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Atelier "Tricotons-papotons" proposé par "La Brebis Perrette".

Laurence Anglade

Samedi 16 avril 2016
Saint-Prix

Laurence Anglade de la "Brebis Perrette" (voir article ci-dessous) propose un "Tricotons-papotons"  pour tous les amateurs de la laine.

C'est un moment pour :
- tricoter, crocheter, papoter autour de nos projets de printemps,
- s'initier au filage (rouet et fuseau)
- fabriquer un savon feutré (atelier à 15h30)

Samedi 16 avril 2016 de 14h30 à 18h – Ancienne mairie place de la Fontaine aux Pèlerins, 52 rue Auguste Rey Saint Prix.- entrée libre. Atelier filage : 10 €, atelier savon feutré : 5 €

 

"La Brebis Perrette de Saint-Prix" : partons avec Laurence Anglade sur le chemin de la laine…

LA BREBIS PERRETTE

En France, nous avons souvent le réflexe de classer telle ou telle personnalité dans une catégorie, une case… nous collons facilement des "étiquettes" aux gens. Oubliez vite ce réflexe quand vous rencontrez Laurence Anglade. Habitante de Saint-Prix, elle a de très nombreuses cordes à son arc : enseignante, conteuse, fileuse et je suis sûre qu'elle ne m'a pas tout dévoilé ! Discrète par nature, elle a accepté de partager ses passions et de nous raconter son parcours jusqu'à la création de la "Brebis Perrette". Déroulons ensemble la pelote de laine…

Laurence, vous avez créé récemment l'association "La Brebis Perrette" qui a pour but de sensibiliser le public à toutes les étapes de la transformation de la laine. Comment est née cette démarche ?
C'est le fruit d'un parcours atypique. En effet, j'ai grandi avec une tante styliste traditionnelle. Puis j'ai appris à tricoter avec ma grand-mère. Alors quand j'ai lu l'interview de Catherine Margerin que vous avez faite, je me suis retrouvée. C'est vrai que le fil attire toutes les petites filles !
Puis j'ai été modéliste dans la maille. J'aimais passer du dessin de la styliste à la réalisation. Cela demande des recherches de matières, de coloris avant la création du modèle à la machine à tricoter. J'adorais cela.
Puis un jour, j'ai répondu à une annonce parue dans "Le Monde" pour un poste d'enseignante. Changement de cap mais j'ai toujours continué un peu le tricot. Puis le hasard a voulu que j'habite à Saint-Prix à côté des fondateurs de la Compagnie des Fifrelot, une compagnie de marionnettes et de LAURENCE ANGLADEspectacle de rue.
Avec eux, j'ai fait des échasses, des spectacles de rue, je les ai même accompagnés à Avignon. Puis au hasard des pièces que j'ai vues, un monologue m'a bien marqué… et je me suis dit : c'est ce que je veux faire ! C'est ainsi que je me suis dirigée vers le conte… et j'ai suivi de nombreuses formations de conteuse dont celle proposée par le CODEVOTA (COmité DEpartemental du Val d'Oise du Théâtre amateur et d'Animation). Je suis donc devenue enseignante et… conteuse et la laine n'était alors pas ma priorité.

C'est à ce moment que vous avez créé "A la croisée des mots" ?
En effet, l'association était formée de trois conteuses et notre particularité était de mettre nos voix ensemble pour raconter une histoire. Cela nécessitait un travail scénique de chœur.
La vie a fait que mes deux acolytes étaient moins disponibles et donc j'ai continué toute seule. Et un jour, l'équipe de la médiathèque d'Ermont cherchait un spectacle sur la laine à l'occasion de la semaine du développement durable. Une amie m'a appelée… et je me suis rendue compte qu'il y avait beaucoup de contes autour de la laine et du textile.
Quand on raconte des histoires, on va naturellement vers des sujets qui nous touchent sans le savoir. C'est assez drôle… Alors pour l'occasion, j'ai acheté un rouet  et… je m'y suis mise. Ces spectacles "Tricote-moi des histoires" ou des "Histoires en pelote" je les ai joués à Ermont, Saint-Prix, dans de nombreuses villes et même en Belgique !

La création de l'association "La Brebis Perrette" s'est alors imposée ?
Tout s'est fait naturellement. Mon mari étant originaire du Lot, je suis allée au festival "Le Lot et la laine" et une amie hollandaise qui a trois moutons m'a mise véritablement au rouet. Ce fut un choc sensoriel ! Puis j'ai fait des teintures végétales et tout ça s'est mis en place petit à petit. Ce fut un élément déclencheur.
Lors d'une transhumance des moutons à Saint-Prix, je suis intervenue brièvement en filant au fuseau. Puis, environ un an après, on m'appelle au téléphone: « on cherche une fileuse pour faire une animation à Disney avec des tondeurs, des éleveurs… cela vous intéresse ? » Quelle surprise ! J'ai donc fait une animation pour Plaine-environnement à Disneyland en direction du personnel car, là-bas, il y a des brebis en écopaturage. C'était pour montrer ce qu'on faisait avec les moutons, avec la laine et, de cette expérience, j'ai fait des rencontres avec des bergers, des éleveurs avec qui je continue à faire très régulièrement des animations. J'étais donc sollicitée pour les contes mais aussi pour des animations autour de la laine. J'ai donc décidé de créer "la Brebis Perrette" afin de continuer à sensibiliser le public à toutes les étapes de la transformation de la laine.

ADifférents teintures de la laine travers les animations, les contes, vous souhaitez transmettre…
Oui, j'aime bien cette continuité dans toutes les animations initiées. Par exemple, à Saint-Prix, j'ai récupéré une toison d'un des moutons de race solognote, en éco-pâturage dans le village. Je l'ai lavée dans la Fontaine de Saint-Prix sous le regard curieux des habitants, puis cardée et filée pour la transformer en fil de laine avant de la teindre avec des végétaux de la forêt ou avec des plantes. C'est un travail passionnant et expérimental.
Evidemment, pour me perfectionner, j'ai suivi des stages… et pour répondre à votre question, c'est vrai que mon objectif premier c'est de transmettre. Je ne vends rien car je considère que je suis en recherche. Je réalise toutefois quelques écharpes que je montre et souvent des connaissances les achètent mais cela reste très marginal.
La priorité c'est donc la transmission, le partage. Pour les Journées du Patrimoine, j'étais avec la Ferme d'Ecancourt à la mairie de du 9e arrondissement de Paris pour une animation où je présentais tout le chemin de la laine, la toison brute, le lavage le cardage, toutes les techniques du filage avec le fuseau, avec le rouet. J'aime ensuite répondre à toutes les questions des enfants ou des adultes. Evidemment on me parle souvent de "la Belle au bois dormant" ! Les enfants cherchent l'endroit où elle s'est piquée : je leur explique qu'à l'époque on utilisait une roue à filer avec un fuseau pointu à la place de la bobine.
Pour le cardage par exemple : je leur indique bien que c'est la première étape qui consiste à peigner la toison pour séparer les fibres longues et courtes. Pour un pullover, on ne garde par exemple que 50 % de la toison, le reste sert pour le rembourrage ou l'isolation.
J'évoque aussi les différentes races de moutons en leur montrant les toisons : les moutons d'Ouessant, les moutons de race solognote ou charmoise sans oublier les Suffolk.
Pour les teintures, je leur explique la fermentation, le choix des plantes, comment on obtient les couleurs…
Ce que j'aime le plus dans ces animations, c'est le fait que beaucoup de familles ont connu cela et ne peuvent plus en parler car cela n'existe plus… et là, ô miracle, ils échangent ! Récemment, un monsieur originaire de Mauritanie regrettait de ne s'être pas intéressé à ce travail avec la laine pour faire des tapis car c'était le travail réservé aux esclaves. C'était un moment émouvant.
Quand j'évoque la teinture et les ingrédients, les gens ouvrent de grands yeux : peau d'avocat, branche de pommier, oignon rouge, oignon jaune, roses trémières foncées, champignons, cosmos sulfureux… Cela les intrigue beaucoup !

Laurence Anglade
Laurence Anglade évoque son travail de conteuse.

Dans le conte, l'important c'est la trame. Contrairement au théâtre où vous avez des personnages, dans le conte, vous êtes narrateur et vous investissez tous les personnages. Au théâtre, vous donnez à voir et vous avez la pièce… Quant au conte, par des mots simples et pas trop descriptifs non plus, vous suscitez l'imagination… Par exemple, si je parle d'un château, il faut qu'il existe dans mon imaginaire et il existera pour vous. Le château sera différent pour un enfant de trois ans et pour un fan du "Seigneur des anneaux" par exemple.
A chaque fois, je garde donc la trame de l'histoire avec des passages obligés mais je ne suis pas tenue par les mots, je suis totalement concentrée sur la trame. Une heure de conte demande de l'énergie mais c'est beaucoup de plaisir.

Est-ce différent de conter pour le jeune public ou pour les adultes ?
C'est pareil, c'est la même démarche… Les parents, au fil du temps, entrent de plus en plus dans les histoires. C'est magique, le temps est suspendu, ce sont vos mots qui vont récupérer toute l'attention. Il faut trouver un langage simple, le langage de son enfance. C'est une prise de pouvoir sur l'auditoire.
Au théâtre, les comédiens ne regardent jamais le public alors que le conteur est face au public. Michel Hindenoch, résumait son travail de conteur par cette phrase : « le conte c'est un regard, un cœur, une voix ».

Quelles sont les réactions du public quand ils prennent connaissance de toutes ces étapes pour obtenir de la laine ?
C'est souvent : « On n'y avait jamais pensé » ou bien « Cela existe encore ? » ou même « Ce sont les vieilles qui font ça ! ». Ils sont surpris quand je leur dis que fileuse n'a jamais été un métier. Dans les familles, on filait pour valoriser la laine. Il n'y avait pas de magasin Phildar !
Pour ma part, j'ai eu la chance de grandir dans l'Essonne, au milieu des champs avec des racines fermières… Je suis sensibilisée à la nature. J'ai été élevée dans l'Hurepoix au milieu de champs avec un père issu de l'agriculture, qui jardinait avec la lune, qui faisait des conserves… Et ici, à Saint-Prix, j'ai la possibilité d'aller en forêt… et il me reste encore beaucoup de choses à expérimenter en teinture !

Pourrait-on dire que la teinture de la laine que vous expérimentez est "bio" ?
Oui. La tenture réalisée de manière industrielle est fabriquée avec des produits chimiques. Il y a quand même des tentatives de retour vers le naturel sauf que cela coute beaucoup plus cher et qu'on se heurte au problème de l'approvisionnement. En effet, par exemple, il faut 300g de pelures d'oignons pour seulement 100g de laine !
On peut aussi faire de la teinture avec des extraits de plantes et c'est tout un travail lors du séchage. Ca commence à revenir comme le promeut par exemple l'association "Couleur Garance".  Actuellement, beaucoup de jeunes se mettent à tricoter et sont soucieuses des colorants, de la provenance des matières. J'en suis ravie !

Comment s'informe-t-on ? Comment échange-t-on entre fileuses ?
Si je vous réponds qu'internet est un bel outil, vous n'allez pas me démentir ! Il existe des forums où, entre fileuses, nous échangeons sur nos expériences. En ce qui concerne la teinture, on sait aussi parfaitement qu'on n'obtient jamais les mêmes couleurs car les variables sont nombreuses : ensoleillement, maturité de la plante, le séchage, le mordançage (préparation de la laine à la teinture avec de l'alun qui facilite l'ouverture des écailles de la fibre), la nature de l'eau, l'amplitude de température entre le jour et la nuit, etc.

La "Brebis Perrette" propose donc des animations autour de la laine. Et dans tout ça, les contes ont-ils encore leur place ?".
Oui ! Certaines animations demandées incluent des contes qui ont pour sujet la laine, le fil, les tisserands comme "Les trois fileuses" de Grimm. J'ai l'habitude de dire qu'avec un conte c'est ramener du merveilleux dans la réalité ou de la réalité dans le merveilleux. Ce sont des histoires qui n'ont jamais existé mais qui possèdent une toute petite part de réalité, de concret et l'exemple du rouet est emblématique.

Pouvez-vous nous parler de cette exposition qui aura lieu en janvier à Saint-Prix ?
"Avec 100g de laine…" est une exposition itinérante venant de Belgique qui a voyagé en Allemagne, au Luxembourg et maintenant à travers toute la France.
Au départ de cette aventure, "Avec 100g de laine je fais…" a été un concours organisé par "La Filière Laine" belge auquel j'ai participé. J'ai reçu 100g de laine et j'ai fait une petite boite en tissage. Il ya au eu 120 participantes issues de 9 pays et 30 œuvres dont la mienne ont été selectionnées. C'est le point de départ de cette exposition qui connaît un grand succès. A Saint-Prix, elle aura lieu du 15 au 31 janvier 2015 et nous organiserons sûrement en parallèle un stage feutre et peut-être un stage filage, teinture…
Avant cette exposition, la "Brebis Perrette" participera les 11, 12 et13 décembre à Saint-Leu aux animations d'avant Noël. Je proposerai la confection d'un mobile qui servira de décoration de Noël et qui pourra aller ensuite dans le jardin pour que les oiseaux y fassent leurs nids. On est dans le recyclage.

J'allais oublier de vous poser la question : pourquoi ce nom "Brebis Perrette" ?

Ce nom fait tout de suite penser à la fable "Perrette" de Jean de La Fontaine avec sa célèbre morale et puis, à Saint-Prix, il existe une ruelle à… Perrette. Donc c'est aussi un petit clin d'œil à la ville ! "

Grand merci Laurence pour cette rencontre très enrichissante.

Laurence Anglade

Samedi 16 avril 2016
Saint-Prix

Laurence Anglade de la "Brebis Perrette" (voir article ci-dessous) propose un "Tricotons-papotons"  pour tous les amateurs de la laine.

C'est un moment pour :
- tricoter, crocheter, papoter autour de nos projets de printemps,
- s'initier au filage (rouet et fuseau)
- fabriquer un savon feutré (atelier à 15h30)

Samedi 16 avril 2016 de 14h30 à 18h – Ancienne mairie place de la Fontaine aux Pèlerins, 52 rue Auguste Rey Saint Prix.- entrée libre. Atelier filage : 10 €, atelier savon feutré : 5 €

 

"La Brebis Perrette de Saint-Prix" : partons avec Laurence Anglade sur le chemin de la laine…

LA BREBIS PERRETTE

En France, nous avons souvent le réflexe de classer telle ou telle personnalité dans une catégorie, une case… nous collons facilement des "étiquettes" aux gens. Oubliez vite ce réflexe quand vous rencontrez Laurence Anglade. Habitante de Saint-Prix, elle a de très nombreuses cordes à son arc : enseignante, conteuse, fileuse et je suis sûre qu'elle ne m'a pas tout dévoilé ! Discrète par nature, elle a accepté de partager ses passions et de nous raconter son parcours jusqu'à la création de la "Brebis Perrette". Déroulons ensemble la pelote de laine…

Laurence, vous avez créé récemment l'association "La Brebis Perrette" qui a pour but de sensibiliser le public à toutes les étapes de la transformation de la laine. Comment est née cette démarche ?
C'est le fruit d'un parcours atypique. En effet, j'ai grandi avec une tante styliste traditionnelle. Puis j'ai appris à tricoter avec ma grand-mère. Alors quand j'ai lu l'interview de Catherine Margerin que vous avez faite, je me suis retrouvée. C'est vrai que le fil attire toutes les petites filles !
Puis j'ai été modéliste dans la maille. J'aimais passer du dessin de la styliste à la réalisation. Cela demande des recherches de matières, de coloris avant la création du modèle à la machine à tricoter. J'adorais cela.
Puis un jour, j'ai répondu à une annonce parue dans "Le Monde" pour un poste d'enseignante. Changement de cap mais j'ai toujours continué un peu le tricot. Puis le hasard a voulu que j'habite à Saint-Prix à côté des fondateurs de la Compagnie des Fifrelot, une compagnie de marionnettes et de LAURENCE ANGLADEspectacle de rue.
Avec eux, j'ai fait des échasses, des spectacles de rue, je les ai même accompagnés à Avignon. Puis au hasard des pièces que j'ai vues, un monologue m'a bien marqué… et je me suis dit : c'est ce que je veux faire ! C'est ainsi que je me suis dirigée vers le conte… et j'ai suivi de nombreuses formations de conteuse dont celle proposée par le CODEVOTA (COmité DEpartemental du Val d'Oise du Théâtre amateur et d'Animation). Je suis donc devenue enseignante et… conteuse et la laine n'était alors pas ma priorité.

C'est à ce moment que vous avez créé "A la croisée des mots" ?
En effet, l'association était formée de trois conteuses et notre particularité était de mettre nos voix ensemble pour raconter une histoire. Cela nécessitait un travail scénique de chœur.
La vie a fait que mes deux acolytes étaient moins disponibles et donc j'ai continué toute seule. Et un jour, l'équipe de la médiathèque d'Ermont cherchait un spectacle sur la laine à l'occasion de la semaine du développement durable. Une amie m'a appelée… et je me suis rendue compte qu'il y avait beaucoup de contes autour de la laine et du textile.
Quand on raconte des histoires, on va naturellement vers des sujets qui nous touchent sans le savoir. C'est assez drôle… Alors pour l'occasion, j'ai acheté un rouet  et… je m'y suis mise. Ces spectacles "Tricote-moi des histoires" ou des "Histoires en pelote" je les ai joués à Ermont, Saint-Prix, dans de nombreuses villes et même en Belgique !

La création de l'association "La Brebis Perrette" s'est alors imposée ?
Tout s'est fait naturellement. Mon mari étant originaire du Lot, je suis allée au festival "Le Lot et la laine" et une amie hollandaise qui a trois moutons m'a mise véritablement au rouet. Ce fut un choc sensoriel ! Puis j'ai fait des teintures végétales et tout ça s'est mis en place petit à petit. Ce fut un élément déclencheur.
Lors d'une transhumance des moutons à Saint-Prix, je suis intervenue brièvement en filant au fuseau. Puis, environ un an après, on m'appelle au téléphone: « on cherche une fileuse pour faire une animation à Disney avec des tondeurs, des éleveurs… cela vous intéresse ? » Quelle surprise ! J'ai donc fait une animation pour Plaine-environnement à Disneyland en direction du personnel car, là-bas, il y a des brebis en écopaturage. C'était pour montrer ce qu'on faisait avec les moutons, avec la laine et, de cette expérience, j'ai fait des rencontres avec des bergers, des éleveurs avec qui je continue à faire très régulièrement des animations. J'étais donc sollicitée pour les contes mais aussi pour des animations autour de la laine. J'ai donc décidé de créer "la Brebis Perrette" afin de continuer à sensibiliser le public à toutes les étapes de la transformation de la laine.

ADifférents teintures de la laine travers les animations, les contes, vous souhaitez transmettre…
Oui, j'aime bien cette continuité dans toutes les animations initiées. Par exemple, à Saint-Prix, j'ai récupéré une toison d'un des moutons de race solognote, en éco-pâturage dans le village. Je l'ai lavée dans la Fontaine de Saint-Prix sous le regard curieux des habitants, puis cardée et filée pour la transformer en fil de laine avant de la teindre avec des végétaux de la forêt ou avec des plantes. C'est un travail passionnant et expérimental.
Evidemment, pour me perfectionner, j'ai suivi des stages… et pour répondre à votre question, c'est vrai que mon objectif premier c'est de transmettre. Je ne vends rien car je considère que je suis en recherche. Je réalise toutefois quelques écharpes que je montre et souvent des connaissances les achètent mais cela reste très marginal.
La priorité c'est donc la transmission, le partage. Pour les Journées du Patrimoine, j'étais avec la Ferme d'Ecancourt à la mairie de du 9e arrondissement de Paris pour une animation où je présentais tout le chemin de la laine, la toison brute, le lavage le cardage, toutes les techniques du filage avec le fuseau, avec le rouet. J'aime ensuite répondre à toutes les questions des enfants ou des adultes. Evidemment on me parle souvent de "la Belle au bois dormant" ! Les enfants cherchent l'endroit où elle s'est piquée : je leur explique qu'à l'époque on utilisait une roue à filer avec un fuseau pointu à la place de la bobine.
Pour le cardage par exemple : je leur indique bien que c'est la première étape qui consiste à peigner la toison pour séparer les fibres longues et courtes. Pour un pullover, on ne garde par exemple que 50 % de la toison, le reste sert pour le rembourrage ou l'isolation.
J'évoque aussi les différentes races de moutons en leur montrant les toisons : les moutons d'Ouessant, les moutons de race solognote ou charmoise sans oublier les Suffolk.
Pour les teintures, je leur explique la fermentation, le choix des plantes, comment on obtient les couleurs…
Ce que j'aime le plus dans ces animations, c'est le fait que beaucoup de familles ont connu cela et ne peuvent plus en parler car cela n'existe plus… et là, ô miracle, ils échangent ! Récemment, un monsieur originaire de Mauritanie regrettait de ne s'être pas intéressé à ce travail avec la laine pour faire des tapis car c'était le travail réservé aux esclaves. C'était un moment émouvant.
Quand j'évoque la teinture et les ingrédients, les gens ouvrent de grands yeux : peau d'avocat, branche de pommier, oignon rouge, oignon jaune, roses trémières foncées, champignons, cosmos sulfureux… Cela les intrigue beaucoup !

Laurence Anglade
Laurence Anglade évoque son travail de conteuse.

Dans le conte, l'important c'est la trame. Contrairement au théâtre où vous avez des personnages, dans le conte, vous êtes narrateur et vous investissez tous les personnages. Au théâtre, vous donnez à voir et vous avez la pièce… Quant au conte, par des mots simples et pas trop descriptifs non plus, vous suscitez l'imagination… Par exemple, si je parle d'un château, il faut qu'il existe dans mon imaginaire et il existera pour vous. Le château sera différent pour un enfant de trois ans et pour un fan du "Seigneur des anneaux" par exemple.
A chaque fois, je garde donc la trame de l'histoire avec des passages obligés mais je ne suis pas tenue par les mots, je suis totalement concentrée sur la trame. Une heure de conte demande de l'énergie mais c'est beaucoup de plaisir.

Est-ce différent de conter pour le jeune public ou pour les adultes ?
C'est pareil, c'est la même démarche… Les parents, au fil du temps, entrent de plus en plus dans les histoires. C'est magique, le temps est suspendu, ce sont vos mots qui vont récupérer toute l'attention. Il faut trouver un langage simple, le langage de son enfance. C'est une prise de pouvoir sur l'auditoire.
Au théâtre, les comédiens ne regardent jamais le public alors que le conteur est face au public. Michel Hindenoch, résumait son travail de conteur par cette phrase : « le conte c'est un regard, un cœur, une voix ».

Quelles sont les réactions du public quand ils prennent connaissance de toutes ces étapes pour obtenir de la laine ?
C'est souvent : « On n'y avait jamais pensé » ou bien « Cela existe encore ? » ou même « Ce sont les vieilles qui font ça ! ». Ils sont surpris quand je leur dis que fileuse n'a jamais été un métier. Dans les familles, on filait pour valoriser la laine. Il n'y avait pas de magasin Phildar !
Pour ma part, j'ai eu la chance de grandir dans l'Essonne, au milieu des champs avec des racines fermières… Je suis sensibilisée à la nature. J'ai été élevée dans l'Hurepoix au milieu de champs avec un père issu de l'agriculture, qui jardinait avec la lune, qui faisait des conserves… Et ici, à Saint-Prix, j'ai la possibilité d'aller en forêt… et il me reste encore beaucoup de choses à expérimenter en teinture !

Pourrait-on dire que la teinture de la laine que vous expérimentez est "bio" ?
Oui. La tenture réalisée de manière industrielle est fabriquée avec des produits chimiques. Il y a quand même des tentatives de retour vers le naturel sauf que cela coute beaucoup plus cher et qu'on se heurte au problème de l'approvisionnement. En effet, par exemple, il faut 300g de pelures d'oignons pour seulement 100g de laine !
On peut aussi faire de la teinture avec des extraits de plantes et c'est tout un travail lors du séchage. Ca commence à revenir comme le promeut par exemple l'association "Couleur Garance".  Actuellement, beaucoup de jeunes se mettent à tricoter et sont soucieuses des colorants, de la provenance des matières. J'en suis ravie !

Comment s'informe-t-on ? Comment échange-t-on entre fileuses ?
Si je vous réponds qu'internet est un bel outil, vous n'allez pas me démentir ! Il existe des forums où, entre fileuses, nous échangeons sur nos expériences. En ce qui concerne la teinture, on sait aussi parfaitement qu'on n'obtient jamais les mêmes couleurs car les variables sont nombreuses : ensoleillement, maturité de la plante, le séchage, le mordançage (préparation de la laine à la teinture avec de l'alun qui facilite l'ouverture des écailles de la fibre), la nature de l'eau, l'amplitude de température entre le jour et la nuit, etc.

La "Brebis Perrette" propose donc des animations autour de la laine. Et dans tout ça, les contes ont-ils encore leur place ?".
Oui ! Certaines animations demandées incluent des contes qui ont pour sujet la laine, le fil, les tisserands comme "Les trois fileuses" de Grimm. J'ai l'habitude de dire qu'avec un conte c'est ramener du merveilleux dans la réalité ou de la réalité dans le merveilleux. Ce sont des histoires qui n'ont jamais existé mais qui possèdent une toute petite part de réalité, de concret et l'exemple du rouet est emblématique.

Pouvez-vous nous parler de cette exposition qui aura lieu en janvier à Saint-Prix ?
"Avec 100g de laine…" est une exposition itinérante venant de Belgique qui a voyagé en Allemagne, au Luxembourg et maintenant à travers toute la France.
Au départ de cette aventure, "Avec 100g de laine je fais…" a été un concours organisé par "La Filière Laine" belge auquel j'ai participé. J'ai reçu 100g de laine et j'ai fait une petite boite en tissage. Il ya au eu 120 participantes issues de 9 pays et 30 œuvres dont la mienne ont été selectionnées. C'est le point de départ de cette exposition qui connaît un grand succès. A Saint-Prix, elle aura lieu du 15 au 31 janvier 2015 et nous organiserons sûrement en parallèle un stage feutre et peut-être un stage filage, teinture…
Avant cette exposition, la "Brebis Perrette" participera les 11, 12 et13 décembre à Saint-Leu aux animations d'avant Noël. Je proposerai la confection d'un mobile qui servira de décoration de Noël et qui pourra aller ensuite dans le jardin pour que les oiseaux y fassent leurs nids. On est dans le recyclage.

J'allais oublier de vous poser la question : pourquoi ce nom "Brebis Perrette" ?

Ce nom fait tout de suite penser à la fable "Perrette" de Jean de La Fontaine avec sa célèbre morale et puis, à Saint-Prix, il existe une ruelle à… Perrette. Donc c'est aussi un petit clin d'œil à la ville ! "

Grand merci Laurence pour cette rencontre très enrichissante.

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1 commentaire(s)

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marie-stéphane V augien - Il y a 8 ans
Qu'elle est charmante cette femme, et comme elle parle bien de ses passions! J'ai hâte de la rencontrée, je vais foncer sur son site, j'espère qu'elle en a un, pour voir où la croiser(conte ou laine...Autrement j'aimerais ben son mail! Merci
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