéressante agronomiquement parlant, donc ayant une bonne valeur fertilisante, il est nécessaire que le C/N du mélange de matières soit environ entre 25 et 35 au départ du processus, pour finir entre 10 et 15 en fin de mûrissement.
Attention, cela ne veut pas dire qu'il faut mettre 30 fois plus de matières carbonées que d'azotées.
Il est donc important de savoir quelles associations de matières il faut privilégier, et en quelles proportions. Cela peut paraître un peu scientifique mais la formule reste simple à maitriser :

(nombre parts  matière 1  X  C/N de la matière 1)  + (nombre de parts matière 2  X  C/N matière 2)  divisé par le nombre de parts total du mélange

composteurExemple 1 :

Mélangeons 2 parts de gazon avec 1 part de paille :

C/N du gazon : 10. 2 parts font donc 20.
C/N de la paille : 70 environ.
Soit dans notre exemple : 2 X 10 + 1 X 70 = 20+70 / 3 = 90 / 3 = 30.
Le rapport chimique est bon, et en plus, on a mélangé une matière très structurée (la paille) avec une matière azotée fine. Le mélange est bon car la paille permettra de laisser passer l'air dans le tas.

Exemple 2

En revanche, voici un mélange à éviter, même si le C/N final semble bon :
9 parts de gazon et 1 part de sciure donnent :
9 X 10 + 1 X 200  / 10 = 90+200 /10 = 29.
Le C/N semble bon (proche de 30), mais par contre le mélange ne l'est pas, car les deux matières sont toutes deux très fines, et auront tendance à se colmater, donc à se tasser, donc à asphyxier le compost. Le compactage des matières produira un départ en putréfaction, et non pas en compostage aérobie.

Au final, que faut-il en retirer ? Une à deux parts de matières azotées pour une part de matières carbonées. Avec cet équilibre, on obtient un bon C/N de départ, et donc d'arrivée, et on se rassure sur la structure des matières sèches.

Les matières à privilégier sont un mélange de plusieurs choses : broyat, paille, feuilles mortes, un eu de carton brun déchiqueté, des boites de carton d'œufs, un peu de copeaux si on veut et qu'on en dispose... Si on a majoritairement du broyat ou de la paille, aucun souci. Le résultat sera bon.

Si un compost possède un rapport C/N trop élevé, cela signifie qu'il rendra trop captif l'azote, et ne servira pas à libérer suffisamment d'azote pour les besoins de la plante. Si au contraire, il a un C/N trop faible, il aura tendance à libérer trop et trop vite les différentes composantes chimiques, et ne sera pas non plus très utile, provoquant des arrivées massives d'azote perdues pour les plantes qui en auront besoin tout au long de leur végétation.

Voici donc qui devrait éclairer d'un jour nouveau ce mystère du « bon mélange » et du bon équilibre. On y voit plus simplement l'effet des matières, de leur contenu, de leur structure sur le devenir et la transformation du compost ainsi que de sa qualité finale. En termes simples, si vous pratiquez le 50/50 en volumes de matières des deux catégories, vous aurez toutes les chances de produire un compost très satisfaisant, moyennant quand même le fait que les matières les plus dures et sèches soient suffisamment broyées pour se composter dans des temps raisonnables. Ni trop fin ni trop gros, les copeaux broyés doivent approximativement être de la taille d'un ongle de pouce, sur quelques millimètres d'épaisseur. La paille peut être grossièrement hachée et piétinée. C'est d'ailleurs naturellement que cette dernière était « activée » grâce au piétinement des ruminants, et suffisamment humidifiée par les urines des bêtes, ce qui en faisant d'emblée un fumier compostable et équilibré.


Prochain article à paraître : Les buttes de culture et les lasagnes, ou comment créer de la fertilité en utilisant des déchets de cuisine et de jardin.

DAVID GABELINNotre cher "maître composteur" David Gabelin nous livre aujourd'hui une leçon de physique pour réaliser un bon compost. N'ayez pas de crainte, il parvient avec des mots justes et simples à nous expliquer ces règles primordiales qu'il faut suivre.

Le rapport Carbone/Azote d'un compost : comment trouver le bon équilibre ?

On n'entrevoit pas nécessairement derrière ce titre une des réalités fondamentales du compost : l'équilibre des matières, autant physique que chimique. Et pourtant, la bonne maitrise de cet aspect de prime abord « technique » est primordiale pour réussir un bon compost à chaque occasion.
Mais de quoi s'agit-il ?
Je vous l'évoquais à demi mots dans un précédent article, les matières organiques que nous pouvons mettre dans nos composts appartiennent essentiellement à deux catégories :
-les azotées, généralement vertes, molles et humides (nos épluchures, les fruits les légumes, les tontes...)
-les carbonées, le plus souvent dures, sèches et brunes (feuilles mortes, broyats de branches, paille, copeaux, cartons bruns) bref, tout ce qui contient majoritairement de la cellulose.

Chimiquement, pour des raisons de qualité finale du compost, et pour maitriser en toutes circonstances les éventuelles odeurs, l'équilibre entre ces deux types de matières doit être respecté. En effet, le carbone piégeant l'azote grâce à ses liaisons chimiques, il permet de bloquer les effets néfastes de la transformation de l'azote libre, et d'autre part, il permet au compost de diffuser plus tard lentement et régulièrement l'azote nécessaire à la croissance des végétaux. Le compost est donc en même temps un puits de carbone, et une réserve d'azote.

Cependant, si l'on se contente d'équilibrer chimiquement le mélange des matières, on risque malgré tout d'avoir de sérieux problèmes, et de ne pas obtenir pour autant un bon compost. Pourquoi ? Parce que comme nous l'indiquions plus avant, le mélange doit rester aéré pour se composter dans de bonnes conditions. Qui dit mélange aéré dit mélange dont les matières ne se tassent pas, ou si peu que même après première transformation, il n'y a pas de véritable phénomène de compactage.

Le mélange des matières azotées et carbonées doit donc respecter un équilibre tant qualitativement que quantitativement. Ainsi, on prendra soin de ne pas mélanger ensemble des matières toutes fines, toutes très compactables, même si elles sont dans de bonnes proportions chimiquement. On évitera par exemple le mélange sciure-tontes !

Pour y voir plus clair, voyez d'abord un tableau qui donne quelques précieux indices sur le rapport Carbone/Azote (proportion de carbone par rapport à celle de l'azote, noté C/N) de bon nombre de matières dégradables.

Tableau 1 : matières ayant un C/N faible, donc très azotées.
Vous pourrez au passage noter que le C/N d'un compost mûr de fumier de cheval est de 10. Attention, au départ, le fumier jeune était beaucoup plus chargé en carbone.tableau 1

Tableau 2 : matières ayant carbone et azote et un C/N moyen, équilibrées en carbone te azote.

tableau 3

 

Tableau 3 : matières carbonées ayant un C/N élevé

tableau 2

 


Pour que la qualité finale du compost soit intéressante agronomiquement parlant, donc ayant une bonne valeur fertilisante, il est nécessaire que le C/N du mélange de matières soit environ entre 25 et 35 au départ du processus, pour finir entre 10 et 15 en fin de mûrissement.
Attention, cela ne veut pas dire qu'il faut mettre 30 fois plus de matières carbonées que d'azotées.
Il est donc important de savoir quelles associations de matières il faut privilégier, et en quelles proportions. Cela peut paraître un peu scientifique mais la formule reste simple à maitriser :

(nombre parts  matière 1  X  C/N de la matière 1)  + (nombre de parts matière 2  X  C/N matière 2)  divisé par le nombre de parts total du mélange

composteurExemple 1 :

Mélangeons 2 parts de gazon avec 1 part de paille :

C/N du gazon : 10. 2 parts font donc 20.
C/N de la paille : 70 environ.
Soit dans notre exemple : 2 X 10 + 1 X 70 = 20+70 / 3 = 90 / 3 = 30.
Le rapport chimique est bon, et en plus, on a mélangé une matière très structurée (la paille) avec une matière azotée fine. Le mélange est bon car la paille permettra de laisser passer l'air dans le tas.

Exemple 2

En revanche, voici un mélange à éviter, même si le C/N final semble bon :
9 parts de gazon et 1 part de sciure donnent :
9 X 10 + 1 X 200  / 10 = 90+200 /10 = 29.
Le C/N semble bon (proche de 30), mais par contre le mélange ne l'est pas, car les deux matières sont toutes deux très fines, et auront tendance à se colmater, donc à se tasser, donc à asphyxier le compost. Le compactage des matières produira un départ en putréfaction, et non pas en compostage aérobie.

Au final, que faut-il en retirer ? Une à deux parts de matières azotées pour une part de matières carbonées. Avec cet équilibre, on obtient un bon C/N de départ, et donc d'arrivée, et on se rassure sur la structure des matières sèches.

Les matières à privilégier sont un mélange de plusieurs choses : broyat, paille, feuilles mortes, un eu de carton brun déchiqueté, des boites de carton d'œufs, un peu de copeaux si on veut et qu'on en dispose... Si on a majoritairement du broyat ou de la paille, aucun souci. Le résultat sera bon.

Si un compost possède un rapport C/N trop élevé, cela signifie qu'il rendra trop captif l'azote, et ne servira pas à libérer suffisamment d'azote pour les besoins de la plante. Si au contraire, il a un C/N trop faible, il aura tendance à libérer trop et trop vite les différentes composantes chimiques, et ne sera pas non plus très utile, provoquant des arrivées massives d'azote perdues pour les plantes qui en auront besoin tout au long de leur végétation.

Voici donc qui devrait éclairer d'un jour nouveau ce mystère du « bon mélange » et du bon équilibre. On y voit plus simplement l'effet des matières, de leur contenu, de leur structure sur le devenir et la transformation du compost ainsi que de sa qualité finale. En termes simples, si vous pratiquez le 50/50 en volumes de matières des deux catégories, vous aurez toutes les chances de produire un compost très satisfaisant, moyennant quand même le fait que les matières les plus dures et sèches soient suffisamment broyées pour se composter dans des temps raisonnables. Ni trop fin ni trop gros, les copeaux broyés doivent approximativement être de la taille d'un ongle de pouce, sur quelques millimètres d'épaisseur. La paille peut être grossièrement hachée et piétinée. C'est d'ailleurs naturellement que cette dernière était « activée » grâce au piétinement des ruminants, et suffisamment humidifiée par les urines des bêtes, ce qui en faisant d'emblée un fumier compostable et équilibré.


Prochain article à paraître : Les buttes de culture et les lasagnes, ou comment créer de la fertilité en utilisant des déchets de cuisine et de jardin.

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