Accueil > Culture > Cinéma > L'équipe des "Toiles" accueille la jeune réalisatrice Léa Fehner pour son deuxième film "Les Ogres", salué par la critique.
Restez informés
Inscrivez-vous
aux newsletters du Journal !
Je m'inscris

L'équipe des "Toiles" de Saint-Gratien accueille la jeune réalisatrice Léa Fehner pour son deuxième film "Les Ogres", salué par la critique.

Publié le : 21-03-2016

LES OGRES de Léa FehnerLéa Fehner est l'invitée de l'équipe des "Toiles" de Saint-Gratien. "Les Ogres" est son deuxième film, après "Qu'un seul tienne et les autres suivront" qui avait reçu en 2009 le Prix Louis-Delluc du premier film, et avait  été nommé au César du meilleur premier film en 2010.

L'histoire du film
Ils vont de ville en ville, un chapiteau sur le dos, leur spectacle en bandoulière. Dans nos vies ils apportent le rêve et le désordre. Ce sont des ogres, des géants, ils en ont mangé du théâtre et des kilomètres.
Mais l’arrivée imminente d’un bébé et le retour d’une ancienne amante vont raviver des blessures que l’on croyait oubliées. Alors que la fête commence !
Un film de Léa Fehner avec Adèle Haenel, Marc Barbé, François Fehner, Marion Bouvrel, Inès Fehner, Lola DuenasL

Lundi 21 mars 2016 à 20h – Cinéma Les Toiles place François Truffaut Saint-Gratien.

 

Zoom sur "Les ogres" : propos de Léa Fehner, réalisatrice du film (propos recueillis par Claire Vassé)

D'où vous est venu le désir de réaliser ce film ?
J’ai grandi dans le milieu dont parle mon film, le milieu du théâtre itinérant. Dans les années 90, mes parents se sont embarqués dans cette aventure avec une dizaine de caravanes, un chapiteau, une LES OGRES de Léa Fehnertroupe bigarrée et fantasque et ils ont sillonné la France pour faire du théâtre.
Étrangement, quand j’ai décidé à mon tour de raconter des histoires, je crois que j’ai quitté ce milieu pour celui du cinéma parce que j’avais la trouille. La trouille des rues vides où l’on parade mal réchauffés. La trouille de la truculence d’une vie où pour parler au spectateur tu lui postillonnes dessus, où les enfants sont au courant de la moindre histoire de fesse, où tu grandis au milieu des cris, du théâtre et des ivrognes. Et c’est sans parler de l’ingérence de tous dans la vie de chacun, du manque de tunes viscéral dont on clame que cela n’a aucune importance, des frustrations qu’on ressent face à ceux qui réussissent mieux… Mais récemment, tout s’est inversé. Là où je voyais des galères, je me suis mise à voir du courage, cette proximité avec le spectateur m’a fait envie. Les débordements se sont mis à s’inscrire pour moi dans la fête, dans la vie.
Alors au sortir de mon premier film, j’ai eu envie de filmer cette énergie. Mon premier film était sérieux, grave, et après l’avoir beaucoup accompagné en salles, j’ai eu envie d’offrir autre chose au spectateur. J’ai eu envie de faire un film solaire et joyeux, mais joyeux avec insolence et âpreté. J’ai eu envie de filmer ces hommes et ces femmes qui abolissent la frontière entre le théâtre et la vie pour vivre un peu plus fort, pour vivre un peu plus vite.

Vous parlez de votre désir d'un film solaire, mais la vitalité qui se dégage du film est puissante certes, mais pas uniquement gaie. Elle brasse la vie dans tous ses aspects.
Peut-être, parce que je ne m’intéresse pas à l’âge d’or d’une compagnie mais plutôt à ce que l’âge a pu faire de cette compagnie. Je ne suis pas dans l’enfance de leur désir mais quand le désir rame pour être toujours là, quand il faut le provoquer pour qu’il reste vivant… Juste avant que j’écrive ce film, la compagnie de mes parents a fêté ses 20 ans. L’année avait été très rude, d’une violence inouïe Un des membres de la compagnie avait perdu son fils de 18 ans. Mon père, lui, atteignait cet âge où on hésite entre le désir et l’abandon. Cet âge où la fatigue de faire ce métier commence à se faire sentir. Mais la fête a été maintenue et elle fut folle, incroyable, débridée. En traversant ce jour avec eux, je me suis dit que c’était de ça dont on avait besoin, qLES OGRES de Léa Fehneru’il fallait raconter : cette façon de dire merde à la mort et à la douleur par le rire, la musique, les excès ; cette énergie qui purge la tristesse dans le débordement et qui fait un pied de nez à la violence de la vie. L’âge et les drames avaient érodé l’arrogance et la démesure des ogres de mon enfance et pourtant je les voyais toujours pétris de cette volonté de continuer, de vivre, de croquer le présent.
Mais comment continue-t-on avec nos morts ? Comment continue-t-on avec ce qui est mort en nous ? C’est cette question plus large, plus commune à nous tous qui m’a poussée dans l’écriture de ce film.

"Les orges" … vos personnages portent bien leur nom !

Ce titre fut comme une colonne vertébrale dans notre écriture pour ne pas se laisser aller à la facilité, pour ne pas se faire séduire par la vitalité de nos personnages.
Nous avions envie de parler d’un appétit de vivre éclatant et puissant. Mais il fallait absolument ne pas nous cacher la part de monstruosité ou de violence qui résidait dans cet appétit. Nos personnages devaient être de ceux dont on pourrait se dire « j’aimerais bien les connaître, boire des coups avec eux » mais il fallait le faire sans complaisance, en regardant sous le tapis de leur voracité. Ces ogres de vie sont aussi capables de bouffer les autres et de prendre toute la place ! Mais c’est aussi ça qui peut devenir passionnant : donner à voir des êtres puissants et drôles, indignes et inconséquents, foutraques et amoureux. Traquer l’ambivalence.
D’une certaine manière, parler des ogres c’est aussi se rendre compte que cette question de la démesure a autant à voir avec le théâtre itinérant qu’avec l’intimité des familles : comment certains y occupent toute la place, comment l’amour peut être dévorant…

CLES OGRES de Léa Fehner'est vrai qu'au-delà de ce milieu singulier du théâtre itinérant, le film est d'abord un film sur le groupe, la famille.
Absolument. Ici, toutes les générations se mélangent. Les enfants forment une meute sauvage et libre, les jeunes adultes se débattent dans leur désir de responsabilité. Et c’est sans parler des pères qui se défaussent et prennent toute la place, des mères qui sont tour à tour sublimes ou soumises… On s’aime et pourtant on se fait mal. C’est peut-être ça la grande beauté et la grande douleur des familles : s’aimer et ne pas savoir faire autrement que de s’y prendre mal.
Alors le film parle de ça oui, mais pas uniquement par les liens du sang. Parce qu’ici la famille c’est celle qu’on se choisit, qu’on rencontre, avec qui on travaille. À la base de l’esprit de troupe, il y a une utopie du collectif qui dépasse le cadre de la famille, qui pose la question de l’amour plus largement. Une fois qu’on a dit ça, famille ou troupe, les questions de toute façon se rejoignent : le groupe me fait-il abdiquer ma propre liberté ? Ou au contraire me rend-il plus fort et donc plus capable d’exercer cette liberté ?
(extrait dossier de presse - propos recueillis par Claire Vassé)

LES OGRES de Léa FehnerLéa Fehner est l'invitée de l'équipe des "Toiles" de Saint-Gratien. "Les Ogres" est son deuxième film, après "Qu'un seul tienne et les autres suivront" qui avait reçu en 2009 le Prix Louis-Delluc du premier film, et avait  été nommé au César du meilleur premier film en 2010.

L'histoire du film
Ils vont de ville en ville, un chapiteau sur le dos, leur spectacle en bandoulière. Dans nos vies ils apportent le rêve et le désordre. Ce sont des ogres, des géants, ils en ont mangé du théâtre et des kilomètres.
Mais l’arrivée imminente d’un bébé et le retour d’une ancienne amante vont raviver des blessures que l’on croyait oubliées. Alors que la fête commence !
Un film de Léa Fehner avec Adèle Haenel, Marc Barbé, François Fehner, Marion Bouvrel, Inès Fehner, Lola DuenasL

Lundi 21 mars 2016 à 20h – Cinéma Les Toiles place François Truffaut Saint-Gratien.

 

Zoom sur "Les ogres" : propos de Léa Fehner, réalisatrice du film (propos recueillis par Claire Vassé)

D'où vous est venu le désir de réaliser ce film ?
J’ai grandi dans le milieu dont parle mon film, le milieu du théâtre itinérant. Dans les années 90, mes parents se sont embarqués dans cette aventure avec une dizaine de caravanes, un chapiteau, une LES OGRES de Léa Fehnertroupe bigarrée et fantasque et ils ont sillonné la France pour faire du théâtre.
Étrangement, quand j’ai décidé à mon tour de raconter des histoires, je crois que j’ai quitté ce milieu pour celui du cinéma parce que j’avais la trouille. La trouille des rues vides où l’on parade mal réchauffés. La trouille de la truculence d’une vie où pour parler au spectateur tu lui postillonnes dessus, où les enfants sont au courant de la moindre histoire de fesse, où tu grandis au milieu des cris, du théâtre et des ivrognes. Et c’est sans parler de l’ingérence de tous dans la vie de chacun, du manque de tunes viscéral dont on clame que cela n’a aucune importance, des frustrations qu’on ressent face à ceux qui réussissent mieux… Mais récemment, tout s’est inversé. Là où je voyais des galères, je me suis mise à voir du courage, cette proximité avec le spectateur m’a fait envie. Les débordements se sont mis à s’inscrire pour moi dans la fête, dans la vie.
Alors au sortir de mon premier film, j’ai eu envie de filmer cette énergie. Mon premier film était sérieux, grave, et après l’avoir beaucoup accompagné en salles, j’ai eu envie d’offrir autre chose au spectateur. J’ai eu envie de faire un film solaire et joyeux, mais joyeux avec insolence et âpreté. J’ai eu envie de filmer ces hommes et ces femmes qui abolissent la frontière entre le théâtre et la vie pour vivre un peu plus fort, pour vivre un peu plus vite.

Vous parlez de votre désir d'un film solaire, mais la vitalité qui se dégage du film est puissante certes, mais pas uniquement gaie. Elle brasse la vie dans tous ses aspects.
Peut-être, parce que je ne m’intéresse pas à l’âge d’or d’une compagnie mais plutôt à ce que l’âge a pu faire de cette compagnie. Je ne suis pas dans l’enfance de leur désir mais quand le désir rame pour être toujours là, quand il faut le provoquer pour qu’il reste vivant… Juste avant que j’écrive ce film, la compagnie de mes parents a fêté ses 20 ans. L’année avait été très rude, d’une violence inouïe Un des membres de la compagnie avait perdu son fils de 18 ans. Mon père, lui, atteignait cet âge où on hésite entre le désir et l’abandon. Cet âge où la fatigue de faire ce métier commence à se faire sentir. Mais la fête a été maintenue et elle fut folle, incroyable, débridée. En traversant ce jour avec eux, je me suis dit que c’était de ça dont on avait besoin, qLES OGRES de Léa Fehneru’il fallait raconter : cette façon de dire merde à la mort et à la douleur par le rire, la musique, les excès ; cette énergie qui purge la tristesse dans le débordement et qui fait un pied de nez à la violence de la vie. L’âge et les drames avaient érodé l’arrogance et la démesure des ogres de mon enfance et pourtant je les voyais toujours pétris de cette volonté de continuer, de vivre, de croquer le présent.
Mais comment continue-t-on avec nos morts ? Comment continue-t-on avec ce qui est mort en nous ? C’est cette question plus large, plus commune à nous tous qui m’a poussée dans l’écriture de ce film.

"Les orges" … vos personnages portent bien leur nom !

Ce titre fut comme une colonne vertébrale dans notre écriture pour ne pas se laisser aller à la facilité, pour ne pas se faire séduire par la vitalité de nos personnages.
Nous avions envie de parler d’un appétit de vivre éclatant et puissant. Mais il fallait absolument ne pas nous cacher la part de monstruosité ou de violence qui résidait dans cet appétit. Nos personnages devaient être de ceux dont on pourrait se dire « j’aimerais bien les connaître, boire des coups avec eux » mais il fallait le faire sans complaisance, en regardant sous le tapis de leur voracité. Ces ogres de vie sont aussi capables de bouffer les autres et de prendre toute la place ! Mais c’est aussi ça qui peut devenir passionnant : donner à voir des êtres puissants et drôles, indignes et inconséquents, foutraques et amoureux. Traquer l’ambivalence.
D’une certaine manière, parler des ogres c’est aussi se rendre compte que cette question de la démesure a autant à voir avec le théâtre itinérant qu’avec l’intimité des familles : comment certains y occupent toute la place, comment l’amour peut être dévorant…

CLES OGRES de Léa Fehner'est vrai qu'au-delà de ce milieu singulier du théâtre itinérant, le film est d'abord un film sur le groupe, la famille.
Absolument. Ici, toutes les générations se mélangent. Les enfants forment une meute sauvage et libre, les jeunes adultes se débattent dans leur désir de responsabilité. Et c’est sans parler des pères qui se défaussent et prennent toute la place, des mères qui sont tour à tour sublimes ou soumises… On s’aime et pourtant on se fait mal. C’est peut-être ça la grande beauté et la grande douleur des familles : s’aimer et ne pas savoir faire autrement que de s’y prendre mal.
Alors le film parle de ça oui, mais pas uniquement par les liens du sang. Parce qu’ici la famille c’est celle qu’on se choisit, qu’on rencontre, avec qui on travaille. À la base de l’esprit de troupe, il y a une utopie du collectif qui dépasse le cadre de la famille, qui pose la question de l’amour plus largement. Une fois qu’on a dit ça, famille ou troupe, les questions de toute façon se rejoignent : le groupe me fait-il abdiquer ma propre liberté ? Ou au contraire me rend-il plus fort et donc plus capable d’exercer cette liberté ?
(extrait dossier de presse - propos recueillis par Claire Vassé)

Partager cette page :

Vous appréciez le Journal de François ? Soutenez-le ! Merci.

Retourner à la page d'accueil - Retourner à la page "Cinéma"

Vous appréciez le Journal de François ? Soutenez-le ! Merci.

Retourner à la page d'accueil Retourner à la page "Cinéma"


Déposer un commentaire
0 commentaire(s)

Filtre anti-spam

Aucun commentaire

Informations Newsletter
  • Inscrivez-vous aux newsletters du Journal :
    "Agenda du week-end" et "Infos de proximité"
Contact
11 allée du Clos Laisnées, 95120 Ermont
06 89 80 56 28