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Hassen Bouabdellah de Franconville évoque son roman "Pauvre Martin, pauvre misère" et n'oublie pas son Algérie natale.

Publié le : 11-04-2016

HASSEN BOUABDELLAHCinéaste reconnu en Algérie, Hassen Bouabdellah est venu en France après les événements de 1991 liés à l'interruption du processus démocratique dans le pays. Aujourd'hui, il habite Franconville et vient de publier "Pauvre Martin, pauvre misère" un second roman détonnant offrant quelques saillies sur le monde politique. L'occasion de partir à sa rencontre pour une interview passionnante où il évoque aussi l'Algérie actuelle et sa proposition de créer des gymnases  consacrés à l'art élaboré et à l'éducation artistique.

 

PAUVRE MARTIN PAUVRE MISERE

Extrait 4e de couverture :
À l'instar du héros de la célèbre chanson de Georges Brassens, Martin est un artisan honnête dont la seule ambition est de trimer pour ce qu'on veut bien lui donner. En ces temps de crise, il aurait été considéré comme l'ouvrier modèle dont rêve tout patron. Alors qu'il vient d'euthanasier son chien pour cause de sénescence, les mots de la chanson, braillés dans la nuit par la radio d'une voiture, viennent accentuer son trouble et le plonger dans une grande colère. Il prend son fusil. Tire. Tue. Sa vie va d'autant basculer qu'en prenant la route pour un dernier au revoir à sa petite sœur il rencontre Abiven, sorte d'égérie de la politique qui taille dans l'esprit des humains comme le sculpteur taille dans la pierre…

Laissez-vous tenter par le roman d'Hassen Bouabdellah, une histoire étonnante qui débute doucement avec Martin, sa misère, sa solitude. Puis l'intrigue prend de l'épaisseur avec l'irruption d'Abiven cette égérie de ministre,  au langage cru et alerte ! Cela donne un coup de fouet au récit qui tiendra alors le lecteur en haleine jusqu' à la dernière page !

"Pauvre Martin, pauvre misère" de Hassen Bouabdellah – Edition Mon petit éditeur – 244 pages - 22,95 €

Hassen, vous publiez aujourd'hui "Pauvre Martin, pauvre misère", votre second roman. Avec ce titre, on pense tout de suite à la chanson de Brassens et son refrain : "Pauvre Martin, pauvre misère, Creuse la terre, creuse le temps !" ?
C'est vrai que je fais référence à cette chanson que je trouve toujours d'actualité. Mais c'est juste l'étincelle de mon roman ! Mon héros, un ouvrier sans prétention tombe sous la coupe  d'Abiven, une ancienne femme de ministre qui se propose d'en faire un homme politique de premier plan.. Celui-ci aura un parcours politique exceptionnel jusqu'à la plus haute fonction mais je ne vais pas vous dévoiler l'histoire qui décrit plusieurs facettes de la vie politique… Mais cela reste avant tout une fiction écrite pour le plaisir des lecteurs ! (voir présentation ci-contre).

Avant ce roman, vous avez écrit "L'insurrection des sauterelles", roman qui se passe pendant la "décennie noire" de l'Algérie...
Ce premier roman "L'insurrection des sauterelles" m'a aidé à me reconstruire lorsque je suis venu m'établir en France suite aux menaces de mort que j'avais reçues.

En effet, vous étiez un cinéaste très actif en Algérie.
Après mes études de cinéma à Moscou, j'ai réalisé de nombreux films en Algérie dont "Barberousse mes sœurs", un documentaire élaboré sur les femmes condamnées à mort pendant la guerre d'indépendance et incarcérées dans la célèbre prison  Barberousse où furent  exécutés des centaines de combattants du FLN. J'ai réalisé aussi un documentaire sur le Cardinal Duval algérien, célèbre pour son action  en faveur de  la libération des Américains retenus en Iran.
Arrivé en France j'ai dû m'orienter vers un autre métier, celui de formateur car il est difficile d'entrer dans le monde du cinéma, assez fermé en France.

Comment jugez-vous depuis la France de  l'évolution de votre pays l'Algérie ?
C'est difficile pour l'Algérie. Tous les pays anciennement colonisés ont un gros problème de développement. Pendant la période coloniale, les Algériens ont été écartés du développement de l'art et de la culture universels et cela a un impact important  sur les mentalités et comportements  actuels. Je lutte vraiment pour qu'il y ait une éducation artistique de masse en Algérie et plus généralement dans les pays anciennement colonisés. En effet, les valeurs de la "paysannerie pauvre" sont très bonnes en période de misère car il y a beaucoup de solidarité. Mais en période de richesse comme ces dernières années avec la redistribution de la manne pétrolière, on part vers l'individualisme, chacun veut prendre le plus possible!
En 1991, j'étais pour que l'on poursuive le processus démocratique des urnes : même si je n'aime pas le parti du FIS (Front Islamique du Salut), il fallait reconnaître que ce parti avait respecté le jeu. Aujourd'hui, la charia est toujours prônée et l'armée a toujours le pouvoir.
Maintenant je suis français et l'Algérie est devenue ma seconde patrie… mais je souhaite vraiment qu'elle se développe avec cet enseignement massif de la culture qui permettra - du moins j'espère - un remodelage des comportements.

A propos, pouvez-vous nous parler des fameux "gymnases de l'art" que vous appelez de vos vœux ?
C'est une proposition que j'ai faite dans une lettre ouverte que je vais publier sur internet, que j'ai adressée au président algérien. Cette proposition est un concept simple : créer des gymnases artistiques que devraient fréquenter obligatoirement tous les élèves. Ces gymnases cumuleraient les rôles de bibliothèque, filmothèque, de véritables lieux de rencontre. Cette idée, je l'ai aussi transmise à l'Unesco qui ne m'a pas répondu… Très déçu par ce silence assourdissant ! 
Dans ce texte, j'évoque aussi la saleté du pays, un véritable fléau du non-respect de l'espace public. Il y a urgence à agir afin que les valeurs modernes soient intégrées en Algérie. Il en est de même pour la natalité qui explose. 7 ou 8 enfants par famille, cela pose un énorme problème d'organisation et de développement. Mais difficile d'aborder le sujet dans le pays…

Etes-vous pessimiste ou optimiste pour l'avenir ?
Ni l'un ou l'autre… Il est certain que l'Algérie sort de 130 ans de colonialisme… Il a fallu former tout le monde après l'indépendance. Pour ma part, je ne suis allé à l'école qu'à 9 ans en 1958 grâce au Général de Gaulle ! Mon frère ainé, par exemple, n'est jamais allé à l'école.

Pour revenir à votre actualité, avez-vous des projets après "Pauvre Martin, pauvre misère" ?
Je suis en train d'écrire "Mâ FaToum et la mort de l'imam de la mosquée "Yves Rocher" un polar qui se déroulera, cette fois-ci, en Algérie. En effet, une bonne partie de l'intrigue de "Pauvre Martin…" se déroule dans ce cher Val d'Oise, à Beaumont-sur-Oise où j'ai travaillé comme formateur... Nous aurons le temps d'en reparler lorsque le roman sortira !

Grand merci pour votre disponibilité et votre partage d'informations.

 

 

 

HASSEN BOUABDELLAHCinéaste reconnu en Algérie, Hassen Bouabdellah est venu en France après les événements de 1991 liés à l'interruption du processus démocratique dans le pays. Aujourd'hui, il habite Franconville et vient de publier "Pauvre Martin, pauvre misère" un second roman détonnant offrant quelques saillies sur le monde politique. L'occasion de partir à sa rencontre pour une interview passionnante où il évoque aussi l'Algérie actuelle et sa proposition de créer des gymnases  consacrés à l'art élaboré et à l'éducation artistique.

 

PAUVRE MARTIN PAUVRE MISERE

Extrait 4e de couverture :
À l'instar du héros de la célèbre chanson de Georges Brassens, Martin est un artisan honnête dont la seule ambition est de trimer pour ce qu'on veut bien lui donner. En ces temps de crise, il aurait été considéré comme l'ouvrier modèle dont rêve tout patron. Alors qu'il vient d'euthanasier son chien pour cause de sénescence, les mots de la chanson, braillés dans la nuit par la radio d'une voiture, viennent accentuer son trouble et le plonger dans une grande colère. Il prend son fusil. Tire. Tue. Sa vie va d'autant basculer qu'en prenant la route pour un dernier au revoir à sa petite sœur il rencontre Abiven, sorte d'égérie de la politique qui taille dans l'esprit des humains comme le sculpteur taille dans la pierre…

Laissez-vous tenter par le roman d'Hassen Bouabdellah, une histoire étonnante qui débute doucement avec Martin, sa misère, sa solitude. Puis l'intrigue prend de l'épaisseur avec l'irruption d'Abiven cette égérie de ministre,  au langage cru et alerte ! Cela donne un coup de fouet au récit qui tiendra alors le lecteur en haleine jusqu' à la dernière page !

"Pauvre Martin, pauvre misère" de Hassen Bouabdellah – Edition Mon petit éditeur – 244 pages - 22,95 €

Hassen, vous publiez aujourd'hui "Pauvre Martin, pauvre misère", votre second roman. Avec ce titre, on pense tout de suite à la chanson de Brassens et son refrain : "Pauvre Martin, pauvre misère, Creuse la terre, creuse le temps !" ?
C'est vrai que je fais référence à cette chanson que je trouve toujours d'actualité. Mais c'est juste l'étincelle de mon roman ! Mon héros, un ouvrier sans prétention tombe sous la coupe  d'Abiven, une ancienne femme de ministre qui se propose d'en faire un homme politique de premier plan.. Celui-ci aura un parcours politique exceptionnel jusqu'à la plus haute fonction mais je ne vais pas vous dévoiler l'histoire qui décrit plusieurs facettes de la vie politique… Mais cela reste avant tout une fiction écrite pour le plaisir des lecteurs ! (voir présentation ci-contre).

Avant ce roman, vous avez écrit "L'insurrection des sauterelles", roman qui se passe pendant la "décennie noire" de l'Algérie...
Ce premier roman "L'insurrection des sauterelles" m'a aidé à me reconstruire lorsque je suis venu m'établir en France suite aux menaces de mort que j'avais reçues.

En effet, vous étiez un cinéaste très actif en Algérie.
Après mes études de cinéma à Moscou, j'ai réalisé de nombreux films en Algérie dont "Barberousse mes sœurs", un documentaire élaboré sur les femmes condamnées à mort pendant la guerre d'indépendance et incarcérées dans la célèbre prison  Barberousse où furent  exécutés des centaines de combattants du FLN. J'ai réalisé aussi un documentaire sur le Cardinal Duval algérien, célèbre pour son action  en faveur de  la libération des Américains retenus en Iran.
Arrivé en France j'ai dû m'orienter vers un autre métier, celui de formateur car il est difficile d'entrer dans le monde du cinéma, assez fermé en France.

Comment jugez-vous depuis la France de  l'évolution de votre pays l'Algérie ?
C'est difficile pour l'Algérie. Tous les pays anciennement colonisés ont un gros problème de développement. Pendant la période coloniale, les Algériens ont été écartés du développement de l'art et de la culture universels et cela a un impact important  sur les mentalités et comportements  actuels. Je lutte vraiment pour qu'il y ait une éducation artistique de masse en Algérie et plus généralement dans les pays anciennement colonisés. En effet, les valeurs de la "paysannerie pauvre" sont très bonnes en période de misère car il y a beaucoup de solidarité. Mais en période de richesse comme ces dernières années avec la redistribution de la manne pétrolière, on part vers l'individualisme, chacun veut prendre le plus possible!
En 1991, j'étais pour que l'on poursuive le processus démocratique des urnes : même si je n'aime pas le parti du FIS (Front Islamique du Salut), il fallait reconnaître que ce parti avait respecté le jeu. Aujourd'hui, la charia est toujours prônée et l'armée a toujours le pouvoir.
Maintenant je suis français et l'Algérie est devenue ma seconde patrie… mais je souhaite vraiment qu'elle se développe avec cet enseignement massif de la culture qui permettra - du moins j'espère - un remodelage des comportements.

A propos, pouvez-vous nous parler des fameux "gymnases de l'art" que vous appelez de vos vœux ?
C'est une proposition que j'ai faite dans une lettre ouverte que je vais publier sur internet, que j'ai adressée au président algérien. Cette proposition est un concept simple : créer des gymnases artistiques que devraient fréquenter obligatoirement tous les élèves. Ces gymnases cumuleraient les rôles de bibliothèque, filmothèque, de véritables lieux de rencontre. Cette idée, je l'ai aussi transmise à l'Unesco qui ne m'a pas répondu… Très déçu par ce silence assourdissant ! 
Dans ce texte, j'évoque aussi la saleté du pays, un véritable fléau du non-respect de l'espace public. Il y a urgence à agir afin que les valeurs modernes soient intégrées en Algérie. Il en est de même pour la natalité qui explose. 7 ou 8 enfants par famille, cela pose un énorme problème d'organisation et de développement. Mais difficile d'aborder le sujet dans le pays…

Etes-vous pessimiste ou optimiste pour l'avenir ?
Ni l'un ou l'autre… Il est certain que l'Algérie sort de 130 ans de colonialisme… Il a fallu former tout le monde après l'indépendance. Pour ma part, je ne suis allé à l'école qu'à 9 ans en 1958 grâce au Général de Gaulle ! Mon frère ainé, par exemple, n'est jamais allé à l'école.

Pour revenir à votre actualité, avez-vous des projets après "Pauvre Martin, pauvre misère" ?
Je suis en train d'écrire "Mâ FaToum et la mort de l'imam de la mosquée "Yves Rocher" un polar qui se déroulera, cette fois-ci, en Algérie. En effet, une bonne partie de l'intrigue de "Pauvre Martin…" se déroule dans ce cher Val d'Oise, à Beaumont-sur-Oise où j'ai travaillé comme formateur... Nous aurons le temps d'en reparler lorsque le roman sortira !

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