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Jardinage : gestion des grands espaces... gestion différenciée !

Publié le : 15-05-2014

David GabelinRetour de notre maître composteur, David Gabelin pour notre plus grand plaisir. Aujourd'hui, il aborde la gestion des grands espaces, et plus spécifiquement la gestion différenciée. Une chronique vraiment très instructive.

 

Gestion des grands espaces, gestion différenciée

Un parc, un grand jardin, des talus, des routes forestières... voilà des espaces qui ne peuvent se gérer comme un petit jardin. C'est une évidence, et pourtant, jusqu'à très récemment, c'est ce que les communes faisaient évacuation des feuilles par soufflage, talusage intensif... des pratiques qui coûtent cher en carburant, en hommes, en temps, et qui fragilisent les espaces ainsi gérés.

Que provoquent les tontes répétées par exemple ? Des coupes rases, pour un aspect « propre » fragilisent les pelouses et les gazons, et proviquent l'appauvrissement de la biodiversité, flore et faune confondues. En effet, les semences apportées au hasard du vent et des excréments des oiseaux, ainsi que celles indigènes présentes dans les pelouses, n'ont aucune chance de pouvoir se développer sur ces surfaces. On a ainsi perdu des espèces comme le bleuet, le coquelicot (qui revient, cependant)... Comme les pelouses sont rases, elles sont de véritables déserts, n'offrant aucun refuge aux petits insectes. Enfin, les pelouses elles-mêmes souffrent de ces tailles courtes, répétées qui les affaiblissent, les rendent plus sensibles aux attaques de toutes sortes, jusqu'à leur enracinement qui devient moins bon.
Le réflexe était donc d'interdire l'accès aux pelouses dans les parcs... encore une belle contradiction en ce qui concerne l'usage et la signification de « l'espace public » !

L'évacuation des feuilles, que l'on peut encore voir assez souvent, même si là aussi on sent une inversion des pratiques, gaspille tout à la fois temps humain, ressources fossiles, produit du bruit, pour souffler des mètres cubes de feuilles mortes et les extraire pour les déposer sur une plate forme de Coupes différentiéescompostage. Économiquement, évidemment, c'est encore une de ces aberrations dont nos administrations étaient friandes il n'y a pas si longtemps. La « crise » passant par là, et un peu de morale sur les dépenses publiques aussi, la réflexion s'approfondit pour mieux gérer ces ressources.

La gestion différenciée fait partie de ces concepts et techniques qui donnent un nouvel avenir aux déchets verts. Mais de quoi s'agit-il exactement ? Il s'agit essentiellement d'un mode de gestion consistant à ne pas appliquer la même intensité ni la même nature de soins aux espaces végétalisés de la ville. La gestion différenciée doit permettre de restaurer et d'entretenir des zones de biodiversité accrue qui offre des services écologiques permanents, durables et variés selon les espaces gérés.
Les espaces dont les sols sont fragiles, ou placés au dessus de ressources à protéger, seront par exemple moins souvent sollicités, moins souvent fauchés ou pâturés afin de laisser s'installer une biodiversité durable et de permettre aux sols de renforcer leur cohésion et la vie micro-organique.
Le corollaire à cette technique vise à limiter voire annuler l'usage des produits de synthèse, qu'ils soient de type engrais ou de type pesticides et herbicides.
On voit donc ici un lien fort entre les choix éco-exemplaires d'une commune et les gestes que l'on conseille aussi au particulier au niveau de l'entretien de ses propres espaces privatifs.

Sur notre territoire, comment cela peut-il se traduire ?

Sur les avenues et rues où siègent des arbres à trognes (platanes et autres), des tailles annuelles produisent une grosse quantité de matière brune. Avant, on emportait le tout et on le déposait en plate forme de compostage. Dorénavant, les communes s'attachent à broyer sur place les branches afin de produire un broyât frais directement utilisé en paillis sur les massifs et les plates-bandes. Outre un aspect plus propre, la terre est ainsi protégée, limitant du même coup les problématiques d'arrosage et de désherbage. Ce geste « en amont » permet d'éviter ainsi un certain nombre de pratiques coûteuses et peu écologiques ni durables. D'autres encore poussent à l'usage des plantes couvre-sol, alliant protection de la terre, biodiversité et confort visuel et décoratif.

Côté sentiers et chemins ruraux, un débroussaillage se faisait avant en plein été. Aujourd'hui, on préfère appliquer une fauche tardive d'automne, et encore, les abords sont traités différemment, avec un étagement de la hauteur de coupe : ras sur une bande étroite, dite bande de prestige, puis un étagement des herbes hautes sur une bande plus large en arrière plan, subissant une fauche tardive annuelle, et enfin un étage arbrisseaux et arbustes. Ces deux dernières bandes laissent ainsi à la nature le temps et l'occasion de reconstituer et d'abriter de la biodiversité, ce grouillement invisible mais si utile.

Les « paysages », qui est un terme ne désignant définitivement que des espaces travaillés et artificialisés par l'Homme, seront ainsi par cette pratique différenciée plus variés et plus diversifiés ; bien plus agréable aussi à l'œil que des espaces uniformes et appauvris.

L'arbre têtard, témoin d'un savoir-faire traditionnel et du patrimoineLa technique implique également le non déplacement des produits de taille et de fauche. La dégradation naturelle ou organisée (compostage sur place) des matières va également profiter à l'amélioration de la vie du sol.
Cette technique peut servir de support au développement ou au renforcement de création de trames vertes et bleues, en accompagnant la mise en œuvre de corridors végétaux. On y rationalise la gestion des espaces verts, on y améliore la qualité de vie et des usages qu'on y prête, on facilite le retour d'une biodiversité et de relations écosystémiques, et on peut en profiter pour en faire un outil de pédagogie très performant.

Côté communal, le travail des techniciens et jardiniers est revalorisé et leur permet de partager leur expertise au service d'un mieux-vivre au sein de la ville. Les communes adjacentes peuvent également en profiter pour à leur tour relier les zones entre elles.

La gestion différenciée intègre dans ses moyens et techniques l'apprentissage des alternatives et des pistes et voies de réflexion pour aborder un plan de gestion selon d'autres aspects et raisonnement que la pratique intensive habituelle. Elle permet ainsi de faire place à de nouveaux acteurs, de nouvelles expertises en créant également une meilleure utilisation et synergie des différentes compétences d'un secteur.

Les domaines concernés par la gestion différenciée :

• Une alternative saine aux usages des produits phytosanitaires, par la lutte biologique, protection des cultures (désherbages solaires, thermiques, paillis)
• Une protection des zones sensibles au feu par le débroussaillage, l'écobuage contrôlé, le pâturage
• Une gestion des zones prairiales (prairies humides et prairies sèches) pour un maintien et un renforcement de la biodiversité)
• Une gestion des talus et des bords de d'infrastructures routières
• Une gestion des zones arbustives (gestion de l'arrosage, gestion des tailles de haies et d'arbustes à fleurs)
• Une gestion des plans d'eau (par des contrôles et des corrections de l'eutrophisation, dépôts de vase, populations piscicoles, pH et pollutions chimiques)

En résumé, l'entretien, les méthodes dépendent très étroitement du type d'espace à gérer, avec ses caractéristiques physiques chimiques et biologiques particulières.

Les enjeux sont donc par conséquent de plusieurs natures, eux aussi :

Enjeux environnementaux :

• préserver et enrichir la biodiversité des espaces  naturels, • limiter les pollutions : intrants phytosanitaires,  bâches plastiques et tissées, • gérer les ressources naturelles : valorisation des  déchets verts, économie de la ressource en eau,...

Enjeux sociaux
• améliorer le cadre de vie des habitants, en mettant à leur disposition une diversité d’espaces, • éduquer le grand public à l’environnement, • favoriser l’autonomie des agents.

Enjeux culturels

• valoriser l’identité des paysages communaux,
• mettre en valeur les sites de prestige et patrimoniaux,
• diversifier et transmettre le savoir-faire et l’art  du jardinier.

Enjeux économiques

• faire face à des charges de fonctionnement de plus en plus lourdes dues à l’augmentation des surfaces,
• optimiser les moyens humains, matériels et financiers,
• maîtriser les temps de travaux, • adapter le matériel (faucheuse, broyeur...).

Prochain article  : La suite sur le compostage, astuces et bonnes pratiques.

 

David GabelinRetour de notre maître composteur, David Gabelin pour notre plus grand plaisir. Aujourd'hui, il aborde la gestion des grands espaces, et plus spécifiquement la gestion différenciée. Une chronique vraiment très instructive.

 

Gestion des grands espaces, gestion différenciée

Un parc, un grand jardin, des talus, des routes forestières... voilà des espaces qui ne peuvent se gérer comme un petit jardin. C'est une évidence, et pourtant, jusqu'à très récemment, c'est ce que les communes faisaient évacuation des feuilles par soufflage, talusage intensif... des pratiques qui coûtent cher en carburant, en hommes, en temps, et qui fragilisent les espaces ainsi gérés.

Que provoquent les tontes répétées par exemple ? Des coupes rases, pour un aspect « propre » fragilisent les pelouses et les gazons, et proviquent l'appauvrissement de la biodiversité, flore et faune confondues. En effet, les semences apportées au hasard du vent et des excréments des oiseaux, ainsi que celles indigènes présentes dans les pelouses, n'ont aucune chance de pouvoir se développer sur ces surfaces. On a ainsi perdu des espèces comme le bleuet, le coquelicot (qui revient, cependant)... Comme les pelouses sont rases, elles sont de véritables déserts, n'offrant aucun refuge aux petits insectes. Enfin, les pelouses elles-mêmes souffrent de ces tailles courtes, répétées qui les affaiblissent, les rendent plus sensibles aux attaques de toutes sortes, jusqu'à leur enracinement qui devient moins bon.
Le réflexe était donc d'interdire l'accès aux pelouses dans les parcs... encore une belle contradiction en ce qui concerne l'usage et la signification de « l'espace public » !

L'évacuation des feuilles, que l'on peut encore voir assez souvent, même si là aussi on sent une inversion des pratiques, gaspille tout à la fois temps humain, ressources fossiles, produit du bruit, pour souffler des mètres cubes de feuilles mortes et les extraire pour les déposer sur une plate forme de Coupes différentiéescompostage. Économiquement, évidemment, c'est encore une de ces aberrations dont nos administrations étaient friandes il n'y a pas si longtemps. La « crise » passant par là, et un peu de morale sur les dépenses publiques aussi, la réflexion s'approfondit pour mieux gérer ces ressources.

La gestion différenciée fait partie de ces concepts et techniques qui donnent un nouvel avenir aux déchets verts. Mais de quoi s'agit-il exactement ? Il s'agit essentiellement d'un mode de gestion consistant à ne pas appliquer la même intensité ni la même nature de soins aux espaces végétalisés de la ville. La gestion différenciée doit permettre de restaurer et d'entretenir des zones de biodiversité accrue qui offre des services écologiques permanents, durables et variés selon les espaces gérés.
Les espaces dont les sols sont fragiles, ou placés au dessus de ressources à protéger, seront par exemple moins souvent sollicités, moins souvent fauchés ou pâturés afin de laisser s'installer une biodiversité durable et de permettre aux sols de renforcer leur cohésion et la vie micro-organique.
Le corollaire à cette technique vise à limiter voire annuler l'usage des produits de synthèse, qu'ils soient de type engrais ou de type pesticides et herbicides.
On voit donc ici un lien fort entre les choix éco-exemplaires d'une commune et les gestes que l'on conseille aussi au particulier au niveau de l'entretien de ses propres espaces privatifs.

Sur notre territoire, comment cela peut-il se traduire ?

Sur les avenues et rues où siègent des arbres à trognes (platanes et autres), des tailles annuelles produisent une grosse quantité de matière brune. Avant, on emportait le tout et on le déposait en plate forme de compostage. Dorénavant, les communes s'attachent à broyer sur place les branches afin de produire un broyât frais directement utilisé en paillis sur les massifs et les plates-bandes. Outre un aspect plus propre, la terre est ainsi protégée, limitant du même coup les problématiques d'arrosage et de désherbage. Ce geste « en amont » permet d'éviter ainsi un certain nombre de pratiques coûteuses et peu écologiques ni durables. D'autres encore poussent à l'usage des plantes couvre-sol, alliant protection de la terre, biodiversité et confort visuel et décoratif.

Côté sentiers et chemins ruraux, un débroussaillage se faisait avant en plein été. Aujourd'hui, on préfère appliquer une fauche tardive d'automne, et encore, les abords sont traités différemment, avec un étagement de la hauteur de coupe : ras sur une bande étroite, dite bande de prestige, puis un étagement des herbes hautes sur une bande plus large en arrière plan, subissant une fauche tardive annuelle, et enfin un étage arbrisseaux et arbustes. Ces deux dernières bandes laissent ainsi à la nature le temps et l'occasion de reconstituer et d'abriter de la biodiversité, ce grouillement invisible mais si utile.

Les « paysages », qui est un terme ne désignant définitivement que des espaces travaillés et artificialisés par l'Homme, seront ainsi par cette pratique différenciée plus variés et plus diversifiés ; bien plus agréable aussi à l'œil que des espaces uniformes et appauvris.

L'arbre têtard, témoin d'un savoir-faire traditionnel et du patrimoineLa technique implique également le non déplacement des produits de taille et de fauche. La dégradation naturelle ou organisée (compostage sur place) des matières va également profiter à l'amélioration de la vie du sol.
Cette technique peut servir de support au développement ou au renforcement de création de trames vertes et bleues, en accompagnant la mise en œuvre de corridors végétaux. On y rationalise la gestion des espaces verts, on y améliore la qualité de vie et des usages qu'on y prête, on facilite le retour d'une biodiversité et de relations écosystémiques, et on peut en profiter pour en faire un outil de pédagogie très performant.

Côté communal, le travail des techniciens et jardiniers est revalorisé et leur permet de partager leur expertise au service d'un mieux-vivre au sein de la ville. Les communes adjacentes peuvent également en profiter pour à leur tour relier les zones entre elles.

La gestion différenciée intègre dans ses moyens et techniques l'apprentissage des alternatives et des pistes et voies de réflexion pour aborder un plan de gestion selon d'autres aspects et raisonnement que la pratique intensive habituelle. Elle permet ainsi de faire place à de nouveaux acteurs, de nouvelles expertises en créant également une meilleure utilisation et synergie des différentes compétences d'un secteur.

Les domaines concernés par la gestion différenciée :

• Une alternative saine aux usages des produits phytosanitaires, par la lutte biologique, protection des cultures (désherbages solaires, thermiques, paillis)
• Une protection des zones sensibles au feu par le débroussaillage, l'écobuage contrôlé, le pâturage
• Une gestion des zones prairiales (prairies humides et prairies sèches) pour un maintien et un renforcement de la biodiversité)
• Une gestion des talus et des bords de d'infrastructures routières
• Une gestion des zones arbustives (gestion de l'arrosage, gestion des tailles de haies et d'arbustes à fleurs)
• Une gestion des plans d'eau (par des contrôles et des corrections de l'eutrophisation, dépôts de vase, populations piscicoles, pH et pollutions chimiques)

En résumé, l'entretien, les méthodes dépendent très étroitement du type d'espace à gérer, avec ses caractéristiques physiques chimiques et biologiques particulières.

Les enjeux sont donc par conséquent de plusieurs natures, eux aussi :

Enjeux environnementaux :

• préserver et enrichir la biodiversité des espaces  naturels, • limiter les pollutions : intrants phytosanitaires,  bâches plastiques et tissées, • gérer les ressources naturelles : valorisation des  déchets verts, économie de la ressource en eau,...

Enjeux sociaux
• améliorer le cadre de vie des habitants, en mettant à leur disposition une diversité d’espaces, • éduquer le grand public à l’environnement, • favoriser l’autonomie des agents.

Enjeux culturels

• valoriser l’identité des paysages communaux,
• mettre en valeur les sites de prestige et patrimoniaux,
• diversifier et transmettre le savoir-faire et l’art  du jardinier.

Enjeux économiques

• faire face à des charges de fonctionnement de plus en plus lourdes dues à l’augmentation des surfaces,
• optimiser les moyens humains, matériels et financiers,
• maîtriser les temps de travaux, • adapter le matériel (faucheuse, broyeur...).

Prochain article  : La suite sur le compostage, astuces et bonnes pratiques.

 

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