Notre cher "maître composteur" David Gabelin passe aux travaux pratiques. Il nous explique les avantages des buttes de culture avec un exemple précis réalisé à Eaubonne. Comme d'habitude, son récit est passionnant.
Et bonne nouvelle : vous retrouvez en 2015 de nouvelles chroniques de David pour notre plus grand plaisir !
J'ai évoqué dans un article précédent la permaculture, il est temps d'en montrer un exemple concret près de chez vous !
Nous avons choisi d'accompagner la ville d'Eaubonne dans la création d'une butte de culture pédagogique afin de montrer tous les aspects utiles d'une telle pratique de jardinage, qui peut s'adresser aussi bien au particulier qu'au maraîcher.
Avant toute chose, pour comprendre un peu mieux l'une des applications de la permaculture, il est nécessaire de rappeler quels sont les principes fondamentaux qui en régissent le travail de la terre :
Pas de labourage | Pas de pesticides |
Pas de sarclage | Pas d'engrais chimiques |
Dans un sens plus complet, la permaculture se définit par les concepts suivants :
La butte de culture permet de répondre aux principes énoncés plus haut (pas de labour, pas de pesticides, pas d'engrais chimiques, pas de sarclage)... Mais comment ?
Une butte de culture se compose de différentes couches agencées dans un ordre et d'une manière spécifique, même s'il en existe de multiples variations et variantes, toutes efficaces. Le principe fondamental est l'alternance de couches plutôt azotées avec d'autres plutôt carbonées, de manière à former une butte arrondie.
Les bois morts et broyats utilisés au fond de la tranchée servent à maintenir l'humidité de la butte, et à apporter de nombreux minéraux et nutriments, régénérant ainsi la terre en profondeur par le travail des micro et macro organismes décomposeurs. Une butte de culture ne sera plus arrosée durant toute sa vie, sinon par les intempéries.
Les matières azotées (gazon, broyats de matières vertes, déchets de cuisine...) apporteront tout l'azote nécessaire, qui sera également capté par les parties de bois mort, évitant ainsi son ruissellement dans le sous-sol. La butte sera donc auto-amendée, et ne nécessitera donc aucun apport d'engrais durant toute sa vie, sinon par les matières organiques de surface, déposées régulièrement pour la protéger.
La terre et le compost des couches supérieures serviront à permettre le semis et la plantation de nombreuses variétés de plantes potagères et florales, en mélange. Cette diversité permettra de protéger les espèces entre elles par des interactions bénéfiques et protectrices. La dégradation des matières organiques de surface et des fanes de légumes laissées sur place donnera à son tour un humus riche et régénérant, pendant une bonne partie de la vie de la butte. Le non travail du sol, aéré naturellement par la diversité des matières en décomposition, et l'absence de tassement du sol (on ne marche pas sur une butte!) rend inutile le labour. La terre reste souple, meuble et riche. Le sarclage lui même est également inutile
Enfin, le paillis organique de surface, toujours présent été comme hiver (en hiver il protège les plantations du gel, en été, il évite l'évaporation) va non seulement se dégrader lentement en fournissant un humus riche, mais va protéger la terre et les plantations des intempéries (la terre reste bien en place) et évitera également la pousse de « mauvaises herbes » indésirables. L'usage des pesticides et autres phytosanitaires est donc totalement et définitivement rendu caduque et inutile.
Le projet d'Eaubonne était de permettre aux particuliers de se familiariser avec une telle pratique en organisant la création d'une butte de 6 mètres de long. Cette butte servira à l'automne pour planter des légumes et des plantes.
En quelques étapes, voici le déroulement de la création de la butte, qui se situe au potager de la Chesnaie :
hh | ||
Remplissage de la tranchée avec des bois morts, troncs, branches et des broyats de branches.
|
Couverture avec la terre de fond, la terre la plus pauvre pour qu'elle se régénère.
|
|
Formation de la butte par couches successives de paillis (broyat + tontes) et de compost jeune. | Couverture de la couche de terre par 20 cm de paillis (broyât + tontes). |
La butte est prête, elle va travailler (composter) un peu pendant l'été, et les plantations d'automne pourront bientôt commencer.
Avantages :
La butte de culture aura permis de manière utile de recycler les bois morts (1 à 2 mètres cubes), les déchets de cuisine, un volume de tonte d'un mètre cube, 1,5 mètre cube de broyât, 1,5 mètre cube de compost jeune, et de réutiliser 1,5 mètre cube de terre.
Ses dimensions sont de 6 mètres de long sur 1,2 mètre de large au sol, sur une hauteur initiale de 80 cm. Sachant que cette construction permet de faire gagner 30 % de surface par rapport au sol, nous sommes partis d'une surface de 7,2 mètres carrés pour arriver à une surface réelle de 9,36 mètres carrés.
Sur cette butte, nous pourrons pratiquer la polyculture, avec des diversités de production, des mélanges d'espèces, une densification des plantations améliorées.
Sa durée de vie ? Au moins 7 ans sans interventions autres que la culture des plantes, et la reconstitution d'un paillis de surface une fois par an.
Cette butte est désormais là pour quelques années, vous pouvez donc aller voir régulièrement son évolution et son utilisation !
Prochain article à paraître : les effets des composts sur les sols, ou comprendre pour mieux les utiliser.
Notre cher "maître composteur" David Gabelin passe aux travaux pratiques. Il nous explique les avantages des buttes de culture avec un exemple précis réalisé à Eaubonne. Comme d'habitude, son récit est passionnant.
Et bonne nouvelle : vous retrouvez en 2015 de nouvelles chroniques de David pour notre plus grand plaisir !
J'ai évoqué dans un article précédent la permaculture, il est temps d'en montrer un exemple concret près de chez vous !
Nous avons choisi d'accompagner la ville d'Eaubonne dans la création d'une butte de culture pédagogique afin de montrer tous les aspects utiles d'une telle pratique de jardinage, qui peut s'adresser aussi bien au particulier qu'au maraîcher.
Avant toute chose, pour comprendre un peu mieux l'une des applications de la permaculture, il est nécessaire de rappeler quels sont les principes fondamentaux qui en régissent le travail de la terre :
Pas de labourage | Pas de pesticides |
Pas de sarclage | Pas d'engrais chimiques |
Dans un sens plus complet, la permaculture se définit par les concepts suivants :
La butte de culture permet de répondre aux principes énoncés plus haut (pas de labour, pas de pesticides, pas d'engrais chimiques, pas de sarclage)... Mais comment ?
Une butte de culture se compose de différentes couches agencées dans un ordre et d'une manière spécifique, même s'il en existe de multiples variations et variantes, toutes efficaces. Le principe fondamental est l'alternance de couches plutôt azotées avec d'autres plutôt carbonées, de manière à former une butte arrondie.
Les bois morts et broyats utilisés au fond de la tranchée servent à maintenir l'humidité de la butte, et à apporter de nombreux minéraux et nutriments, régénérant ainsi la terre en profondeur par le travail des micro et macro organismes décomposeurs. Une butte de culture ne sera plus arrosée durant toute sa vie, sinon par les intempéries.
Les matières azotées (gazon, broyats de matières vertes, déchets de cuisine...) apporteront tout l'azote nécessaire, qui sera également capté par les parties de bois mort, évitant ainsi son ruissellement dans le sous-sol. La butte sera donc auto-amendée, et ne nécessitera donc aucun apport d'engrais durant toute sa vie, sinon par les matières organiques de surface, déposées régulièrement pour la protéger.
La terre et le compost des couches supérieures serviront à permettre le semis et la plantation de nombreuses variétés de plantes potagères et florales, en mélange. Cette diversité permettra de protéger les espèces entre elles par des interactions bénéfiques et protectrices. La dégradation des matières organiques de surface et des fanes de légumes laissées sur place donnera à son tour un humus riche et régénérant, pendant une bonne partie de la vie de la butte. Le non travail du sol, aéré naturellement par la diversité des matières en décomposition, et l'absence de tassement du sol (on ne marche pas sur une butte!) rend inutile le labour. La terre reste souple, meuble et riche. Le sarclage lui même est également inutile
Enfin, le paillis organique de surface, toujours présent été comme hiver (en hiver il protège les plantations du gel, en été, il évite l'évaporation) va non seulement se dégrader lentement en fournissant un humus riche, mais va protéger la terre et les plantations des intempéries (la terre reste bien en place) et évitera également la pousse de « mauvaises herbes » indésirables. L'usage des pesticides et autres phytosanitaires est donc totalement et définitivement rendu caduque et inutile.
Le projet d'Eaubonne était de permettre aux particuliers de se familiariser avec une telle pratique en organisant la création d'une butte de 6 mètres de long. Cette butte servira à l'automne pour planter des légumes et des plantes.
En quelques étapes, voici le déroulement de la création de la butte, qui se situe au potager de la Chesnaie :
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Remplissage de la tranchée avec des bois morts, troncs, branches et des broyats de branches.
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Couverture avec la terre de fond, la terre la plus pauvre pour qu'elle se régénère.
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Formation de la butte par couches successives de paillis (broyat + tontes) et de compost jeune. | Couverture de la couche de terre par 20 cm de paillis (broyât + tontes). |
La butte est prête, elle va travailler (composter) un peu pendant l'été, et les plantations d'automne pourront bientôt commencer.
Avantages :
La butte de culture aura permis de manière utile de recycler les bois morts (1 à 2 mètres cubes), les déchets de cuisine, un volume de tonte d'un mètre cube, 1,5 mètre cube de broyât, 1,5 mètre cube de compost jeune, et de réutiliser 1,5 mètre cube de terre.
Ses dimensions sont de 6 mètres de long sur 1,2 mètre de large au sol, sur une hauteur initiale de 80 cm. Sachant que cette construction permet de faire gagner 30 % de surface par rapport au sol, nous sommes partis d'une surface de 7,2 mètres carrés pour arriver à une surface réelle de 9,36 mètres carrés.
Sur cette butte, nous pourrons pratiquer la polyculture, avec des diversités de production, des mélanges d'espèces, une densification des plantations améliorées.
Sa durée de vie ? Au moins 7 ans sans interventions autres que la culture des plantes, et la reconstitution d'un paillis de surface une fois par an.
Cette butte est désormais là pour quelques années, vous pouvez donc aller voir régulièrement son évolution et son utilisation !
Prochain article à paraître : les effets des composts sur les sols, ou comprendre pour mieux les utiliser.
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