Accueil > Histoire locale > Rencontres de François > Catherine Margerin : « Minutie et finesse c'est ma Fil-osophie ! »
Restez informés
Inscrivez-vous
aux newsletters du Journal !
Je m'inscris

Interview de Catherine Margerin : « Minutie et finesse c'est ma Fil-osophie ! »

Publié le : 14-09-2015

Catherine MargerinLors des dernières Journées Européennes des Métiers d'Arts, j'avais eu l'occasion de découvrir à Enghien le travail original de Catherine Margerin qui avait ouvert son atelier au grand public. Ses parures-broderies, ses parures-sculptures ont retenu mon attention et je m'étais promis de l'interviewer afin qu'elle nous fasse partager sa passion pour le fil. Partons à sa rencontre.

 

Catherine, comment définiriez-vous votre travail ? Créatrice de bijoux ? Créatrice de parures ?
C'est bien que vous me posiez cette question qui n'était pas évidente pour moi aussi !
Au départ, quand on commence une activité avec un savoir-faire, on a tendance à foncer. J'ai donc commencé dans le domaine du bijou que je réalisais en résine, en perle baroque, en plume, en fleur de Parure de Catherine Margerinsoie, en laine. Mais j'ai rapidement vu qu'il fallait que je trouve ma voie. Je me rappelle ma visite vers ma correspondante à la Chambre de Métiers et de l'Artisanat du Val d'Oise : je lui ai apporté des exemplaires de mes réalisations mais je me suis rendu compte que je ne savais pas dans quelle direction je devais aller.
Elle m'a vite conseillé de développer ce qui faisait ma spécificité, c'est-à-dire le travail avec le fil et la laine. Puis enfin, une formation à la réalisation d'un dossier de presse m'a ouvert les yeux. Il a fallu que je couche, sur du papier avec des mots, mon activité et tout d'un coup c'est devenu une évidence : j'aimais le fil, la couleur, les textures, les possibilités offertes par mon savoir-faire. Et… cela venait corroborer une histoire familiale !

Justement, quel est votre parcours, comment avez-vous appris ce métier ?
Je vous plante le décor : j'ai vécu dans le Nord de la France, j'étais liée indirectement à une grande famille lainière du Nord... A toutes les réunions, surtout du côté maternel, tout le monde ramenait son tricot, son crochet. Il y avait le goûter et on tricotait, crochetait. Certaines étaient des spécialistes qui savaient tricoter mais pas assembler. On s'aidait, on s'échangeait des modèles. J'ai donc vécu dans cette atmosphère-là !
Parure de Catherine MargerinEn ce qui me concerne, j'ai appris à tricoter ave ma mère à l'âge de 5 ans ! Je me rappelle encore de mon écharpe pour ma petite cousine d'un an, une écharpe bleue et rouge !
Après, pendant ma période ado, le tricot et tout le domaine de la couture a fait partie du domaine du rejet : cela représentait les tantes, la grand-mère, les adultes. Cela ne faisait pas moderne. Pour une jeune, le tricot ce n'est pas la mode ! J'ai donc tout rejeté même si j'ai continué à me faire quelques pulls…
Pour revenir à mon activité actuelle, je pense que c'est un prolongement de mes racines. Je suis enfin soulagée : je sais ce que je veux, je dirais même : je sais qui je suis !

Alors, précisément, que proposez-vous aujourd'hui au grand public ?
J'étais donc partie sur la création de colliers, bracelets. A force de réfléchir, et pour me démarquer des créateurs de bijoux, j'ai extrapolé, élargi mon domaine d'activité à la parure car mes créations se portent sur la tête ou sur un vêtement, des chaussures ou même sur un sac à main. Mon but, c'est donc créer des éléments amovibles que l'on met sur un vêtement, qui permettent de le personnaliser, de le rendre original, de se l'approprier. C'est pourquoi j'emploie ce terme de parure. De plus, j'aime les grosses pièces en 3D qui sortent de l'ordinaire. J'utilise dans ce cas le terme de "parure sculpture". Pour présenter mon travail, j'insiste souvent sur ma "Fil-osophie" : minutie et finesse !

Catherine MargerinArrêtons-nous un instant sur les matériaux utilisés.
Si je dis que j'utilise que des fils ou de laine française, je mentirais ! J'essaie au maximum mais j'aime aussi ces laines provenant d'Amérique du Sud qui sont teintées sur les plateaux de l'Uruguay. Elles sont teintes manuellement et la couleur n'est donc pas uniforme et c'est ce détail qui m'intéresse. Cela permet des effets de couleurs très intéressants.
Pour le coton, j'utilise comme tout le monde le coton DMC et plus particulièrement le retors d'Alsace.
Côté matériel, outre mes aiguilles, j'aime utiliser de vieux outils comme mon écheveaudoir, des pinces à gaufrer, une boule pour travailler les fleurs artificielles et même un vieux couteau à fromage ! J'aime cette idée de remettre au goût du jour des anciennes techniques pour les transmettre ou les préserver.
C'est une activité qui apporte de la sérénité. Je suis très concentrée à compter mes points. Du coup je ne pense à rien d'autre. J'aime bien aussi travailler le soir car tout est calme, pas de téléphone, loin de l'agitation de la journée. Il m'est même arrivé de travailler une nuit complète… sans voir le temps passer. On parle, paraît-il,  de "transe créative". C'est exactement cela !

Et quel accueil recevez-vous quand vous présentez vos créations ?
Très bon même si ce n'est pas toujours évident pour le public de comprendre ma démarche. Les petites pièces aux prix plus modiques fonctionnent très bien. Quant aux grosses pièces qui ont demandé de nombreuses heures de créations, c'est plus une clientèle "mode" qui est intéressée.

JCatherine Margerine reviens sur votre parcours atypique. Quelles formations avez-vous suivies ?
J'ai fait l'école du Louvre où l'on vous forme un œil. Si j'avais pu, j'aurais fait les Beaux Arts.
J'ai donc travaillé dans l'architecture contemporaine, dans la décoration, mais j'ai toujours eu envie de "faire moi-même". Après m'être occupé de mes enfants, j'ai donc franchi le pas, osé me lancer. Créer m'apporte beaucoup de sérénité, de satisfaction. J'ai même fait une formation complémentaire au lycée de la Mode à Paris sur le travail de la fleur artificielle et la plume. Il ne faut pas se mettre de barrière : il faut oser des territoires nouveaux même si ce n'est pas toujours facile.
J'aime aussi travailler avec d'autres créateurs. J'ai ainsi collaboré avec la maison de couture Trésya qui habille sur mesure les femmes qui ont des hautes responsabilités. J'ai apporté ma spécificité sur le travail du fil, une autre sur la broderie etc. J'aime bien cette idée de collaboration.
Autre actualité pour ma part : je fais partie des neuf artisanes fondatrices de l'association "Bulles de créateurs" qui a pour but de formaliser l'entraide, les partenariats entre nous.

Framboises frivoles par Catherine MargerinQuel est votre meilleur souvenir de créatrice ?
C'était lors d'un salon à Courbevoie. Une dame de 94 ans, en fauteuil roulant, a été  très attirée par mon stand : elle a reconnu dans un de mes ouvrages la technique de la frivolité, une technique tombée aux oubliettes et que j'utilise parfois. Avec un fil assez solide, c'est un ensemble de nœuds qui est fait, le fil étant soumis à des frottements et des tensions. On s'en sert pour créer des galons, des napperons.
Cette vieille dame était émue de reconnaître cette technique qu'elle avait maitrisée. Je lui ai donné du fil et une navette et, au bout de quelques minutes et un peu d'aide, elle a retrouvé le geste. C'était très fort comme moment.
Autre souvenir marquant : une dame est venue m'acheter une parure qu'elle avait vue lors d'une précédente expo. Elle m'a avoué que cela faisait un an qu'elle l'avait dans la tête ! J'aime beaucoup ces rencontres, ces moments de partage.

Merci à Catherine pour cet échange convivial très enrichissant.

Contact : Catherine Margerin 9 rue Portal Enghien-les-Bains.
contact@catherinemargerin.com
Site internet : catherinemargerin.com

Catherine MargerinLors des dernières Journées Européennes des Métiers d'Arts, j'avais eu l'occasion de découvrir à Enghien le travail original de Catherine Margerin qui avait ouvert son atelier au grand public. Ses parures-broderies, ses parures-sculptures ont retenu mon attention et je m'étais promis de l'interviewer afin qu'elle nous fasse partager sa passion pour le fil. Partons à sa rencontre.

 

Catherine, comment définiriez-vous votre travail ? Créatrice de bijoux ? Créatrice de parures ?
C'est bien que vous me posiez cette question qui n'était pas évidente pour moi aussi !
Au départ, quand on commence une activité avec un savoir-faire, on a tendance à foncer. J'ai donc commencé dans le domaine du bijou que je réalisais en résine, en perle baroque, en plume, en fleur de Parure de Catherine Margerinsoie, en laine. Mais j'ai rapidement vu qu'il fallait que je trouve ma voie. Je me rappelle ma visite vers ma correspondante à la Chambre de Métiers et de l'Artisanat du Val d'Oise : je lui ai apporté des exemplaires de mes réalisations mais je me suis rendu compte que je ne savais pas dans quelle direction je devais aller.
Elle m'a vite conseillé de développer ce qui faisait ma spécificité, c'est-à-dire le travail avec le fil et la laine. Puis enfin, une formation à la réalisation d'un dossier de presse m'a ouvert les yeux. Il a fallu que je couche, sur du papier avec des mots, mon activité et tout d'un coup c'est devenu une évidence : j'aimais le fil, la couleur, les textures, les possibilités offertes par mon savoir-faire. Et… cela venait corroborer une histoire familiale !

Justement, quel est votre parcours, comment avez-vous appris ce métier ?
Je vous plante le décor : j'ai vécu dans le Nord de la France, j'étais liée indirectement à une grande famille lainière du Nord... A toutes les réunions, surtout du côté maternel, tout le monde ramenait son tricot, son crochet. Il y avait le goûter et on tricotait, crochetait. Certaines étaient des spécialistes qui savaient tricoter mais pas assembler. On s'aidait, on s'échangeait des modèles. J'ai donc vécu dans cette atmosphère-là !
Parure de Catherine MargerinEn ce qui me concerne, j'ai appris à tricoter ave ma mère à l'âge de 5 ans ! Je me rappelle encore de mon écharpe pour ma petite cousine d'un an, une écharpe bleue et rouge !
Après, pendant ma période ado, le tricot et tout le domaine de la couture a fait partie du domaine du rejet : cela représentait les tantes, la grand-mère, les adultes. Cela ne faisait pas moderne. Pour une jeune, le tricot ce n'est pas la mode ! J'ai donc tout rejeté même si j'ai continué à me faire quelques pulls…
Pour revenir à mon activité actuelle, je pense que c'est un prolongement de mes racines. Je suis enfin soulagée : je sais ce que je veux, je dirais même : je sais qui je suis !

Alors, précisément, que proposez-vous aujourd'hui au grand public ?
J'étais donc partie sur la création de colliers, bracelets. A force de réfléchir, et pour me démarquer des créateurs de bijoux, j'ai extrapolé, élargi mon domaine d'activité à la parure car mes créations se portent sur la tête ou sur un vêtement, des chaussures ou même sur un sac à main. Mon but, c'est donc créer des éléments amovibles que l'on met sur un vêtement, qui permettent de le personnaliser, de le rendre original, de se l'approprier. C'est pourquoi j'emploie ce terme de parure. De plus, j'aime les grosses pièces en 3D qui sortent de l'ordinaire. J'utilise dans ce cas le terme de "parure sculpture". Pour présenter mon travail, j'insiste souvent sur ma "Fil-osophie" : minutie et finesse !

Catherine MargerinArrêtons-nous un instant sur les matériaux utilisés.
Si je dis que j'utilise que des fils ou de laine française, je mentirais ! J'essaie au maximum mais j'aime aussi ces laines provenant d'Amérique du Sud qui sont teintées sur les plateaux de l'Uruguay. Elles sont teintes manuellement et la couleur n'est donc pas uniforme et c'est ce détail qui m'intéresse. Cela permet des effets de couleurs très intéressants.
Pour le coton, j'utilise comme tout le monde le coton DMC et plus particulièrement le retors d'Alsace.
Côté matériel, outre mes aiguilles, j'aime utiliser de vieux outils comme mon écheveaudoir, des pinces à gaufrer, une boule pour travailler les fleurs artificielles et même un vieux couteau à fromage ! J'aime cette idée de remettre au goût du jour des anciennes techniques pour les transmettre ou les préserver.
C'est une activité qui apporte de la sérénité. Je suis très concentrée à compter mes points. Du coup je ne pense à rien d'autre. J'aime bien aussi travailler le soir car tout est calme, pas de téléphone, loin de l'agitation de la journée. Il m'est même arrivé de travailler une nuit complète… sans voir le temps passer. On parle, paraît-il,  de "transe créative". C'est exactement cela !

Et quel accueil recevez-vous quand vous présentez vos créations ?
Très bon même si ce n'est pas toujours évident pour le public de comprendre ma démarche. Les petites pièces aux prix plus modiques fonctionnent très bien. Quant aux grosses pièces qui ont demandé de nombreuses heures de créations, c'est plus une clientèle "mode" qui est intéressée.

JCatherine Margerine reviens sur votre parcours atypique. Quelles formations avez-vous suivies ?
J'ai fait l'école du Louvre où l'on vous forme un œil. Si j'avais pu, j'aurais fait les Beaux Arts.
J'ai donc travaillé dans l'architecture contemporaine, dans la décoration, mais j'ai toujours eu envie de "faire moi-même". Après m'être occupé de mes enfants, j'ai donc franchi le pas, osé me lancer. Créer m'apporte beaucoup de sérénité, de satisfaction. J'ai même fait une formation complémentaire au lycée de la Mode à Paris sur le travail de la fleur artificielle et la plume. Il ne faut pas se mettre de barrière : il faut oser des territoires nouveaux même si ce n'est pas toujours facile.
J'aime aussi travailler avec d'autres créateurs. J'ai ainsi collaboré avec la maison de couture Trésya qui habille sur mesure les femmes qui ont des hautes responsabilités. J'ai apporté ma spécificité sur le travail du fil, une autre sur la broderie etc. J'aime bien cette idée de collaboration.
Autre actualité pour ma part : je fais partie des neuf artisanes fondatrices de l'association "Bulles de créateurs" qui a pour but de formaliser l'entraide, les partenariats entre nous.

Framboises frivoles par Catherine MargerinQuel est votre meilleur souvenir de créatrice ?
C'était lors d'un salon à Courbevoie. Une dame de 94 ans, en fauteuil roulant, a été  très attirée par mon stand : elle a reconnu dans un de mes ouvrages la technique de la frivolité, une technique tombée aux oubliettes et que j'utilise parfois. Avec un fil assez solide, c'est un ensemble de nœuds qui est fait, le fil étant soumis à des frottements et des tensions. On s'en sert pour créer des galons, des napperons.
Cette vieille dame était émue de reconnaître cette technique qu'elle avait maitrisée. Je lui ai donné du fil et une navette et, au bout de quelques minutes et un peu d'aide, elle a retrouvé le geste. C'était très fort comme moment.
Autre souvenir marquant : une dame est venue m'acheter une parure qu'elle avait vue lors d'une précédente expo. Elle m'a avoué que cela faisait un an qu'elle l'avait dans la tête ! J'aime beaucoup ces rencontres, ces moments de partage.

Merci à Catherine pour cet échange convivial très enrichissant.

Contact : Catherine Margerin 9 rue Portal Enghien-les-Bains.
contact@catherinemargerin.com
Site internet : catherinemargerin.com

Partager cette page :

Déposer un commentaire
0 commentaire(s)

Filtre anti-spam

Aucun commentaire

Informations Newsletter
  • Inscrivez-vous aux newsletters du Journal :
    "Agenda du week-end" et "Infos de proximité"
Contact
11 allée du Clos Laisnées, 95120 Ermont
06 89 80 56 28